mercredi 21 février 2018

Michèle Torr: « J’adorerais que Vianney ou Zaz m’écrive une chanson ».

Voici la transcription de l’interview de Michèle Torr, la seule parue depuis le début de la tournée dans la presse, publiée dans le journal suisse Le Matin Dimanche le 21 janvier 2018. L’article comporte quelques inexactitudes : Chanter c’est prier a été confondu avec le Best Of 3 CD de 2011, J’en appelle à la tendresse a été écrite après l’attentat de la rue Copernic à Paris en 1980 et Sœur Emmanuelle, qui aimait beaucoup cette chanson, n’est pas Mère Teresa… Peu importe.
Pour patienter alors que la tournée Age Tendre marque cette fin de semaine une petite pause…

« J’adorerais que Vianney ou Zaz m’écrive une chanson ».


Michèle Torr. Toujours vaillante, la chanteuse fait escale à Genève pour la tournée « Age Tendre » avec ses potes des années yé-yé. Le moteur de l’interprète de « J’en appelle à la tendresse » ? La scène et son public.

Michèle Torr adore chanter « J’en appelle à la tendresse », tube composé en hommage à Mère Teresa.
C’est comme si on entendait déjà les cigales chanter, quand Michèle Torr se met à parler. Son accent provençal nous projette sous les pins parasols, à Aix-en-Provence où elle vit, là où le soleil domine. A 70 ans, après avoir surmonté des problèmes d’arythmie cardiaque, l’idole de plusieurs générations participe avec ferveur  à la onzième tournée musicale d’ « Age Tendre »,  un show qui réunit depuis  2006  des artistes qui ont commencé leur carrière dans les années soixante et septante. En cinquante ans de carrière fêtés en 2015, la toujours aussi blonde Michèle Torr, à la voix puissante et caressante, a vendu plus de trente millions de disques à travers le monde, et enregistré plus de 450 chansons. Avec 35 disques d’or, dont un de platine, celle que l’on a surnommée à ses débuts la « Piaf blonde » a su voguer intelligemment sur la nostalgie. Elle rembobine avec nous le fil de sa vie.
Vous qui rêviez depuis l’âge de 4 ans d’être chanteuse, qu’est-ce qui vous plaît tant dans ce métier ?
J’aime surtout la scène, je fais ce métier pour ça et pour l’amour des gens. J’aime aller à la rencontre de mon public et partager avec lui mes chansons, que mes fans connaissent souvent par cœur. Parmi eux, certains sont devenus des amis. J’ai même été témoin d’un couple de garçons que j’ai connus à travers mon fan-club.
Que représente pour vous le spectacle « Age tendre » ?
J’y participe depuis la première tournée et je suis ravie de retrouver tous ces artistes qui sont aussi des amis. Dans les années 60 et 70 on se retrouvait régulièrement dans des émissions de variétés. Il n’y avait que trois chaînes de télé et c’était le rendez-vous que les téléspectateurs ne manquaient pas. Nous entrions dans les familles à l’heure du dîner, par petit écran interposé. On faisait partie de leur vie. Je crois que c’est pour cette raison que les gens sont si nombreux à venir voir ce spectacle. Ils retrouvent beaucoup d’émotions. Certains ont grandi avec nos chansons.
Etes-vous nostalgique d’une certaine époque ?
Non, pas vraiment. L’important est de vivre au jour le jour. J’avance. La vie nous fait avancer. J’ai deux enfants, Romain (le fils qu’elle a eu avec le chanteur Christophe en 1967, ndlr) et Emilie (avec son premier mari, le producteur Jean Vidal, en 1973, ndlr) et quatre petits-enfants, Charlotte, Samuel, Raphaëlle et Nina. En fait, grâce à la famille, tout est devant nous. C’est vrai que nous traversons une période difficile sur le plan  économique. Nous avons connu autrefois une période festive, dans notre métier de chanteurs aussi. C’était plus facile de durer. Actuellement les gens zappent très vite. On est découvert dans « The Voice » et oublié le lendemain.
Vous êtes plutôt réservée. Peut-on vous définir comme une timide ?
Je dirais plutôt une solitaire. C’est paradoxal, mais j’ai autant besoin d’être entourée par un public que de moments où je suis seule avec mes proches. Je sais à quoi ressemble la solitude et je ne m’ennuie jamais. Je jardine, je bouquine, je fais de la déco.
Quelle est votre chanson préférée dans votre immense répertoire ?
« J’en appelle à la tendresse ». Toujours d’actualité, cette chanson est intemporelle. Elle a été écrite par Didier Barbelivien et Jean Albertini en hommage à Mère Teresa. J’aime aussi beaucoup « Un enfant c’est comme ça », qui est plus ancienne. Jean Albertini l’a composée en pensant à mon fils. J’étais enceinte d’Emilie quand elle est sortie. C’est toute l’émotion d’être maman - les plus beaux moments de ma vie - qui me revient quand je la chante.
Parmi vos petits-enfants, qui pourrait prendre la relève ?
La fille d’Emilie, Nina, 10 ans, a en effet un beau vibrato naturel. Et puis Raphaëlle, 6 ans, la petite dernière de Romain, est une star à elle toute seule. Elle chante, elle danse tout le temps. Mais je ne les influencerai pas. Il faut avoir le feu sacré pour faire ce métier.

