mercredi 30 novembre 2016

Michèle Torr chante Noël


Michèle Torr a chanté l’amitié, la famille, la tendresse… Elle a également chanté Noël durant les 5 décennies de sa carrière d’artiste. Elle a déclaré au moment de la sortie de son CD Chanter c’est prier que sa maison de disque lui avait demandé d’enregistrer un album de chansons de Noël. Qu’elle leur avait répondu, préférant proposer un disque de chansons «spirituelles » évoquant la Foi et l’Amour, qu’elle l’avait déjà fait. Ce n’est pas tout à fait exact, bien qu’elle ait  parlé de Noël, en effet, dans un certain nombre de ses chansons. Un thème que nous vous proposons d’évoquer, avec elle,  pendant toute la période de l’Avent. L’Avent est le moment durant lequel les chrétiens se préparent intérieurement à célébrer Noël…Alors allumons une flamme dans nos yeux et continuons à soutenir Michèle aussi bien dans sa tournée intimiste que dans celle des Eglises ; suivons l’étoile dans le ciel, celle qui mène ceux qui cherchent au bout de leur périple; écoutons battre notre cœur, car l’attente n’est pas vaine quand on espère une rencontre…


La première fois que Michèle Torr a parlé de Noël dans l’une de ses chansons, c’était en 1968, dans Ce que veut dire aimer :
« Rebroder chaque jour
Les draps bleus de l’amour
Pour que tourne toujours
La ronde
Des serments éternels
Des contes de Noël
Qui font briller le ciel
Du monde ».


Ensuite, sur l’album Un disque d’amour… et en face B d’Un enfant c’est comme ça, il y a eu Paul, en 1973 :
« Bientôt tu déposeras un agneau
Au fond de la crèche
A Noël », dit-elle à un frère imaginaire resté vivre à la campagne. La ville, lieu de la vie trépidante et du stress, s’y oppose à l’innocence rurale. Candeur hippie du début des années 70.


Il y a eu aussi, sur le même album, alors qu’Emilie, sa fille, venait de naître, en écho à Un enfant c’est comme ça, La voix d’un enfant :
« C’est la voix d’un enfant
Qui croyait en Noël
Qui rêvait tendrement
Que la vie était belle ».
Moins candide : la beauté de la vie ne serait parfois plus qu’un rêve…


*


Michèle Torr a, en 1976, consacré une chanson entière au Père Noël, Il viendra. Une vision heureuse encore de Noël, mais dans laquelle viennent se glisser quelques remarques au goût d’orange amère :
« Il viendra 
Dans le froid
Ou bien dans la neige
Un enfant me l’a dit
Alors je le crois…
Il viendra
Pour offrir à tous ceux qu’il aime
Le bonheur que plus tard
Certains n’auront pas…
Il viendra
Dieu merci
Ce n’est pas un rêve
Les enfants ne jouent pas
Avec ces choses-là
Il peut changer le monde
Rien que pour un soir
Offrant à chacun
Quelques heures d’espoir
Tout habillé de rouge
Et sans faire de bruit
Il donne toujours
Ce qu’il a promis
Il viendra
Mais pourtant
Si je me rappelle
Notre porte
Ce soir-là
Ne s’ouvrira pas… »
Est-ce pour dire que c’est tromper les enfants que de ne pas leur dire que, plus tard, ils risquent bien de ne pas être tous heureux ?
Est-ce pour dire que « lui », au moins, « il » tient ses promesses, alors que, souvent, nous, nous ne les tenons pas ?
Est-ce pour avouer aux enfants qu’ « il » n’existe pas et ne risque donc pas d’ouvrir la porte pour apporter ses présents, ou bien pour dire que, cette porte, nous ne l’ouvrons pas, ce jour-là non plus,  à ceux que nous pourrions accueillir ?
Que c’est beau, l’espoir, même si l’on sait bien qu’il se nourrit de chétive pâture.


Sur son album J’aime sorti à l’automne 1977, qui est probablement celui auquel elle pense quand elle dit avoir enregistré déjà un disque de chansons de Noël, alors qu’il contient J’aime, le titre phare qui fut l’un des tubes de… l’été précédent, et d’autres chansons qui n’en parlent absolument pas, on retrouve des reprises de Petit Papa Noël de Tino Rossi et de Mon beau sapin, toutes deux sorties à la même période en quarante-cinq tours. 


