mardi 2 juin 2015

Michèle Torr chante sa Provence.


« Une petite Française née en Provence
Quand elle avait quinze ans vint à Paris… »
Une petite française, 1977.
« Elle allait en vacances
Près de Saint Paul de Vence
Elle partait avec lui
Au soleil du Midi … »,
Cette fille c’était moi, 1976.
« Je m’appelle Michèle
J’ai le cœur en Provence
Où j’ai laissé mes souvenirs
Tous mes souvenirs… »
Je m’appelle Michèle, 1976.
« Cet homme du Midi de la France
Ce baladin de la Provence…
Il m’appelle Méditerranée
Depuis le jour où je suis née… »
A mon père, 1983.

Tout le monde a en mémoire ces quelques mots, sur quelques notes, qui ont suffi à faire de Michèle Torr une ambassadrice de sa région natale, la Provence, puisque c’est à Pertuis dans le Vaucluse qu’elle est née il y a quelques printemps, un lundi de Pâques.

« J’ai chanté ma Provence »,
Je ne veux chanter que l’amour, 2014/2015.
Et comme elle aime « sa » Provence, elle continue de la chanter.


La Provence, ce sont parfois quelques phrases au fil d’un titre moins connu:

« Je n’oublierai jamais
Les moments passés
Quand chantaient les cigales
Tout au long de l’été »,
 (Je n’oublierai jamais, 1977),
« Un bateau sur la Méditerranée…
Pas d’orage
Et pas le moindre nuage
On écoutait les cigales
Chanter au mois d’août »,
 (Juste après l’été, 1979),
« C’est un ciel de Provence et la Bretagne en pluie »,
(La province, 1984).

« Quand mes illusions renaîtront en Provence
Que ces jours trop longs seront des rires d’enfance
Quand la lumière dans ma chambre sera couleur de miel
Je serai seule à entendre un amour qui m’appelle. »
(Un amour qui m’appelle, 1985)

« Mes amis vous êtes venus un soir de printemps
Ensoleiller tous mes instants
Pour vous j’ai chanté au beau pays des cigales
Sous un ciel parsemé d’étoiles
Devant mes parents tu sais
Et les copains de mon village »,
 (Ma star à moi, 1999 ;
chanson inédite créée pour le Casino de Paris, signée Jean-Jacques Debout)


La Provence, c’est Courthézon, le village où elle a passé une partie de son enfance, et qu’elle a parfois évoqué dans ses chansons.
Dans Le cours de chant, en 1978 :
« En 62, dans un petit village de Provence, j’apprenais à chanter, sur la musique de mon professeur de chant…De Courthézon à l’Olympia il n’y a qu’un pas mais qu’il est long, ce chemin-là, il ya des jours de désespoir et puis des jours de gloire, de Courthézon à l’Olympia je n’oublie pas… » .
Dans Le pont de Courthézon, en 1980, bien sûr, sur laquelle on reviendra.
Dans Le Temps, en 1984 :
« Seize ans déjà que tu es né à Courthézon un jour d’été…Je boucle le dernier maillon, je reviendrai à Courthézon ».
Elle y a acheté dans les années 70 l’ancienne usine à balais où avait travaillé sa mère, qu’elle a fait transformer en résidence secondaire, et une maison, au début des années 2000, « La maison de mon père », dans laquelle celui-ci n’ pas eu le temps de s’installer puisqu’il est décédé en janvier 2001. 


Le jardin du château qui fait office de mairie est fleuri de roses blanches, et sur le répondeur de la mairie en question, c’est Le pont de Courthézon qui nous a accueillis il y a quelques années … 


Et on se rend compte qu’en fait, Michèle Torr a plus parlé de la Provence qu’elle ne l’a vraiment chantée. Cependant, on compte dans son répertoire une petite dizaine de titres qui
évoquent plus longuement son « pays » natal et ses environs.

La maison de mon enfance, en 1978, est une belle chanson d’atmosphère, entêtante comme un souvenir dont on ne peut se défaire, qui parle de façon impressionniste de réminiscences d’enfance : « Il y avait un air de Provence dans la maison de mon enfance…Ma poupée était la plus belle, la musique était naturelle… ».


