On pense que Michèle Torr est seulement interprète, et que
toutes ses chansons ont été écrites, paroles et musiques, par d’autres.
Pourtant on trouve sa signature à la fin de plus d’une vingtaine de
chansons : deux dans les années 60, deux sur I remember you, deux ou trois
sur Vague à l’homme, six sur Seule, deux sur Portrait de scène, une inédite en
1999, trois sur Donner, une sur
l’Olympia 2002 et une sur l’Olympia 2005, deux sur Ces années-là et une sur
Chanter c’est prier. Certaines d’entre elles ont été compilées sur La louve. Un
total de 23 chansons.
C’est probablement sous la houlette d’une célèbre
adaptatrice de chansons étrangères, par ailleurs auteur-compositeur, nommée Mya
Simille (un pseudonyme, évidemment, pour Micheline Helyett) que Michèle Torr a
cosigné deux chansons dès 1965.
La première est sortie en mars 1965 sur son quatrième EP,
dont le titre-phare était On se quitte (première chanson originale créée par
Michèle Torr). Elle s’intitule Hey hey, adaptée de The sun’s gonna shine. Une
chanson joyeuse qui nous fait entrer par les portes de la nuit dans les rêves
d’une jeune fille qui espère le prince charmant. Au sujet de la valeur
prémonitoire de ses errances nocturnes, qu’on aime bien partager avec elle…On
ne se moque pas, promis. On rêve aussi…
La seconde est sortie sur l’EP suivant, pendant l’été 1965,
qui commence par Dis-moi maintenant ; elle a pour titre Une fille m’a pris
celui que j’aime, adaptée de There goes the boy I love with Mary. La jeune
fille a trouvé le prince charmant…mais une autre fille le lui a pris. Alors,
accompagnée d’une sorte de chœur antique composé d’autres jeunes filles vindicatives comme des chanteuses de
tarentelles napolitaines, elle apostrophe le jeune homme volage pour lui ouvrir
les yeux sur toutes les déconvenues qu’il risque de connaître à la suite de son
infidélité (faux serments, moqueries et
cœur brisé). Cela rappelle les cours de collèges ou de lycées et les
drames qui s’y jouent encore, bien semblables à ceux des années soixante…
Il faudra attendre 1987 pour entendre à nouveau un texte
entièrement signé Michèle Torr. Ce sera sur la scène de l’Olympia où, le 21
janvier, elle crée Je n’ai pas les mots (ou Les mots pour te dire), en hommage
à sa mère. La musique est signée Guy Mattéoni. On retrouvera cette chanson en
version studio sur l’album I remember you. Elle vient après Ma mère a pleuré et Maman la plus belle du
monde en 1981, dans l’album J’en appelle à la tendresse, dont le 45 tours avait
pour visuel la photo de la chanteuse bébé dans les bras de sa mère. Hommage à
celle qui rêva pour elle-même la vie qui sera celle de sa fille. Chanteuse. Les
enfants sont souvent ceux qui portent sur leurs épaules les rêves de leurs
parents. Ces espoirs sont souvent bien lourds à porter, mais lorsque l’enfant
parvient à réaliser ces rêves, à condition que ce soient aussi les siens, sa
fierté prend alors le pas sur la peur de décevoir… Malheureusement, Clémente
Tort n’est plus de ce monde depuis décembre 1964 et elle n’a pu en partager la
matérialisation. La grande maison de pierre qui domine la vallée de la Durance
près de Cadenet, le village où elle est née, le bonheur de chanter… Portrait (voix,
yeux, joie, colère, caresse, tendresse) en forme de paysage de la terre
natale : lumière, mistral, ruisseau…Les mots sont maladroits, les mots
sont inutiles, on ne raconte pas la lumière… Ce sont les chœurs, les murmures,
qui expriment la peine, la culpabilité peut-être, et surtout l’amour d’une
enfant pour sa mère.
« Je l’ai écrite d’une traite, un jour où j’étais seule
et où je pensais très fort à elle » dira-t-elle à Bérangère Etcheverry de
Télé Poche.
