dimanche 28 avril 2019

Michèle Torr, nouveau CD


Il s’intitule Je vais bien.
(Chanson signée Stella et Guy Mattéoni).
Bientôt disponible sur www.micheletorr.com


Parmi les reprises que comportera l’album Je vais bien(signée Stella et Guy Mattéoni, on retrouvera Les choses de la vie, dont la musique est signée Romain Vidal, parue sur l’album I remember You, qui date de 1987.
Et parmi les chansons inédites, qui lui ont été inspirées par des «moments forts de sa vie », il y en a trois signées Michèle Torr, une dédiée à la fois à sa mère et à son public: La première chanson;  une autre, intitulée On aurait pu on aurait dû, dont elle dit qu’elle est la seule à savoir pourquoi elle l’émeut aux larmes… Et enfin une, douloureuse, qui a pour titre Je n’ai plus le temps

Michèle Torr chante encore Michèle Torr !


Disponible en précommande sur www.micheletorr.com

mercredi 24 avril 2019

Michèle Torr chante encore Michèle Torr (10)


Mais avant Donner, il y a eu deux chansons inédites enregistrées en public en 1999, sorties sur le double CD Portrait de scène. Toutes deux sont signées Michèle Torr et Daniel Mecca. La première c’est Sur les routes (CD 1). Musique de Claude Hazan.  Il y est question de la vie de saltimbanque que mènent chanteurs et musiciens, artistes de tout poil qui passent beaucoup de temps en déplacements, entre une ville, un village et le suivant, lors des tournées. Arbres qui défilent, hôtels, loges, rideaux, scènes, voix qui appellent, des sourires, des visages…Le vrai voyage, c’est lors du spectacle qu’il s’effectue, avec le public…Chanson tranche-de-vie, où sommeil rime avec soleil, que Michèle Torr et Daniel Mecca partageaint, sans vouloir les offenser, depuis des lustres et même des décennies. Ils savaient de quoi ils parlaient.
« Je vois le soleil
Les arbres qui défilent
J’ai un peu sommeil
En arrivant dans la ville
Direction l’hôtel
Pour deux ou trois heures à peine
Et puis me voilà
A nouveau sur la scène
Quand le rideau s’ouvre
Commence le voyage
Assis dans le noir
Vous êtes là fidèles
Au fond de ma loge
J’entends vos voix qui m’appellent
C’est à cet instant
Que ce métier je l’aime tant
Sur les routes
Je suis toujours sur les routes
Quand je viens chanter pour vous
C’est vraiment la vie que j’aime
Sur les routes
Je suis toujours sur les routes
Je suis heureuse quand je vous vois
Réunis là devant moi
Des grandes villes
Aux tout petits villages
Je garde en mon cœur
Vos sourires vos visages
Et quand je pars
Dans le petit matin blême
Si j’ai le cafard
Je me sens bien quand même
Sur les routes
Je suis toujours sur les routes
Quand je viens chanter pour vous
C’est vraiment la vie que j’aime
Sur les routes
Je suis toujours sur les routes
Je suis heureuse quand je vous vois
Réunis là devant moi… ».