On aperçoit par ailleurs la chanteuse interprétant Petit Papa Noël dans un épisode de Maigret, avec Jean Richard, dans une émission de télé que le célèbre commissaire serait en train de regarder. Episode très régulièrement rediffusé en période de fêtes de fin d’année.


Noël est aussi évoqué dans Nos arrière-grands-parents :
« Un hiver à la place de l’été
Des Noëls par un temps printaniers
Un bonheur presque imaginé
Et voilà notre temps
Qu’auraient dit nos arrière-grands-parents ? »
Prémices, peut-être, sous la plume de l’auteur de la prise de conscience du réchauffement climatique qui allait très vite commencer à accélérer?
Noël encore dans Dis-moi mon Dieu, vibrante prière, sur un air de Schubert, où il est question des enfants malheureux quand, pour eux, le Père Noël ne passera pas. Pour dénoncer les injustices sociales dont sont aussi victimes les plus jeunes.  La plus belle, la plus émouvante.
« Dis-moi mon Dieu
Pourquoi mon Dieu
Y a-t-il des enfants
Sans joie un vingt-cinq décembre
Dis-moi mon Dieu
Pourquoi mon Dieu
Il y en a tellement
Qui pleurent tout seuls dans leur chambre
Et pourtant, dans leurs prières
Un peu avant minuit,
Que d'enfants dans leur misère
A genoux te supplient
Dis-moi mon Dieu
Pourquoi mon Dieu
Sont-ils si malheureux
Si malheureux ».
(Paroles de Jean Albertini et Raymond Bernet).
Ces deux disques, quarante-cinq tours et trente-trois tours, avaient aussi un visuel hivernal où les photos montraient une chanteuse frileuse vêtue de manteaux de fourrure, souriante pour le quarante-cinq tours, grave pour l’album.
span>à ceux que nous pourrions accueillir ?

Que c’est beau, l’espoir, même si l’on sait bien qu’il se nourrit de chétive pâture.


*


L’année suivante, en 1978, il est à nouveau question de Noël dans La séparation, c’est la voix d’une mère s’adressant à son ex-mari, au sujet de leur fils dont on entend quelques phrases, parlées:
« Il est resté naturel
Déjà il pense à Noël
Il aime la vie
Comme toi ».
Noël, un moment privilégié, qui crucifie les enfants des couples séparés qui ne peuvent à la fois passer ce moment avec leur père et leur mère…
On retrouvera le même thème en 1995, dans Divorce sur l’album A nos beaux jours : le petit Serge n’a pas encore compris que, pour ses parents,  c’est « l’heure de la séparation » :
« Regarde il rit
Il croit qu’il va fêter
Noël chez sa grand-mère »,
alors qu’il s’agit de l’éloigner, pour le protéger.  


Plus joyeux mais quand même nostalgique, Discomotion en 1979, par l’ami C. Jérôme :
« Où sont-ils mes amis d’autrefois ?
Ils sont tous mariés sans problème
On s’écrit à Noël aux baptêmes… »
On s’écrit, et parfois même, on se retrouve. 


Festif, le Noël de Provence dont Michèle Torr se souvient dans Le Pont de Courthézon en 1980, en face B de Pendant l’été puis sur l’album suivant:
« Une région de France
Où même à la Noël
C’est comme les grandes vacances
Tu te rappelles… ».


Et du Noël provençal, il sera encore question en 1988, avec le livre La cuisine de ma mère, dans lequel la chanteuse donne ses recettes personnelles des plats de Noël et en particulier des treize desserts. Ce livre sera réédité avec des photos inédites en 1996.

De Noël, voici ce qu’elle écrit dans le chapitre Noël en Provence:
En Provence, la Noël commence le jour de la Sainte Barbe. Les enfants font germer des grains de blé, des lentilles et même des haricots blancs. Toutes les pousses vertes obtenues fourniront chaque jour l’herbe de la crèche entre le 24 et le 31 décembre.
Pour moi, petite fille, c’était la fête de mon grand-père qui ne s’appelait pourtant pas Barbe, mais Emile Balbo. On l’a toujours appelé le père Barbe, donc on lui fêtait sa fête ce jour-là, quand on faisait germer.


