Michèle Torr a chanté l’amitié, la famille, la tendresse… Elle
a également chanté Noël durant les 6 décennies de sa carrière d’artiste. Elle a
déclaré au moment de la sortie de son CD Chanter
c’est prier que sa maison de disque lui avait demandé d’enregistrer un
album de chansons de Noël. Qu’elle leur avait répondu, préférant proposer un
disque de chansons «spirituelles » évoquant la Foi et l’Amour, qu’elle l’avait
déjà fait. Ce n’est pas tout à fait exact, bien qu’elle ait parlé de Noël, en effet, dans un certain
nombre de ses chansons. Et toutes ces chansons, on les retrouvera dans l'Intégrale Studio qui sortira le 20 janvier 2023. Certaines, inédites à ce jour en CD! L’Avent est le moment durant lequel les chrétiens se
préparent intérieurement à célébrer Noël…Alors allumons une flamme dans nos
yeux et continuons à soutenir Michèle dans ses projets pour l'année 2023; suivons l’étoile dans le ciel, celle qui mène ceux qui cherchent au bout de
leur périple; écoutons battre notre cœur, car l’attente n’est pas vaine quand
on espère une rencontre…
La première fois que Michèle Torr a parlé de Noël dans l’une
de ses chansons, c’était en 1968, dans Ce que veut dire aimer :
« Rebroder chaque jour
Les draps bleus de l’amour
Pour que tourne toujours
La ronde
Des serments éternels
Des contes de Noël
Qui font briller le ciel
Du monde ».
Intégrale, disque 3,
chanson n°2.
Ensuite, sur l’album Un disque d’amour… et en face B d’Un
enfant c’est comme ça, il y a eu Paul, en 1973 :
« Bientôt tu déposeras un agneau
Au fond de la crèche
A Noël », dit-elle à un frère imaginaire resté vivre à
la campagne. La ville, lieu de la vie trépidante et du stress, s’y oppose à
l’innocence rurale. Candeur hippie du
début des années 70.
Intégrale, disque 4,
chanson n°15.
Il y a eu aussi, sur le même album, alors qu’Emilie, sa
fille, venait de naître, en écho à Un enfant c’est comme ça, La
voix d’un enfant :
« C’est la voix d’un enfant
Qui croyait en Noël
Qui rêvait tendrement
Que la vie était belle ».
Intégrale, disque 4,
chanson n°17.
Moins candide : la beauté de la vie ne serait parfois
plus qu’un rêve…
Michèle Torr a, en 1976, consacré une chanson entière au
Père Noël, Il viendra. Une vision heureuse encore de Noël, mais dans
laquelle viennent se glisser quelques remarques au goût d’orange amère :
« Il viendra
Dans le froid
Ou bien dans la neige
Un enfant me l’a dit
Alors je le crois…
Il viendra
Pour offrir à tous ceux qu’il aime
Le bonheur que plus tard
Certains n’auront pas…
Il viendra
Dieu merci
Ce n’est pas un rêve
Les enfants ne jouent pas
Avec ces choses-là
Il peut changer le monde
Rien que pour un soir
Offrant à chacun
Quelques heures d’espoir
Tout habillé de rouge
Et sans faire de bruit
Il donne toujours
Ce qu’il a promis
Il viendra
Mais pourtant
Si je me rappelle
Notre porte
Ce soir-là
Ne s’ouvrira pas… »
Intégrale, disque 6,
chanson n°14.
Est-ce pour dire que c’est tromper les enfants que de ne pas
leur dire que, plus tard, ils risquent bien de ne pas être tous heureux ?
Est-ce pour dire que « lui », au moins,
« il » tient ses promesses, alors que, souvent, nous, nous ne les
tenons pas ?
Est-ce pour avouer aux enfants qu’ « il »
n’existe pas et ne risque donc pas d’ouvrir la porte pour apporter ses
présents, ou bien pour dire que, cette porte, nous ne l’ouvrons pas, ce jour-là
non plus, à ceux que nous pourrions
accueillir ?
Que c’est beau, l’espoir, même si l’on sait bien qu’il se
nourrit de chétive pâture.
Sur son album J’aime sorti à l’automne 1977, qui
est probablement celui auquel elle pense quand elle dit avoir enregistré déjà
un disque de chansons de Noël, alors qu’il contient J’aime, le titre phare
qui fut l’un des tubes de… l’été précédent, et d’autres chansons qui n’en
parlent absolument pas, on retrouve des reprises de Petit Papa Noël de Tino
Rossi et de Mon beau sapin, toutes deux sorties à la même période en
quarante-cinq tours.
