mardi 17 juin 2014

L'Admirateur raconte: Michèle Torr fait son cinéma.



« Chanter, jouer la comédie, ce sont deux métiers différents. Enfin pas complètement. Je pense que les chanteurs en général ont envie de jouer la comédie, les comédiens de chanter. Cela se voit souvent. Et j’ai envie aussi. J’espère faire au moins un film, un jour, intéressant » a dit Michèle Torr sur le plateau de Sacrée Soirée, en novembre 87, avant d’avouer qu’elle en avait déjà tourné un (Le diable aime les bijoux).
Le cinéma, le théâtre, la comédie… une envie, une tentation, mais aussi un thème que l’on retrouve dans quelques chansons… 


« Autour de moi je vois tourner
Un décor d’ombre et de papier
Pardonne-moi de ne plus croire
A cette illusion
On s’ennuie dans notre histoire
Le film est trop long… »
(Le film est trop long, 1966)
Cela pourrait être une définition du cinéma : décor d’ombre et de papier, une illusion…


En 1966, 1967, 1968, tentée par le cinéma, Michèle Torr arbore un look inspiré par Marylin Monroe, qu’elle admire, cheveux blonds, courts mais pas trop,  du volume, raie sur le côté, en particulier sur la pochette de Pauvre Cœur. En 1971, les Japonais la compareront à Catherine Deneuve. Mais cela, ce n’est pas du cinéma…


 Une série de vols mystérieux, de bijoux et de pierres précieuses, se produit dans de nombreux pays européens. Ces joyaux ont tous appartenu à la collection d’une organisation secrète, l’ancien Ordre de l’Aigle d’Or. Une exposition est organisée à Tolède. Interpol monte la garde mais, malgré les précautions, un autre vol se produit. L’enquête mène à un mystérieux personnage, le Duc, qui, au XX° siècle, veut faire revivre cet ordre ancien.
  

Le film a été tourné en Espagne, le long de la côte d’Alicante. C’est une coproduction entre l’Espagne, le Canada et la Tunisie. Il est sorti au Canada sous le titre Le Diable aime les bijoux, et en Espagne en 1969, puis à, nouveau en 1982, sous deux titres différents : Las joyas del Diablo, puis El secreto del Toison de Oro. Il est signé Jose Maria Elorietta. C’est un film dans lequel se mêlent action, aventure, enquête policière, espionnage et satanisme.
Mais que fait dans l’histoire le personnage de Dorothea, interprété par Michèle Torr ? D’abord, en duo avec Donald Lautrec, elle chante. Si l’on en croit la chanson Si tu pars, elle serait la maîtresse d’un homme impliqué (à quel titre ?) dans le vol des bijoux, qui essaie de la préserver, mais, curieuse, Dorothea va se trouver entrainée dans l’action. Sur les quelques images disponibles sur le Net, on la voit sortie de sous un lit, ligotée et bâillonnée, puis très vindicative lorsque le bâillon lui a été retiré ; on la voit aussi qui assiste, enthousiaste,  à un spectacle de danse dans une boîte de nuit à Tolède, au son du flamenco (c’est que la danseuse est aussi impliquée dans le vol des bijoux) ; elle apparaît enfin affublée d’une perruque brune au cheveux lisses : c’est Dorothea qui, sous ce déguisement, va solliciter auprès du Duc, le responsable présumé du vol des joyaux, un emploi qui lui permettra de s’infiltrer dans son organisation. On tremble pour elle, mais comme elle semble avoir la langue bien pendue, on ne se fait guère de souci.
3 719 889 entrées en Espagne (tout de même!) et 150 000 au Canada.



Peu de gens en France ont vu ce film qui semble être un nanar culte utilisant les ficelles des films d’espionnage à la James Bond, et qui a été jugé comme une « petite chose» avec des « comédiens sans charisme » par la presse espagnole l’une des dernières fois où il a été diffusé à la télévision ! Cela nous console un peu de ne pas l’avoir vu…mais un peu seulement. 


