mardi 17 juin 2014

L'Admirateur raconte: Michèle Torr fait son cinéma.



« Chanter, jouer la comédie, ce sont deux métiers différents. Enfin pas complètement. Je pense que les chanteurs en général ont envie de jouer la comédie, les comédiens de chanter. Cela se voit souvent. Et j’ai envie aussi. J’espère faire au moins un film, un jour, intéressant » a dit Michèle Torr sur le plateau de Sacrée Soirée, en novembre 87, avant d’avouer qu’elle en avait déjà tourné un (Le diable aime les bijoux).
Le cinéma, le théâtre, la comédie… une envie, une tentation, mais aussi un thème que l’on retrouve dans quelques chansons… 


« Autour de moi je vois tourner
Un décor d’ombre et de papier
Pardonne-moi de ne plus croire
A cette illusion
On s’ennuie dans notre histoire
Le film est trop long… »
(Le film est trop long, 1966)
Cela pourrait être une définition du cinéma : décor d’ombre et de papier, une illusion…


En 1966, 1967, 1968, tentée par le cinéma, Michèle Torr arbore un look inspiré par Marylin Monroe, qu’elle admire, cheveux blonds, courts mais pas trop,  du volume, raie sur le côté, en particulier sur la pochette de Pauvre Cœur. En 1971, les Japonais la compareront à Catherine Deneuve. Mais cela, ce n’est pas du cinéma…


 Une série de vols mystérieux, de bijoux et de pierres précieuses, se produit dans de nombreux pays européens. Ces joyaux ont tous appartenu à la collection d’une organisation secrète, l’ancien Ordre de l’Aigle d’Or. Une exposition est organisée à Tolède. Interpol monte la garde mais, malgré les précautions, un autre vol se produit. L’enquête mène à un mystérieux personnage, le Duc, qui, au XX° siècle, veut faire revivre cet ordre ancien.
  

Le film a été tourné en Espagne, le long de la côte d’Alicante. C’est une coproduction entre l’Espagne, le Canada et la Tunisie. Il est sorti au Canada sous le titre Le Diable aime les bijoux, et en Espagne en 1969, puis à, nouveau en 1982, sous deux titres différents : Las joyas del Diablo, puis El secreto del Toison de Oro. Il est signé Jose Maria Elorietta. C’est un film dans lequel se mêlent action, aventure, enquête policière, espionnage et satanisme.
Mais que fait dans l’histoire le personnage de Dorothea, interprété par Michèle Torr ? D’abord, en duo avec Donald Lautrec, elle chante. Si l’on en croit la chanson Si tu pars, elle serait la maîtresse d’un homme impliqué (à quel titre ?) dans le vol des bijoux, qui essaie de la préserver, mais, curieuse, Dorothea va se trouver entrainée dans l’action. Sur les quelques images disponibles sur le Net, on la voit sortie de sous un lit, ligotée et bâillonnée, puis très vindicative lorsque le bâillon lui a été retiré ; on la voit aussi qui assiste, enthousiaste,  à un spectacle de danse dans une boîte de nuit à Tolède, au son du flamenco (c’est que la danseuse est aussi impliquée dans le vol des bijoux) ; elle apparaît enfin affublée d’une perruque brune au cheveux lisses : c’est Dorothea qui, sous ce déguisement, va solliciter auprès du Duc, le responsable présumé du vol des joyaux, un emploi qui lui permettra de s’infiltrer dans son organisation. On tremble pour elle, mais comme elle semble avoir la langue bien pendue, on ne se fait guère de souci.
3 719 889 entrées en Espagne (tout de même!) et 150 000 au Canada.



Peu de gens en France ont vu ce film qui semble être un nanar culte utilisant les ficelles des films d’espionnage à la James Bond, et qui a été jugé comme une « petite chose» avec des « comédiens sans charisme » par la presse espagnole l’une des dernières fois où il a été diffusé à la télévision ! Cela nous console un peu de ne pas l’avoir vu…mais un peu seulement. 


Par contre, si on ne parvient pas à se procurer la bande originale du film, on peut écouter la chanson Si tu pars sur Youtube ainsi que sur un CD compilation de Donald Lautrec sorti au Canada : Donald Lautrec, Les grands succès, 2006 (Disques Mérite, « Jupiter »). Si tu pars est la chanson 17. Signée entre autres Mick Micheyl, aussi actrice dans le film.
« Ce n’est pas sorti et j’espère que ça ne sortira jamais !
- Pourquoi ?
- Parce que c’était pas terrible, » a déclaré Michèle Torr à Jean-Pierre Foucauld lors d’une Sacrée Soirée diffusée le 18 novembre 1987. Des images du film ont été diffusées et la chanteuse a estimé sa carrière d’actrice définitivement compromise. En tout cas, elle aura bien ri, et les spectateurs avec elle !

Après cet essai qui ne sera jamais vraiment transformé, Michèle Torr enregistrera quatre titres pour le générique de 3 films et d’une série télévisée :


-         il y aura d’abord Fleur de pavot, pour L’homme qui trahit la mafia, produit en 1967. C’est une chanson sur les bienfaits (tout relatifs) de la drogue que l’on entend dès le générique de début de ce film de Charles Gérard, avec Robert Hossein, qui raconte une enquête policière visant à élucider le meurtre d’un trafiquant de drogue américain et de sa secrétaire, qui a aussi coûté la vie à une hôtesse de l’air.
Fleur de pavot, innocente fleur, fleur du mal qui s’ignore,  dont le parfum fait rêver ceux qui n’ont plus rien, héroïne d’un roman qui vole en fumée, illusion de plus que l’on a perdue, jolie fleur du mal, sur un rythme lentement jazzy.