La seconde, c’est Charlotte (CD 2), qui sera aussi présente sur le CD single Je te dis oui qui sortira en septembre 1999. Michèle Torr s’adresse à sa petite-fille Charlotte, la première de ses petits-enfants. Elle est tout à la fois petite, douce, fragile, ange, soleil, île, paradis, chanson, poème et  source, « un peu de moi que je retrouve en toi… », la « petite Charlotte que j’aime » C’est une jeune grand-mère qui s’émeut et s’émerveille d’un « bout de vie qui babille » comme elle le prévoyait dans Je serai ton amie en 1993, mais c’est finalement son fils qui lui aura le premier donné cette joie. Charlotte (la chanson) sera présente sur scène au Casino de Paris.
« Tu es si petite
Plus douce qu’un bouton de rose
Mais quand ton regard bleu se pose
Sur moi c’est toute ma vie qui change
Tu es comme un ange
Dans ces moments où rien ne va
Quand tu viens te blottir contre moi
J’en oublie toutes mes peines
Tu es le soleil de ma vie
Tu es une île un paradis
Quand je te regarde
Plus besoin de mots
Tu es chanson tu es poème
Tu es le soleil de ma vie
Et chaque fois que tu souris
C’est un peu de moi
Que je retrouve en toi
Petite fille que j’aime
Tu es si fragile
Dans ton petit monde innocent
Rien à voir avec celui des grands
Qui se font bien des guerres inutiles
Tu es comme une source
Où je puise un peu chaque jour
Toute la tendresse et l’amour
Qu’il me faut pour monter sur scène
Tu es le soleil de ma vie
Tu es une île un paradis
Quand je te regarde
Plus besoin de mots
Tu es chanson tu es poème
Tu es le soleil de ma vie
Et chaque fois que tu souris
C’est un peu de moi
Que je retrouve en toi
Petite fille que j’aime
La la la…
Petite Charlotte que j’aime ».

A suivre.

dimanche 21 avril 2019

Michèle Torr chante encore Michèle Torr (9)


Seule, 1997.

S’ajoutent à ces quatre chansons cosignées Michèle Torr et Christian Accardi deux titres signés Michèle Torr et Daniel Mecca. Le premier, loin de la Baltique et de la Mer du Nord évoqués dans Tant je t’aime, c’est La fille du soleil, dont il existe aussi deux versions en public sur les Olympia 2002 et 2005. « Passer à l’orange dans un monde étrange où l’amour se change en argent », un monde de caresses, de toujours, de promesses, et d’amour blessé…C’est là que nous emmène la fille du soleil, capable pour quelques sous de nous changer le ciel, de soigner nos cœurs rebelles, de nous  faire oublier les amours déçues et le désespoir, d’illuminer nos nuits, de peindre des arcs-en-ciel sur nos murs bien trop gris. Elle s’adresse à chacun mais on n’est pas tout seul dans le monde de cette « mauvaise » fille-là. Evocation du métier d’artiste, entre fille de lumière et fille de joie. Une chanson qui n’a l’air de rien, mais simplement lucide, acide et lumineuse.
« Passer à l'orange
Dans un monde étrange
Où l'amour se change en argent
Acheter des caresses
Des "toujours", des promesses
Où l'amour se blesse en passant
Alors suis-moi, suis-moi, suis-moi
Je suis la fille du soleil
Capable de changer ton ciel
Pour te faire oublier
Oublier qu'il n'y a pas qu'elle
Pour soigner ton cœur rebelle
Laisse-moi essayer
Tu te noies, tu te perds
Tu désespères
Il te faudra longtemps pour oublier
Regarde autour de toi
Ils sont pas plus heureux
Pourtant ils ont l'espoir gravé
Au fond des yeux
Je suis la fille du soleil
Je vais marcher dans tes rêves
Illuminer tes nuits
Plein de milliers d'étincelles
Pour peindre un arc-en-ciel
Sur tes murs bien trop gris
Regarde autour de toi
Ils sont pas plus heureux
Pourtant ils ont l'espoir gravé
Au fond des yeux
Je suis la fille du soleil
Capable de changer ton ciel
Pour te faire oublier
Oublier qu'il n'y a pas qu'elle
Pour soigner ton cœur rebelle
Laisse-moi essayer…
Je suis la fille du soleil (La fille du soleil)…
Je suis la fille du soleil
La fille du soleil ».