Par contre, si on ne parvient pas à se procurer la bande originale du film, on peut écouter la chanson Si tu pars sur Youtube ainsi que sur un CD compilation de Donald Lautrec sorti au Canada : Donald Lautrec, Les grands succès, 2006 (Disques Mérite, « Jupiter »). Si tu pars est la chanson 17. Signée entre autres Mick Micheyl, aussi actrice dans le film.
« Ce n’est pas sorti et j’espère que ça ne sortira jamais !
- Pourquoi ?
- Parce que c’était pas terrible, » a déclaré Michèle Torr à Jean-Pierre Foucauld lors d’une Sacrée Soirée diffusée le 18 novembre 1987. Des images du film ont été diffusées et la chanteuse a estimé sa carrière d’actrice définitivement compromise. En tout cas, elle aura bien ri, et les spectateurs avec elle !

Après cet essai qui ne sera jamais vraiment transformé, Michèle Torr enregistrera quatre titres pour le générique de 3 films et d’une série télévisée :


-         il y aura d’abord Fleur de pavot, pour L’homme qui trahit la mafia, produit en 1967. C’est une chanson sur les bienfaits (tout relatifs) de la drogue que l’on entend dès le générique de début de ce film de Charles Gérard, avec Robert Hossein, qui raconte une enquête policière visant à élucider le meurtre d’un trafiquant de drogue américain et de sa secrétaire, qui a aussi coûté la vie à une hôtesse de l’air.
Fleur de pavot, innocente fleur, fleur du mal qui s’ignore,  dont le parfum fait rêver ceux qui n’ont plus rien, héroïne d’un roman qui vole en fumée, illusion de plus que l’on a perdue, jolie fleur du mal, sur un rythme lentement jazzy.



-         Puis Dis Pierrot, pour Une fille nommée Amour, en 1969, un film de Sergio Gobbi qui n’est pas non plus resté dans les mémoires…Au cours d'une réception, une jeune femme est  victime d'un accident qui l'immobilise pour la vie sur un fauteuil roulant. Un jour, elle assiste de sa fenêtre à une fête qui se termine mal : un mystérieux meurtrier déguisé en Pierrot se réfugie chez elle. Mais tout cela n'est peut-être qu'un cauchemar...Chanson signée Romuald et Pascal Sevran, qui s’adresse au meurtrier plus qu’au personnage lunaire (« Dis Pierrot, d’où viens-tu… ? »). Un peu plus tard Pascal Sevran signera pour Michèle Torr On s’aimera un peu, beaucoup, et Est-ce mon cœur ou le printemps ? qui sont toutes deux inédites mais qu’on peut entendre sur Youtube. 




-         Ensuite Ceux du parking, en 1882, pour la série télévisée Joëlle Mazart. Evocation des jeunes des banlieues difficiles sur un rythme à la fois lent et syncopé, pour clore chaque épisode de la suite du feuilleton à succès Pause Café dont l’héroïne, assistante sociale, a les traits de Véronique Jeannot. Signé Didier Vasseur.


-         Enfin Le voyage en bateau, en 1984, pour Les parents ne sont pas simples cette année, de Marcel Jullian. La chanson, sur le bonheur qui inquiète quand parfois il déborde, avant qu’il ne décroisse, est signée Jean-Jacques Debout. Le film, dans le prolongement du succès de La Boum et La Boum 2, met en scène la petite sœur de l’une des héroïnes de ces deux films. Une très jolie mélodie, riche et mouvante comme l’eau d’une rivière, qui nous emmène loin dans l’émotion, probablement plus loin que le film n’est parvenu à le faire.