-         Puis Dis Pierrot, pour Une fille nommée Amour, en 1969, un film de Sergio Gobbi qui n’est pas non plus resté dans les mémoires…Au cours d'une réception, une jeune femme est  victime d'un accident qui l'immobilise pour la vie sur un fauteuil roulant. Un jour, elle assiste de sa fenêtre à une fête qui se termine mal : un mystérieux meurtrier déguisé en Pierrot se réfugie chez elle. Mais tout cela n'est peut-être qu'un cauchemar...Chanson signée Romuald et Pascal Sevran, qui s’adresse au meurtrier plus qu’au personnage lunaire (« Dis Pierrot, d’où viens-tu… ? »). Un peu plus tard Pascal Sevran signera pour Michèle Torr On s’aimera un peu, beaucoup, et Est-ce mon cœur ou le printemps ? qui sont toutes deux inédites mais qu’on peut entendre sur Youtube. 




-         Ensuite Ceux du parking, en 1882, pour la série télévisée Joëlle Mazart. Evocation des jeunes des banlieues difficiles sur un rythme à la fois lent et syncopé, pour clore chaque épisode de la suite du feuilleton à succès Pause Café dont l’héroïne, assistante sociale, a les traits de Véronique Jeannot. Signé Didier Vasseur.


-         Enfin Le voyage en bateau, en 1984, pour Les parents ne sont pas simples cette année, de Marcel Jullian. La chanson, sur le bonheur qui inquiète quand parfois il déborde, avant qu’il ne décroisse, est signée Jean-Jacques Debout. Le film, dans le prolongement du succès de La Boum et La Boum 2, met en scène la petite sœur de l’une des héroïnes de ces deux films. Une très jolie mélodie, riche et mouvante comme l’eau d’une rivière, qui nous emmène loin dans l’émotion, probablement plus loin que le film n’est parvenu à le faire.



 Entre temps, en  1976, sur son premier album de reprises de chansons anciennes, Michèle Torr reprend Les feuilles mortes, de Jacques Prévert et Joseph Kosma, qui a été écrite pour le film de Marcel Carné Les portes de la nuit, dans lequel Diego, incarné par Yves Montand, en chantonne des bribes.
Par ailleurs, la chanson Parlez-moi d’amour, qui date des années 20, a été aussi interprétée par Dalida dans le film Parlez-moi d’amour sorti en 1961.
Michèle Torr y reprend également La complainte de Mackie, inquiétante chanson tirée de L’opéra de quat’sous, de Berthold Brecht, portrait d’un sinistre meurtrier.
On apercevra aussi la chanteuse dans un épisode de Commissaire Maigret, chantant à la télévision Petit Papa Noël, en 1977 vraisemblablement.


« Je me souviens…
Le ciné d’Hollywood
James Dean Natalie Wood
C’était bien »,
A propos de La fureur de vivre,  La musique de mes idoles, 1980.

« Tu sais la vie n’est…
Pas un film d’Elia Kazan, c’est la vie simplement »,
Mon fils, 1980.

« Dans un décor de Fellini,
Bateau brisé, nuages gris,
On jouait La Strada pour moi aussi »
(Mélancolie femme, 1981)

Dans Romantique, féminine, en 1983, c’est une multitude d’héroïnes de romans et de films qui sont évoquées : La maîtresse du lieutenant français, Les Hauts de Hurlevent, La Princesse de Clèves, Madame Bovary, Scarlett O’Hara (d’Autant en emporte le vent), Mayerling (cité aussi dans la chanson De l’amour,  en 1981)… sont aussi connus, pour la plupart, comme films que comme romans.

« Je voudrais t’emmener
Rêver dans mon ciné
Remonter dans le passé »,
1900, 1983.

« Le film de ma vie défile
Sur les pages jaunies de mon livre
Seize ans déjà que tu es né
A Courthézon un jour d’été »
(Le temps, 1984)

« C’est une chanteuse de rock
Qu’on voit dans les revues
Une star de cinéma
Quelqu’un comme vous et moi ».
En 1987, sur l’album Qui, Cendrillon rock nous parle de la déconnection de la vie réelle ou de celle qu’on s’est rêvée, et de celle qu’on vit, engendrée par la célébrité.

En 1987, sur l’album I remember you, le refrain de Toi émoi est essentiellement composé d’une liste de films qui évoquent la passion amoureuse sous toutes ses formes : La Dolce Vita, Love story, Jeux interdits, Les enfants du Paradis…, en mémoire des moments heureux d’un amour qui meurt,  tandis que les couplets retracent les chaos de la  vie de couple dans ses détails les moins poétiques (retours tardifs, suspicions, réconciliations provisoires sur l’oreiller). Comme si la vie était moins belle que son reflet dans les films. Au cinéma, la passion dans ce qu’elle a de plus intense et de plus beau, dans la vie dans ce qu’elle a de moins reluisant et de plus douloureux.

Marcel Pagnol est aussi évoqué dans Tu ne vaux pas une larme :
« Je me souviens d’un certain film de Pagnol la dernière fois…
J’ai mal mais je sais
Qu’un soir avec lui
On ira au ciné
Revoir en nostalgie
La femme du boulanger ».