Intégrale, disque 6,
chansons 7 et 8.
On aperçoit par ailleurs la chanteuse interprétant Petit
Papa Noël dans un épisode de Maigret,
avec Jean Richard, dans une émission de télé que le célèbre commissaire serait
en train de regarder. Episode très régulièrement rediffusé en période de fêtes
de fin d’année.
Noël est aussi évoqué dans Nos arrière-grands-parents :
« Un hiver à la place de l’été
Des Noëls par un temps printaniers
Un bonheur presque imaginé
Et voilà notre temps
Qu’auraient dit nos arrière-grands-parents ? »
Intégrale, disque 6,
chanson n°6.
Prémices, peut-être, sous la plume de l’auteur de la prise
de conscience du réchauffement climatique qui allait très vite commencer à
accélérer?
Noël encore dans Dis-moi mon Dieu, vibrante prière,
sur un air de Schubert, où il est question des enfants malheureux quand, pour
eux, le Père Noël ne passera pas. Pour dénoncer les injustices sociales dont
sont aussi victimes les plus jeunes. La
plus belle, la plus émouvante.
« Dis-moi mon Dieu
Pourquoi mon Dieu
Y a-t-il des enfants
Sans joie un vingt-cinq décembre
Dis-moi mon Dieu
Pourquoi mon Dieu
Il y en a tellement
Qui pleurent tout seuls dans leur chambre
Et pourtant, dans leurs prières
Un peu avant minuit,
Que d'enfants dans leur misère
A genoux te supplient
Dis-moi mon Dieu
Pourquoi mon Dieu
Sont-ils si malheureux
Si malheureux ».
(Paroles de Jean Albertini et Raymond Bernet).
Intégrale, disque 6,
chanson n°9.
Ces deux disques, quarante-cinq tours et trente-trois tours,
avaient aussi un visuel hivernal où les photos montraient une chanteuse
frileuse vêtue de manteaux de fourrure, souriante pour le quarante-cinq tours,
grave pour l’album.
L’année suivante, en 1978, il est à nouveau question de Noël
dans La
séparation, c’est la voix d’une mère s’adressant à son ex-mari, au
sujet de leur fils dont on entend quelques phrases, parlées:
« Il est resté naturel
Déjà il pense à Noël
Il aime la vie
Comme toi ».
Intégrale, disque 7,
chanson n°13.
Noël, un moment privilégié, qui crucifie les enfants des
couples séparés qui ne peuvent à la fois passer ce moment avec leur père et
leur mère…
On retrouvera le même thème en 1995, dans Divorce
sur l’album A nos beaux jours : le petit Serge n’a pas encore compris
que, pour ses parents, c’est
« l’heure de la séparation » :
« Regarde il rit
Il croit qu’il va fêter
Noël chez sa grand-mère »,
Intégrale, disque15,
chanson n°5.
alors qu’il s’agit de l’éloigner, pour le protéger.
Plus joyeux mais quand même nostalgique, Discomotion
en 1979, par l’ami C. Jérôme :
« Où sont-ils mes amis d’autrefois ?
Ils sont tous mariés sans problème
On s’écrit à Noël aux baptêmes… »
Intégrale, disque 7,
chanson n°12.
On s’écrit, et parfois même, on se retrouve.
Festif, le Noël de Provence dont Michèle Torr se souvient
dans Le
Pont de Courthézon en 1980, en face B de Pendant l’été puis sur l’album suivant:
« Une région de France
Où même à la Noël
C’est comme les grandes vacances
Tu te rappelles… ».
Intégrale, disque8,
chanson n°4.
Et du Noël provençal, il sera encore question en 1988, avec
le livre La cuisine de ma mère, dans lequel la chanteuse donne ses
recettes personnelles des plats de Noël et en particulier des treize desserts.
Ce livre sera réédité avec des photos inédites en 1996.
De Noël, voici ce qu’elle écrit dans le chapitre Noël en Provence:
En Provence, la Noël commence le jour de la Sainte Barbe.
Les enfants font germer des grains de blé, des lentilles et même des haricots
blancs. Toutes les pousses vertes obtenues fourniront chaque jour l’herbe de la
crèche entre le 24 et le 31 décembre.