Et on reconnaît en Dans le blues de l’amour la métamorphose de Tu ne vaux pas une larme. La chanson est devenue un duo entre le mari à qui Daniel Mecca prête sa voix : c’est lui qui, hypocrite, alors qu’il s’apprête à partir, regrette les soirées au cinéma, et c’est cette remarque qui semble déclencher la série de reproches précédemment évoquée. La voix est plus sourde, les guitares plus agressives, la rancœur plus profonde. Les chœurs plus présents semblent faire vrombir la colère. Plus question d’une bourse de l’amour, mais de vrai blues, ni de La femme du boulanger : la dame a perdu ses envies, son sourire trop longtemps effacés. Si la teinte nettement humoristique de la chanson s’en trouve affadie, elle y gagne en force et devient une chanson de scène diablement efficace.
 « {Lui, parlé) Ça fait trop longtemps que je ne suis pas allé au cinéma avec toi
Je me souviens d'un certain film de Pagnol la dernière fois 
- (Elle) Mais ce soir les rôles sont à l'envers
Et c'est toi qui pars, alors j'ai froid comme en hiver
Mais je lui souhaite
Tous les bonheurs
Que tu as su me donner
Tu rentreras (« Tu rentreras »)
Aux mêmes heures (« aux mêmes heures »)
Tu ne pourras
Jamais changer
Dans le blues de l'amour
Tu ne vaux pas une larme
J'appelle "Au secours"
Pour être sûre qu' tu t'en ailles
Tu ne vaux pas la peine
Que je pleure pour toi
Que je m'ouvre les veines
Et pourtant tu le crois
Même ton chien est content
Que tu quittes la maison
Même pas tes amis
Ne te réclameront
Je veux te voir partir
Je n'ai pas de regret
Tu peux plus me mentir
J'ai mal, mais je sais
Qu'un jour avec lui
Je pourrai retrouver
Mes envies, mon sourire
Trop longtemps effacés
Et nos mains se serreront
Encore plus fort qu'hier
Ensemble nous revivrons
Paradis et enfer
Paradis et enfer
(« Dans le blues de l'amour
On ne vend plus de drames
Toutes ces filles d'un jour
Ne remplacent pas ta femme
Dans le blues de l'amour
On ne vend plus de drames
Toutes ces filles d'un jour
Ne remplacent pas ta femme… »).
Elle sera pourtant écartée du spectacle créé à l’Olympia en janvier 1998, mais les cinq autres chansons en feront partie ; Regarde-les disparaîtra assez rapidement du tour de chant, de même que Seule, remplacée par Je ne suis qu’une femme dont le sujet est très proche ; Tes silences et Tant je t’aime, de même que La fille du soleil, feront partie du spectacle Acoustique de 2001 et seront réenregistrées sur l’album Acoustique – Mes plus belles chansons qui sortira la même année, en octobre. En attendant Donner, en 2002.

A suivre.

mercredi 17 avril 2019

Michèle Torr chante encore Michèle Torr (8)



Michèle Torr osera reprendre la plume et s’investira plus encore dans l’écriture de son album Seule, en 1997. « Aujourd’hui, j’ose prendre la plume » sera le titre d’un article d’Isabelle Morand dans Télé Star. Elle en cosigne six chansons sur douze. Seule aussi car c’est le premier album de chansons originales qu’elle autoproduit, seule, comme une grande…
« Je me suis enfin laissée aller à dire ce que je ressentais, ce que j’avais sur le cœur, mes émotions, mes états d’âme aussi, souvent des choses que je vis, ou que j’ai vécues… »confiera-t-elle à Platine dans un article intitulé « La solitude des hautes altitudes », dont le titre est inspiré de Goldman.
Pour Seule, elle retrouve Christian Accardi qui avait cosigné avec Claude Perraudin le très beau Ne m’oublie pas en 1991.
« Avec Christian Accardi, j’avais quatre textes que l’on a retouchés ensemble et sur lesquels il a écrit ses musiques », précisera-t-elle.