En 1988, la pochette de Je t’avais rapporté est très cinématographique, avec ces bordures qui imitent une pellicule de chaque côté… 

Michèle Torr a aussi voulu rendre hommage de façon plus appuyée à Pagnol en 1993, en consacrant une chanson entière à son personnage de Fanny, présent dans la trilogie Marius – Fanny – César. Elle s’intitule Fanny sur le port et évoque l’attente et les inquiétudes de la jeune femme après que celui qu’elle aime s’est embarqué sur un bateau pour exercer ainsi le métier dont il rêvait, alors qu’elle est restée, à sa place, auprès du père de son amoureux,  afin de l’aider à gérer le café qu’il tient sur le Vieux port de Marseille.




Michèle Torr joue parfois la comédie dans des sketchs diffusés dans les émissions de Patrick Sébastien, Sébastien c’est fou, Carnaval ou Farandole. Elle a incarné en particulier la Vieille, inspirée d’une chanson de Michel Sardou, en 1987 ou parodié Anne Sinclair.


Dès les premières images de Ma vie en rose d’Alain Berliner, en 1997, on entend Emmène-moi danser ce soir, que chantonne l’un des personnages féminins du film se préparant pour une réception (une crémaillère). Le héros est un jeune garçon de 7 ans prénommé Ludovic, dont la seule ambition est de devenir une fille lorsqu’il sera grand. La famille Fabre, dont la mère est interprétée par Michèle Laroque, s’installe dans une banlieue pavillonnaire. Le patron du père habite en face. La famille comporte une fille et trois garçons. Ludovic est le petit dernier, qui fera faire à tout son entourage l’expérience de la différence puisqu’il se montre pour la première fois à ses voisins déguisé en fille. Un peu plus tard, on entend le refrain et la moitié du deuxième couplet de la chanson sur laquelle dansent les invités:
« Qu’est-ce que c’est beau ! déclare la voisine qui est aussi la femme du patron. J’avais toujours dit que le premier qui m’invite à danser sur ce morceau je l’épouse ; et c’était toi… »
avant que la grand-mère de Ludovic ne lui préfère une musique plus rythmée. Un film aussi émouvant que drôle, sur la quête d’identité d’un petit garçon particulier, dans lequel la voisine, certes naïve, n’est pas dénuée de sensibilité. Mais François Ozon ira plus loin dans l’utilisation de l’image de la chanteuse…

Dans la série Hommage, sur le CD consacré à Charles Aznavour par les éditions Atlas paru en 1998, Michèle Torr reprend Les comédiens. La chanson ne parle pas des acteurs de cinéma mais de ces artistes itinérants dont les troupes se produisaient par le passé dans les campagnes, de village en village, menant une vie nomade, une vie de Bohémiens qui ressemble beaucoup à celle des chanteurs en tournée, perpétuellement sur les routes. Les camions ont remplacé les roulottes, les spots ont remplacé les calicots…Une chanson délicieusement délicate interprétée avec la vivacité, la gaieté dont les saltimbanques doivent  ne pas se départir.


Il y a eu aussi, dans ces années 90, de mystérieux essais avec Georges Lautner, le réalisateur des Tontons flingueurs, mais le projet ne semble pas avoir abouti…


Bâillonner Michèle Torr, sacrilège ou fantasme de cinéaste ?



Au début des années 2000, L’amertume de la chanteuse devant l’utilité des fils barbelés…est un moyen-métrage d’Armand Lameloise, d’environ 45 minutes, qui raconte l’histoire d’une infirmière, interprétée par Fabienne Babe, qui se rend au domicile d’un adolescent atteint de mucoscidose  pour l’accompagner dans son agonie, puisque le jeune homme va décéder à la fin du film. Entre temps elle s’offre à lui pour qu’il découvre l’amour charnel une fois, avant de mourir. Cette jeune infirmière a une passion pour la chanson, qui lui sert d’échappatoire quand son métier devient trop difficile, et elle est parfois témoin d’apparitions miraculeuses : ce sont ses chanteuses préférées qu’elle voit apparaître, et l’une d’entre elles est Michèle Torr qui, vêtue d’un tailleur mauve à motifs floraux, l’accueille à sa descente de bus, juste avant qu’elle ne se rende chez l’adolescent incarné par Stanislas Crévillen. Elle lui chante Tous les oiseaux reviennent, dans une version créée pour le film, réorchestrée par Jean-Michel Bernard (…arrangeur de Chante Piaf, C’est l’amour) avant de disparaître aussi mystérieusement qu’elle est apparue. 

Le film, qui date de 2001, a été plusieurs fois diffusé à la télévision, sur France 2 et sur Arte, tardivement dans la soirée ou dans la nuit. Le DVD comporte en bonus une interview de Michèle Torr de 16 minutes, dans laquelle on la voit chez elle, dans son appartement parisien, juste avant l’Olympia 2005, le 3 mars. Elle déclare à propos de L’amertume…:
« J’ai été interpellée par le titre, mais aussi le sujet, et puis surtout la rencontre après, avec Armand Lameloise. J’ai été séduite par le côté lourd, grave, dramatique de cet homme malade, et le contraste avec l’héroïne qui, elle, est plus rêveuse, plus légère, et qui va l’aider… »


Elle ajoute qu’étonnée par le choix de la chanson, qui n’a pas été un tube, par Armand Lameloise, elle a tenu à enregistrer Tous les oiseaux reviennent, pour la réactualiser.
Elle évoque à nouveau Le Diable aime les bijoux pour dire que si l’équipe n’était pas vraiment dirigée, c’est que le réalisateur paraissait avoir quelques problèmes avec l’alcool.
« Tourner, jouer la comédie, c’est un rêve, j’ai envie, j’aimerais un jour… » rappelle-t-elle aussi.