« J’avais envie de parler de ma mère. De ses colères et
de ses folies. Quand je l’ai lue au téléphone à Jean Albertini, il s’est
écrié : « C’est formidable, Torr, vous me faites chialer, » (à
Monique Prévot, pour France Soir).
« J’écris souvent des textes mais je n’ose pas les
montrer alors je les brûle. Là je viens de faire le premier pas et cela me
donne envie de parler de mon enfance et de ma famille », à Laure Joanin,
pour Le Parisien.
Cette chanson vient, sur
l’album, après une autre chanson qui parle d’enfance, de poupées, de Noëls, de
fêtes et d’anniversaires que l’on n’aime plus, quand la mort s’en mêle: Fleur
de mai, une adaptation d’une chanson des Bee Gees.
« A la Noël maman était très belle comme la poupée au
pied du sapin vert…Drôle de printemps où le soleil m’attend avec la peur
d’aimer, la peur de vivre ; et de temps en temps tous mes chagrins
d’enfant sont comme des pages arrachées dans un livre…Dis-moi pourquoi je
n’aime plus les Noëls, le temps passe et rien n’est plus pareil… »
On retrouvera Les mots pour te dire sur Le meilleur de
Michèle Torr en public, et elle la chantera jusqu’à la tournée Acoustique en
2001 et lors de la tournée qui a suivi la sortie de Donner, en 2002. En hommage
à ses parents, la chanteuse enchaîne ce titre avec A mon père, sans pause entre
les deux, comme deux éléments d’un diptyque. Ses parents sont ainsi réunis pour
quelques minutes, dans les applaudissements du public…
L’album I remember you se termine par une seconde chanson
signée Michèle Torr et Daniel Mecca. Tu
ne vaux pas une larme. Le registre n’est plus du tout le même. Mais qu’est
devenue l’interprète d’Emmène-moi danser ce soir ? Une harpie vindicative
qui, au lieu de se plaindre discrètement, comme à l’habitude, assaille de
reproches le pauvre mari accablé qui ne l’emmène plus au cinéma, qui rentre
tard, avant que ne soit mesurée sa côte à la bourse de l’amour : il ne
vaut pas une larme ; tout le monde (les amis, le chien) sera content qu’il
débarrasse le plancher. Qu’il se le tienne pour dit. Pour glapi plutôt. C’est
donnant-donnant : il y a une autre femme ? Qu’elle soit
heureuse ! L’épouse trahie quant à elle, avec lui (son amant) ira au ciné revoir en
nostalgie La femme du boulanger! Pas la peine de faire des drames, ni de
s’ouvrir les veines, inutiles les larmes, votre mari vous trompe ?
Virez-le et prenez-en un autre. Pour revivre avec lui (l’autre, l’amant) Paradis
et Enfer. Paradis peut-être, et Enfer sûrement!
Délicieusement drôle comme une bonne pièce de théâtre de
boulevard. Et si c’était celle-là la vraie Michèle Torr ? Non pas
l’interprète un peu fade d’Emmène-moi danser ce soir, mais l’espiègle et
spirituel auteur de Tu ne vaux pas une larme ? En tout cas ce n’est pas la
première de ces deux chansons qu’elle a signée, mais la seconde ! Qui
renaîtra de ses cendres, pas tout-à-fait la même, en 1997.
A signaler qu’en 1988, Daniel Mecca, le fidèle guitariste,
la voix de l’homme de J’aime, en public, à la place de Jean (-François Maurice)
Albertini sur le disque, Daniel Mecca qui est devenu aussi le « garde du
corps » et le régisseur de la chanteuse, signe seul Touchez pas à ma
ville, sur Je t’avais rapporté.
C’est avec lui qu’elle va cosigner le plus de chansons :
Tu ne vaux pas une larme, La fille du soleil, (Dans le blues de l’amour),
Charlotte, Sur les routes, L’an 2000, Côté soleil et Toutes ces nuits.
« [Michèle Torr] prépare un album pour l’automne
prochain avec trois chansons dont elle a, elle-même, écrit les paroles durant
sa convalescence » (Geneviève Coste, Télé 7 jours, mai 1991).