Le pont de Courthézon, en 1980, c’est  la face B du 45 tours Pendant l’été, cosigné par C. Jérôme, qui n’a pas eu beaucoup de retentissement malgré une jolie mélodie et un long solo de saxophone un peu jazzy, et c’est aussi la plus connue. Michèle Torr l’a inscrite à son tour de chant et, très efficace,  elle a davantage séduit le public, si bien que c’est ce titre que Michèle a préféré chanter pour la promotion télévisée du 45 tours. C’est une série de clichés sur la Provence, enchaînés sur une mélodie entrainante : place au soleil, melons, mistral, cigales, vigneron, fontaine, santons, gens du voyage… Le pont d’Avignon où on « danse tous en rond » est même transporté pour les enfants à Courthézon. C’est joli comme une série de cartes postales pittoresques. A tel point que Michèle Torr lui réserve depuis plus de trente ans une place de choix dans ses concerts. Souvent quatrième ou cinquième chanson du tour de chant, elle a pour fonction de faire chauffer l’ambiance. Et cela se produit à tous les coups. Il y a même eu une version « dance », plus électronique, sur Portrait de Scène et au Casino de Paris en 1999.


Deux chansons aussi sur la Provence, sur l’album de 1985, 20 ans d’amour, Je t’aime encore, Aventurier…. Tout d’abord Amour de ma jeunesse, qui est aussi une chanson d’atmosphère, dont le climat fait surtout penser à la ville de Marseille. Histoire d’une personne –une chanteuse ?- qui revient dans sa ville, après avoir « cueilli la France », accueillie par «  l’odeur des bois de pin », « l’herbe rare », quand « les villages s’endorment bercés au vent d’Espagne qui profite parfois de l’humeur du mistral », et, « dans un écrin d’azur », elle redécouvre la lumière « éclaboussant de blanc même l’ombre des murs ». On y voit  aussi,  dans les « senteurs marines », « les quartiers surchauffés d’émotion » dont « les tables  des bars couleur de grenadine se couvrent de glaçons, d’anis et de passion ». La mélodie, signée ainsi que les paroles Guy Mattéoni, qui a signé sur Diva Je ne veux chanter que l’amour, est fébrile, comme après un coup de soleil.
 Je reviendrai dans mon pays, signée Jacques Morvan, ensuite. C’est celle qui par les arrangements est la plus traditionnelle : on croit y entendre cigales, fifres et tambourins comme dans une fête provençale. Le sujet en est presque le même : le désir de retour au pays d’une personne qui en est partie, après y avoir laissé un premier amour...
Avec Le temps en 1984 et Un amour qui m’appelle, ces chansons expriment le désir de plus en plus vif de revenir en Provence. Définitivement.


Pour Michèle Torr, ce sera chose faite, en 1987 : elle s’installe à Mérindol, domaine du Gambelet, au-dessus « d’une mer d’oliviers » et de la vallée de la Durance, tout en haut du petit Luberon, dans un ancien relais de poste, maison des rêves de sa mère, restaurée avec un membre de sa famille comme maître d’œuvre, son oncle Jeannot. C’est dans le pays d’Aygues, près de Cadenet où est née sa mère, de Pertuis où elle est née elle-même, d’Ansouis où ont travaillé ses parents, au château, et où elle a été baptisée. Près de Lourmarin, où sont enterrés Albert Camus et Henri Bosco, auteur de L’enfant et la rivière, qui se déroule dans ce « pays », Lourmarin, le plus beau des villages de Provence selon Michèle Torr. De retour  « chez elle », alors que la photo de l’album Lui avait déjà été prise dans les carrières d’ocre de Rustrel ou de Roussillon,  elle va se laisser photographier souvent, dans ces lieux qu’elle aime tant, souvent vêtue de robes ou de jupes, de t-shirts ou chemises de la marque Souleïado, emblématique de la région, en particulier à l’occasion de la sortie puis de la réédition de son livre de recettes intitulé La cuisine de ma mère, mais aussi de celle de son album A mi-vie en 1993.