En 2003 c’est la pochette de Dans mes bras oublie ta peine qui tient un tout petit rôle dans Ibrahim ou les fleurs du Coran, de François Dupeyron : Momo est amoureux de sa rousse voisine Sylvie, alors, comme elle aime beaucoup les chansons à la mode, il lui achète, entre autres disques, le deuxième EP de Michèle Torr. Mais, à son retour dans l’immeuble, il la surprend dans la cour en compagnie d’un autre. Par dépit, il lui jette les disques qu’il comptait lui offrir depuis le premier étage, par la fenêtre de son appartement, et ils se brisent sur le sol.

En 2005, il a été fortement question que Michèle Torr joue au théâtre, comme bon nombre de ses consoeurs telle Sylvie Vartan, ou Isabelle Aubret, un rôle dans la pièce Les monologues du vagin, écrite par Eve Ensler, mais cela ne s’est finalement pas concrétisé car Michèle Torr est partie en tournée : il a dû y avoir incompatibilité entre les représentations pour lesquelles elle était pressentie et les premières dates de la tournée Age tendre et Tête de bois.

On se rappellera aussi avoir entendu pendant quelques mois Je t’aime tant dans un spot télévisé pour un produit qu’on ne citera pas…


A propos de Potiche, de François Ozon.
Il paraît que François Ozon, le réalisateur de Potiche, a vu Sylvie Vartan au Palais des Congrès en mars 2008.
Il paraît qu’il était à l’Olympia le 11 avril 2008. Pour y voir Michèle Torr.
Ce brillant cinéaste préparait son film Potiche.
S’il commence par un anachronisme pour les puristes qui admirent Michèle Torr (le personnage de Suzanne incarné par Catherine Deneuve n’a pu s’affairer autour de son lave-vaisselle en écoutant Emmène-moi danser ce soir, sorti en 1978, en 1977 !) le film n’en constitue pas moins un bel hommage, peut-être en partie involontaire, à la chanteuse, car il ne comporte pas que sa chanson fétiche dans la bande originale.
Voyez le personnage de Joëlle, interprété par Judith Godrèche : ses coiffures, ses tenues, son jeu… rappellent inévitablement les photos, les passages télé, les reportages où l’on voyait Michèle Torr dans le parc de sa Maison Blanche, à Seine-Port, ou tenant une rose au moment de la création de celle qui porte son nom…Pour ceux qui ont dans un coin des coupures de presse de la fin des années 70 et du début des années 80, la ressemblance est flagrante.
L’image qui a été véhiculée de Michèle Torr à l’époque est bien la même : une jeune femme sage en apparence, d’abord un peu effacée, un peu trop soumise à un mari invisible, très conservatrice…
Et c’est cette même jeune femme qui un jour dans l’adversité prend sa vie en main avant de s’affirmer et de devenir elle-même. De même Michèle Torr, après le virage en lacet de l’année 90, qui se met à écrire des chansons (ce sont les CD Vague à l’homme, Seule et La Louve qui en contiennent le plus) et se produit, à partir de 1996, ce qui lui permet d’être là encore aujourd’hui…
Alors un hommage, inconscient peut-être, ou involontaire, mais un hommage quand même, autant qu’à la Catherine Deneuve des Parapluies de Cherbourg, avec aussi Jérémie Rénier qui un peu plus tard a incarné Cloclo dans un autre film, à une chanteuse (M. Torr), plus qu’à l’autre (S. Vartan), et à toutes les femmes qui ont lutté pour exister, quelle que soit l’image qu’elles ont pu donner ou que l’on a donné d’elles.


En 2011, des disques de Michèle Torr sont montrés dans Parlez-moi de vous, de Pierre Pinaud avec Karin Viard. Celle-ci y interprète le rôle d’une présentatrice d’émission de radio qui, abandonnée par sa mère  dans l’enfance, se met en quête de celle qui, dans sa dernière lettre, lui avait promis de venir la chercher à l’orphelinat où elle l’a laissée mais qui n’est jamais venue.  Dans un premier temps, sans révéler qui elle est, elle fait la connaissance d’une dame ordinaire, estimée de son entourage   malgré sa rudesse, bénévole au Secours Populaire, qui cache dans sa chambre les disques de sa chanteuse préférée : on entrevoit Un disque d’amour, J’aime, le double album Super Stars Télé en double,   Chanson inédite, Une Petite Française… C’est Je m’appelle Michèle qu’on entend, et que l’héroïne écoute la nuit, de façon à essayer de comprendre celle qui l’a abandonnée  et qui ne lui dira pas pourquoi. A la question « Est-ce que tu m’as aimée ? » elle ne parviendra qu’à lui arracher un Oui que par la force, en la menaçant de couper l’oxygène dont dépend sa vie alors qu’elle est couchée sur un lit d’hôpital.  



