mardi 17 mars 2020

Michèle Torr chante le temps…(20)

« Je n’ai plus le temps
De perdre du temps
Je n’ai plus envie
De gâcher ma vie… »,
Je n’ai plus le temps, 2019.


A passé le temps qu’il a fallu.
Pour se relever après les épreuves.
Reconstruire une équipe autour de soi et reprendre le chemin des studios.
Ce sera d’abord pour un 45 tours, Ophélia. Qui évoque le triste personnage d’Ophélie (et de son double Ophélia), l’héroïne shakespearienne d’Hamlet qui, doutant de l’amour du prince qu’elle aime, va sombrer dans la folie.
« Et les femmes dansent
Dans la folie dans le silence
Dans la fureur et l’insolence
Sur tous les orchestres du temps
Comme le cœur avec le sang…
Le cœur de plus en plus fragile
La bonne volonté ça se fatigue
Depuis deux mille ans d’indifférence
Que les femmes dansent… »,
Les femmes dansent, en face B.
Bien qu’il n’y ait pas que dans la culture judéo-chrétienne que les femmes puissent se sentir opprimées.
Puis un album, sorti en décembre 1991. Vague à l’homme. Un album un peu hétéroclite, à cause en particulier de la diversité des arrangeurs (entre Carolin Petit et Guy Mattéoni, seul de l’équipe Az/Zone Music à n’avoir pas « abandonné » la chanteuse) et du fait de la qualité inégale de l’écriture.


Le titre phare, Ne m’oublie pas, est magnifique.
« Puisqu'il est des blessures
Qui ne peuvent se dire
Plutôt que de mentir
Il valait mieux partir
Pour te laisser le temps
D'essayer de grandir
Pour me laisser le temps
D’oublier de guérir
Mais il est des douleurs
Que le temps n'efface pas
Quel que soit le jour l'heure
Ou quel que soit l'endroit
Ne m'oublie pas
Ne m'oublie pas
Ne m'oublie pas
Dans cette chambre j'ai laissé un peu de moi pur toi
Et si tu sais chercher tu me retrouveras
Juste à coté du cœur  où les mots ne vont pas
Pour que t'aies plus jamais peur
Pour que t'aies plus jamais froid
Mais il est des couleurs
Des parfums des sourires
Qui se planquent au fond du cœur
Pour n'en plus ressortir
Ne m'oublie pas
Ne m'oublie pas
Ne m'oublie pas
Et si tout nous sépare
Et si tout nous déchire
J'veux pas que notre histoire
Comme ça puisse finir
Il ne te fallait pas jouer
A ce jeu avec moi
Maintenant faut s'aimer
Ou se faire mal
C'est comme ça
C'est comme ça  mais
Ne m'oublie pas
Ne m'oublie pas
Ne m'oublie pas
Et s'il est des blessures
Qui ne peuvent s'écrire
Comment faire pour te dire
Comment si t'es pas là
Que ma vie sans toi se déchire
En silences, en petits bouts
L'amour ne peut mourir
Lorsque je pense à nous
Et il est des douleurs
Que le temps n'efface pas
Quel que soit le jour, l'heure
Aussi loin que tu sois
Ne m'oublie pas
Ne m'oublie pas
Moi j't'oublie pas
J't'oublie pas
J't'aime ».
Une des plus belles et des plus sincères chansons de Michèle Torr.
Signée Christian Accardy et Claude Perraudin, mais elle semble ne pouvoir sortir que de ses lèvres…


A celui qui « ne [sort] pas de [sa] mémoire », de même que Ceux qui laissent.
Oscillations entre le Carpe diem :
« Vivre dans l’instant
Sans passé imparfait
Sans futur être sûre
Penser tout fort au présent
Vivre tout simplement
Pour casser mes certitudes
Je mettrai un point final
Aux regrets aux habitudes
Aux histoires bien trop banales
Je ferai un feu de paille
Des toujours des éternels
Je partirai en bataille
Défendre une vie nouvelle
Vivre dans l’instant
Sans passé imparfait
Sans futur être sûre
Penser tout fort au présent
Vivre tout simplement
Si demain je pleure un peu
Sur mes beaux jouets cassés
Je ranimerai le feu
Qui en moi brûle à jamais
Je ne serai plus déçue
Ce sera ma différence
De ce que je n’aime plus
Je partirai en silence
Vivre dans l’instant
Sans passé imparfait
Sans futur être sûre
Penser tout fort au présent
Vivre tout simplement… »,
Vivre dans l’instant,
 et la peur de l’amour qui apporte avec le plaisir la crainte de souffrir à nouveau.
« Je cueille le jour présent
Quand tu donnes je prends…
Méfie-toi pourtant
La vie c’est comme le temps
C’est changeant
Ça tourne au gré du vent
Aujourd’hui je t’aime
Et demain c’est la haine …
Je sais que les heures qui passent
Creusent un peu plus les traces
Que laisse la nostalgie »,
Ma vie avec toi.
« Danger liaison
Volcan de passion
Si tout était dit
En moins d’une nuit
Dans nos ébats
Aucune loi
Je n’ai plus le temps
De perdre du temps
Etonnez-moi »,
Danger liaison.


Avec ce disque, elle nous rassure, elle nous étonne et nous séduit, même si parfois le propos est un peu… énigmatique, voire opaque :
« Changer d’espace m’empêche de garder
Des histoires tenues dans les murs du passé…
Je ne sais pas
Ce qui arrivera
Le jour où je m’arrêterai
De partir
Pour ne pas me souvenir »,
Voir Venise et repartir.

A suivre.

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