Seule est une très belle chanson sur la place des femmes dans le monde, poupées de chiffon blessées, voilées, prisonnières de la folie des hommes, et sur celle de l’une d’entre elles en particulier : la chanteuse, chanteuse d’un soir, qui trouve auprès du public un refuge, une forme d’amitié, mais  au prix de son intimité, car il lui vole son histoire, entre mensonge et vérité. Une chanson qui pose des questions plus qu’elle ne donne de réponses. Qui parle aussi de l’amour, de mariages, des deuils qui la déchirent, de la solitude…
« J'ai pris tous les avions du monde
Et je ne sais toujours pas
Si de l'autre côté la Terre est ronde
Où est l'envers, où est l'endroit
Folies des hommes, j'ai eu si mal
Je suis morte cent mille fois
Les gens se font la malle
Les blessures restent là
Amie des plus grands de ce monde
Des rois, des chefs d'État
Poupée de chiffon dans une ronde
Une reine ne danse pas
Femme promise, qu'on me réponde
Pour quel prince, pour quel roi
N'ai-je pas été blonde
N’ai-je n'aimé que toi ?
Je suis une femme seule
Entourée mais si seule
Je n'ai que des amis
Mille dans chaque pays
Je suis une femme seule
Et dans ma tour d'ivoire
Entre mariage et deuil
Toujours un peu plus seule
Quand tu t'en vas
J'ai vu à travers vous le monde
Comme dans un cinéma
Les guerres, les gosses qu'on tue, les bombes
Dieu cloué sur sa croix
Folies des hommes, les femmes ont mal
Vos mensonges nous déchirent
Celles qui portent le voile
Ne savent plus sourire
Certains soirs sous les projecteurs
J'ai envie de pleurer
En écoutant battre vos cœurs
Le mien est à vos pieds
C'est trois fois rien ces quelques fleurs
Mais c'est votre amitié
Vous savez, j'ai si peur
Le soir quand vous partez
Je suis une femme seule
Tant aimée mais si seule
Rien de ce qu'on écrit
Ne ressemble à ma vie
Je suis une femme seule
Cette chanteuse d'un soir
Que les gens viennent voir
Rendez-moi mon histoire
D'une femme seule
Alors c'est donc ça votre monde
Mille et seule à la fois
Moi, je ne veux plus tourner dans cette ronde
Me déchirer pour lui, pour toi
Parfums d'amour et de scandale
Je suis si fatiguée
De sourire quand j'ai mal
Mensonge ou vérité
Je suis une femme seule
Entourée mais si seule
Je n'ai que des amis
Mille dans chaque pays
Je suis une femme seule
Et dans ma tour d'ivoire
Entre mariage et deuil
Toujours un peu plus seule
Et tu reviens pas ».


Deuxième chanson : Tes silences. Avec  aussi Christian Accardi. Beaucoup de rimes en –ence pour une chanson-confidence (mais ce mot-là, on ne l’y trouve pas !) dans laquelle la chanteuse évoque l’histoire d’amour qu’elle est en train de vivre, et qui tourne mal. Silences, indifférence, absences, vengeance, comme autant de tue-l’amour. On y entend l’impossibilité de dissocier vie privée et vie publique, inextricablement enchevêtrées et l’artiste se débat dans ses contradictions. Un peu de chance, et tout recommence… dans la vie comme dans la chanson.
« Et ce putain de portable qui marche pas
Pas moyen de t'appeler, te dire que ça va pas
Embarquement immédiat,
J' suis bloquée à Roissy
Si loin de tout ici
Je pense à toi
Un mouchoir
J' trouve plus mes lunettes noires
Pour cacher les blessures de tes armes
Et j' me fous que les gens voient mes larmes
Ne suis-je pas faite comme toutes les femmes ?
Arrête tes silences
Joue plus l'indifférence
Laissons-nous une chance
Tout est gagné d'avance
Si tu fais le premier pas
Et ce putain de passé qui me revient
Je me souviens de nos étés, une bastide, un jardin
Quelques roses trop blanches
Qu'on appelait "Michèle"
Il pleut sur la Provence
Je pense à toi
Des couloirs bien trop longs, égarée
J'ai pas le trac, je cherche le plateau B
Notre histoire en direct, une télé
Seras-tu là pour me regarder ?
Arrête tes silences
Joue plus l'amour vengeance
Laisse-moi une chance
De regagner ta confiance
J' vais casser ce silence
Car de toute évidence
J' veux plus de cette absence
J' veux que tout recommence
Arrête tes silences
Joue plus l'indifférence
Laissons-nous une chance
Tout est gagné d'avance
J' vais casser ce silence
Car de toute évidence
J' veux plus de cette absence
J' veux que tout recommence
Si tu fais le premier pas
Allez, viens ! »