Vers le 15 décembre, les enfants vont sur les marchés chercher las santons qui manquent à leur crèche. Ces petites figurines sont en bois sculpté ou le plus souvent en argile. Merveilleusement peintes et très colorées, elles sont vêtues de costumes provençaux du XIXe siècle. Elles représentent les personnages traditionnels de la Nativité. La plupart apportent des offrandes sous forme de nourriture : femme à la poule, femme au fagot, l’homme à l’oie, la poissonnière porte sous chaque bras un panier chargé de poissons, le boulanger apporte la pompe à huile. Chez M. Deymier, le santonnier de Mérindol, j’ai complété la crèche de mon enfance.
Dans certains villages comme à Séguret, il y a une crèche vivante pour la messe de minuit et, autre particularité, les recettes des plats de la veillée sont inscrites sur des tableaux dans le village.
La tradition exige que le réveillon soit un en-cas pour aller jusqu’à l’église et patienter jusqu’à minuit. Le repas débute par une salade de céleri à l’anchoïade et se poursuit souvent par le grand aïoli.
A Marseille, on mange encore traditionnellement le gratin de cardes ou des salsifis en sauce blanche.

Dans la Drôme, c’est la soupe de crouzets (petits carrés de pâtes cuits dans un bon bouillon).



Puis le dîner se poursuit par les treize desserts : symbole du Christ est des douze apôtres. Bien sûr la pompe à huile, car sans elle il n’y aurait pas de Noël, le nougat noir, le nougat blanc, les mendiants: amandes, figues, noisettes, raisins secs, dattes, puis les fruits frais bien mûris depuis l’automne : poires, raisins, grenades, melon d’hiver et bien sûr des confiseries : calissons, fruits confits d’Apt, pâtes de coings.

Dans la Drôme, on sert aussi des tartes aux fruits et à Carpentras, la tarte d’épinards sucrée.

Toutes ces bonnes choses font patienter jusqu’à minuit.

Au retour de la messe, il était, autrefois, traditionnel de manger du boudin, aujourd’hui il est remplacé par la dinde rôtie.


Dans beaucoup de villages, les vieux Provençaux racontent leurs souvenirs des noëls passés. La bûche qui était choisie bien grosse pour durer dans l’âtre trois nuits de suite. L’aïeul de la famille trempait une branche de céleri dans le vin cuit et en arrosait la bûche. Quand le vin crépitait sous les flammes, il appelait les disparus pour qu’ils participent eux aussi à la fête et disait en provençal : « Ah ! Seigneur, faites que si l’on n’est pas plus l’an prochain, on ne soit pas moins ».

Le couvert était dressé sur trois nappes blanches pour rappeler la Trinité et le dîner commençait obligatoirement par le céleri à l’anchoïade, réputé pour donner de la vigueur aux messieurs. Tradition que l’on respecte toujours aujourd’hui. »
Michèle TORR, La cuisine de ma mère, Michel Lafon, 1988, et Les Presses du Midi, 1996.


*

Pour en revenir à la chanson, sur le même album que Le pont de Courthézon, Lui, en 1980, franchement mélancolique, N°1 avenue de la solitude, la supplique d’une « petite-fille » devenue adulte qui, vivant loin de sa famille,  écrit à sa grand-mère pour se plaindre de la solitude :
« Je viendrai pour la Noël
Mais j’attends de tes nouvelles
Mamie écris-moi
Ecris-moi… ».


L’une des plus touchantes. En 1987, c’est avec beaucoup de pudeur que Michèle Torr évoque la mort de sa mère sur son album I remember You. Car on sait que sa maman, qu’elle chante aussi dans Les mots pour te dire, sur ce même album, est décédée dans un accident de voiture en décembre 1965, trois jours après Noël, alors que la jeune chanteuse venait de passer quelques jours auprès des siens, en Provence, et qu’elle chantait, ce soir-là, à Marseille, en première partie de Claude François, qui fut le témoin de son « plus grand chagrin » (On aurait pu s’aimer d’amour, 2008)… 
Quand on sait cela, on comprend mieux le poids de ces mots-là :
« A la Noël
Maman était très belle
Comme la poupée au pied du sapin vert
Dis-moi pourquoi
Je n’aime plus les Noëls
Ni les fêtes ni les anniversaires…
Dis-moi pourquoi
Je n’aime plus les Noëls
La vie passe et rien n’est plus pareil… »,
Fleur de mai, 1987.


« Un prospectus pour les Seychelles
Tombé d’un arbre de Noël »,
 se trouve dans Le sac d’une femme déçue par son homme « toujours plein de promesses » (Histoire d’aujourd’hui, 1983), en 1997.
mmes un peu tristes bien sûr, mais tellement heureux….



