mercredi 16 décembre 2015

Michèle Torr, Chanter c’est prier, Aix-en-Provence et Bergerac.


Je vous salue, Michèle!

      Chanter c’est prier,  le nouveau spectacle au ton résolument intimiste que Michèle Torr propose dans sa tournée des églises et des cathédrales, a d’ores et déjà tenu toutes ses promesses… Après Aix-en-Provence, le deuxième rendez-vous s’est déroulé à Bergerac, où elle est venue plus d’une dizaine de fois grâce à la tendresse que lui voue l’abbé François Martial, homme d’église et organisateur de spectacles. C’est également dans cette région que résident des amis qui lui sont chers. Et c’est donc dans l’église Notre Dame qu’elle a pu continuer à mettre en place et tester son nouveau spectacle...C'était Noël avant Noël, dans une atmosphère printanière, empreinte de douceur et de sobriété.
Pendant l’avant-spectacle, parmi les airs de musique classique interprétés par Mathieu Chocat, Sébastien Trognon (Pierre Schmidt est venu les rejoindre après à la guitare), on aura reconnu l’air de Schubert qui a donné naissance à Dis-moi mon Dieu, la chanson que Michèle Torr a enregistrée en 1977 sur l’album J’aime.
Ensuite, après la prestation de la chorale locale (Les Petits Chanteurs d’Aix à Aix et Chœur en B, dirigé par Eric Picot, à Bergerac), c’est Michel Monaco en Provence et Thomas Hernandez en Périgord qu’on a écoutés pour quelques chansons.
     C’est avec une sincère émotion que Madame Michèle Torr s’est présentée devant son fidèle public. Tout son répertoire a été revisité et réorchestré par le talentueux Mathieu Chocat et c’est un superbe bouquet de chansons qui forme ce nouveau tour de chant aux couleurs spirituelles.
Une promesse tenue donc,
« Ce n’est pas une messe
Rien de plus que ma promesse… »,
Chanter c’est prier,
qui s’achève, après l’intense émotion  qu’a suscitée La prière de Francis Jammes et Georges Brassens, avant l’hymne provençal Coupo Santo et Emmène-moi danser ce soir par la version française du très bel Alléluia de Léonard Cohen qui clôt admirablement le spectacle. 


    Pour le reste, les « classiques » que Michèle Torr a choisi de garder: Midnight Blue en Irlande par son atmosphère, J’en appelle à la tendresse, A mon père et Un enfant c’est comme ça, particulièrement prenant, s’insèrent parfaitement dans le tour, par les messages qu’ils colportent et les thèmes qu’ils abordent : l’amour des autres et l’enfance, thèmes aussi évoqués dans les chansons qui leur font écho : Tout l’amour du monde…
« Tout l’amour du monde est dans cet instant
Comme une communion une envie de partage
Tout l’amour du monde dans un seul instant
Comme un signe divin un cadeau un message… »,
Quand on n’a que l’amour (de Jacques Brel à cappella et sans micro) ou Je ne veux chanter que l’amour.
« J’ai chanté l’amitié
J’ai chanté la colère
J’ai parlé de la paix
Mais aussi de la guerre
Dans les plus grandes salles
Même dans les cathédrales
Du bout du monde… ».
L’amour est bien le dénominateur commun à ces chansons. Amour des autres, amour des enfants, amour de Dieu.
     Pour les chansons pieuses, Michèle Torr a commencé par le Notre Père que Didier Barbelivien lui a mis en musique en 2011, enchaîné avec Douce nuit puis l’Ave Maria  de Charles Gounod (à Aix seulement), présenté sa version sobre mais fervente de Amazing grace : Quand vint la grâce.
     Elle a rendu hommage à Sœur Emmanuelle avec Son paradis c’est les autres, juste après qu’elle a traversé l’église en interprétant J’en appelle à la tendresse, venant ainsi une première fois à la rencontre de ses fidèles. Et il est évident que des titres comme celui-ci ou Quand vint la grâce résonnent bien mieux dans une église que dans un théâtre ou un Music-Hall. 


Mais c’est décidément le répertoire de la chanson « réaliste » qui convient à Michèle Torr, et c’est celui-là qu’elle a encore envie d’explorer depuis longtemps déjà. Après Je suis seule ce soir de Léo Marjane et Si je n’avais plus d’Aznavour au Trianon en octobre dernier, on se rappelle Les roses blanches de Berthe Silva à l’Olympia en 1980 et on retrouve là Mon ange, de Bruno Coquatrix, aussi créé par Léo Marjane, que Michèle Torr avait enregistré en 1968.
Pour ce qui est des « inédits » dans son répertoire, elle a donc choisi Douce nuit, La prière
« Par la mère apprenant que son fils est guéri…
Je vous salue, Marie »,
Alléluia, et le magnifique Noël de la rue d’Edith Piaf qui nous emporte quelque part entre la parfois triste réalité et l’univers poétique des Effarés d’Arthur Rimbaud  ou féérique de La petite fille aux allumettes de Hans Christian Andersen, le temps d’une chanson qui lui va comme un gant, ou comme la belle et sobre robe noire dont la chanteuse est vêtue, sous le manteau de neige dont elle s’est défaite assez vite, tant la profondeur de sa voix, encore plus grave et incandescente, telle une braise enfouie, parvient à nous réchauffer. Celle-ci aussi, ne faudra-t-il pas la garder, même bien après Noël ?
« Pourquoi rêver d’un paradis
C’est maintenant et c’est ici
Qu’il faut unir
Nos espoirs et nos joies
On dit « demain » on dit « plus tard »
Mais si demain c’était trop tard
Pour partager ce bonheur
Alléluia
Alléluia
Alléluia
Alléluia
Alléluia… »,
C’est avec ces paroles pour laquelle la chorale Chœur en B, déjà présente sur Quand vint la grâce et J’en appelle à la tendresse,  est venue, à Bergerac, rejoindre Michèle Torr, que s’est terminé un spectacle livré tout frais, tout chaud,
«C'est au ciel de leur vie
Une étoile endormie
Qui [serait] descendue»
par une Cendrillon à la voix d’or toujours charmeuse, et charmante…

©ED & GD.

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