« C’est aussi la première fois que je signe autant de
textes. Et pendant ma convalescence, ce qui n’est pas un hasard. Je me suis, je
l’avoue, plus investie sur ces nouveaux titres que pour les anciens
albums », explique-t-elle à Alain Val, de Télé Magazine.
Vague à l’homme sort en décembre 1991. Entre temps, beaucoup
de choses se sont passées. Ce sera le seul disque qui paraîtra chez Vogue. Il
contient deux chansons assurément signées Michèle Torr et Guy Mattéoni :
ce sont Rentrer sur scène et Vivre dans l’instant.
Ceux qui laissent est-elle signée par eux deux comme c’est
mentionné sur le CD ou bien Stéphan Chapel et Philippe Bambuck comme c’est
indiqué dans le livret ? C'est en fait Stéphan Chapel qui a signé les paroles mais elles sont bien le
reflet de ce que vit et éprouve la chanteuse. Elle lui va donc comme un gant,
de même que Ne m’oublie pas et Vague à l’homme. Dans ce disque triste comme un
crépuscule, avec pour visuel une photo en noir et blanc sur fond violet qui
ressemble à un faire-part de deuil (et il s’agit bien du deuil d’un amour et
d’une aventure artistique), il s’agit surtout de se défaire du poids d’un
divorce et d’exorciser la déception engendrée par la défection d’une équipe.
L’album de la renaissance, ce sera le suivant.
Un mot quand même sur Ceux qui laissent, qui n’est peut-être
pas signée Michèle Torr : il y a
bien là l’expression du désarroi d’une femme prise en otage par ses
sentiments, prise au filet d’une histoire, d’un regard beau comme un diamant
noir, qui vient de se séparer de celui qu’elle aimait et, même si c’est elle
qui laisse, elle souffre, et regrette, et revit en rêve les instants passés,
précieux, perdus…On ne saura pas quelle est la part de vécu là-dedans, mais
elle n’est certainement pas des moindres. La liberté comme un mirage, la
rupture comme un naufrage.
Paule Picard écrit : « [Michèle Torr] n’ouvre son
cœur qu’au public pour lequel elle a écrit une superbe chanson : Rentrer
sur scène ».
Rentrer sur scène est
en effet la chanson de l’expression de la reconnaissance de la chanteuse,
adressée à son public. On voit souvent dans ce genre de titre quelque chose de
démagogique. Peut-être. De l’impudeur, dit-elle. Mais on sent bien qu’il y a de
la sincérité dans l’évocation du désespoir crié, dépassé dans le halo du
projecteur, malgré la peur, malgré les doutes, grâce à la scène et au public,
retrouvé régulièrement au cours de la période difficile qui vient de s’écouler,
car l’artiste a continué de se produire en concert, sans interruption. Pour
trouver auprès de lui dans une étrange communion –un cœur-à-cœur- la chaleur,
le réconfort. L’espoir.
L’espoir, un peu de jaune soufre pour la moitié des lettres
du nom de la chanteuse, pour celles de son prénom et du titre de l’album sur la
pochette, comme un rayon de lumière, et une chanson, résolument optimiste
celle-là : Vivre dans l’instant. Hymne au présent, au détriment du passé
imparfait, du futur incertain…L’artiste ranime le feu qui brûle en elle, repart
en bataille défendre une vie nouvelle… On en saura un peu plus avec l’album A
mi-vie en 1993, dont l’écriture des paroles sera confiée à Pierre Grosz.
On retrouvera ces deux dernières chansons sur Le meilleur de
Michèle Torr en public en 1996 et Portrait de scène en 1999 (ce sont les mêmes
versions).
A propos de La prière Sévillane, sur A mi-vie, en 1993,
Michèle Torr déclarera : « C’est une chanson espagnole que je connais
depuis très longtemps. C’est Pierre Grosz qui en a signé le texte français mais
l’idée est de moi. J’aurais dû la cosigner » (Platine, 1997).
