mardi 1 septembre 2015

Michèle Torr chante sa mère



Michèle Torr chante sa famille (suite).
«As-tu quelquefois pensé
Que j’ai dix-huit ans
Que j’ai dix-huit ans
Et que tu me traites encore
Comme une enfant
Comme une enfant
Je sais vous êtes très gentils
Vous ne me souhaitez pas de mal
Mais si je veux choisir ma vie
Il n’y a rien de plus normal 
Dis-moi ma mère
As-tu quelquefois pensé
A tes dix-huit ans
A tes dix-huit ans
Et ne t’es-tu pas trompée
De temps en temps
De temps en temps
Pourtant au bout de ton chemin
Tu vois tu arrives au bonheur
Et si je veux trouver le mien
Laisse-moi écouter mon cœur
Allons ma mère je sais que l’on ne voit pas
Passer le temps
Passer le temps
Mais bientôt tu t’occuperas
De mes enfants
De mes enfants
Et ma fille me dira
Avant longtemps
Avant longtemps
As-tu quelquefois pensé
Que j’ai dix-huit ans
Que j’ai dix-huit ans
As-tu quelquefois pensé
Que j’ai dix-huit ans
Que j’ai dix-huit ans… »,
As-tu quelquefois pensé, 1965.
C’est ce que dit une toute jeune fille à sa mère, et c’est ce que n’importe quelle adolescente ou jeune adulte pourrait dire à la sienne quand leurs violons ne s’accordent pas. Rien de très personnel ici.


En 1981 Michèle Torr reprend Maman la plus belle du monde,  sur l’album J’en appelle à la tendresse ainsi qu’un tube des années 70 There's no more corn on the brasos du groupe The Walkers qui devient :
 « Quand je suis née
De bonheur et de joie
Serrant sur son cœur tout son rêve
Ma mère a pleuré
Quand dans un sourire
J’ai dit Maman
Et le jour où toute seule vers mon père j’ai marché
Ma mère a pleuré
Quand elle m’a vue dans ma robe de mariée
Devant le bonheur de sa fille
Ma mère a pleuré
Mais c’est la vie qui nous a séparées
Et le jour où est né mon enfant mon amour
Moi j’en ai pleuré »,
Ma mère a pleuré.

Ce n’est pas non plus de sa mère qu’elle parle là, la sienne n’a pu assister ni à son mariage avec Jean Vidal, ni à la naissance de l’un de ses enfants, puisqu’elle est décédée en 1965 dans un accident de voiture, au volant de la 4L que sa fille lui avait achetée avec ses premiers cachets. C’est à Marseille où elle chantait après quelques heures passées avec sa famille brièvement réunie avant que Clémente Tort n’accompagne son mari à la gare pour qu’il se rende à son travail que la jeune chanteuse a appris le drame. C’était fin décembre.
« Tu as été le témoin
De mon plus grand chagrin
J’ai pleuré dans tes bras
Des choses qu’on n’oublie pas »,
On aurait pu s’aimer d’amour, 2008. C’est dans les bras de Claude François à qui elle rendait hommage dans cette chanson qu’elle a versé ces larmes.


C’est une photo d’elle-même bébé dans les bras de sa mère qui a été choisie pour le 45 tours
J’en appelle à la tendresse.

« Une médaille d’anniversaire
Le dernier cadeau de ma mère »,
Se trouve dans Le sac, en 1997.

 Michèle Torr a chanté d’autres mères que la sienne, celle du toréador César Rincon qu’elle a imaginée dévorée par l’inquiétude chaque fois que son fils a affronté un taureau dans l’arène :
« Laissez laissez Maria
Tout pour elle s’arrêtera
Quand son fils son seul Credo
Marchera vers le taureau
Olé olé…
Et quand il sera tout près de toi
Quand sa corne enroulera ta muleta
Mon amour si ta vie s’en allait
Je n’aurais plus qu’à te rejoindre au Ciel…
Si tu mourais »,
La prière sévillane, 1993, adaptée de la chanson espagnole  Salve Rociera.
Les paroles ont été  écrites par Rafael de León et la musique est de Manuel Pareja Obregón qui s'est inspiré d'un air médiéval de galoubet et tambourin. Elle a été composée à l'origine pour le pèlerinage d'El Rocío, en Andalousie. L’adaptation française est signée Pierre Grosz. « Sur une idée de Michèle Torr ». Toutes les mères sont inquiètes pour leurs enfants.

