vendredi 2 octobre 2015

Michèle Torr chante les enfants


« Moi je t’aime…
Pour les enfants à venir
Et le présent à écrire »,
Un mot de toi, 1986.

Quelquefois avant, quelquefois après, et parfois sans mariage du tout, viennent les enfants.


Michèle Torr a donc chanté les enfants :
L’enfant et l’oiseau, en 1970.
« Et sans avoir de Rolls
Il n’y a pas mieux je crois
Quand je vois quelques gosses
Qui jouent autour de moi »,
Une petite Française, 1977.
 « Sur une bicyclette
On verra passer peut-être
Un enfant… »,
Pendant l’été, 1980.
« Folle de la Terre des océans
De chaque fleur de chaque enfant… »,
Et si plaisir d’amour, 1986.
 « Je t’avais rapporté …
Des sourires d’enfants
Courant sur la plage »,
Je t’avais rapporté, 1988.
« Je te rends grâce la vie
Toi qui m’as tant donné
Du sourire d’un enfant
Au parfum des fleurs »,
Toi qui m’as tant donné, 2012.
 « Regarde
La mère et l’enfant »,
Regarde, 1966.
« L’amour d’un enfant pour sa mère… »,
Encore, 2008.
 «Tout l’amour du monde est dans cet instant
Le sourire d’un enfant aux bras d’une maman »,
Tout l’amour du monde, 2014.
Elle a chanté ces enfants que l’on emmène au cirque :
« Tous les enfants regardent en silence
Un gros nez rouge et un chapeau pointu… »,
La ritournelle, 1973.
 Ou en vacances :
 « C’est vrai petit où je t’emmène
C’est vrai là-bas il fait beau
Tu feras des châteaux de sable
A quelques mètres de l’eau… »,
Soleil, 1976.
Ces enfants à qui on raconte des histoires:
« Il racontait des légendes aux enfants »,
Le vagabond du soleil, 1982.


Ces enfants avec qui on espère le Père Noël :
« Et les yeux levés vers le ciel
A genoux les petits enfants
Font une dernière prière
Petit  Papa Noël…
Le marchand de sable est passé
Les enfants vont faire dodo… »,
Petit  Papa Noël, 1977.
 « Il viendra
Dans le froid
Ou bien dans la neige
Un enfant me l’a dit
Alors je le crois …
Les enfants ne jouent pas
Avec ces choses-là …»,
Il viendra, 1976.
Ces enfants, que l’on amène à l’église:
« Moi je crois en toi, en toi sur ta croix,
Les enfants dessinent des signes de croix »,
Je crois en toi, 2012.
Qui sont toujours là, présents, autour de nous, pour nous apporter de la joie:
 « Dans ma maison de Courthézon
Les enfants dansent tous en rond…
[et] chantent des chansons …»,
Le pont de Courthézon, 1980.

 « Parce qu’on les porte en nous depuis la nuit des temps
Parce qu’ils sont des Zorro de 6 à 14 ans
Parce qu’ils ont dans les yeux quelque chose d’émouvant
Parce qu’ils sont toujours mieux
Parce qu’ils sont nos enfants…
Parce qu’ils sont les plus beaux les plus intelligents
Parce qu’ils seront Brando poète ou président
Parce qu’ils mélangent toujours brosse à cheveux brosse à dents
Parce qu’ils nous quittent un jour
Mais nous reviennent tout le temps…
Parce que toutes leurs batailles s’arrêtent à Marignan
Que leurs châteaux de paille sont pour des lapins blancs
Parce qu’ils chantent des chansons qui ramènent le printemps
Parce que fille ou garçon ils nous ressemblent autant…
Parce qu’ils viennent quelquefois nous parler tendrement
Parce qu’ils savent qu’on est là parents et grands-parents
Parce qu’ils s’appuient sur nous quand le monde est trop grand
Et parce qu’on en est fous puisqu’ils sont nos enfants… »,
Merci pour les mamans, 1986.