Michèle Torr osera reprendre la plume et s’investira plus
encore dans l’écriture de son album Seule, en 1997. « Aujourd’hui, j’ose
prendre la plume » sera le titre d’un article d’Isabelle Morand dans Télé
Star. Elle en cosigne six chansons sur douze. Seule aussi car c’est le premier
album de chansons originales qu’elle autoproduit, seule, comme une grande…
« Je me suis enfin laissée aller à dire ce que je
ressentais, ce que j’avais sur le cœur, mes émotions, mes états d’âme aussi,
souvent des choses que je vis, ou que j’ai vécues… »confiera-t-elle à
Platine dans un article intitulé « La solitude des hautes
altitudes », dont le titre est inspiré de Goldman.
Pour Seule, elle retrouve Christian Accardi qui avait
cosigné avec Claude Perraudin le très beau Ne m’oublie pas en 1991.
« Avec Christian Accardi, j’avais quatre textes que
l’on a retouchés ensemble et sur lesquels il a écrit ses musiques »,
précisera-t-elle.
Seule est une très belle chanson sur la place des femmes
dans le monde, poupées de chiffon blessées, voilées, prisonnières de la folie
des hommes, et sur celle de l’une d’entre elles en particulier : la
chanteuse, chanteuse d’un soir, qui trouve auprès du public un refuge, une forme
d’amitié, mais au prix de son intimité,
car il lui vole son histoire, entre mensonge et vérité. Une chanson qui pose
des questions plus qu’elle ne donne de réponses. Qui parle aussi de l’amour, de
mariages, des deuils qui la déchirent, de la solitude…
Deuxième chanson : Tes silences. Avec aussi Christian Accardi. Beaucoup de rimes en
–ence pour une chanson-confidence (mais ce mot-là, on ne l’y trouve pas !)
dans laquelle la chanteuse évoque l’histoire sentimentale qu’elle est en train
de vivre, et qui tourne mal. Silences, indifférence, absences, vengeance, comme
autant de tue-l’amour. On y entend l’impossibilité de dissocier vie privée et
vie publique, inextricablement enchevêtrées et l’artiste se débat dans ses
contradictions. Un peu de chance, et tout recommence… dans la vie comme dans la
chanson.
Troisième chanson : Regarde-les. Avec encore Christian
Accardi. Sur les « Chaplins des temps nouveaux », les SDF. La mélodie
évoque en effet les films de Charlot par son rythme et les arrangements
(petites notes de piano comme au temps du cinéma muet), de même que par son
sujet. On peut être agacé par certains termes en décalage avec le propos
(flingués, fan-club Abbé Pierre, looker les vitrines, se payer la une… des
super géants de l’info…), gêné par certaines images un peu maladroites (tout
humiliés de vieux cartons, ces vieux jouets de peluche, ces chiens sans laisse,
-ce sont les SDF eux-mêmes, non ?- ces presque rien…) On préfère les
troubadours sans limonaire, les sultans (mais c’est pas vrai)…Il n’empêche,
cela se termine Rue de la Pitié comme cela commence parfois chez Maupassant Rue
des Martyrs. Et ce mélange de maladresse et d’intentions louables, de poésie et
de clinquant, fonctionne plutôt bien quand la révolte se lève dans la voix,
sourde comme début d’orage, mais impuissante,
avant de s’apaiser… car il est des révoltes qui mènent à l’action, comme
celle de Coluche dont le nom vient clore la chanson. Un bel hommage donc, à
ceux qui, en dépit de l’indifférence des gens, des hommes politiques en
particulier, oeuvrent pour combattre la
misère.
Dernière chanson de l’album. Et dernière chanson cosignée par
Christian Accardi. Tant je t’aime. Une femme de marin attend dans un port
l’homme que tant elle aime, et qui n’est pas là. Reviendra-t-il ? L’océan
est-il si bête qu’il le ramènera ? Une lampe-tempête est clouée sur la
porte, les souvenirs sont dockés sur les quais méthaniers, mais si le cœur de
la dame se prend pour un poète, le port demeure triste et il pleut sur Le Havre,
trop paisible. Serait-ce parce que les rêves, comme les bateaux et les pays où
ils mènent, ne sont pas les mêmes pour lui que pour elle? L’attente sera
vaine et la dame demeurera seule dans sa tour, dans son phare. Une jolie chanson
douce-amère sur les doutes, l’incertitude, la désillusion et, finalement, la
solitude.