Troisième chanson : Regarde-les. Avec encore Christian Accardi. Sur les « Chaplins des temps nouveaux », les SDF. La mélodie évoque en effet les films de Charlot par son rythme et les arrangements (petites notes de piano comme au temps du cinéma muet), de même que par son sujet. On peut être agacé par certains termes en décalage avec le propos (flingués, fan-club Abbé Pierre, looker les vitrines, se payer la une… des super géants de l’info…), gêné par certaines images un peu maladroites (tout humiliés de vieux cartons, ces vieux jouets de peluche, ces chiens sans laisse, -ce sont les SDF eux-mêmes, non ?- ces presque rien…) On préfère les troubadours sans limonaire, les sultans (mais c’est pas vrai)…Il n’empêche, cela se termine Rue de la Pitié comme cela commence parfois chez Maupassant Rue des Martyrs. Et ce mélange de maladresse et d’intentions louables, de poésie et de clinquant, fonctionne plutôt bien quand la révolte se lève dans la voix, sourde comme  début d’orage, mais impuissante, avant de s’apaiser…  car il est des révoltes qui mènent à l’action, comme celle de Coluche dont le nom vient clore la chanson. Un bel hommage donc, à ceux qui, en dépit de l’indifférence des gens, des hommes politiques en particulier,  œuvrent pour combattre la misère.
« Regarde-les rue des Flingués
Tout chiffonnés de vieux chiffons
Tout humiliés de vieux cartons
Pour se protéger du froid, c'est con
Regarde-les clopin-clopant
Comme de vieux jouets de peluche
Qu'on a jetés sur le coin d'un banc
À deux pas des Restos de Coluche
Regarde-les avec leurs airs
De troubadours sans limonaire
De sans-amour, de sans-affaire
Partis du fan-club abbé Pierre
Regarde-les rue de l'Élysée
Looker les vitrines à casse-croûtes
Moi qui connais, toi qui connais
Le prix d'une gare, d'une autoroute
Regarde-les tous ces flingués
Ces oubliés du bout de l'an
Qui te racontent, mais c'est pas vrai
Qu'ils ont un jour été sultans
Regarde-les ces chiens sans laisse
Ces sans-domicile, sans-famille
Ces presque-rien et leur détresse
Ces décousus du bout de la nuit
Regarde-les version française
Tous ces Chaplin des temps nouveaux
S' payer la une sans parenthèses
Des super géants de l'info
Regarde-les tous ces flingués
S' traîner jusqu'à rue de la Pitié
Presque à genoux, presque à tomber
Et les gens passent sans s' retourner
Mais regarde-les dans leurs palais
Ils pensent à eux souvent pourtant
Cette nuit un homme vient de crever
Sous les fenêtres d'un Président
Regarde-les rue des Flingués
Tout chiffonnés de vieux chiffons
Tout humiliés de vieux cartons
Pour se protéger du froid, c'est con
Regarde-les clopin-clopant
Comme de vieux jouets de peluche
Qu'on a jetés sur le coin d'un banc
À deux pas des Restos de Coluche ».