 « Si quelqu’un t’interroge toi tu lui parleras
De la robe dans ma loge du café moitié froid
Si quelqu’un te demande si j’ai peur ou j’ai froid
Dis-leur que ces guirlandes sont mes Noëls à moi»,
Avant d’être chanteuse, 2011.
…Ainsi sont les Noëls d’une artiste, dont les contraintes l’obligent parfois à sacrifier sa propre vie pour apporter certains soirs un peu du bonheur aux autres…L’envers du décor.


*


« J’ai vu pleurer un soir de Noël
Un inconnu qui cherchait le Ciel… »,
Dans ma vie, 1986.
Car Noël, fête païenne, fête des enfants, est d’abord une fête religieuse…
 Michèle Torr a aussi chanté Noël lors de sa Tournée des Eglises, en 2015 et en 2016 : on retrouve sur son album Tout l’amour du monde, exclusivement en vente sur son site internet www.micheletorr.com, deux reprises, Douce nuit
 « Douce nuit, sainte nuit
Dans les cieux l'astre luit.
Le mystère annoncé s'accomplit
Cet enfant sur la paille endormi,
C'est l'amour infini 
C'est l'amour infini 
Saint enfant, doux agneau
Qu'il est grand ! Qu'il est beau !
Entendez résonner les pipeaux
Des bergers conduisant leurs troupeaux
Vers son humble berceau
Vers son humble berceau
C'est vers nous qu'il accourt,
En un don sans retour
De ce monde ignorant de l'amour,
Où commence aujourd'hui son séjour,
Qu'il soit Roi pour toujours !
Qu'il soit Roi pour toujours !
Quel accueil pour un Roi !
Point d'abri, point de toit !
Dans sa crèche il grelotte de froid
O pécheur, sans attendre la croix,
Jésus souffre pour toi  x2
Jésus souffre pour toi 
Paix à tous ! Gloire au ciel !
Gloire au sein maternel,
Qui pour nous, en ce jour de Noël,
Enfanta le Sauveur éternel,
Qu'attendait Israël ! 
Qu'attendait Israël ! » x2
Douce nuit, sainte nuit.


…et surtout le très beau Noël de la rue d’Edith Piaf,  entre La petite fille aux allumettes, de Hans Christian Andersen et Les effarés, d’Arthur Rimbaud.

« Petit bonhomme où t'en vas-tu
Courant ainsi sur tes pieds nus
- Je cours après le Paradis
Car c'est Noël à ce qu'on dit...
Le Noël de la rue
C'est la neige et le vent
Et le vent de la rue
Fait pleurer les enfants
La lumière et la joie
Sont derrière les vitrines
Ni pour toi, ni pour moi
C'est pour notre voisine
Mon petit, amuse-toi bien
En regardant, en regardant
Mais surtout, ne touche à rien
En regardant de loin...
Le Noël de la rue
C'est le froid de l'hiver
Dans les yeux grands ouverts
Des enfants de la rue
Collant aux vitres leurs museaux
Tous les petits font le gros dos
Ils sont blottis comme des Jésus
Que Sainte Marie aurait perdus...
Le Noël de la rue
C'est la neige et le vent
Et le vent de la rue
Fait pleurer les enfants
Ils s'en vont reniflant,
Ils s'en vont les mains vides
Nez en l'air et cherchant
Une étoile splendide
Mon petit, si tu la vois
Tout en marchant bien droit
Le Noël de la rue
C'est au ciel de leur vie
Une étoile endormie
Qui n'est pas descendue... »
Le Noël De La Rue.
Celle-ci, elle a décidé de la reprendre, cette fois  accompagnée d’un accordéon, aussi bien pour son spectacle intimiste que pour la suite de sa tournée des Eglises…


« …une étoile endormie qui n’est pas descendue… ». 
 La petite fille aux allumettes de Hans Christian Andersen se termine quand l’enfant aperçoit dans le ciel une étoile filante, sans savoir que, cette fois, c’est elle-même dont l’âme monte vers Dieu.
Mais s’il faut que, pour venir jusqu’à nous, bien vivantes, des étoiles descendent un peu, nous en sommes un peu tristes bien sûr, mais tellement heureux….

*




mardi 15 novembre 2016

Quand Michèle Torr parle de ses projets...et de l'Admirateur. Interview dans Le Progrès.

