vendredi 4 décembre 2020

Michèle Torr, admirables années 2010 (8).

 


2014.

L’année de tous les rendez-vous.

Car c’est le 12 janvier 1964 qu’a effectivement commencé la carrière de Michèle Torr, avec la sortie de son premier 45 tours quatre titres…

Et nous en arrivons donc à 50 années de carrière révolues. Et il s’agit donc de fêter cela, du mieux qu’il sera possible de le faire. Si l’année commence en douceur avec une participation à la fin de celle qui devait être la dernière tournée Age tendre, c’est là aussi, sous l’œil attentif de Michel Algay qui en est le concepteur et le producteur depuis près de dix ans,   que se prépare en coulisses la succession d’événements qui, dans l’esprit de celui-ci, viendront couronner cette longévité de plus en plus rare dans le monde éphémère du spectacle et surtout du « show bizz ». C’est pourquoi, afin de constituer le plus bel album possible, demande est faite aux auteurs compositeurs qui participent à la tournée ainsi qu’à ceux qui participent à une nouvelle croisière Age Tendre, du 27 février au 4 mars 2014, de proposer à Michèle Torr de nouvelles chansons… Et comme en parallèle avec la « dernière » tournée a vu le jour une autre tournée, le « petit Age Tendre », la liste des signatures potentielles ne cesse de s’allonger. Même Michèle Torr a fait partie de cette tournée, un soir d’avril 2014, à Périgueux… Elle en a partagé l’affiche avec Alice Dona, Georges Chelon, Charles Dumont qui seront sollicités, de même que François Valéry, Jean-Jacques Debout, Alain Turban, Jean-Jacques Lafon, Danyel Gérard et d’autres encore… Certains n’ont pas donné suite, d’autres n’ont pas vu leur proposition retenue, mais ils seront plusieurs à répondre favorablement et à jouer le jeu.


 Avant la sortie de l’album annoncée pour l’automne, Michèle Torr va continuer à chercher pour elle-même d’autres chansons, et même en écrire, pour embellir encore ce séduisant projet,  mais aussi à se produire de ci de là : notamment à Vaison-la-Romaine dans le cadre du festival Georges Brassens.

« L’espace culturel a fait salle comble ce dimanche, pour le dernier concert du festival Brassens. C’est un Georges Boulard ému qui a accueilli « l’enfant du pays » en la personne de Michèle Torr.

[…] De sa voix chaude et puissante Michèle Torr a, dès la première chanson, conquis le public. De La prière sévillane à Emmène-moi danser ce soir, avec L’envie d’aimer et aussi De Courthézon à Vaison  (NB: Le pont de Courthézon) qu’elle a interprété en duo avec sa petite fille, c’est sous un tonnerre d’applaudissements que l’artiste a clôturé en beauté le Festival Brassens 2014 ». La Gazette locale.

A l’Olympia de Paris avec Le Condor en invitée d’honneur de Jean-François Gérold, le jeudi 8 mai pour interpréter avec un grand orchestre la Coupo Santo. 

(On a eu droit aussi en mai à une belle émission de télévision, La parenthèse inattendue, de Frédéric Lopès. Avec aussi Dominique Besnéhard et Jérôme Ferrari).


 A Pertuis le 8 juin pour le deuxième concert au profit de la SEP Pays d’Aix.

Aux Flâneries d’art contemporain d’Aix-en-Provence, organisées par Andréa Ferréol, le samedi 14 juin 2014, avec une séance de dédicaces et la lecture de lettres (échanges épistolaires entre mères et filles), occasion aussi de montrer encore une envie, une tentation de toucher le métier d’actrice en se faisant conteuse.

A Bandol, le dimanche 26 octobre, pour un concert avec Olivier Leroy et le Chœur Régional Gospel du Var au profit de l’association SEP Pays d’Aix.


Avant cela, pour octobre, a été donné un autre rendez-vous, avec le coup d’envoi et les premières dates de « Rendez-vous avec les stars » dont elle fera aussi partie.

 Qu’est-ce qu’ils disent (en exclusivité), La quête de Jacques Brel (elle a débuté avec lui à 14 ans) a capella, Et toute la ville en parle, Emmène-moi danser ce soir, Discomotion et  Une vague bleue seront les chansons interprétées par Michèle Torr dans ce nouveau spectacle dont plusieurs dates ont dû être reportées et dont le nom est vite devenu « Age Tendre - Rendez-vous avec les stars ».