S’ajoutent à ces quatre chansons cosignées Michèle Torr et
Christian Accardi deux titres signés Michèle Torr et Daniel Mecca. Le premier,
loin de la Baltique et de la Mer du Nord évoqués dans Tant je t’aime, c’est La
fille du soleil, dont il existe aussi deux versions en public sur les Olympia
2002 et 2005. « Passer à l’orange dans un monde étrange où l’amour se
change en argent », un monde de caresses, de toujours, de promesses, et
d’amour blessé…C’est là que nous emmène la fille du soleil, capable pour
quelques sous de nous changer le ciel, de soigner nos cœurs rebelles, de nous faire oublier les amours déçues et le
désespoir, d’illuminer nos nuits, de peindre des arcs-en-ciel sur nos murs bien
trop gris. Elle s’adresse à chacun mais on n’est pas tout seul dans le monde de
cette « mauvaise » fille-là. Evocation du métier d’artiste, entre
fille de lumière et fille de joie. Une chanson qui n’a l’air de rien, mais
simplement lucide, acide et lumineuse.
Et on reconnaît en Dans le blues de l’amour la métamorphose
de Tu ne vaux pas une larme. La chanson est devenue un duo entre le mari à qui
Daniel Mecca prête sa voix : c’est lui qui, hypocrite, alors qu’il
s’apprête à partir, regrette les soirées au cinéma, et c’est cette remarque qui
semble déclencher la série de reproches précédemment évoquée. La voix est plus
sourde, les guitares plus agressives, la rancœur plus profonde. Les chœurs plus
présents semblent faire vrombir la colère. Plus question d’une bourse de
l’amour, mais de vrai blues, ni de La femme du boulanger : la dame a perdu
ses envies, son sourire trop longtemps effacés. Si la teinte nettement
humoristique de la chanson s’en trouve affadie, elle y gagne en force et
devient une chanson de scène diablement efficace.
Elle sera pourtant écartée du spectacle créé à l’Olympia en janvier
1998, mais les cinq autres chansons en feront partie ; Regarde-les
disparaîtra assez rapidement du tour de chant, de même que Seule, remplacée par
Je ne suis qu’une femme dont le sujet est très proche ; Tes silences et
Tant je t’aime, de même que La fille du soleil, feront partie du spectacle
Acoustique de 2001 et seront réenregistrées sur l’album Acoustique – Mes plus
belles chansons qui sortira la même année, en octobre. En attendant
Donner, en 2002.
Mais avant Donner, il y a eu deux chansons inédites
enregistrées en public en 1999, sorties sur le double CD Portrait de scène.
Toutes deux sont signées Michèle Torr et Daniel Mecca. La première c’est Sur
les routes (CD 1). Musique de Claude Hazan. Il y est question de la
vie de saltimbanque que mènent chanteurs et musiciens, artistes de tous poils
qui passent beaucoup de temps en déplacements, entre une ville, un village et
le suivant, lors des tournées. Arbres qui défilent, hôtels, loges, rideaux,
scènes, voix qui appellent, des sourires, des visages…Le vrai voyage, c’est
lors du spectacle qu’il s’effectue, avec le public…Chanson tranche-de-vie, où
sommeil rime avec soleil, que Michèle Torr et Daniel Mecca partagent, sans
vouloir les offenser, depuis des lustres et même des décennies. Ils savent de
quoi ils parlent.
La seconde, c’est Charlotte (CD 2), qui sera aussi présente
sur le CD single Je te dis oui qui sortira en septembre 99. Michèle Torr
s’adresse à sa petite-fille Charlotte, la première de ses petits-enfants. Elle
est tout à la fois petite, douce, fragile, ange, soleil, île, paradis, chanson,
poème et source, « un peu de moi
que je retrouve en toi… », la « petite Charlotte que j’aime » C’est
une jeune grand-mère qui s’émeut et s’émerveille d’un « bout de vie qui
babille » comme elle le prévoyait dans Je serai ton amie en 1993, mais
c’est finalement son fils qui lui aura le premier donné cette joie. Charlotte
(la chanson) sera présente sur scène au Casino de Paris.