Michèle Torr en concert à Saint-Étienne

SAINT-ÉTIENNE - CHANSON FRANÇAISE

Michèle Torr: « Sur scène, je suis un peu en état de prière »


Très proche de son public, la blonde Michèle Torr s’est prêtée au jeu des questions avec douceur et  humilité.
Quelques jours avant son passage à la salle Jeanne d’Arc à Saint-Étienne, celle que l’on surnommait parfois la Piaf Blonde, a accepté de répondre aux questions de nos lecteurs, dont certains étaient visiblement très émus de rencontrer leur idole. Ses premiers succès, sa tournée, la maladie de son fils Romain, Michèle Torr s’est prêtée au jeu avec chaleur et simplicité.
Yvette Perroton, Saint-Paul-en-Jarez
Quelle chanson de votre répertoire représente votre meilleur souvenir ?
« C’est difficile de répondre, il y en a beaucoup. Je dirais la chanson Un enfant c’est comme ça. Quand Jean Albertini l’a écrite en 1973, il a beaucoup pensé à mon fils Romain, j’étais également enceinte à cette époque de ma fille Émilie. C’est une chanson qui me touche toujours autant, et que le public apprécie de réentendre aujourd’hui. Je l’ai d’ailleurs remise récemment dans mon tour de chant. »
Éliane Fante, Roche-la-Molière
Vous êtes tellement rayonnante aujourd’hui. Quel est votre secret de beauté ?
« C’est très gentil à vous, merci. J’aimerais bien connaître les secrets s’il en existe. J’aime la vie, j’aime le public qui me le rend de manière formidable. Beaucoup d’amour donc, une famille merveilleuse, un mari. Sinon comme toutes les femmes, je crois, j’aime la mode, le maquillage… En revanche, je dors très mal, je me couche vers 3 ou 4 heures du matin, j’ai une vie assez décalée. Bon, vous voyez quand même mes ridules autour des lèvres (rires) ? Je devrais peut-être faire de la chirurgie mais j’ai peur d’avoir une bouche de canard après (rires) ! »
Giovanna Francavilla, Saint-Étienne
Michèle, comment faites-vous pour garder cette voix, cette humilité alors que vous donnez énormément de plaisir et d’émotion à ceux qui vous aiment et vous écoutent ?
« Pour ce qui est de l’humilité, je crois que l’on est comme on est. J’ai toujours cherché à m’entourer de gens simples, sincères, alors pourquoi prendre la grosse tête ? Pour ma voix, elle a changé et évolué avec moi. Sur mon premier disque, je chantais haut, c’était la mode à cette époque, alors que maintenant ma voix est plus grave, plus ronde. Je la préfère aujourd’hui, d’ailleurs. Mais je ne la travaille que très peu, je n’ai pas d’entraînement particulier. Comme je chante régulièrement en concert, le meilleur moyen de la préserver est de me taire (rires). Je la fatigue plus en parlant qu’en chantant, donc le silence est un bon entraînement. »
Monique et Jean-Baptiste Marconnet, Saint-Marcellin-en-Forez
Allez-vous chanter le 20 novembre avec la violoniste Céline Porron, présente sur la tournée Âge Tendre et Têtes de Bois , et qui se trouve être la fille de nos amis ?
« Malheureusement non. C’est une musicienne extraordinaire qui fait le show sur scène. Ce n’est pas prévu qu’elle m’accompagne le 20 novembre ; elle doit sûrement être en tournée quelque part. C’est elle qui joue en revanche sur les chansons de mon dernier album studio. »
Marie Gouit, Saint-Étienne
Pourquoi ne faites-vous pas partie cette année de la tournée Âge Tendre et Têtes de Bois ?
« Tout simplement parce que je tourne seule en concert cette année. J’ai été la première à être contactée par Michel Algay, producteur de cette tournée (présent dans la salle, N.D.L.R). J’ai trouvé que son projet était génial et que c’était une idée magnifique, donc j’ai accepté avec grand plaisir d’y participer mais ça ne sera pas le cas cette année. »
Suzanne Mougenot, Andrézieux-Bouthéon
Pensez-vous réenregistrer un album avec vos premiers succès ?