Enfin a été annoncé un ambitieux projet de plusieurs scènes parisiennes, en 2015, appelé « Le Paris de Michèle Torr »… Olympia le 11 janvier, Casino de Paris (finalement annulé) le 14 juin, Trianon le 18 octobre…



Quand on découvre en décembre l’album Diva, on y trouve donc les chansons recueillies dans les coulisses d’Age Tendre. Elles ont pour titre Haute fidélité, signée Patrick Loiseau, le compagnon de Dave, avec Philippe Delépine et Philomène Kouadio, Route 66, signée Alain Turban, avec Mario Santangeli, Il se peut que je t’aime encore, signée Charles Dumont et Sophie Makhno, et Diva, signée Georges Chelon pour les paroles et Alice Dona pour la musique.

C’est Guy Mattéoni, le chef d’orchestre d’ Age Tendre, qui a déjà signé les arrangements des albums studio de Michèle Torr, de 1980 avec Lui, à 1988 avec Je t’avais rapporté, ainsi que de Argentina en 1989, de Victime de l’amour en 1990 et de quelques titres de l’album Vague à l’homme en 1991, Guy Mattéoni donc, qui signe les arrangements de l’album mais aussi la musique de Tout l’amour du monde et de Ils s’aiment et alors. C’est aussi lui qui a entièrement signé le titre phare, Je ne veux chanter que l’amour. Les paroles de Tout l’amour du monde sont de Michèle Torr, de même que celles de Qu’est-ce qu’ils disent (musique de Daniel Mecca), tandis que celles de Ils s’aiment et alors sont de David Lelait Helo, très présent sur Chanter c’est prier et à qui Michèle a tenu à faire une petite place. La dernière signature, la plus prestigieuse, n’est autre que celle de Charles Aznavour, qui a offert à Michèle Torr l’hymne à l’amour qu’elle espérait de lui depuis si longtemps, Je ne veux que toi. On en découvre aussi la version anglaise, All I want is you (Texte en anglais adapté par Dee Shipman). Et il lui offre enfin une version féminine et torride de sa propre chanson Quand tu m’aimes.




Dans Haute Fidélité  aux accents de Stephan Eicher quant aux arrangements pop, la métaphore de l’amour comme musique file tout au long des paroles : l’amour, c’est la quête de « l’accord parfait » en « haute fidélité », quand bien même « l’harmonie paraît fragile au milieu du chaos et du bruit », c’est « un pari impossible… qui se joue des dissonances, des sorties de scène, des parasites et autres coups de larsen » ainsi que des « désaccords ».

«Enchaînée de plein gré à ma liberté…

Telle est ma liberté

Aimer

En haute fidélité

A tout jamais ».

Haute fidélité.

Dans  Route 66,  California dreamin’ à la française, il est aussi question de musique :

« Un coucher de soleil

Sur la route 66

C’est ta voix qui m’appelle

Comme une chanson d’Elvis

Un coucher de soleil

C’est la Californie

Je chanterai pour elle

Je chanterai pour lui

Un coucher de soleil

Sur la route 66

C’est partager encore

L’amour et mi amor »,

du rêve américain que nourrissent beaucoup de chanteurs et qui restera hélas un rêve…

On y trouve aussi un clin d’œil des auteurs et compositeurs à leur propre tube passé :

« Ce soir j’ai plus sommeil j’irai jusqu’à chez toi

Retrouver le soleil à Santa Monica »,

ainsi qu’une jolie réflexion sur le temps qui passe :

« Un coucher de soleil sur les années qui passent

Des monts et des merveilles et le temps qui s’efface

Des matins de printemps et des soirées d’automne

Les yeux de mes parents des lumières qui rayonnent

Des chemins de traverse

Et des sens interdits

Autant de maladresses

Et l'amour qui s’enfuit…

Un coucher de soleil sur un chemin de vie

C’est comme une étincelle dans mes états unis

Et sans semer de doutes

Ce soir dans nos esprits

Je sais combien ça coûte

De trop aimer la vie ».

Une chanteuse en paix avec elle-même.

Plus classiques, plus « grande chanson française » sont Il se peut que je t’aime encore que Charles Dumont offre à Michèle Torr après l’avoir lui-même « essayée » et Diva, sur une belle mélodie d’Alice Dona, les paroles sur mesure de Georges Chelon, aux accents de Barbara,

«C’est une histoire d’amour

Toi et moi

Un roman de toujours »,

 où il est question d’une autre plus belle histoire d’amour… qui dure depuis 50 ans.