Michèle Torr et Daniel Mecca sont aussi les auteurs de L’an 2000, créé à l’occasion du
Casino de Paris en septembre 1999, inédit à ce jour. Le compositeur en est
Claude Hazan. En voici les paroles :
L’an 2000
Les années filent on
court on court jamais le temps
C’est pas facile de
s’arrêter juste un instant
Pour vivre simplement
au présent
Mais aujourd’hui je
voudrais prendre cet instant Pour qu’il me reste à tout jamais au fond du cœur
Chanter avec vous ce
refrain
Juste comme ça pour
se faire du bien
Pour ne pas oublier
que demain
Refrain :
Ce sera l’an 2000
On fera tout c’qu’on
peut
Pour s’aimer encore
L’an 2000
Nouveau monde et
nouveaux jours
Pour que l’amour soit
toujours plus fort
L’an 2000
Je veux chanter pour
qu’on soit toujours ensemble.
Je voudrais dire à
tous ces hommes qui se déchirent
Combien de temps
combien de jours faut-il encore
Pour voir enfin nos
enfants sourire
Car si le monde ne
vit plus que par des chansons
Tout changera
C’est l’amour qui
aura raison
Nous chanterons encore
ce refrain
Juste comme ça pour
se faire du bien
Pour ne pas oublier
que demain ce sera
Refrain : (2 fois)
Ce sera l’an 2000
On fera tout c’qu’on
peut
Pour s’aimer encore
L’an 2000
Nouveau monde et
nouveaux jours
Pour que l’amour soit
toujours plus fort
L’an 2000
Je veux chanter pour
qu’on soit toujours ensemble.
L’an 2000.
Merci à Jean-Raymond
Peyronnet, qui nous a remis sa transcription des paroles de cette chanson.
Donner sort en avril 2002. Il comporte encore trois chansons
cosignées par Michèle Torr. Trois chansons imprégnées de tristesse.
D’abord Comme ces pianos, avec Santo Barracato, le frère de
Frédéric François. Une chanson dans laquelle on retrouve des bribes d’autres
titres, comme autant de réminiscences qui ressurgissent du passé, de façon
assez décousue, comme du casson ; on reconnaît en particulier des
citations de Le Temps, sorti en 1984 sur Donne-moi la main, donne-moi l’amour,
dont les paroles étaient signées Rodolphe Hassold :
« Etrange déchirement…Etrange mélange », « Etrange après-midi d’automne… »,
« Je n’ai pas vu (On ne voit pas) passer le
temps »,
« Mon cœur se serre (appelle) et se déchire »,
« J’ai trop souvent fait mes valises »,
Ou « J’irai chanter jusqu’au bout de ma vie »,
emprunté à Minuit heure locale, sur le même album.
Ou bien encore « les (vos) enfants ont grandi »,
déjà entendu dans 20 ans d’amour en 1985. Et :
« Et moi je suis
Comme ces pianos
Qui pleurent de nostalgie
Sans dire un mot » a aussi été chanté dans Romantique
féminine, en 1984.
Une chanson sur le déchirement de l’artiste qui a sacrifié
sa vie familiale au profit de sa passion de chanter. Une chanson façon
madeleine de Proust qui nous rappelle d’autres chansons, et des souvenirs, qui
fera partie du tour de chant de l’Olympia 2002…
Ensuite Tu veux chanter, en duo avec David Lazaro. Les
paroles sont d’elle, de lui la musique. Au sujet de la transmission de la
passion de la chanson, du partage du goût de chanter. Chanter, pour
« libérer toutes ces choses qui dorment en » soi, une façon pour l’artiste
d’appréhender, d’apprivoiser le monde qui l’entoure (« pour bien
comprendre ce qu’il se passe autour de » soi, pour « libérer ce poids
qu’on ne supporte plus », « pour oublier » ce qui échappe,
ce qui s’écroule, pour retrouver la force et la victoire tout en
s’appuyant sur le passé (« des mots que l’on entendait
plus …»). Le chant, conçu comme une sorte de thérapie. L’essentiel, lui
dit-elle, est de ne pas mentir au public : « ne leur mens pas »,
la sincérité avant tout…
La chanson sera reprise encore en duo avec Eric Payan,
pianiste et arrangeur, sur la scène de l’Olympia en novembre et janvier 2003,
et sortira aussi sur le double CD Olympia 2002 en avril 2003. Un moment fort de
la deuxième partie de ce spectacle. Un beau duo-duel de voix à l’accent du sud
qui a fait vibrer le music-hall du boulevard des Capucines.
