lundi 21 septembre 2015

Michèle Torr chante Jean Vidal.

Michèle Torr chante sa famille (suite).


Alors Michèle Torr a aussi chanté le mariage, pour les humains :
« Au bord de l’eau un petit bal s’ouvre en plein vent
Comme autrefois les petits bals de nos parents
Cet air  vieillot ce vieux piano tout nous fait rire rire
Et malgré ça tout en dansant entre tes bras
Je me vois un beau dimanche
Tourner en robe blanche
Ainsi qu’un tableau du passé »,
Est-ce mon cœur ou le printemps, 1970.


« Ils s’étaient rencontrés au feu de la Saint-Jean
Ils se sont aimés tendrement
Après ces fiançailles
Dans un château de paille
Il ne manquait plus qu’un détail…
Dans l’église enchantée
Les cloches qui sonnaient
Et les enfants qui chantaient
Et vivent les mariages d’amour… »,
Mariage, 1984.
Et pour les loups (mais « on est tous un peu loup »):
« Quand la louve frissonne
A son premier printemps
Quand elle tourbillonne
De joie et d’émotion
Ce sera mariage
Avec un jeune loup
Un vrai loup de son âge
Un vrai loup de chez nous…
C’est comme nous
C’est une histoire d’amour… »,
La louve, 1973.
Je te dis oui, 1999, et après :
 « On allait tous les vendredis
Dans la maison de ta famille… »,
Papiers à fleurs, 1984,
le temps fait son ouvrage…
« Aujourd’hui ça fait six ans
Que nous sommes mariés… »,
Emmène-moi danser ce soir, 1978.
Et tout ne va pas pour le mieux.
« Ce voile de mariée abîmé par la pluie… »,
La déchirance, 1979.


Et si elle a chanté si bien l’amour, à la fin des années 60 et au début des années 70, n’est-ce pas que, après une « idylle » avec Christophe qui s’est terminée dans une « sorte de haine » selon les dires du chanteur, et après sa rencontre avec un certain Jean Vidal dans un cabaret parisien, le Don Camilo, en janvier 1968, elle-même était amoureuse et s’est mariée avec ce dernier, à Avignon, en janvier 1969 ?
Les chansons J’ai pleuré de joie
(Que de fois
J’ai pleuré de joie
Face à mon bonheur
Qui vit dans ton cœur…),
Ça
(…ça
Qui commence avec toi
Qui finit avec moi
C’est peut-être l’amour… »),
Pour toi
(« Au temps où je vivais
Aux portes de mes joies
Le monde m’inventait
Pour toi… »),
Mon amour…
par leur ton ne se font-elle pas l’écho de cet amour ?


Jean Vidal en devenant l’époux deviendra aussi le parolier et l’imprésario de son épouse. Il écrira pour elle J’ai arrêté le temps qu’elle chantera au Festival Orphée d’Or en Bulgarie (cependant son nom n’est pas crédité sur le disque, uniquement sorti dans les pays de l’Est), il lui écrira Les papillons en 1970 :
« Les papillons butinent un cœur
Et puis s’en vont chercher ailleurs
Les papillons prennent le temps
Prennent le vent
Et puis s’en vont… » (Prémonitoire ?),
Alors on marche (1971)
 et Le jardin d’Angleterre en 1976 :
« Oui c’est toi
Mon univers et puis mon roi c’est toi
Oui c’est toi… » .
Et, pour boucler la boucle, ceux qui auraient eu l’idée de  La louve, ce sont Michèle Torr et Jean Vidal.