Enfants d’aujourd’hui, hommes de demain,
« Dites-moi que sera le jour à venir
Et comment pourrez-vous grandir
Enfants d’aujourd’hui destinés à vivre
A vivre ou mourir en hommes de demain »,
Enfants d’aujourd’hui, hommes de demain, 1971,
ils sont porteurs de nos espoirs et objets de nos craintes, dépositaires de nos soucis :
« Les enfants qui se font tout seuls
La vie de famille en trompe l’œil
Les petites filles n’ont plus d’enfance»,
Les femmes dansent, 1991.
 « Je voudrais dire à tous ces hommes qui se déchirent
Combien de temps combien de jours faut-il encore
Pour voir enfin nos enfants sourire
Car si le monde ne vit plus que par des chansons
Tout changera »,
L’an 2000, 1999.
« J’ai vu à travers vous le monde
Comme dans un cinéma
Les guerres, les gosses qu’on tue les bombes… »,
Seule, 1997.
 « Quand ils s’en vont à l’école
Ils ne se doutent pas
Qu’il existe tellement d’hommes
Avec toutes leurs idées folles
Qui font n’importe quoi…
Un cartable et un ballon
Il ne faut rien de plus
Pour qu’on les retrouve ensemble
Je crois bien qu’ils se ressemblent
Quand ils jouent dans la rue…
Si tous les enfants du monde
Pouvaient un jour se donner la main
Même pour une poignée de secondes
Comme ça nous ferait du bien
Ils aiment toutes les couleurs
Comme celles de leurs crayons
Ils écoutent la voix du cœur
Avec des rires et des pleurs
Et comme ils ont raison…
Si tous les enfants sur Terre
Pouvaient nous donner la leçon
On regarderait le monde à l’envers
Et comme ce serait bon… »
Si tous les enfants du monde, 1986.

Parfois rêvés, imaginés,
 « En trois minutes en dix mille ans
Tu m’as fait des milliers d’enfants… »
Je t’aime tendrement, 1980,
ils manquent à ceux qui n’ont pas le bonheur d’en avoir :
gens ordinaires :
 « Elle disait souvent
Je n’ai pas d’enfant
J’en voudrais plusieurs
Contre mon cœur… »,
La demoiselle, 1983.
Ou gens célèbres à qui les circonstances l’interdisent :
« Elle voulait des enfants
Et des cris de bébé…
Un mariage en blanc
Et du riz dans les yeux
Un futur ordonné
Un bonheur bien rangé
C’est une chanteuse de rock… »,
Cendrillon rock, 1986.