La troisième, et seconde chanson cosignée avec David Lazaro
s’intitule Emmène-la. Le titre rappelle inévitablement Emmène-moi danser ce
soir, mais la rupture est consommée. Supplique au mari qui s’en va de ne pas
abandonner celle qu’il a aimée, livrée aux démons de l’après-bonheur :
ivresse, cris, SOS, volets fermés…Dépression au-dessus du jardin, dirait
Gainsbourg…
Le 14 novembre 2002, Michèle Torr crée, en ouverture de son
nouveau spectacle, à l’Olympia, C’est ma première, cosignée avec Eric Payan,
qui est aussi l’auteur de l’instrumental Naïs qui a constitué la charmante
transition entre les première et seconde parties du spectacle Avant d’être
chanteuse, à l’Olympia également, en mai 2011. C’est ma première est une
variation sur le thème de Rentrer sur scène, avec l’évocation du trac avant
l’entrée en piste ( cœur au bord des lèvres dans la caresse des notes et des
mots) , mélange de peur et de plaisir, et
un hommage appuyé à ses parents, par la citation de A mon
père : « ce facteur du courrier du cœur qui a toujours fait mon
bonheur » et « au moment où tapent
les trois coups, je caresse une alliance à mon cou », dont on sait bien
qu’elle appartenait à sa mère. « C’est le théâtre de ma vie, mes parents
me sourient… » tous deux réunis très haut dans le ciel, jusqu’où les notes
sont montées. La chanteuse n’est apparue sur scène qu’au milieu de la chanson. Par ailleurs, sur le piano d’Eric Payan, on
verra un peu plus tard l’ours en peluche que lui a offert sa mère à l’occasion
de son premier Olympia.
En 2005 Côté soleil (La couleur des mots) est un titre pour
faire la fête, après les rappels et avant le final (C’est l’amour), sur la
scène de l’Olympia, les 11, 12 et 13 mars, fête pour couronner 40 ans largement
révolus d’une carrière diversement rythmée, mais lumineuse et colorée. Signée
Michèle Torr et Daniel Mecca. On la retrouvera, autrement orchestrée, sur un
rythme hispanisant, sur La Louve, l’année suivante.
En 2006, La louve est distribuée uniquement en Maison de la
Presse. Après le projet d’un single, avec juste Côté soleil, c’est finalement
un album de 16 chansons qui sort. On y trouve une nouvelle version acoustique de
La louve, qui date de 1974 (face B de Une vague bleue, aussi sur l’album Un
disque d’amour…) chantée pour la première fois en public à l’Olympia en 2005
dans une ambiance cabaret. Pas signée Michèle Torr ? Elle dit cependant en
être à l’origine, et avoir pour le moins directement inspiré les auteurs…
« J’ai composé la musique de cette chanson et c’est mon
ex-mari, Jean Vidal, qui l’a signée » (Platine, décembre 1997).
En 2008, le CD Ces années-là, prélude à un Olympia du 10 au
13 avril, sort le 3 mars. Deux nouvelles chansons, sur les sept inédites que
compte le disque, qui contient par ailleurs sept reprises ou adaptations, sont
cosignées par Michèle Torr (pardon, Michelle Torr, car pour l’occasion et pour
quatre ans, la chanteuse perd l’accent de son prénom mais retrouve ses deux
L ; mais elle ne s’y fera pas ; nous non plus, car Michèle Torr reste
et restera Michèle Torr).