A mi-vie est sans doute l’album le plus imprégné de cette atmosphère du sud, à cause de La prière Sévillane et du Final en espagnol, mais aussi et surtout à cause de deux autres titres faisant directement référence à la Provence.
Il y a d’abord Fanny sur le port, bel hommage à Pagnol qui donne la parole à la célèbre héroïne de l’auteur déjà évoqué dans Tu ne vaux pas une larme, en 1987 :
 « Ca fait trop longtemps que je ne suis pas allée au cinéma avec toi, je me souviens d’un certain film de Pagnol la dernière fois… disait une épouse trahie, faussement compréhensive,… un soir avec lui on ira au ciné revoir en nostalgie La femme du boulanger ».
Dans Fanny sur le port, on entend les confidences de Fanny, serveuse dans « un café rouge et vert » du port de Marseille, qui adresse une lettre à son amoureux Marius, parti vivre « au bout de ses rêves » à bord d’ « un trois-mâts lourd de bois des Antilles et de camphre et de poivre », et elle se remémore tristement leurs moments de tendresse dans les Calanques car elle l’imagine ailleurs, « naviguant d’île en fille ».


Il y a ensuite Mon sud, sorti en single en juin 1993. On y entend défiler les belles images d’une Provence plus authentique, terre d’ « ombre et lumière » chère à Van Gogh, faite « d’ocre et de violence », de « grands chapeaux noirs », de « chevaux sauvages », de « taureaux lourds et lents », d’ « oiseaux du voyage » qui «  viennent se réfugier sur ses rivages » ; la langue se fait plus poétique avec l’ « envol de tournesols », les « grands espaces où se noie le regard » « le mistral qui vous prend »,  et l’on y découvre qu’il  est aussi dangereux de « perdre le sud » que de « perdre le nord ». Michèle Torr a été filmée, chantant Mon Sud, dans les ruelles aux pierres dorées de Lourmarin.

«Une bastide, un jardin
Quelques roses trop blanches
Qu’on appelait Michèle
 Il pleut sur la Provence
Je pense à toi » (Tes silences, 1997, sur l’album Seule)
On y suit la chanteuse dans son itinérance, entre Paris et Provence, dans les méandres de sa vie sentimentale…
d’île en fille ».



En Provence, la chanteuse a été un peu vagabonde, un peu bohémienne; elle a vécu près de Saint-Rémy de Provence avant de revenir à Mérindol, dans la maison de pierre aux volets bleus puis dans une maison neuve crépie d’ocre rose aux volets verts, avant de partir s’installer à Aix dans une bastide, puis dans une grange transformée en maison, près du Jas de Bouffan, cher cette fois à Cézanne. Au fond du jardin, une roulotte…


C’est dans une robe de mariée typiquement provençale qu’elle a épousé M. Jean-Pierre Murzilli en mars 1995. La cravate des affiches de l’Olympia 1998 et du Casino de Paris 1999 est signée Souleïado. Mais on s’éloigne de la chanson…

On y revient en 2005, quand Michèle Torr reprend, toute de cuir et dentelle noirs vêtue, dans un nuage de fumée blanche, la chanson d’Esther Ofarim, Un Prince en Avignon, datant de 1969, hommage à Gérard Philippe. « Et la ville avec lui n’était plus qu’un cœur ». C’est aussi sur la scène du Palais des Papes que la jeune Michèle Torr a chanté, en première partie de Jacques Brel, en 1963. On imagine comme devait battre son cœur…

En 2006, sur l’album La louve, un inédit, Monsieur Cézanne, chanté avec les Petits chanteurs d’Aix en Provence, peint avec des mots à la fois la Sainte-Victoire et l’artiste qui l’a représentée sur maintes toiles, jusqu’à l’obsession : « la main de Dieu en tombant des nuages », n’est-ce la lumière qu’il a voulu capturer ? Elle parle aussi de la Sainte-Baume où « se mettent à genoux les bergers de chez nous », au son de la flûte…Cézanne, « un nouveau saint de notre Midi », dont on célébrait à Aix en 2006 le centenaire de la mort.


Enfin, en 2012, sur l’album de « prières d’amour et de partage » Chanter c’est prier, Michèle Torr chante l’hymne provençal, Coupo santo. On pouvait s’attendre, après la remise au goût du jour des arrangements traditionnels suite au succès d’une jeune Bretonne, à un écrin musical proche du folklore local pour ce texte signé Frédéric Mistral, sur  une mélodie du XXVII ème siècle de Nicolas Saboly. Pas du tout. C’est une musique résolument moderne que l’on entend, avec des guitares électriques qui donnent à la chanson une dimension épique qui lui convient : c’est quand même un texte engagé qui exprime l’espoir d’une Provence indépendante, au même titre que la Catalogne ! Un chant qui a des accents guerriers. C’est en même temps un hymne à la vie et aux plaisirs qu’elle nous offre, au vin, au Vrai, au Beau et à la poésie. Les chœurs confèrent à cette version ce qu’il faut d’angélique pour que ce soit aussi un chant de foi. Et quand Michèle la chante en concert, c’est avec une croix camarguaise rouge, la croix des guardians, inscrite dans le rideau de lumières à l’arrière de la scène.  Et quand c’est dans une ville du Sud, le public debout, le poing levé, chante avec elle. 