« On est venus de loin

Toi et moi

Qu’il fut long le chemin

Pour en arriver là

Vous m’avez pris la main

Bien des fois

On a dû faire des choix

Vous et moi

Vous avez cru en moi

Je vous dois

Pour noyer mes chagrins

Vos larmes de joie

Et si ce soir devant vous

Je suis là

Cela ne tient qu’à vous

Qui avez fait de moi

Diva

Votre diva

Avec mon habit noir entre fille et garçon

Un peu rock et guitare au milieu des violons

Pour vous livrer ma vie au fil de mes chansons

Diva

Votre diva

Grisée par vos bravos

Portée à bout de bras

Je suis votre flambeau votre cri votre voix

Vous m’avez fait grandir

Et jusqu’à devenir

Diva… ».

Georges Chelon, c’est le chantre de toutes les plus belles émotions de la vie, qui manie aussi avec brio l’humour et la dérision, et c’est cela que l’on retrouve dans cette chanson intimiste

(« Mais si demain par erreur je vous blessais

Mais si demain par erreur vous me quittiez

Je ne serais plus

Qu’un ange déchu »)

 dans laquelle vient s’insérer un peu de Charles Gounod avec son Air des bijoux cher à la Castafiore.

« Diva

Votre diva

Je suis votre opéra

Vous êtes à mes genoux

Je ne m’appartiens pas

Vous m’acclamez debout

Je chante à pleine voix

Le grand air des bijoux

Ah ! je ris la la la la la

Ah ! je ris la la la la la ».

L’album Diva c’est celui des retrouvailles en studio entre Michèle Torr et Guy Mattéoni, également auteur-compositeur, qui signe avec Je ne veux chanter que l’amour une sorte de bilan avec la liste des thèmes chers à la chanteuse :

« J’ai chanté l’amitié

J’ai chanté la colère

J’ai parlé de la paix

Mais aussi de la guerre…

J’ai chanté les saisons

J’ai chanté la tendresse

J’ai parlé de la trahison

Mais aussi des faiblesses…

J’ai chanté ma famille

J’ai chanté ma Provence

J’ai parlé de moi jeune fille

Et de mes espérances… »,

Et oui, car cela fait donc cinquante ans que Michèle Torr chante… et qu’elle chante surtout l’amour :

« Je ne veux chanter que l’amour

Sans artifices et sans détours

L’amour volage déjà oublié

L’amour trop sage pour pouvoir durer

Je ne veux chanter que l’amour

Le cœur léger ou le cœur lourd

L’amour chamaille qui nous fait pleurer

L’amour canaille qui nous fait rêver…

Je ne veux chanter que l’amour

Sans artifices et sans détours

L’amour rebelle qui veut nous blesser

L’amour fidèle souvent désespéré

Je ne veux chanter que l’amour

Le cœur léger ou le cœur lourd

L’amour des autres le plus grand je crois

Celui qui donne celui qui reçoit

Je ne veux chanter que l’amour

Sans artifices et sans détours

L’amour mystère qui nous fait sourire

L’amour sincère qui nous fait plaisir

Je ne veux chanter que l’amour

Le cœur léger ou le cœur lourd

L’amour des autres le plus grand je crois

Celui qui donne… ».

Elle chante et aimerait encore chanter L’amour est éternel, l’amour universel…

« Dans les plus grandes salles

Même dans les cathédrales

Du bout du monde »,

comme elle l’a déjà fait du Canada au Japon, du Brésil au Liban… Et qu’elle va bientôt le faire dans les chapelles, les églises et les cathédrales.

Car :

« Tout l’amour du monde est dans cet instant

Le sourire d’un enfant aux bras d’une maman

Tout l’amour du monde dans un seul instant

Le regard d’un vieillard

Il n’est jamais trop tard

Tout l’amour du monde est dans cet instant

Le chagrin d’un inconnu qu’on rencontre au hasard

Tout l’amour du monde dans un seul instant

Donnons sans hésiter

Sans arrière-pensée

Donnons tout pour l’amour du monde

Il est là tout près tout près à portée de chacun

Donnons tout pour l’amour du monde

Il suffit de se regarder de se prendre par la main

Tout l’amour du monde est dans cet instant

Comme une communion une envie de partage

Tout l’amour du monde dans un seul instant

Comme un signe divin un cadeau un message

Donnons tout pour l’amour du monde

Il est là tout près tout près à portée de chacun

Donnons tout pour l’amour du monde

Il suffit de se regarder de se prendre par la main

Il est là tout près tout près à portée de chacun

Donnons tout pour l’amour du monde

Il suffit de se regarder de se prendre par la main »,

Tout l’amour du monde

(Michèle Torr/Guy Mattéoni).