En 2014, le 30 janvier, Michèle Torr est invitée au théâtre du Rond-Point, à Paris, parmi plus de 450 personnes, aux 60 ans de Dominique Besnehard, qui semble être son agent pour le cinéma depuis longtemps. C’est vrai qu’il a affirmé haut et fort son admiration pour la chanteuse et sa foi en la possibilité de la voir devenir actrice –encore dans Platine dans le numéro de mai 2014-. Signe que l’espoir d’avoir un vrai rôle n’est pas mort ? L’avenir nous le dira. Occasion de la voir en photo dans Le Point ou Paris-Match en tout cas, avant qu’elle ne le retrouve pour l’émission La parenthèse inattendue. Avant aussi sa lecture de lettres de Calamity Jane, de Mme de Sévigné et de Colette à l’occasion des Flâneries d’art contemporain à Aix-en-Provence le samedi 14 juin 2014.
On apprend aussi (ou on se rappelle) que Michèle a aussi participé à une comédie musicale sur Le chat botté pour la télévision dans les années 60, ou encore qu’elle a aussi parlé du métier d’actrice dans 1900 en 1983 :
« Je voudrais t’emmener
Rêver dans mon ciné
Remonter dans le passé… »
Ou dans Le château des grisailles en 1984, qu’on retrouve sur Portrait de scène en 1999 ou dans Olympia 2011 :
« Au carnaval de mai
Les soirs de bal j’étais
Une  bohémienne comédienne idéale »…
 Des chansons dans le cours ou à la fin d’un film, quelques pochettes aperçues, quelques images, pas grand-chose… Une chronique faite de brindilles, de broutilles, de petites choses sans grande importance, peut-être guère convaincante… Alors à la question « Le cinéma, le théâtre, la télévision sont-ils passés à côté d’une très grande actrice ? », la réponse s’impose :
Avant d’être actrice, Michèle Torr n’est pas n’importe quoi,
Elle est chanteuse,
« Elle est née chanteuse » (Maurice Chevalier)
Chanteuse.

« A la voix d’or… »…

© G.D. & E.D.

mardi 10 juin 2014

Michèle Torr - Une parenthèse printanière

En prélude au Paris de Michèle Torr, des  émissions de télé, des reportages dans des magazines, des engagements associatifs et culturels….Ce printemps 2014 aura été marqué par des apparitions régulières  dans les médias. Il nous parait intéressant, avant de partir savourer  le soleil de l’été, pour ceux qui auront la chance de partir…, de dresser un petit  bilan de ce  «Printemps de Michèle ».

Côté presse...

La fête des grands-mères du premier dimanche de mars aura valu à Michèle Torr, accompagnée de deux de ses petits-enfants, la couverture du magazine Nous Deux et un article de deux pages, signé David Lelait Helo, à l’intérieur. Jolies photos prises chez elle, à Aix-en-Provence. Interview dans laquelle elle parle de la grand-mère qu’elle est mais aussi de sa grand-mère Paula, dont il a été question dans le témoignage de Jean-Claude Paris diffusé en mars sur la page et le blog Michèle Torr – l’Admirateur (mtadmirateur.blogspot.fr).

Après juste une petite photo dans un numéro antérieur, on a trouvé une interview inédite de Michèle Torr, effectuée lors de la croisière Age tendre, dans le dernier numéro d’avril de France Dimanche. On l’y voit en famille, et surtout elle y déclare combien elle est heureuse de se sentir « épaulée » par Michel Algay dans la préparation de sa rentrée et du Paris de Michèle Torr. 

 

Il n’y a peut-être pas grand-chose dans le numéro de Platine du 9 mai 2014 (affiche du Paris de Michèle Torr et du concert de Pertuis du 8 juin en deuxième de couverture, affiche de Rendez-vous avec les stars en quatrième de couverture, trois toutes petites photos prises lors de la croisière Age tendre à l’intérieur). Beaucoup plus intéressante est l’interview de Dominique Besnéhard qui parle à plusieurs reprises de Michèle Torr, avec qui il avait  tourné quelques jours auparavant La parenthèse inattendue. Voici ce qu’il dit d’elle :
« A Houlgate, j’ai vu une tournée de plages avec Les Lionceaux et Herbert Léonard, ainsi qu’une tournée d’été au casino avec Michèle Torr, Hervé Vilard et Christophe… » « J’achetais aussi Michèle Torr que j’aimais car elle représentait bien la femme populaire, alors que je n’aimais pas Mireille Mathieu, qui chante bien, mais ne dégageait aucune sexualité ».
A la question « Est-ce que ce sont des artistes que tu écoutes toujours ? » il répond:
« Michèle Torr, je la vois chaque fois qu’elle passe à Paris, car je trouve qu’elle a une voix magnifique. J’ai même eu la surprise de la retrouver dans « La parenthèse inattendue … »
 Et c’est la seule artiste qu’il cite.
« Michèle Torr m’a dit qu’elle avait aussi fait un film dément en Espagne et qu’elle l’avait en vidéo…Il faut absolument que je le voie… (Ndlr « Las joyas del diablo » avec Mick Michel, de 1969 – c’est Platine qui a offert la vidéo et l’affiche espagnole du film à Michèle). D’ailleurs je vois bien Michèle faire un rôle populaire dans un téléfilm. Elle pourrait toucher les gens… »
Alors on peut se demander pourquoi, alors que la couverture du magazine en noir et blanc est titrée Sylvie, Line, Dalida…Dominique Besnéhard raconte « Mon festival de stars… », il n’y a ni le prénom, ni la photo de Michèle Torr dessus, et pourquoi aucune photo des deux n’illustre l’article. Peut-être que Platine se prépare à fêter plus « visiblement » les 50 ans de carrière de la chanteuse ?