 Entre temps, en  1976, sur son premier album de reprises de chansons anciennes, Michèle Torr reprend Les feuilles mortes, de Jacques Prévert et Joseph Kosma, qui a été écrite pour le film de Marcel Carné Les portes de la nuit, dans lequel Diego, incarné par Yves Montand, en chantonne des bribes.
Par ailleurs, la chanson Parlez-moi d’amour, qui date des années 20, a été aussi interprétée par Dalida dans le film Parlez-moi d’amour sorti en 1961.
Michèle Torr y reprend également La complainte de Mackie, inquiétante chanson tirée de L’opéra de quat’sous, de Berthold Brecht, portrait d’un sinistre meurtrier.
On apercevra aussi la chanteuse dans un épisode de Commissaire Maigret, chantant à la télévision Petit Papa Noël, en 1977 vraisemblablement.


« Je me souviens…
Le ciné d’Hollywood
James Dean Natalie Wood
C’était bien »,
A propos de La fureur de vivre,  La musique de mes idoles, 1980.

« Tu sais la vie n’est…
Pas un film d’Elia Kazan, c’est la vie simplement »,
Mon fils, 1980.

« Dans un décor de Fellini,
Bateau brisé, nuages gris,
On jouait La Strada pour moi aussi »
(Mélancolie femme, 1981)

Dans Romantique, féminine, en 1983, c’est une multitude d’héroïnes de romans et de films qui sont évoquées : La maîtresse du lieutenant français, Les Hauts de Hurlevent, La Princesse de Clèves, Madame Bovary, Scarlett O’Hara (d’Autant en emporte le vent), Mayerling (cité aussi dans la chanson De l’amour,  en 1981)… sont aussi connus, pour la plupart, comme films que comme romans.

« Je voudrais t’emmener
Rêver dans mon ciné
Remonter dans le passé »,
1900, 1983.

« Le film de ma vie défile
Sur les pages jaunies de mon livre
Seize ans déjà que tu es né
A Courthézon un jour d’été »
(Le temps, 1984)

« C’est une chanteuse de rock
Qu’on voit dans les revues
Une star de cinéma
Quelqu’un comme vous et moi ».
En 1987, sur l’album Qui, Cendrillon rock nous parle de la déconnection de la vie réelle ou de celle qu’on s’est rêvée, et de celle qu’on vit, engendrée par la célébrité.

En 1987, sur l’album I remember you, le refrain de Toi émoi est essentiellement composé d’une liste de films qui évoquent la passion amoureuse sous toutes ses formes : La Dolce Vita, Love story, Jeux interdits, Les enfants du Paradis…, en mémoire des moments heureux d’un amour qui meurt,  tandis que les couplets retracent les chaos de la  vie de couple dans ses détails les moins poétiques (retours tardifs, suspicions, réconciliations provisoires sur l’oreiller). Comme si la vie était moins belle que son reflet dans les films. Au cinéma, la passion dans ce qu’elle a de plus intense et de plus beau, dans la vie dans ce qu’elle a de moins reluisant et de plus douloureux.

Marcel Pagnol est aussi évoqué dans Tu ne vaux pas une larme :
« Je me souviens d’un certain film de Pagnol la dernière fois…
J’ai mal mais je sais
Qu’un soir avec lui
On ira au ciné
Revoir en nostalgie
La femme du boulanger ».

En 1988, la pochette de Je t’avais rapporté est très cinématographique, avec ces bordures qui imitent une pellicule de chaque côté… 

Michèle Torr a aussi voulu rendre hommage de façon plus appuyée à Pagnol en 1993, en consacrant une chanson entière à son personnage de Fanny, présent dans la trilogie Marius – Fanny – César. Elle s’intitule Fanny sur le port et évoque l’attente et les inquiétudes de la jeune femme après que celui qu’elle aime s’est embarqué sur un bateau pour exercer ainsi le métier dont il rêvait, alors qu’elle est restée, à sa place, auprès du père de son amoureux,  afin de l’aider à gérer le café qu’il tient sur le Vieux port de Marseille.




Michèle Torr joue parfois la comédie dans des sketchs diffusés dans les émissions de Patrick Sébastien, Sébastien c’est fou, Carnaval ou Farandole. Elle a incarné en particulier la Vieille, inspirée d’une chanson de Michel Sardou, en 1987 ou parodié Anne Sinclair.