 Une autre version a été enregistrée avec des arrangements plus traditionnels avec les Gipsy Kings pour le pilote d’une émission de télévision produite par Michel Algay. On ne peut la découvrir que sur le DVD de la huitième saison Age tendre sorti en juin 2013, en bonus, DVD que l’on ne peut se procurer que par Internet, dans la boutique Age Tendre. Elle a été filmée en Camargue et rappelle la très belle version de La Mamma  de Charles Aznavour chantée par Michèle en duo avec le groupe Alma Ritano à l’occasion de la fête de l’anniversaire  de l’Olympia en 1993. On trouve dans ces deux versions de ces chansons l’atmosphère camarguaise, un peu gitane, que la chanteuse aime tant.
 


Et elle a chanté Coupo Santo à l’Olympia le 8 mai 2014, où elle était invitée par Le Condor (Jean-François Gérold) qui présente ainsi son groupe et sa démarche musicale :
« Loin du folklore traditionnel, le CONDOR de Jean-François GEROLD, revendique une identité régionale forte. Son but, faire résonner l’âme de la Provence au cœur du monde.
Le CONDOR, c’est également le groupe provençal qui s’introduit pour la première fois dans les musiques aux racines celtes. Il repousse sans cesse les frontières musicales et s’inscrit dans la musique du monde, la musique des rencontres, riche de son patrimoine musical, il métisse ses influences.
Le CONDOR instaure une relation émotionnelle avec son public. Le Concert devient alors l’événement en résonnance et le public une partie de l’écho ».
On les retrouvera ensemble le dimanche 21 juin 2015 dans l’émission Vivement dimanche ! consacrée à Michèle Torr pour la chanter encore.


Enfin, en 2014/2015, dans la chanson Diva qui donne son titre à un nouvel album, elle parle encore de la terre où elle habite et vient se ressourcer avant de reprendre le chemin des concerts et des tournées :
 « Nous allons nous quitter
Vous et moi
Chacun de son côté
Va retrouver son toit
Les cigales m’attendent
Et mon chat
Comme à chaque fois
Se languit de moi
On se retrouvera
Croyez-moi
Mais laissez-moi souffler
Et retrouver ma voix
Avant de repartir au combat
Pour redevenir
Votre diva ».


Ainsi la chanteuse qui ne veut « chanter que l’amour » a-t-elle rendu hommage à la terre qui l’a vu naître, et que Mme de Sévigné appelait la  « gueuse parfumée».
Cet été, elle commencera sa tournée 50 ans de chansons à Berre L’Etang, au bord des « eaux de Marthe », en Provence, le 12 juillet et celle-ci, par laquelle elle veut retrouver son public pour fêter avec lui, « loin de Paris », ses 50 ans de carrière, se déroulera essentiellement en Provence tout au long de l’été.
Elle a en projet de chanter à nouveau La prière sévillane et Coupo Santo, comme elle l’a fait à Loret del Mar, en Catalogne, sur la Costa Brava, le 13 avril dernier. Avant peut-être de réfléchir dans les mois à venir à un projet discographique dont l’Admirateur a parlé il y a quelques mois : et si l’artiste enregistrait un album sur la Provence avec des vrais auteurs de là-bas ? 

Fin.

©GD et ED

3 commentaires:

  1. MAGNIFIQUE MICHELLE TORR !
    NÉE SOUS LE SIGNE DU BÉLIER MAIS ON NE CONNAIT PAS SON SIGNE ASCENDANT ?

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  2. Bonjour Michèle j'ai une photo de vous vous êtes venu chanter en février 2020 dans ma ville la roche sur yon 85000 j'aimerais bien vous revoir car je voyage beaucoup en France je m'appelle Lionel mon adresse mdsf 31 boulevard Augustin rouillé la Roche-sur-Yon 85000 mon numéro portable 0617897529 merci de me répondre à mon mail vous êtes adorable vos chansons sont merveilleuse gros bisous prenez soin de vous

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