Les raisons pour lesquelles on en fait ne sont peut-être pas toujours les bonnes :
« Pour ne pas vivre seul
D´autres font des enfants
Des enfants qui sont seuls
Comme tous les enfants »,
Pour ne pas vivre seul, 2008.
Et la vie n’est pas toujours rose pour eux :
« C'était un gamin, un gosse de Paris
Sa seule famille était sa mère
Une pauvre fille aux grands yeux flétris
Par les chagrins et la misère
Elle aimait les fleurs, les roses surtout
Et le bambin les dimanches
Lui apportait de belles roses blanches
Au lieu d'acheter des joujoux
La câlinant bien tendrement
Il disait en les lui donnant:
C'est aujourd'hui dimanche
Tiens ma jolie maman
Voici des roses blanches
Toi qui les aimes tant
Va, quand je serai grand
J'achèterai au marchand
Toutes ses roses blanches
Pour toi jolie maman.
Au dernier printemps le destin brutal
Vint frapper la blonde ouvrière
Elle tomba malade et pour l'hôpital
Le gamin vit partir sa mère
Un matin d'avril parmi les promeneurs
N'ayant plus un sou dans sa poche
Sur un marché, le pauvre gosse
Furtivement vola des fleurs
La marchande l'ayant surpris
En baissant la tête il lui dit:
C'est aujourd'hui dimanche
Et j'allais voir maman
J'ai pris ces roses blanches
Elle les aime tant
Sur son petit lit blanc
Là-bas elle m'attend
J'ai pris ces roses blanches
Pour ma jolie maman.
La marchande émue, doucement lui dit:
Emporte-les, je te les donne
Elle l'embrassa et l'enfant partit
Tout rayonnant qu'on le pardonne
Puis à l'hôpital il vint en courant
Pour offrir les fleurs à sa mère
Mais en le voyant, une infirmière
Lui dit: Tu n'as plus de maman
Et le gamin s'agenouillant
Dit, devant le petit lit blanc...
C'est aujourd'hui dimanche
Tiens ma jolie maman
Voici des roses blanches
Toi qui les aimais tant!
Et quand tu t'en iras
Au grand jardin, là-bas
Toutes ces roses blanches
Tu les emporteras ».
Les roses blanches, 1980.
La vie de famille se révèle parfois compliquée :
« Aujourd’hui ça fait six ans
Que nous sommes mariés
Tu m’as donné de beaux enfants tu sais...
Et j’ai l’impression que tu ne vois plus en moi
Que la mère de tes enfants »,
Emmène-moi danser ce soir, 1978.
Quand Aimer rime avec rencontré, puis tablier, passé, télé et de côté
« Elle tient ta maison et tes enfants
Et le tout en souriant
Mais…
(Même  ta femme a) des états d’âme, 1995.
Et quand un couple se défait, que la famille se désagrège c’est… :
 « Tu viens déjeuner dimanche
Ça me fait drôle quand j’y pense
De nous retrouver tous les trois »,
La séparation, 1978.
 « J’étais trop jeune pour me marier
J’ai pourtant vu ma mère pleurer
Problèmes de couple j’ai pas le moral…
Il est parti vivre sa vie
Et les derniers mots qu’il m’a dits
Débrouille-toi avec les enfants
Pas facile le métier de maman »,
Histoire d’aujourd’hui, 1983.
On a beau faire au mieux pour les préserver :
« Le D.I.V.O.R.C.E est jugé aujourd’hui
Le petit S.E.R.G.E et moi partons d’ici
Je vous aime et ceci va faire
Un E.N.F.E.R de ma vie
Que faire pour que n’ait pas lieu
Ce D.I.V.O.R.C.E »,
Divorce, 1995.
Les enfants pâtissent :
 « C’est un enfant pas bien dans sa vie…
Chez lui y avait jamais de temps pour parler
Pour consoler ses pleurs ou pour l’écouter
Il entendait son père rentrer au matin
Chez lui on savait que le bonheur était loin
Il cherchait dans le regard de ses parents
Le bleu qui colorait ses rêves d’enfant…
C’est un enfant perdu dans la vie
Qui rêve de connaître un pays
Où ses parents seraient réunis
Où leur amour bercerait ses nuits »,
Pas bien dans sa vie, 1984.
« Dans le ghetto y a des films
Qui sont pas pour les enfants »,
Le ghetto, 1981.

Et leurs souffrances sont autant d’injustices :
« Pourquoi mon Dieu
Y a-t-il des enfants
Sans joie le vingt-cinq décembre ?...
Et pourtant dans leur prière
Un peu avant minuit
Que d’enfants dans leur misère
A genoux te supplient… »,
Dis-moi mon Dieu, 1977.
Ces injustices, il faut les combattre, comme le fit Sœur Emmanuelle.
« Il faut un cœur déraisonnable
Pour s'inviter à votre table
Avec le regard de l'amour
Comme le cœur d'Emmanuelle
La sœur de nos oiseaux sans ailes
Ces petits mendiants des faubourgs »,
Son paradis c’est les autres, 2008.

Michèle Torr a aussi emprunté ses mots à Jean-Michel Caradec, qui parlait plus là de ses chansons que des enfants :
« Oh ! île où dansent mes enfants
Petits et grands
En sortant de ma tête, »
Ile, 1983.