Alice Dona lui fait chanter, parmi une pléiade d’autres chanteuses:
 « Tu chantes
Seule avec tes petits
Sans haine tu chantes… »
La chanson de la vie, en 1985. Au sujet des femmes du Tiers-Monde.

Au sujet de la Vierge, elle a repris deux Ave Maria, ceux de Charles Gounod et de Charles Aznavour :
 « Ave Maria
Toi qui fus mère
Sur cette Terre…
Implore ton fils pour nous »,
Ave Maria, 1978.
 « Ave Maria
Ceux qui pleurent sont tes enfants
Toi qui donnas le tien
Pour laver les humains
De leurs souillures
Marie la pure »,
Ave Maria, 2012.

Et le journaliste Rodolphe Hassold lui a écrit :
« Elle a élevé tous ses enfants
Loin de la ville et des tourments
Elle leur a appris le soleil
La prière avant le sommeil
Quand le matin elle leur ouvrait
Délicatement les volets
Elle leur avait déjà préparé
Le café les tartines beurrées…
Les événements de 68
Les cris de foule les Cohn-Bendit
Les barricades de Saint-Germain
N’ont rien changé à leur destin
Comme un vieux bateau égaré
La France venait de chavirer
Mais ils se tenaient à l’écart
De se chemin plutôt bizarre…
Elle a vécu de sa passion
En se battant à sa façon
En apprenant à ses enfants
A ne pas vivre au gré du vent…
C’est une mère d’autrefois
Une dame de principes et de loi
D’une humble condition
Qui ne veut pas de révolution… »,
Une mère d’autrefois, en 1985. Portrait d’une femme au foyer, d’une mère respectueuse des traditions porteuse de valeurs des plus conservatrices.


 Il faudra attendre l’Olympia de janvier 1987 pour entendre une chanson signée Michèle Torr dans laquelle elle évoque celle qui lui a donné le jour avant de l’accompagner en faisant maints sacrifices dans son projet de devenir chanteuse, vivant à travers sa  fille son rêve de faire une carrière. Une version plus longue que celle de l’Olympia est sorti la même année sur I Remember You.
« Je n’ai pas les mots ma mère
Je n’ai pas les mots pour te raconter
Parler de ta voix
De ta joie de tes colères
Tu es lumière tu es mistral
Mais aussi caresse tendresse
Je n’ai pas les mots ma mère
Je n’ai pas les mots ma mère
Je n’ai pas les mots pour te raconter
Parler de tes yeux
Appel que je n’ai pas compris
Regard changeant ruisseau juste au bord de tes cils
Ma mère
Je n’ai pas les mots ma mère
Je n’ai pas les mots pour te raconter
Ma vie aujourd’hui
La maison dont tu as toujours rêvé
Le bonheur de chanter
C’est avec toi que je voudrais les partager
Je n’ai pas les mots ma mère
Je n’ai pas les mots pour te raconter
Mais je n’ai pas envie
Les mots sont inutiles
On ne raconte pas la lumière… »,
Je n’ai pas les mots, ou Les mots pour te dire, 1987.

C’est fin décembre 1965 que Clémente Tort a perdu la vie. Et à la lumière de cette information, on comprend mieux ceci :
« A la Noël
Maman était très belle
Comme la poupée au pied du sapin vert
Dis-moi pourquoi je n’aime plus les Noëls
Ni les fêtes ni les anniversaires …
De temps en temps
Tous mes chagrins d’enfant
Sont comme des pages arrachées dans un livre…
La vie passe et rien n’est plus pareil »,
Fleur de mai, 1987.

©ED&GD.

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