Dernière chanson de l’album. Et dernière chanson cosignée par Christian Accardi. Tant je t’aime. Une femme de marin attend dans un port l’homme que tant elle aime, et qui n’est pas là. Reviendra-t-il ? L’océan est-il si bête qu’il le ramènera ? Une lampe-tempête est clouée sur la porte, les souvenirs sont « dockés » sur les quais méthaniers, mais si le cœur de la dame se prend pour un poète, le port demeure triste et il pleut sur Le Havre, trop paisible. Serait-ce parce que les rêves, comme les bateaux et les pays où ils mènent, ne sont pas les mêmes pour lui que pour elle? L’attente sera vaine et la dame demeurera seule dans sa tour, dans son phare. Une jolie chanson douce-amère sur les doutes, l’incertitude, la désillusion et, finalement, la solitude.
« J'ai cloué sur la porte une lampe tempête,
L'océan est si bête qu'il te ramènera
Quand mon cœur  certains soirs se prend pour un poète,
J'ai l'roulis, c'est pas grave, puisqu'il pleut sur le Havre.
Un port c'est toujours triste quand se lève le jour,
Y'a plus d' femme, plus d'artiste, où vont les mots d'amour ?
Sur les quais méthaniers où se dockent les souvenirs,
Les marins fatigués n'osent plus repartir ...
Tant je t'aime, tant je t'aime,
Je te donne mon cœur, mon corps, ma solitude ...
Tu parlais de cargos aux prénoms norvégiens,
Moi, de pays chauds, où chantent les matins,
Nous rêvions d'Amérique, d'îles au trésor,
Que c'est beau la Baltique qu'épouse la mer du Nord ...
Tant je t'aime, tant je t'aime,
Je te donne mon cœur, mon corps, ma solitude,
Tant je t'aime, tant je t'aime,
J te donne les jours qui meurent, l'incertitude ...
J'ai refermé la porte de ma tour, de mon phare,
Je rêve que le vent me porte, mais ce n'est qu'illusoire,
Des illusions perdues, nos amours ne sont plus,
Que ce mal qui m'entrave,
Puisqu'il pleut sur le Havre...
Mais qu'importe, c'est pas grave
Puisqu'il pleut sur le Havre ... ».

A suivre.

samedi 13 avril 2019

Michèle Torr chante encore Michèle Torr (7)


A propos de La prière Sévillan(n)e, (avant-)dernière chanson de l’album A mi-vie, en 1993, Michèle Torr a déclaré: « C’est une chanson espagnole que je connais depuis très longtemps. C’est Pierre Grosz qui en a signé le texte français mais l’idée est de moi. J’aurais dû la cosigner » (Platine, 1997).


Salve rociera est aussi connue sous le titre Salve a la Virgen del Rocío ou Salve del olé.
Composée par Manuel Pareja Obregón, les paroles en sont signées Rafael de León.
La transposition de cette prière où Olé  est une  interjection exprimant l’admiration face à la Vierge, « bergère céleste vénérée par le peuple », « source de bonheur et rosier de beauté », « mère à la pureté virginale »,  dans l’univers de la corrida coulait presque de source…
« Laissez passer Maria
A cinq heures à la plaza
Surtout ne lui parlez pas
Elle ne vous entendrait pas
Laissez laissez Maria
Tout pour elle s'arrête là
Quand son fils son seul credo
Marchera vers le toro
Olé Olé
Olé Olé…
Olé Olé
Olé Olé...
Et quand il sera tout près de toi
Et quand sa corne enroulera ta muleta
Olé Olé
Olé Olé…
Olé Olé
Olé Olé...
Mon amour, si ta vie s'en allait
Je n'aurais plus qu'à te rejoindre au ciel
Laissez passer Maria / Dios te salve Maria
A l'heure de la faena
Quand la foule se lèvera
Rien d'autre n'existera
Laissez chanter Maria
Laissez-la prier tout bas
Ecoutez monter son âme
Dans la prière sévillane
Olé Olé
Olé Olé…
Olé Olé
Olé Olé...
Et quand il sera tout près de toi
Et quand sa corne enroulera ta muleta
Olé Olé
Olé Olé…
Olé Olé
Olé Olé...
Mon amour, si ta vie s'en allait
Je n'aurais plus qu'à te rejoindre... si tu mourais
Laissez passer Maria / Dios te salve Maria
A cinq heures à la plaza
Surtout ne lui parlez pas
Elle ne vous entendrait pas ». 