Dès les premières images de Ma vie en rose d’Alain Berliner, en 1997, on entend Emmène-moi danser ce soir, que chantonne l’un des personnages féminins du film se préparant pour une réception (une crémaillère). Le héros est un jeune garçon de 7 ans prénommé Ludovic, dont la seule ambition est de devenir une fille lorsqu’il sera grand. La famille Fabre, dont la mère est interprétée par Michèle Laroque, s’installe dans une banlieue pavillonnaire. Le patron du père habite en face. La famille comporte une fille et trois garçons. Ludovic est le petit dernier, qui fera faire à tout son entourage l’expérience de la différence puisqu’il se montre pour la première fois à ses voisins déguisé en fille. Un peu plus tard, on entend le refrain et la moitié du deuxième couplet de la chanson sur laquelle dansent les invités:
« Qu’est-ce que c’est beau ! déclare la voisine qui est aussi la femme du patron. J’avais toujours dit que le premier qui m’invite à danser sur ce morceau je l’épouse ; et c’était toi… »
avant que la grand-mère de Ludovic ne lui préfère une musique plus rythmée. Un film aussi émouvant que drôle, sur la quête d’identité d’un petit garçon particulier, dans lequel la voisine, certes naïve, n’est pas dénuée de sensibilité. Mais François Ozon ira plus loin dans l’utilisation de l’image de la chanteuse…

Dans la série Hommage, sur le CD consacré à Charles Aznavour par les éditions Atlas paru en 1998, Michèle Torr reprend Les comédiens. La chanson ne parle pas des acteurs de cinéma mais de ces artistes itinérants dont les troupes se produisaient par le passé dans les campagnes, de village en village, menant une vie nomade, une vie de Bohémiens qui ressemble beaucoup à celle des chanteurs en tournée, perpétuellement sur les routes. Les camions ont remplacé les roulottes, les spots ont remplacé les calicots…Une chanson délicieusement délicate interprétée avec la vivacité, la gaieté dont les saltimbanques doivent  ne pas se départir.


Il y a eu aussi, dans ces années 90, de mystérieux essais avec Georges Lautner, le réalisateur des Tontons flingueurs, mais le projet ne semble pas avoir abouti…


Bâillonner Michèle Torr, sacrilège ou fantasme de cinéaste ?



Au début des années 2000, L’amertume de la chanteuse devant l’utilité des fils barbelés…est un moyen-métrage d’Armand Lameloise, d’environ 45 minutes, qui raconte l’histoire d’une infirmière, interprétée par Fabienne Babe, qui se rend au domicile d’un adolescent atteint de mucoscidose  pour l’accompagner dans son agonie, puisque le jeune homme va décéder à la fin du film. Entre temps elle s’offre à lui pour qu’il découvre l’amour charnel une fois, avant de mourir. Cette jeune infirmière a une passion pour la chanson, qui lui sert d’échappatoire quand son métier devient trop difficile, et elle est parfois témoin d’apparitions miraculeuses : ce sont ses chanteuses préférées qu’elle voit apparaître, et l’une d’entre elles est Michèle Torr qui, vêtue d’un tailleur mauve à motifs floraux, l’accueille à sa descente de bus, juste avant qu’elle ne se rende chez l’adolescent incarné par Stanislas Crévillen. Elle lui chante Tous les oiseaux reviennent, dans une version créée pour le film, réorchestrée par Jean-Michel Bernard (…arrangeur de Chante Piaf, C’est l’amour) avant de disparaître aussi mystérieusement qu’elle est apparue. 

