mercredi 19 février 2014

Michèle Torr La première fois...



La première fois que j’ai vu Michèle c’était en mars 1979. Elle était déjà ma chanteuse préférée. C’était à Paris, où j’habitais alors, dans une émission sur RMC animée par Yves Mourousi. Il y avait très peu de spectateurs et je l’avais en chair et en os à 1 un mètre de moi. A la fin de l’émission, avec l’inconscience de ma jeunesse (je n’avais même pas vingt ans), je lui dis naïvement que j’aimerais travailler pour elle (directement ou indirectement) ; Beaucoup d’artistes en auraient souri. Pas Michèle, qui m’a dit d’aller de sa part voir une personne bien précise de sa maison de disques, AZ.
J’y suis allé. Il n’y avait rien, bien sûr.
Ce qui a retenu l’attention de Michèle, je pense, c’était le fait que j’étais natif de la même région que son père, le Beaujolais. Mais je pense que c’est surtout une question de feeling. Michèle est ainsi, soit cela se passe de suite, ou jamais. J’exagère un peu quand même. J’ai eu la chance que ce soit la première hypothèse. Intuitif, j’ai senti que j’avais une chance. Et c’est aussi que je suis allé à toutes ses émissions de télévision et elles étaient nombreuses. C’était l’époque de «Discomotion », un de ses plus gros tubes. J’avais droit à chaque fois à un petit signe de reconnaissance au passage « où sont-ils mes amis … ? ». Imaginez la joie et la fierté pour moi. Mais je sentais qu’il me fallait plus forcer le destin et je décidai de la suivre en tournée en province. C’était une époque formidable où je pense que je peux dire que j’étais un ami de Michèle. Que de bons souvenirs ! Pas très fortuné je me déplaçais en stop de ville en ville. Rapidement cela allait se transformer en covoiturage (gratuit!). L’équipe me connaissait, me prenait régulièrement…Mieux encore j’ai eu l’honneur d’être carrément pris par, devinez qui ? notre star elle-même.
En ce qui concerne les galas, je me faufilais toujours comme une anguille. Quand j’avais un problème, Vidal (le mari de Michèle, c’est ainsi qu’elle l’appelait) me faisait entrer. J’en profite pour saluer ce monsieur, que je ne pourrai jamais dissocier de Michèle à cette époque. A mon humble avis, il a beaucoup compté pour l’épanouissement de la carrière de Michèle.
Quelques anecdotes croustillantes. Au sens propre comme figuré. La première fois où Michèle m’invita à sa table. Imaginez le plaisir, mais aussi l’émotion. J’avais du mal à avaler la pizza. « Il faut manger à ton âge » me dit Michèle.
 Une autre fois, l’hôtel où elle dormait était complet ; Elle usa de son titre (d’artiste) pour me trouver une place dans l’établissement et je finis par passer la nuit dans un canapé tout près de la réception ; En effet ses beaux-parents ayant ramené un jambon d’Espagne, le lendemain, on me conduit à la gare (car la délicieuse charcuterie ne se serait pas conservée jusqu’à la fin de la tournée). On me donne un billet pour Orange. Là un taxi m’attendait pour Courthézon et le jambon put être dégusté plus tard. Je passai la soirée avec Emilie et la baby-sitter  puis dormis dans la chambre d’amis. C’est sûrement mes meilleures années auprès de Michèle. Elle aimait rire, elle aimait la vie. Michèle était alors au sommet des hits parades mais restait « bon enfant »,  très proche de son public (à la différence de certains de ses collègues). La star restait profondément humaine…                                                          

…Mais je n’avais pas oublié mon objectif : TRAVAILLER avec elle. Lors de nos conversations, je lui posais plusieurs fois la question : pourquoi n’avait-elle pas de fan-club ? A la fin de la tournée, à force d’en parler, on me donne le feu vert...
Mieux que ça, on me confie le courrier en général. Je devins l’assistant de Michèle. Mon bureau était à Seine-Port (le domicile de la chanteuse). Plus tard, je la conduisais régulièrement à Paris pour ses rendez-vous professionnels. Je l’accompagnais en studio (ceux de RTL par exemple, pour Casino Parade). J’avais une préférence pour les émissions de Guy Lux. C’était une émission « bon enfant » plus improvisée que Drucker par exemple. C’est ainsi que je vis dans les coulisses les plus grands, de Mireille Mathieu, Dalida, Sheila, Sylvie Vartan, Nana Mouskouri, en passant par Hallyday, Sardou, Lama et les autres. Les émissions de Michel Drucker (Stars, Champs-Elysées) étaient beaucoup plus stressantes. Michèle avait encore plus le trac. L’animateur était perfectionniste à outrance. Il y avait un côté prestige. Le samedi soir avait le plus gros audimat. Michèle avait la phobie des courants d’air. J’avais dans les studios en permanence une mallette où se trouvait l’intérieur du ruban adhésif pour colmater l’air.
…Revenons aux galas. L’Olympia. Je dois avouer ma préférence pour le premier, en 1980, qui fut aussi le plus brillant (à guichets fermés pendant deux semaines). Cela m’ouvrit les portes du célèbre music-hall pour applaudir les confrères de Michèle.
Mais mes meilleurs souvenirs sont ceux des concerts en province, plus conviviaux. Moi qui adorais voyager je fus comblé de découvrir les charmes de notre beau pays. Michèle était plus sereine qu’à Paris. Je fis connaissance de nombreux fans dont certains sont restés des amis. Ils m’aidaient à vendre les programmes. En contre partie je les véhiculais et ils méritaient  bien d’approcher la star. Il n’y avait pas de  boutique à l’époque.
…Et puis le fan-club baptisé « Les Amis de Michèle Torr » : il ouvre le premier janvier 1981.
Le but initial était placé sous le signe des relations humaines. Les journaux étaient alors édités en noir et blanc sous le même sigle (Les Amis de Michèle Torr).
C’est dans la même optique que sont nées les rencontres. Il y en avait en province en principe sans la présence de la star. En revanche, elle était présente deux fois, la plupart du temps à Paris, pour fêter des anniversaires : celui du club en janvier et puis bien sûr le sien en avril. Déjà une collecte était organisée pour son cadeau.
En ce qui me concerne, l’aventure s’est terminée en 1987. Pourquoi ? De mon initiative personnelle. Le fait d’être l’éternel tampon entre la star et le public était parfois pesant nerveusement. C’est pourquoi je ne conseillerais pas à un fan de travailler avec son idole. Et on se rend compte que l’artiste est un être humain comme vous et moi…. J’ai toujours gardé le contact avec Michèle, à travers la scène en province mais aussi à Paris à l’Olympia, où fidèlement Michèle m’a régulièrement invité. La dernière fois que je l’ai vue c’était en 2011.
J’ai toujours gardé un œil sur sa carrière. Que reste-t-il de ces années ? Tant de bons souvenirs, sûrement parmi les années les plus fortes de ma vie.               
Roger Troncy

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