A suivre.

samedi 6 avril 2019

Michèle Torr chante encore Michèle Torr (6)


« [Michèle Torr] prépare un album pour l’automne prochain avec trois chansons dont elle a, elle-même, écrit les paroles durant sa convalescence » (Geneviève Coste, Télé 7 jours, mai 1991). 
« C’est aussi la première fois que je signe autant de textes. Et pendant ma convalescence, ce qui n’est pas un hasard. Je me suis, je l’avoue, plus investie sur ces nouveaux titres que pour les anciens albums », explique-t-elle à Alain Val, de Télé Magazine.
Vague à l’homme sort en décembre 1991. Entre temps, beaucoup de choses se sont passées. Ce sera le seul disque qui paraîtra chez Vogue. Il contient deux chansons assurément signées Michèle Torr et Guy Mattéoni: ce sont Rentrer sur scène et Vivre dans l’instant


Toujours en 1991, Paule Picard écrit : « [Michèle Torr] n’ouvre son cœur qu’au public pour lequel elle a écrit une superbe chanson : Rentrer sur scène ».
Rentrer sur scène est en effet la chanson de l’expression de la reconnaissance de la chanteuse, adressée à son public. On voit souvent dans ce genre de titre quelque chose de démagogique. Peut-être. De l’impudeur, dit-elle. Mais on sent bien qu’il y a de la sincérité dans l’évocation du désespoir crié, dépassé dans le halo du projecteur, malgré la peur, malgré les doutes, grâce à la scène et au public, retrouvé régulièrement au cours de la période difficile qui vient de s’écouler, car l’artiste a continué de se produire en concert, sans interruption. Pour trouver auprès de lui dans une étrange communion –un cœur-à-cœur- la chaleur, le réconfort. L’espoir.
« Même si la peur et le doute m’accompagnent
Je serai là ce soir
Pour te crier mon désespoir
Dans le halo du projecteur
Je serai seule à avoir peur
Rentrer sur scène
Crier « Je t’aime »
Se dévoiler et se donner
Sans pudeur
Cœur à cœur…
Si je t’appelle en un seul cri
Qui sort de moi qui nous unit
Au premier rang ton seul regard
Chauffe mon sang me rend l’espoir
Dans le halo du projecteur
Je serai seule à avoir peur
Rentrer sur scène
Crier « Je t’aime »
Se dévoiler et se donner
Sans pudeur
Cœur à cœur…
Et tu me portes
et mes doutes s’envolent
je ne veux rien d’autre
que ce que tu me donnes
Dans le halo du projecteur
Je vous entends je vous respire
Et peu à peu je vous rejoins
Rentrer sur scène
Crier « Je t’aime »
Se dévoiler et se donner
Sans pudeur
Cœur à cœur…»
Rentrer sur scène, 1991… 2019.