Le film, qui date de 2001, a été plusieurs fois diffusé à la télévision, sur France 2 et sur Arte, tardivement dans la soirée ou dans la nuit. Le DVD comporte en bonus une interview de Michèle Torr de 16 minutes, dans laquelle on la voit chez elle, dans son appartement parisien, juste avant l’Olympia 2005, le 3 mars. Elle déclare à propos de L’amertume…:
« J’ai été interpellée par le titre, mais aussi le sujet, et puis surtout la rencontre après, avec Armand Lameloise. J’ai été séduite par le côté lourd, grave, dramatique de cet homme malade, et le contraste avec l’héroïne qui, elle, est plus rêveuse, plus légère, et qui va l’aider… »


Elle ajoute qu’étonnée par le choix de la chanson, qui n’a pas été un tube, par Armand Lameloise, elle a tenu à enregistrer Tous les oiseaux reviennent, pour la réactualiser.
Elle évoque à nouveau Le Diable aime les bijoux pour dire que si l’équipe n’était pas vraiment dirigée, c’est que le réalisateur paraissait avoir quelques problèmes avec l’alcool.
« Tourner, jouer la comédie, c’est un rêve, j’ai envie, j’aimerais un jour… » rappelle-t-elle aussi.


En 2003 c’est la pochette de Dans mes bras oublie ta peine qui tient un tout petit rôle dans Ibrahim ou les fleurs du Coran, de François Dupeyron : Momo est amoureux de sa rousse voisine Sylvie, alors, comme elle aime beaucoup les chansons à la mode, il lui achète, entre autres disques, le deuxième EP de Michèle Torr. Mais, à son retour dans l’immeuble, il la surprend dans la cour en compagnie d’un autre. Par dépit, il lui jette les disques qu’il comptait lui offrir depuis le premier étage, par la fenêtre de son appartement, et ils se brisent sur le sol.

En 2005, il a été fortement question que Michèle Torr joue au théâtre, comme bon nombre de ses consoeurs telle Sylvie Vartan, ou Isabelle Aubret, un rôle dans la pièce Les monologues du vagin, écrite par Eve Ensler, mais cela ne s’est finalement pas concrétisé car Michèle Torr est partie en tournée : il a dû y avoir incompatibilité entre les représentations pour lesquelles elle était pressentie et les premières dates de la tournée Age tendre et Tête de bois.

On se rappellera aussi avoir entendu pendant quelques mois Je t’aime tant dans un spot télévisé pour un produit qu’on ne citera pas…


A propos de Potiche, de François Ozon.
Il paraît que François Ozon, le réalisateur de Potiche, a vu Sylvie Vartan au Palais des Congrès en mars 2008.
Il paraît qu’il était à l’Olympia le 11 avril 2008. Pour y voir Michèle Torr.
Ce brillant cinéaste préparait son film Potiche.
S’il commence par un anachronisme pour les puristes qui admirent Michèle Torr (le personnage de Suzanne incarné par Catherine Deneuve n’a pu s’affairer autour de son lave-vaisselle en écoutant Emmène-moi danser ce soir, sorti en 1978, en 1977 !) le film n’en constitue pas moins un bel hommage, peut-être en partie involontaire, à la chanteuse, car il ne comporte pas que sa chanson fétiche dans la bande originale.
Voyez le personnage de Joëlle, interprété par Judith Godrèche : ses coiffures, ses tenues, son jeu… rappellent inévitablement les photos, les passages télé, les reportages où l’on voyait Michèle Torr dans le parc de sa Maison Blanche, à Seine-Port, ou tenant une rose au moment de la création de celle qui porte son nom…Pour ceux qui ont dans un coin des coupures de presse de la fin des années 70 et du début des années 80, la ressemblance est flagrante.
L’image qui a été véhiculée de Michèle Torr à l’époque est bien la même : une jeune femme sage en apparence, d’abord un peu effacée, un peu trop soumise à un mari invisible, très conservatrice…
Et c’est cette même jeune femme qui un jour dans l’adversité prend sa vie en main avant de s’affirmer et de devenir elle-même. De même Michèle Torr, après le virage en lacet de l’année 90, qui se met à écrire des chansons (ce sont les CD Vague à l’homme, Seule et La Louve qui en contiennent le plus) et se produit, à partir de 1996, ce qui lui permet d’être là encore aujourd’hui…
Alors un hommage, inconscient peut-être, ou involontaire, mais un hommage quand même, autant qu’à la Catherine Deneuve des Parapluies de Cherbourg, avec aussi Jérémie Rénier qui un peu plus tard a incarné Cloclo dans un autre film, à une chanteuse (M. Torr), plus qu’à l’autre (S. Vartan), et à toutes les femmes qui ont lutté pour exister, quelle que soit l’image qu’elles ont pu donner ou que l’on a donné d’elles.