« La vie nous fait avancer. J’ai deux enfants et quatre petits-enfants. En fait, grâce à la famille, tout est devant nous ».

En 2012, vous avez sorti un triple album, « Chanter c’est prier ». Quelle est la place de la foi dans votre vie ?
La spiritualité est très importante pour moi. Je suis sincèrement en état de communion quand je chante sur scène. Je suis catholique, mais je m’intéresse à toutes les religions. Je regarde
souvent les émissions spirituelles sur France 2 le dimanche matin.
Vous avez vécu pas mal de tragédies, comment les avez-vous surmontées ?
Le public m’a beaucoup aidée… Comme lors de la mort de ma mère dans un accident de voiture, en 1965, au retour de l’un de mes concerts, je venais de lui offrir une 4L. Je ne crains pas la maladie, mais quand elle touche mon fils Romain, qui a la sclérose en plaque, c’est différent…
Justement, Romain a-t-il des contacts avec son père biologique, Christophe ? 
Quand Christophe a parlé de Romain pour la première fois dans les médias il y a quelques années j’étais soulagée car c’est déjà une forme de reconnaissance. Aujourd’hui je ne veux pas trahir mon fils en parlant à sa place. Cette histoire a fait partie de ma vie, maintenant elle est passée dans les mains de Romain. J’admire son courage. Il a créé la fondation Sclérose en plaque Pays d’Aix et on organise chaque année un concert pour récolter des fonds pour faire avancer la recherche.
Qui appréciez-vous parmi les chanteurs actuels ?
J’aime beaucoup Zaz. Comme le disait Maurice Chevalier quand il parlait de moi, « elle a une voix de toutes les époques », j’adore aussi Louane, elle a un très joli timbre de voix, elle me touche énormément, aussi bien au cinéma que dans la chanson. Vianney m’interpelle beaucoup. Ainsi que Christophe Maé. J’aime sa voix, son style, son phrasé. Je serais ravie si ces artistes m’écrivaient une chanson ou s’ils faisaient un duo avec moi. Vous voyez, c’est là que je suis timide. Je n’ose pas le leur demander…


L’équipe d’ « Age Tendre ». De g. à d., Dave, Richard Dewitte (du groupe Il était une fois), Isabelle Aubret, Sheila, Christophe Dechavanne (qui produit la tournée), l’animateur du show Cyril Féraud, Michèle Torr, Stone, Pierre Groscolas, Patrick Juvet, Nicoletta et Dick Rivers.


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