L’espoir, un peu de jaune soufre pour la moitié des lettres du nom de la chanteuse, pour celles de son prénom et du titre de l’album sur la pochette, comme un rayon de lumière, et une chanson, résolument optimiste celle-là : Vivre dans l’instant. Hymne au présent, au détriment du passé imparfait, du futur incertain…L’artiste ranime le feu qui brûle en elle, repart en bataille défendre une vie nouvelle…
« Vivre dans l’instant
Sans passé imparfait
Sans futur être sûre
Penser tout fort au présent
Vivre tout simplement
Pour casser mes certitudes
Je mettrai un point final
Aux regrets aux habitudes
Aux histoires bien trop banales
Je ferai un feu de paille
Des toujours des éternels
Je partirai en bataille
Défendre une vie nouvelle
Vivre dans l’instant
Sans passé imparfait
Sans futur être sûre
Penser tout fort au présent
Vivre tout simplement
Si demain je pleure un peu
Sur mes beaux jouets cassés
Je ranimerai le feu
Qui en moi brûle à jamais
Je ne serai plus déçue
Ce sera ma différence
De ce que je n’aime plus
Je partirai en silence
Vivre dans l’instant
Sans passé imparfait
Sans futur être sûre
Penser tout fort au présent
Vivre tout simplement… »,
Vivre dans l’instant, 1991.
On en saura un peu plus avec l’album A mi-vie en 1993, dont l’écriture des paroles sera confiée à Pierre Grosz. On retrouvera ces deux dernières chansons (Rentrer sur scène et Vivre dans l’instant) sur Le meilleur de Michèle Torr en public en 1996 et Portrait de scène en 1999 (ce sont les mêmes versions). Puis, en 2019…


Ceux qui laissent est signée, non  par Michèle Torr et Guy Mattéoni comme c’est mentionné sur le CD,  mais par Stéphan Chapel et Philippe Bambuck, comme c’est indiqué dans le livret.
Cette chanson est  tout de même le reflet de ce que vit et éprouve la chanteuse. Elle lui va donc comme un gant, de même que Ne m’oublie pas et Vague à l’homme. Dans ce disque triste comme un crépuscule, avec pour visuel une photo en noir et blanc sur fond violet qui ressemble à un faire-part de deuil (et il s’agit bien du deuil d’un amour et d’une aventure artistique), il s’agit surtout de se défaire du poids d’un divorce et d’exorciser la déception engendrée par la défection d’une équipe. L’album de la renaissance, ce sera le suivant.
Un mot de plus quand même sur Ceux qui laissent, qui n’est donc pas signée Michèle Torr : il y a  bien là l’expression du désarroi d’une femme prise en otage par ses sentiments, prise au filet d’une histoire, d’un regard beau comme un diamant noir, qui vient de se séparer de celui qu’elle aimait et, même si c’est elle qui laisse, elle souffre, et regrette, et revit en rêve les instants passés, précieux, perdus…On ne saura pas quelle est la part de vécu là-dedans, mais elle n’est certainement pas des moindres. La liberté comme un mirage, la rupture comme un naufrage. Michèle Torr aurait pu l’écrire, et c’est sans doute bien elle qui l’a inspirée, de même que Ne m’oublie pas.

A suivre.

mercredi 3 avril 2019

Michèle Torr et les autres, à l’Alhambra…

Ils étaient à l’Alhambra, à Paris, pour fêter avec Marcel Amont ses 90 ans…


C'était le 2 avril 2019, à l'Alhambra...
Pierre-Nicolas Cléré était avec...
Marcel Amont, qui fétait ses 90 ans, Laurent Baffie, André Bercoff, Georges Chelon, Christophe, Gérard Darmon, Gilles Dreu, Denise Fabre, Danyel Gérard, Philippe Harel, Igit, Michel Jonasz, Serge Lama, Maxime Leforestier,Gérard Lenorman, Herbert Léonard, Ivan Levai ,Guy Mattéoni , Bernard Menez, Raphael Mezhrai, Bernard Montiel, Nicoletta , Serge Perathoner, Popeck, Bernard Sauvat,Michèle Torr, Alek Visorek,Fred Zeitoun et tous ceux que j'ai oublié ! Comme m'a dit Michel Boujenah "jusqu'à 120 ans"!
Quelle soirée !


« Il nous donne envie de faire ce métier », s’exclame Michèle Torr.(Le Parisien).