D’abord Toutes ces nuits, avec Daniel Mecca pour les paroles,
et Philippe-Sylvain Sagnier pour la musique. Déclaration d’amour au son de
guitares et de chœurs rock’n’roll.
Ensuite On se reverra, avec Iren Bo. Evidemment une chanson
de scène. Cette fois, c’est au public que s’adresse la chanteuse et qu’elle lui
déclare son amour et surtout qu’elle le remercie pour celui qu’il lui porte. Sur
des nappes de piano et des chœurs essentiellement masculins, qui répondent pour
nous. Les yeux qui brillent, les larmes et les sourires de fin de concert…Une
histoire d’amour qui a tant duré qu’elle semble éternelle.
Ces deux chansons seront en bonne place dans le spectacle
Ces années-là à l’Olympia puisque Michèle Torr chantera On se reverra en
dernier rappel (le titre du spectacle y est répété : « …Michèle c’est
toi, toi qui nous as donné ces joies toutes ces années-là… » chante le
chœur des musiciens, et Toutes ces nuits constituera le final. Est-ce au public qu’elle parle, et qui est là toutes
ces nuits qu’elle passe avec l’homme de sa vie quand c’est vers la salle
qu’elle pointe le doigt, ou à celui-ci qui est là malgré tout, toutes ces nuits
passées avec le public, qu’il soit dans la loge, dans la salle ou
ailleurs ? Souvent les auteurs aiment jouer sur cette ambiguïté, quand
l’amour d’un homme et l’amour du public deviennent la métaphore l’un de
l’autre…
On en trouve donc une version live sur les Double CD et DVD
de l’Olympia 2008 uniquement disponibles sur le site de la chanteuse : www.micheletorr.com.
C’est aussi Toutes ces nuits qui clôt le spectacle Avant
d’être chanteuse, en 2011. (Double CD et DVD Olympia 2011 parus en février
2013).
Avant d’interpréter le Notre Père, juste après J’en appelle
à la tendresse, au cours du spectacle Avant d’être chanteuse, les 6, 7 et 8 mai
2011, sur la scène du boulevard des Capucines, Michèle Torr a déclaré :
« Pour moi chanter c’est donner, bien sûr
c’est aimer, mais c’est aussi prier ».
En quelques mois ces mots sont devenus le refrain d’une
chanson et le titre d’un nouveau CD sorti le 12 novembre 2012 : Chanter
c’est prier. La chanson portant le même titre est cosignée avec David Lelait-Helo.
« Chanter c’est donner
Chanter c’est aimer
(Chanter
c’est prier)
Mais c’est surtout surtout prier
Chanter sans s’arrêter
Donner sans compter
(Chanter
c’est donner)
Aimer sans se lasser
Prier pour l’éternité, » entend-on dans le refrain. On
y retrouve les mots prononcés à l’Olympia, et on reconnaît dans les couplets
une autre patte, tandis que la musique est signée Patrick Liotard, arrangeur de
l’ensemble du CD. Un prélude à 10 reprises et adaptations de chansons
« spirituelles » mais de variété, qui s’ajoutent au Notre père créé
en 2011, par lesquelles la chanteuse exprime sa foi. Seule chanson entièrement
originale de l’album, elle a dû être écrite au moment de l’enregistrement de
ces titres en studio, au cours de l’été 2012. Une drôle de liturgie : de
la batterie, d’énergiques guitares, des claviers alertes, des chœurs façon
Pretenders… un rythme résolument rock pour une profession de foi atypique.
Chanter c’est prier est à ce jour le dernier titre signé
Michèle Torr. Peut-être y en aura-t-il d’autres parmi les nouvelles chansons
que prépare la chanteuse pour sa future rentrée parisienne qui, on le souhaite
et on nous l’annonce déjà, sera précédée d’une rentrée discographique : la
chanteuse sera bientôt en studio et un album de chansons inédites est prévu pour
octobre. D’ici là on imagine, on a l’esprit qui part à la
dérive…
A suivre, peut-être...
© G.D. & E.D.
qu'est devenu christian accardi ?
RépondreSupprimerPourquoi ne parle t on pas de la album à mi vie? Je l'ai adoré.
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