En tout cas, Michèle Torr était bien présente à l’anniversaire de Dominique Besnéhard en janvier 2014, au Théâtre du Rond-Point (photos dans Paris-Match et dans Le Point au début du mois de février), et lui a bien été présent aux Olympias de Michèle Torr, en particulier en mars 2005.
Cela nous ramènera bientôt à parler des relations qu’il y a eues entre Michèle Torr et le cinéma, ou le métier d’actrice.

La diffusion de La parenthèse inattendue aura évidemment été l’occasion de voir en photo Frédéric Lopez et ses trois invités faisant une promenade à vélo dans la plupart des magazines de programmes télé.

A l’occasion de la diffusion du spectacle de la dernière tournée Age Tendre dans les cinémas, le magazine Ici Paris a, la semaine du 13 au 20 mai, publié un article de 2 pages dans la Rubrique Parfum d’hier, consacré à la chanteuse, pour la deuxième fois, après celui d’août 2008, alors que Michèle effectuait la Tournée Ici Paris dont elle était la vedette. Sa vie y est brièvement retracée à travers une série de photos d’époques différentes, avec son père, ses enfants, sa sœur, Christophe, son premier mari Jean Vidal, ses animaux…mais le Paris de Michèle Torr  est y aussi annoncé, avec la date de l’Olympia en 2015, ainsi que le concert de Pertuis du dimanche 8 juin 2014.

Côté Télé….
On a vu Michèle Torr à la télévision dans plusieurs émissions dont elle a été l’une des invitées d’honneur :


- Toute une histoire, avec Sophie Davant, dans « L’histoire continue », au mois de mars ; un reportage rapide sur la carrière de Michèle, accompagné de quelques questions traditionnelles …On y a entendu Herbert Léonard, Jean-Raymond Peyronnet et Julien Lepers parlant de la chanteuse et l’amie « aux pieds sur terre » qu’elle est devenue et reste pour eux, mais l’animatrice par les questions posées  continue d’enfermer l’artiste dans les clichés habituels sans se soucier vraiment de lui donner le temps et la possibilité de montrer autre chose d’elle-même. Michèle toujours sur ses gardes reste calme et respectueuse, et joue le jeu de l’animatrice en répondant superficiellement aux questions avant de présenter brièvement ses projets pour 2015. Le spectacle de Las Vegas est évoqué, mais évincée  la possibilité pour la chanteuse de montrer qu’il s’agit aussi de conquérir un nouveau public : « Vous partirez avec vos fans ? ».


- Les chansons d’abord, avec Natasha Saint-Pier, le dimanche 20 avril, aux côtés d’Emmanuel Moire et surtout d’Amandine Bourgeois qui avec une reprise un peu décalée et convaincante d’Emmène-moi danser ce soir a montré que de jeunes interprètes peuvent s’intéresser à ses chansons. Michèle Torr y a aussi chanté, avec les chanteurs de la troupe de l’émission, J’en appelle à la tendresse, un extrait d’Une petite Française, et, seule, Je m’appelle Michèle. Encore ? Mais il s’agissait surtout d’annoncer là aussi le nouvel album, la tournée Rendez-vous avec les stars et Le Paris de Michèle Torr, alors que rien ne paraît encore tout-à-fait défini. Cependant il semble au fil de l’émission que l’animatrice privilégie sans le vouloir ses jeunes collègues chanteurs qui maitrisent parfaitement les rouages de la télé et de la communication. Jeux de regards complices et séduisants, mots-clefs dans les réponses qui accrochent, temps de parole sans rien laissé au hasard…tant de techniques qui s’apprennent et qui s’expérimentent. Une émission malgré tout chaleureuse et sympathique. 

  

- Un passage par le Carolina Show, « émission télé sans caméra » ! le 24 avril 2014, dont on a pu voir un extrait sur You Tube : Michèle Torr chantant Emmène-moi danser ce soir…


- On a aperçu Michèle dans Sept à huit, le dimanche 10 mai, filmée très brièvement au  sortir de sa cabine, puis lors d’une séance de dédicaces au cours de la croisière Age Tendre, dont elle a été présentée comme la star…

- …et dans Les grands du rire : Etoiles de légende, en même temps que Frédéric François, avec des extraits de l’Olympia 2011 ; sa rentrée y a aussi été annoncée :
 « Malgré le bonheur que cultive Michèle dans son domaine d'Aix, elle est, comme je le disais tout à l'heure, sans cesse sur les routes. Elle ne se contente pas de sillonner la France, elle s'exporte très loin. En mai 2015, pour la première fois de sa vie, elle sera sur scène à Las Vegas. Cette année 2015 sera chargée pour Michèle qui fêtera ses 50 ans de carrière avec panache. En janvier, elle sera à l'Olympia et en octobre, elle sera au Palais des Congrès de Paris. Un demi-siècle s'est écoulé et les Français aiment encore Michèle ».


-Mais c’est surtout La parenthèse inattendue qui était …attendue par tous les fidèles admirateurs. Michèle y était plus à l’aise, moins stressée qu’elle ne le paraît d’habitude en télé, et pas du tout en représentation, loin de toute affectation. La scène dans le grenier lui a permis d’adopter une autre manière de se tenir en télé, de s’asseoir dans un fauteuil, de se positionner par rapport aux autres : rester discrète tout en tenant la caméra sur soi. La scène du vélo est un autre exemple, à l’aller en dernière position, au retour sur son initiative en première position. On y a retrouvé plus que découvert une femme capable d’être tour à tour drôle, secrète, touchante, attentive, discrète, qui a confié à demi-mots des douleurs que l’on devinait mais dont elle n’a pas souvent parlé : les détails concernant les heures qui ont précédé la mort de sa mère, la dépression qui a suivi, son père se détournant d’elle à la naissance par ailleurs salvatrice de son fils, le souvenir de son premier mari (le divorce, les dettes, la défection de son équipe)…Des moments d’intimité certes un peu convenue mais empreints de sincérité, et on a bien senti la bienveillance de ses comparses : l’attention de Jérémy Ferrari, la délicatesse de Dominique Besnéhard et de Frédéric Lopes à son égard. Un moment paisible, plein de quiétude.