« Vous lisez dans mes pensées ! Je vais vous raconter quelque chose. Je ne vais pas beaucoup sur les réseaux sociaux mais je regarde quand même un peu ce qui se dit de moi… Il y a quelque temps, je suis tombée sur un site internet qui m’est dédié, qui s’appelle L’Admirateur , qui est tenu par deux messieurs. Grâce à ce site, j’ai redécouvert des chansons que j’avais un peu oubliées. Il y a eu les tubes et puis, à côté, il y a eu de formidables autres chansons, très belles mais que l’on a moins entendues et qui sont un peu tombées dans l’oubli.
Tout cela m’a en effet donné envie de réenregistrer ces chansons qui étaient un peu passées à la trappe. Un coffret spécial est donc en projet, un coffret qui contiendra, entre autres, toutes les chansons que l’on trouvait à l’époque sur les Face B des 45 tours. »
Roseline Villella, Saint-Thurin
À l’instar d’Isabelle Aubret et Hervé Vilard qui se rapprochent de leur public avec des récitals de plusieurs jours dans des cabarets de la Loire, avez-vous envisagé une tournée de ce type en 2017 en France, et par chez nous ?
« Oui, bien sûr, c’est d’ailleurs un peu ce que je fais déjà. J’aime beaucoup les petites salles, qui permettent une grande proximité avec le public, une atmosphère intimiste. Dimanche, à la salle Jeanne-d’Arc, qui est une petite salle, les spectateurs pourront assister à un concert où je serai avec trois musiciens. Dans ce genre de cas, je chante bien sûr les chansons que les gens attendent, et j’en profite aussi pour faire quelques reprises. »
Christine Berlanger, Brest
Je suis, tout comme vous, originaire du Vaucluse. Envisagez-vous de vous y réinstaller un jour ?
« Je ne suis pas très loin du Vaucluse actuellement, puisque je vis à Aix-en-Provence. Mais j’ai gardé un cabanon, à Lourmarin, là où mes parents et grands-parents sont nés, là où je passais mes vacances. Et puis surtout, ce département garde une importance capitale pour moi, puisque je donne tous les ans un concert caritatif à Pertuis.
Mon fils Romain, atteint de la sclérose en plaques, a créé l’association SEP Pays d’Aix, et c’est dans ce cadre que nous organisons chaque année ce spectacle au début de l’été, auquel d’autres artistes se joignent bénévolement. »
Martine Prenat, Saint-Étienne
Comment avez-vous vécu votre première tournée avec de grands noms de la chanson ? Avez-vous eu le trac ?
« Ma toute première tournée, c’était avec le Golf Drouot, juste après la sortie de mon premier disque. À l’époque, Albert Raisner, d’ Âge Tendre et Tête de Bois , animait le spectacle. Et oui, j’avais le trac, bien sûr. Jeune, j’avais beaucoup, beaucoup le trac. Un jour, Charles Aznavour m’a dit : « Pourquoi avez-vous peur ? Les gens qui sont dans la salle vous aiment, et ont payé leur place pour venir vous voir, il ne faut pas avoir peur ! » Mais c’était comme ça. Aujourd’hui, sur scène, ça va beaucoup mieux. Il n’y a qu’en télévision que je suis moins à l’aise, parce qu’il faut être bon en dix secondes, parce que l’on n’a pas son équipe avec soi… Au Québec, les artistes disent « Amuse-toi bien », avant de monter sur scène. C’est ce que je dis tous les soirs à mes musiciens. Sur scène, je m’amuse beaucoup. »
Nathalie Rivoire, Saint-Étienne
Quel est le plus beau moment de votre carrière ?
« Il y en a plein, parce que dès que je monte sur scène, peu importe la scène d’ailleurs, j’ai la même envie, le même plaisir, je suis un peu en état de prière… Mais si je ne devais en retenir qu’un, ce serait l’Olympia en 1980. À cette époque, je remplissais les salles de province, mes disques se vendaient bien. Mais je n’avais jamais fait l’Olympia seule. Et mon producteur de l’époque hésitait grandement, on me l’avait proposé, mais il avait peur que je n’aie pas suffisamment de public à Paris, et que ce soit un fiasco, ce qui me frustrait terriblement. Et puis, en 1980, ça s’est fait. J’ai chanté à l’Olympia durant un mois à guichets fermés. Ce fut un grand plaisir, et un grand honneur, de voir que j’avais également un public parisien, j’en étais très fière. »

