Il faudra attendre 1987 pour entendre à nouveau un texte
entièrement signé Michèle Torr. Ce sera sur la scène de l’Olympia où, le 21
janvier, elle crée Je n’ai pas les mots (ou Les mots pour te dire), en hommage à
sa mère… La musique est signée… Guy Mattéoni. On retrouvera cette chanson en
version studio sur l’album I remember you. Elle vient,
après Ma mère a pleuré et Maman
la plus belle du monde, en
1981, dans l’album J’en appelle à la tendresse, dont le 45 tours avait pour visuel
la photo de la chanteuse bébé dans les bras de sa mère.
Hommage à celle qui rêva pour elle-même la vie qui sera
celle de sa fille. Chanteuse.
Les enfants sont souvent ceux qui portent sur leurs épaules
les rêves de leurs parents. Des espoirs qui sont souvent bien lourds à porter,
mais lorsque l’enfant parvient à réaliser ces rêves, à condition que ce soient
aussi les siens, sa fierté prend alors le pas sur la peur de décevoir…
Malheureusement, Clémente Tort n’est plus de ce monde depuis décembre 1964 et elle n’a pu en partager avec
sa fille la concrétisation: près de Cadenet, le village où est née, le domaine
du Gambelet, à Mérindol, où la chanteuse vit désormais, pour quelques années,
avec la grande maison de pierre qui domine, au-delà d’une mer d’oliviers, la
vallée de la Durance, et surtout, surtout, le bonheur de chanter…
Portrait (voix, yeux, joie, colère, caresse, tendresse) en
forme de paysage de la terre natale : lumière, mistral, ruisseau…Les mots
sont maladroits, les mots sont inutiles, on ne raconte pas la lumière…
Ce sont les chœurs, les murmures, qui expriment la peine, la
culpabilité peut-être, et surtout l’amour d’une enfant pour sa mère.
« Je n’ai
pas les mots ma mère
Je n’ai pas
les mots pour te raconter
Parler de ta
voix
De ta joie de
tes colères
Tu es lumière
tu es mistral
Mais aussi
caresse tendresse
Je n’ai pas
les mots ma mère
Je n’ai pas
les mots ma mère
Je n’ai pas les
mots pour te raconter
Parler de tes
yeux
Appel que je
n’ai pas compris
Regard
changeant ruisseau juste au bord de tes cils
Ma mère
Je n’ai pas
les mots ma mère
Je n’ai pas
les mots pour te raconter
Ma vie
aujourd’hui
La maison dont
tu as toujours rêvé
Le bonheur de
chanter
C’est avec toi
que je voudrais les partager
Je n’ai pas
les mots ma mère
Je n’ai pas
les mots pour te raconter
Mais je n’ai
pas envie
Les mots sont
inutiles
On ne raconte
pas la lumière… »,
Je
n’ai pas les mots, ou Les mots pour te dire, 1987.
« Je l’ai écrite d’une traite, un jour où j’étais seule
et où je pensais très fort à elle » dira-t-elle à Bérangère Etcheverry de Télé Poche.
« J’avais envie de parler de ma mère. De ses colères et
de ses folies. Quand je l’ai lue au téléphone à Jean Albertini, il s’est
écrié : « C’est formidable, Torr, vous me faites chialer, » (à
Monique Prévot, pour France Soir).
« J’écris souvent des textes mais je n’ose pas les
montrer alors je les brûle. Là je viens de faire le premier pas et cela me donne
envie de parler de mon enfance et de ma famille », à Laure Joanin, pour Le Parisien.
Cette chanson vient,
sur l’album, après une autre chanson qui parle d’enfance, de poupées, de Noëls,
de fêtes et d’anniversaires que l’on n’aime plus, quand la mort s’en mêle: Fleur
de mai, une adaptation d’une chanson des Bee Gees.
« A la Noël
Maman était très belle
Comme la poupée au pied du sapin vert…
Drôle de printemps
Où le soleil m’attend
Avec la peur d’aimer, la peur de vivre ;
Et de temps en temps
Tous mes chagrins d’enfant
Sont comme des pages arrachées dans un livre…
Dis-moi pourquoi
Je n’aime plus les Noëls,
Le temps passe et rien n’est plus pareil… »
On retrouvera Les mots pour te dire sur Le
meilleur de Michèle Torr en public, et elle la chantera jusqu’à la
tournée Acoustique en 2001 et lors de la tournée qui a suivi la sortie
de Donner,
en 2002. En hommage à ses parents, la chanteuse enchaîne ce titre avec A mon
père, sans pause entre les deux, comme deux éléments d’un diptyque. Ses
parents sont ainsi réunis pour quelques minutes, dans les applaudissements du
public…
A suivre...
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