En 2011, des disques de Michèle Torr sont montrés dans Parlez-moi de vous, de Pierre Pinaud avec Karin Viard. Celle-ci y interprète le rôle d’une présentatrice d’émission de radio qui, abandonnée par sa mère  dans l’enfance, se met en quête de celle qui, dans sa dernière lettre, lui avait promis de venir la chercher à l’orphelinat où elle l’a laissée mais qui n’est jamais venue.  Dans un premier temps, sans révéler qui elle est, elle fait la connaissance d’une dame ordinaire, estimée de son entourage   malgré sa rudesse, bénévole au Secours Populaire, qui cache dans sa chambre les disques de sa chanteuse préférée : on entrevoit Un disque d’amour, J’aime, le double album Super Stars Télé en double,   Chanson inédite, Une Petite Française… C’est Je m’appelle Michèle qu’on entend, et que l’héroïne écoute la nuit, de façon à essayer de comprendre celle qui l’a abandonnée  et qui ne lui dira pas pourquoi. A la question « Est-ce que tu m’as aimée ? » elle ne parviendra qu’à lui arracher un Oui que par la force, en la menaçant de couper l’oxygène dont dépend sa vie alors qu’elle est couchée sur un lit d’hôpital.  



En 2014, le 30 janvier, Michèle Torr est invitée au théâtre du Rond-Point, à Paris, parmi plus de 450 personnes, aux 60 ans de Dominique Besnehard, qui semble être son agent pour le cinéma depuis longtemps. C’est vrai qu’il a affirmé haut et fort son admiration pour la chanteuse et sa foi en la possibilité de la voir devenir actrice –encore dans Platine dans le numéro de mai 2014-. Signe que l’espoir d’avoir un vrai rôle n’est pas mort ? L’avenir nous le dira. Occasion de la voir en photo dans Le Point ou Paris-Match en tout cas, avant qu’elle ne le retrouve pour l’émission La parenthèse inattendue. Avant aussi sa lecture de lettres de Calamity Jane, de Mme de Sévigné et de Colette à l’occasion des Flâneries d’art contemporain à Aix-en-Provence le samedi 14 juin 2014.
On apprend aussi (ou on se rappelle) que Michèle a aussi participé à une comédie musicale sur Le chat botté pour la télévision dans les années 60, ou encore qu’elle a aussi parlé du métier d’actrice dans 1900 en 1983 :
« Je voudrais t’emmener
Rêver dans mon ciné
Remonter dans le passé… »
Ou dans Le château des grisailles en 1984, qu’on retrouve sur Portrait de scène en 1999 ou dans Olympia 2011 :
« Au carnaval de mai
Les soirs de bal j’étais
Une  bohémienne comédienne idéale »…
 Des chansons dans le cours ou à la fin d’un film, quelques pochettes aperçues, quelques images, pas grand-chose… Une chronique faite de brindilles, de broutilles, de petites choses sans grande importance, peut-être guère convaincante… Alors à la question « Le cinéma, le théâtre, la télévision sont-ils passés à côté d’une très grande actrice ? », la réponse s’impose :
Avant d’être actrice, Michèle Torr n’est pas n’importe quoi,
Elle est chanteuse,
« Elle est née chanteuse » (Maurice Chevalier)
Chanteuse.

« A la voix d’or… »…

© G.D. & E.D.

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