Si Guy Mattéoni est là, il y a aussi sur le disque une place pour David Lelait-Helo et la défense de la cause des homosexuels, avec Ils s’aiment et alors ? car ces amours-là comme elle dit :

« Pour moi c’est de l’amour j’en suis sûre

Ce qui ne tue pas rend plus fort

Regardez comme ils s’aiment, et alors ? »,

Et une place pour Daniel Mecca avec qui Michèle Torr signe Qu’est-ce qu’ils disent ?

Coup de gueule contre les journalistes et surtout contre tous ceux qui ont critiqué une chanteuse jugée trop populaire, mot péjoratif devenu depuis élogieux dans les cours de récréation.

« Vous qui m’avez choisie vous savez ce que je suis

On sait que populaire ne s’apprend pas c’est mystère

Que tous nos rendez-vous sont la seule vérité

Merci pour tant d’amour je voulais juste chanter

Et dans le fond de mon cœur

Je ne garde que le meilleur

Laisse-les dire

Laisse-les dire

Et laissez-nous chanter ».

Et enfin, enfin ! Charles Aznavour.

Qui lui prête une version féminine de sa chanson Quand tu m’aimes. Version charnelle, très sensuelle, et même brûlante, côté femme.

« C’est le vent turbulent soulevant mes dessous

C’est la pluie de printemps qui vient lécher mes joues

Quand tu m’aimes

C’est le soleil brûlant qui caresse ma peau

Et l’air léger du temps au souffle doux et chaud

Quand tu m’aimes

C’est en plus de tout ça mille choses encore

Qui sont à toi et moi et perturbent mon corps

D’une infinie faiblesse

Quand tu m’aimes

C’est ta voix qui se perd dans un râle amoureux

Qui fait vibrer ma chair et qui mouille mes yeux

De larmes de tendresse

Quand tu m’aimes

C’est le Diable et l’Enfer mêlés à tous nos jeux

C’est le Ciel qui est offert à nous par tous les dieux

Quand tu m’aimes

C’est l’éclipse et l’éclair qui allume mes joies

C’est l’écume des mers qui se meurt sur tes doigts

Quand tu m’aimes

C’est pétrie par tes mains tous mes sens éveillés

C’est mon corps sur le tien nos souffles saccadés

Et nos gestes intimes

Quand tu m’aimes

Ce sont ces tendres cris et ces plaintes d’amour

Qui déchirent nos nuits et meurent au petit jour

Dans le plaisir ultime

Quand tu m’aimes

Quand tu m’aimes

Quand tu m’aimes

Mon amour ».

(Charles Aznavour)

Et rien que pour elle il a écrit Je ne veux que toi :

« Je ne veux que toi

Et pas autre chose

Pour semer l’espoir

Dans mon cœur meurtri

Pour que dans tes bras

Mes rêves se posent

Se métamorphosent

Au creux de ta vie

Je ne veux que toi

Et nul autre au monde

Dussé-je en mourir

Dussé-je en crever

Pour couvrir la voix

Etrange et profonde

Qui hurle et qui gronde

Dans mon cœur blessé

Je ne demande pas la lune

Je veux ensoleiller ma vie

Mais ça ni gloire ni fortune

Ne peuvent en payer le prix

Je ne veux que toi

Pour que tu enlèves

Le doute et la peur

Qui hantent mes jours

Et qu’enfin pour moi

Dans tes bras se lève

Une aube de rêve

Dans un cri d’amour

De concession en sacrifice

Je suis prête à n’importe quoi

Pour qu’enfin mon âme guérisse

Du mal de vivre loin de toi

Je n’attends qu’un mot

Tombé de tes lèvres

Pour fuir sans regret

Où tu le voudras

Par monts et par vaux

Que tu sois l’orfèvre

De mes nuits de fièvre

Blanchies dans tes bras

Sur mon âme en feu

Je jure crois-moi

Seule et devant Dieu

Je ne veux que toi ».

(Charles Aznavour)

Superbe texte adapté par Dee Shipman : All I want is you.

Un ton très grande chanson américaine, bande originale de film ou extrait de comédie musicale, qui nous met cinquante étoiles dans les oreilles…

Un bien bel album, que l’on aurait aimé un peu plus long, d’autant que l’on sait que certaines chansons ont été mises de côté.  Et même enregistrées pour certaines.

A suivre.