Nos lecteurs ont pu poser leurs questions à leur idole, et même discuter avec elle autour d’un petit buffet, pour leur plus grand bonheur.

Propos recueillis par Romain Gavidia et Cerise Rochet

http://www.leprogres.fr/loire/2016/11/15/michele-torr-sur-scene-je-suis-un-peu-en-etat-de-priere


vendredi 11 novembre 2016

Michèle Torr à Béthune.


Michèle Torr, sur les routes du Nord de la France pendant ce long week-end de l’Armistice….Après un magnifique spectacle  hier soir à BETHUNE (62) au Théâtre Municipal devant un public venu très nombreux (puisque le théâtre était pratiquement plein) avec une longue ovation pour l interprétation à capellla de La Quête de M. Jacques Brel, rendez-vous ce soir à DUNKERQUE (59) au Kursaal - Salle Jean Bart à 19h30. Une soirée "intimiste" qui permettra de retrouver certains titres figurant dans le tour de chant que les admirateurs affectionnent tout particulièrement comme « Un enfant c’est comme ça ». Un hommage sera également rendu à la fin du spectacle à Léonard Cohen qui vient de nous quitter…Merci à Gilles Bailleul et à Sébastien Trognon pour les photos.


mardi 8 novembre 2016

Michèle Torr à Saint-James.


Après avoir amorcé, avec Mathieu Chocat et sa formation musicale composée de Stéphane Trognon et Pierre Schmidt, une deuxième saison de Chanter, c’est prier (tournée des églises et des cathédrales) à Belleville et entamé « En concert avec vous », tournée intimiste débutée à Tarbes le 24 septembre, c’est avec l’orchestre de Richard Gardet que l’on retrouvera Michèle Torr le samedi 26 novembre 2016 dans l’espace Le Conquérant, à Saint James, dans la Manche. Avec Richard Gardet, elle a déjà effectué une tournée de plus de quarante dates entre 2012 et 2013 après la sortie de son album Chanter c’est prier. C’est lui qu’on a retrouvé pour l’accompagner pour sa tournée 50 ans de chanson en 2015 et au Trianon pour le spectacle Intimiste, le 18 octobre, mais aussi pour quelques dates, tout au long de cette année 2016.
Ce sera donc un spectacle encore différent qui sera proposé au public normand, en cette fin novembre 2016, et l’occasion, peut-être, de réentendre  Une vague bleue, Le pont de Courthézon, La prière sévillane, Et toute la ville en parle ou bien Diva




Michèle Torr à Séville, au temps des copains…

 C’est à Séville, au « temps des copains », que le nouveau Hors-série de France Dimanche nous permet de retrouver, entre autres, Michèle Torr.

Hors-série France Dimanche - SLC BEST OF N°1/Octobre 2016.


Michèle Torr à Belleville en Beaujolais.



Michèle Torr et Michel Monaco font abbatiale comble à Belleville en Beaujolais, la région de M. Charles Tort, le père de la chanteuse, dans la ville où il a terminé sa carrière de facteur (« cet homme [n’était pas tout à fait] du Midi de la France, [et fut plutôt] un baladin de [Rhône-Alpes]), mais aussi la région de M. Monaco.
Elle a chanté le Notre Père, l’Ave Maria de Charles Gounod, et même…Discomotion !

Bravo à eux.




mercredi 2 novembre 2016

Michèle Torr version intimiste, « En concert avec vous ».


Michèle Torr sera donc à nouveau « En concert avec vous », « si vous le voulez bien » (Lettre ouverte, 1981), pour son nouveau spectacle intimiste, à Pougues-Les-Eaux le 5 novembre 2016, avant Dunkerque, Béthune, Gilly (Belgique), Bourg-Lès-Valence,  Saint Etienne, Belley, Belfort, Saint-Loubès, Bressuire, Chasseneuil du Poitou, Les Sables d’Olonne, Allevard, Chalon sur Saône, Abbeville, Albert, Merville…jusqu’au 9 avril 2017.


Ce spectacle, elle l’a présenté dès le mois de septembre dans le Sud-Ouest, à Tarbes (65) le 24 et à Cuzorn (47) le 25.

Elle y est, de même que dans Chanter, c’est prier (La tournée des églises et des cathédrales) accompagnée par Mathieu Chocat, Stéphane Trognon et Pierre Schmidt.