La chanteuse a connu beaucoup d’émissions de télé où l’objectif était seulement de faire son métier, celui de chanter, mais aujourd’hui,  les chanteurs doivent aussi présenter en très peu de temps leur curriculum vitae afin de promouvoir un spectacle ou un projet. On peut le regretter mais la télé actuelle est ainsi faite et personne n’y peut rien. A chacun de s’adapter à cette manière de fonctionner. Pour  cela il faut se préparer aux interviews, essentielles pour vendre des disques et remplir des salles de spectacle. Dans cette télé qui à la fois flingue et construit, qui lui permettra cet automne de  mettre enfin davantage en valeur les vrais aspects de ses 50 ans de carrière ?




Côté scène…


Peu de galas après la croisière Age tendre du mois de mars, à part une apparition inattendue à Périgueux le samedi  5 avril pour la « Tournée supplémentaire » ou « Petit Age tendre » en remplacement au pied levé de Bobby Solo. 


Mais il est certain que terminer en triomphe avec une salle comble le festival Brassens de Vaison-la-Romaine, où se sont succédés cette année Romain Didier, Georges Chelon et Thomas Fersen, ce n’est pas rien, et, même si sa venue semble avoir créé un début de polémique (voir article de René Troin sur le blog  mtadmirateur.blogspot.fr), cela prouve encore, si besoin était, que Michèle Torr est bien plus qu’une simple vedette de variétés, elle est bel et bien une « grande dame de la chanson française » comme on a coutume de le dire, et peut encore plus orienter son tour de chant vers des chansons « à textes », dans la belle tradition de cet art considéré parfois injustement comme mineur, et des compositions plus exigeantes. Qu’en plus d’Alice Dona, présente ce jour-là, s’ajoute le nom de Georges Chelon pour les nombreux auteurs-compositeurs potentiels du prochain album est à ce titre très significatif. Toujours est-il que la presse régionale et Internet ont souligné cette prestation remarquée.
« L’espace culturel a fait salle comble ce dimanche, pour le dernier concert du festival Brassens. C’est un Georges Boulard ému qui a accueilli « l’enfant du pays » en la personne de Michèle Torr.
[…] De sa voix chaude et puissante Michèle Torr a, dès la première chanson, conquis le public. De La prière sévillane à Emmène-moi danser ce soir, avec L’envie d’aimer et aussi De Courthézon à Vaison  (NB: Le pont de Courthézon) qu’elle a interprété en duo avec sa petite fille, c’est sous un tonnerre d’applaudissements que l’artiste a clôturé en beauté le Festival Brassens 2014 ». La Gazette locale.

La dernière frontière.

Michèle Torr à Vaison ? Lorsqu’elles ont découvert, à la suite de ceux de Philippe Forcioli, Céline Caussimon, Jean Duino, Pauline Paris, Gilbert Laffaille, etc ., le nom de la « petite Française née en Provence » tout en bas du programme de l’édition 2014 du Festival Brassens de Vaison-la-Romaine, « [c]ertaines âmes bien intentionnées (mais totalement improductives) » ont reproché aux organisateurs, parmi lesquels Jean-Marc Dermesropian, à qui j’emprunte les propos entre guillemets, « d’avoir invité une “chanteuse de variété” à une manifestation “culturelle” ». Les mêmes, on le devine, n’ont pas réservé leur place pour le gala de clôture. En revanche, ils ont été nombreux, parmi le public fidèle de la chanteuse populaire (cinquante ans de carrière, pile cette année), à être « séduits par l’ambiance [du] festival ». Ceux-là, « qui ne se seraient jamais déplacés à Vaison pour écouter un “chanteur à texte” », ont promis de revenir l’année prochaine. Et si les responsables du festival en profitaient alors pour effacer la dernière frontière, en proposant un co-plateau Rémo Gary/Nicoletta ? (On se calme ! Ce n’est qu’un exemple…). Le public de cette dernière, dont je vois d’ici (même si Vaison-la-Romaine, ce n’est pas la porte à côté) qu’il n’est plus tout jeune, découvrirait avec bonheur qu’on fait encore des chansons comme du temps de Brel – qui fut si populaire. Et les belles âmes d’il y a quelques lignes, pour peu qu’elles renoncent aux œillères au profit des oreilles, réaliseraient que la “variété”, c’est peut-être plus facile à écrire mais qu’il faut une voix pour chanter ça, que tout le monde n’a pas. On en reparlera.
René Troin
http://www.crapaudsetrossignols.fr/index.php/2014/06/06/la-derniere-frontiere/


Ensuite Michèle Torr s’est produite à l’Olympia en invitée d’honneur de Jean-François Gérold, Le Condor, le jeudi 8 mai pour interpréter avec un grand orchestre la Coupo Santo et ainsi participer à un tableau visuel et sonore apparemment  aussi magnifique que typiquement provençal. Une aventure à suivre ?