Parmi toutes ses chansons sur les enfants, certaines sont plus intimistes car on sent bien que la chanteuse s’y livre davantage.
Elle a parlé de son désir d’enfant en 1965 :
« Un enfant viendra
En sautant de joie
Pour crier au monde…
Notre amour à toi et moi »,
Un enfant viendra, 1965.
Elle a parlé des joies et des craintes de la maternité en 1973, au moment de la naissance de sa fille :
« Je t’ai donné la vie
Je t’ai choisi un nom
Lorsque tombe la nuit
Je caresse ton front
Il m’arrive souvent
De t’écouter dormir…
Si tu pleures quelquefois
Ça me brise le cœur
Mais je vis avec toi
Et tu fais mon bonheur
Pour la première fois
Pour ton premier printemps
D’une petite voix
Tu m’appelles maman…
Je revois dans tes yeux
Mes souvenirs d’enfant
Cendrillon, l’oiseau bleu
Et le ¨Prince charmant
J’aurai bien du chagrin
Pourtant je te pardonne
Tu quitteras ma main
Par un matin d’automne…
Et puis un jour
Tu me laisseras là
Je connais les enfants
Un enfant c’est comme ça…»,
Un enfant c’est comme ça, 1973.
« C’est la voix d’un enfant
Qui croyait en Noël
Qui rêvait tendrement
Que la vie était belle…
Qui s’imagine encore
Qu’il suffit d’être au chaud
Quand il fait froid dehors…
Qui attend d’être grand
Pour goûter à la vie…
Qui  demande chaque jour
Des pourquoi des comment
Et qui sourit toujours… »
Et sa mère de lui mentir, pour le rassurer :
« …c’est bien ça mon enfant
Ce n’est pas illusion
Il n’y a de tourments
Rien que dans les chansons
Endors-toi mon enfant
Demain il fera beau
Et il sera bien temps
De rêver à nouveau… »,
La voix d’un enfant, 1973.
Elle a parlé à mots couverts des sacrifices auxquels l’obligeait son métier :
« Quand vient l’hiver
J’aime jouer
Les enfants ne s’en plaindront pas je crois
La vie de tous les jours reprend ses droits 
Rien n’est plus beau le soir qu’un feu de bois»,
Quatre saisons, 1977.
De son désir d’une autre vie que la sienne, en province :
«J’y parlerai d’amour avec mes cheveux blancs
Verrai passer les jours et grandir mes enfants »,
La province, 1984.
Avant de nous dire qu’entre sa vie de mère et celle des autres parents, il n’y a guère de différence :
  « Vingt ans que je vis votre vie
Que vous vivez la mienne
Vingt ans vos enfants ont grandi
Je sais on a les mêmes »,
Vingt ans d’amour, 1985.


Certes ces enfants, en devenant adolescents, à l’Age tendre et tête de bois (2008), se révèlent parfois difficiles, mais ils ont des circonstances atténuantes :
« Ils se retrouvent aux flippers
Dans la ville
Ceux qui vivent du côté cœur
Sans famille
Ils ne voient dans leur rétro
Que la ville
Ceux qui sortent du ghetto
Sans famille »,
Ceux du parking, 1982.
Et nous rappellent ce qu’on a été :
« C’est dur d’avoir seize ans
On est trop jeune ou trop vieux
Et l’on ne fait pas ce qu’on veut
On sait bien que les parents
Nous donnent de très bons conseils
Mais les copains ne disent pas pareil
Et l’on est hésitant… »,
C’est dur d’avoir seize ans, 1964.
Avec notre impatience de grandir :
« Rien ne sera plus comme avant
Car je sais maintenant
Que j’ai déjà perdu trop de temps
Dans le monde des enfants…
Car je sais maintenant
Qu’un jour ou l’autre
Au bout du printemps
C’est la vie qui nous attend…
Et si toi maintenant
Tu veux toujours rester un enfant
Alors mon amour va t’en… »,
Rien ne sera plus comme avant, 1965.
C’est l’âge où ils découvrent l’amour :
« Et l’amour tout juste après l’enfance
Quelquefois vaut bien un chagrin »,
Et l’amour, 1979.
« Quand tu te trouveras seul sur un banc
A regarder s’aimer quelques enfants…»,
Adieu, 1983.
Et où ils se révèlent aussi enrichissants qu’attendrissants :
 « Cœurs adolescents mais pas éblouis
Que vous êtes beaux quand vous discutez
Le cœur plein de rage et d’humanité
J’apprends de vous j’apprends j’apprends… »,
J’apprends de vous, 1993.
Les enfants grandissent en effet et un jour ils quittent le nid :
« Les années se sont écoulées
Ils ont une fille et deux garçons
Hier s’est marié le dernier
Ça fait un vide dans la maison »,
Rencontre, 1980.

©ED et GD

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