De Chanter, c’est prier, elle a gardé un certain nombre de titres de son répertoire: J’en appelle à la tendresse, Mon ange (signée Bruno Coquatrix et empruntée dès 1968 à Léo Marjane), A mon père, Un enfant c’est comme ça… et l’inévitable Emmène-moi danser ce soir, ainsi que des chansons « spirituelles » comme Quand vint la grâce (adaptée de Amazing grace) ou Son paradis c’est les autres, en hommage à Sœur Emmanuelle. 
Elle leur a adjoint deux incontournables : Je m’appelle Michèle par laquelle elle débute son tour de chant et  Discomotion, (occasion d’un clin d’œil nostalgique aux années soixante et à son ami C. Jérôme) tout en gardant des chansons de son récent album Diva: Je ne veux chanter que l’amour, Tout l’amour du monde et Qu’est-ce qu’ils disent ? de même que Coupo santo, l’hymne de sa Provence natale, où elle vit encore aujourd’hui, qu’elle a enregistré en 2012.
Elle a chanté La ritournelle à Tarbes, et  elle a repris T’es l’homme qu’il me faut, blues emprunté à Piaf dès 2003, qui lui va comme un gant, et Le petit bonheur de Félix Leclerc, déjà entendu chanté par elle à l’Olympia en 2011.
Avant de conclure avec l’Alléluia de Léonard Cohen, en version française. 


C’est l’ « éternelle» Michèle Torr qu’on a vue, en grandes vagues blondes, entrer en scène, vêtue de noir, d’or et de rouge, souriante, charmante, ensorcelante… Son charisme est indéniable et opère encore et toujours. Elle « s’appelle toujours Michèle » et c’est logiquement par cela qu’elle a commencé, avant d’en reconnaître certains dans les premiers rangs, parmi les visages « comme des forêts devant [elle] », et parmi eux, certains, qu’elle n’avait pas vus depuis longtemps…
« Demandez le programme » s’est-elle amusée à clamer, gouailleuse, avant d’entonner Je ne veux chanter que l’amour  (« Blues, blues l’amour est blues », et elle y reviendra avec T’es l’homme qu’il me faut, puis, encore pour s’amuser un peu, avec Qu’est-ce qu’ils disent ? pied de nez aux journalistes et critiques de tout poil à qui la « popularité » n’inspirait que mépris). Qu’importe,  le blues, elle adore ça, en effet, et nous aussi…
Au programme donc, du blues, dans une ambiance café-théâtre, et de l’amour…
 « L’amour des autres », avec un « appel à la tendresse » et un hommage à Sœur Emmanuelle.  L’amour des enfants aussi, car « un enfant c’est comme ça ! ». Et celui pour un homme, quand bien même on sent qu’il s’en va… L’amour pour Dieu « sur un air si doux », ou pour un « ange », pour la petite étoile qui veille sur chacun de nous. Et l’amour pour sa terre, de Provence en l’occurrence. Enfin, l’amour entre une artiste et son public, qu’il « soit mime ou bien chanteur », « toujours seul sur la piste même à l’ombre des projecteurs », mais dans lequel elle revient se baigner, descendant de scène pour déambuler dans l’orchestre d’un théâtre ou jusqu’au fond d’une salle, serrant des mains, souriant à chacun, dans un rayon de lumière.
De l’amour et un message : avant qu’il ne s’en aille, sachons profiter du « petit bonheur » qui s’offre à nous. 


Voir Michèle Torr « en concert avec nous » en est un, et non des moindres, quand elle revient, intime, fée bleue avec ses bleus à l’âme et ses bleus au corps, puisant au tréfonds d’elle-même l’énergie incroyable qu’il faut, alors que cela paraît tellement facile et naturel, pour monter sur scène, riche de ce qu’elle a glané sur les  nouvelles voies explorées depuis quelques années, avec sa tournée déjà intitulée « En concert avec vous » en 2012, du côté de la foi, avec le Paris de Michèle Torr et ses spectacles Amour toujours de l’Olympia et Intimiste du Trianon, avec sa tournée d’été 50 ans de chansons et avec sa tournée des églises et des cathédrales.
C’est cette Michèle Torr-là que ce nouveau spectacle nous donne à voir, éternelle et chaque fois  renouvelée.

Elle a incontestablement gagné en profondeur, en intensité. Alors, après cela, après cette nouvelle tournée qui rencontrera, espérons-le, le succès mérité, quand elle aura « soufflé », quand elle aura « retrouvé sa voix » (si tant est qu’elle l’ait perdue ! Tout au plus y entend-on parfois la fêlure qui en fait le charme et le souffle, le souffle de la vie), nous espérons qu’elle reviendra, encore autre et toujours la même, avec pourquoi pas, un nouveau disque, et que nous la reverrons, pourquoi pas ? sur une nouvelle scène parisienne…

En attendant, elle vous donne rendez-vous, « en concert avec elle »...