Michèle, ses petits-enfants, Romain Vidal et Henri Lafon .
Photo Christian Servandier.

Enfin, concert à Pertuis le dimanche 8 juin 2014 au profit de la recherche contre la sclérose en plaque. Lors de La parenthèse inattendue, Frédéric Lopez a bien souligné qu’il ne s’agissait pas d’une « posture ». Qu’entendait-il par là ? On sait bien que parfois des chanteurs et autres artistes participent à des œuvres caritatives plus pour redorer leur image que par véritable conviction, et il en résulte que tout engagement de cette sorte, si désintéressé soit-il, devient suspect, ce qui en l’occurrence ne saurait être le cas puisqu’on comprend bien que, émotionnellement et personnellement impliquée dans cette lutte, si Michèle Torr organise de telles manifestations, c’est plus pour soutenir son fils et les professeurs du CHU de Marseille que pour se faire de la publicité, et  si elle se sert des médias c’est pour faire en sorte que la salle se remplisse et que le maximum d’argent soit récolté. Cette année, ce sont François Valéry, Stone, Claude Barzotti et de nouveau Stella Mattéoni qui assurent avec elle le spectacle.

A l’occasion de la remise des bénéfices du spectacle de l’an passé au professeur Pelletier au CHU La Timone à Marseille, le 29 mai 2014, en présence de Michèle Torr, de son fils Romain Vidal et de ses petits-enfants Charlotte et Samuel, Henri Lafon, premier adjoint au maire de Pertuis, a déclaré  à Jacques Brachet, pour son magazine en ligne Evasionmag:
« Nous avons déjà plus de mille locations et l’an prochain, si nous recommençons, ce que nous souhaitons tous car nous voudrions que cela devienne un rendez-vous annuel, nous devrons ajouter des gradins ! »


C’est aussi l’occasion de rappeler que Michèle Torr s’est notamment engagée auprès de Sœur Emmanuelle, en organisant en janvier 1984 un gala au profit des chiffonniers du Caire, puis, toujours aux côtés de Sœur Emmanuelle, pour les enfants du Soudan avec les « mardis de Michèle » et un concert annuel à leur profit pendant quelques années.  Elle a aussi été la marraine de l’association Ressource, à Aix, contre le cancer et, dès les années 90, elle est devenue aux côtés de Daniel Auteuil la marraine d’une association contre la sclérose en plaque, sans révéler (le savait-elle à l’époque?) que son fils était atteint :
« Ses multiples activités lui laissent encore le temps, depuis un an, d’être la marraine, avec Daniel Auteuil pour parrain, de l’Association de la sclérose en plaque » (Geneviève Coste, Télé 7 jours, 1991 (à l’occasion de la sortie du 45 tours Ophélia) « Une maladie encore incurable. Les malades sont souvent délaissés par leur conjoint et il n’existe, en France, que quatre centres hospitaliers. Le cinquième sera bientôt créé en Avignon » avait-elle annoncé. Son engagement ne date donc pas d’hier.


C’est apparemment un concert à guichets fermés, dans une chaude ambiance, qui a eu lieu le dimanche de Pentecôte à Pertuis. Il n’y a eu cette année ni chansons inédites, ni duos comme l’an passé avec Hervé Vilard et La chanson des vieux amants, mais Michèle a chanté ses grands succès, dont certains avec sa petite-fille Nina : Emmène-moi danser ce soir, Une vague bleue, Le pont de Courthézon, Chanter c’est prier…avant que tous les artistes la rejoignent sur la scène à la fin du spectacle sur l’air de la Coupo Santo pour recevoir une standing-ovation. Et un reportage a été tourné par France 2 pour une prochaine diffusion dans l'émission Toute une histoire.




http://ville-pertuis.fr/index.php/fiche-actu-2865


Ce printemps finalement pas si tranquille se termine par la participation de la chanteuse, toujours pour faire connaître la même association (Sep Pays d’Aix), aux Flâneries d’art contemporain d’Aix-en-Provence, organisées par Andréa Ferréol, le samedi 14 juin 2014, avec une séance de dédicaces et la lecture de lettres (échanges épistolaires entre mères et filles), occasion aussi de montrer encore une envie, une tentation de toucher le métier d’actrice en se faisant conteuse. Et aussi de se trouver là où on ne l’attend pas forcément, ce qui est de bon augure pour une artiste.

Ainsi, et avant d’être la présidente du jury de l’élection de Super-Mamie 2014 à Nice le 29 juin, discrètement mais régulièrement, Michèle Torr, généreuse, engagée, en position de chanteuse, de femme, de citoyenne, a été présente un peu partout dans les médias depuis le début de l’année, et même dans les milieux branchés de la nuit parisienne, pour annoncer la sortie d’un album de chansons inédites, avec une série de possibles signatures prestigieuses (Charles Dumont, Claude Barzotti, Danyel Gérard, François Valéry, Charles Aznavour, Georges Chelon, Alice Dona…), ainsi que les 5 spectacles  prévus pour Le Paris de Michèle Torr. Elle n’en a  pas encore dévoilé grand-chose, si ce n’est la tonalité intimiste du spectacle du Trianon et l’orchestre symphonique du Palais des Congrès, et préféré promouvoir d’abord le concert du 8 juin 2014 à Pertuis, qui lui tient particulièrement à cœur.

Une Michèle qui timidement serait restée la même mais une Torr qui serait parfois plus visiblement différente.
L’Admirateur.

© G.D. & E.D.