Il n’empêche que « les histoires d’amour…. finissent mal en général » et le couple n’échappera pas à la règle. Beaucoup de choses resteront du domaine de la vie privée mais il arrive en effet que les chansons nous racontent par avance ce qui va arriver un peu plus tard et, en 1987, Michèle Torr chante Toi émoi (Madame surprend Monsieur rentrant au milieu de la nuit, ils se réconcilieront sur l’oreiller, « Same player shoots again »), Et toute la ville en parle (Madame trompée, victime pour les uns, coupable pour les autres, voit sa vie étalée sur la place publique), Tu ne vaux pas une larme (Madame chasse Monsieur de la maison. Bon débarras !). Tout cela était un peu trop outrancier pour ne pas paraître humoristique, à prendre au second degré. Il n’empêche, ce que chante Michèle Torr, c’est ce qui lui arrive, plus ou moins exactement, en 1988. C’est elle-même qui le dit encore aujourd’hui. Après les problèmes de santé de la chanteuse en 1989, la presse montrera l’image d’un couple apaisé mais il n’en est rien et après un 45 tours-confidence où elle se déclare Victime de l’amour :
«Des champs de bataille
Des sentiments passés
Je garde une paille
Dans mon cœur blessé…
Une passion de paille
Est vite oubliée
Mais ce qui me travaille
C’est que j’ai tout gardé…
J’ai sous mon chandail
Du mal à cacher
Ces petits détails
Qui font espérer
Faut pas que je m’en aille
Ici je l’attendrai
Il m’a fait trop mal
Mais je l’ai tant aimé… » 
Michèle Torr annonce son divorce par une dépêche de l’AFP durant l’été 1990.


Certes, il ne faut pas confondre les chansons d’un chanteur avec son histoire et ses véritables sentiments, mais quand en 1991  Michèle Torr chante Ceux qui laissent, Ne m’oublie pas ou encore Vague à l’homme, on ne peut s’empêcher d’écouter ces chansons comme on écouterait de nouvelles confidences.
« Je l’écarte avec les yeux
Il me revient par le cœur
J’ai voulu tourner la page
Pour une liberté mirage
Dans la folie de ce naufrage
Il m’a gardée en otage
C’est souvent ceux qui laissent
Qui sont seuls qui se blessent…
Ton absence m’assassine
Je suis devenue anonyme »,
Ceux qui laissent.
« Et si tout nous sépare
Et si tout nous déchire
Je ne veux pas que notre histoire
Comme ça puisse finir
Il ne fallait pas jouer
A ce jeu avec moi
Maintenant faut s’aimer
Ou se faire mal c’est comme ça
C’est comme ça mais… »
Ne m’oublie pas.
Intimiste, à coup sûr. La chanteuse a du Vague à l’homme.
Et « il paraît … » que c’est encore à Jean Vidal, décédé en 2001, que pensait la chanteuse quand elle interprétait C’était toi, en 2008. 


« C’était un paysage immense juste à côté de moi
C’était plus joli qu’un silence, qu’un soleil dans ma voix
C’était une indicible danse qui n’en finissait pas
Tu vois, cet homme à qui je pense
C’était un château à l’aurore que je touchais du doigt
C’étaient des couleurs que j’adore des choses auxquelles on croit
C’étaient les heures sans indulgence d’un bonheur qui s’en va
Tu vois cet homme à qui je pense c’était toi
C’était toi
Ma raison, mes pensées, mes images,
C’était toi
Ma liberté ma cage
Celle que tu as laissée sans trop savoir pourquoi
Quand ton cœur s’est lassé c’était moi
C’était moi
C’était le mal et la tourmente, un répit quelquefois
C’était la colère et l’attente, un mot qui ne vient pas
C’était le vide après l’absence, un palais sans son roi
Tu vois cet homme à qui je pense c’était toi
C’était toi
Ma raison, mes pensées, mon sillage,
C’était toi
Ma vérité mon gage
Celle que tu as laissée sans trop savoir pourquoi
Quand ton cœur s’est lassé c’était moi
C’était moi
Mais c’était un paysage immense tout à côté de moi
De l’amour même dans le silence, du soleil dans ma voix,
Et dans cette indicible danse où finira ma vie
Tu vois cet homme à qui je pense …c’est lui ».
La boucle est bouclée.

La semaine prochaine:

Michèle Torr, intimité et confidences…

©ED et GD.

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