Pour moi, petite fille, c’était la fête de mon grand-père
qui ne s’appelait pourtant pas Barbe, mais Emile Balbo. On l’a toujours appelé
le père Barbe, donc on lui fêtait sa fête ce jour-là, quand on faisait germer.
Vers le 15 décembre, les enfants vont sur les marchés
chercher les santons qui manquent à leur crèche. Ces petites figurines sont en
bois sculpté ou le plus souvent en argile. Merveilleusement peintes et très
colorées, elles sont vêtues de costumes provençaux du XIXe siècle. Elles représentent
les personnages traditionnels de la Nativité. La plupart apportent des
offrandes sous forme de nourriture : femme à la poule, femme au fagot,
l’homme à l’oie, la poissonnière porte sous chaque bras un panier chargé de
poissons, le boulanger apporte la pompe à huile. Chez M. Deymier, le santonnier
de Mérindol, j’ai complété la crèche de mon enfance.
Dans certains villages comme à Séguret, il y a une crèche
vivante pour la messe de minuit et, autre particularité, les recettes des plats
de la veillée sont inscrites sur des tableaux dans le village.
La tradition exige que le réveillon soit un en-cas pour
aller jusqu’à l’église et patienter jusqu’à minuit. Le repas débute par une
salade de céleri à l’anchoïade et se poursuit souvent par le grand aïoli.
A Marseille, on mange encore traditionnellement le gratin de
cardes ou des salsifis en sauce blanche.
Dans la Drôme, c’est la soupe de crouzets (petits carrés de
pâtes cuits dans un bon bouillon).
Puis le dîner se poursuit par les treize desserts :
symbole du Christ est des douze apôtres. Bien sûr la pompe à huile, car sans
elle il n’y aurait pas de Noël, le nougat noir, le nougat blanc, les mendiants:
amandes, figues, noisettes, raisins secs, dattes, puis les fruits frais bien
mûris depuis l’automne : poires, raisins, grenades, melon d’hiver et bien
sûr des confiseries : calissons, fruits confits d’Apt, pâtes de coings.
Dans la Drôme, on sert aussi des tartes aux fruits et à
Carpentras, la tarte d’épinards sucrée.
Toutes ces bonnes choses font patienter jusqu’à minuit.
Au retour de la messe, il était, autrefois, traditionnel de
manger du boudin, aujourd’hui il est remplacé par la dinde rôtie.
Dans beaucoup de villages, les vieux Provençaux racontent
leurs souvenirs des noëls passés. La bûche qui était choisie bien grosse pour
durer dans l’âtre trois nuits de suite. L’aïeul de la famille trempait une
branche de céleri dans le vin cuit et en arrosait la bûche. Quand le vin
crépitait sous les flammes, il appelait les disparus pour qu’ils participent
eux aussi à la fête et disait en provençal : « Ah ! Seigneur,
faites que si l’on n’est pas plus l’an prochain, on ne soit pas moins ».
Le couvert était dressé sur trois nappes blanches pour
rappeler la Trinité et le dîner commençait obligatoirement par le céleri à
l’anchoïade, réputé pour donner de la vigueur aux messieurs. Tradition que l’on
respecte toujours aujourd’hui. »
Michèle TORR, La cuisine de ma mère, Michel Lafon,
1988, et Les Presses du Midi, 1996.
Pour en revenir à la chanson, sur le même album que Le pont de Courthézon, Lui,
en 1980, franchement mélancolique, N°1 avenue de la solitude, la
supplique d’une « petite-fille » devenue adulte qui, vivant loin de
sa famille, écrit à sa grand-mère pour
se plaindre de la solitude :
« Je viendrai pour la Noël
Mais j’attends de tes nouvelles
Mamie écris-moi
Ecris-moi… ».
Intégrale, disque 8,
chanson n°5.
L’une des plus touchantes. En 1987, c’est avec beaucoup de
pudeur que Michèle Torr évoque la mort de sa mère sur son album I
remember You. Car on sait que sa maman, qu’elle chante aussi dans Les
mots pour te dire, sur ce même album, est décédée dans un accident de
voiture en décembre 1965, trois jours après Noël, alors que la jeune chanteuse
venait de passer quelques jours auprès des siens, en Provence, et qu’elle
chantait, ce soir-là, à Marseille, en première partie de Claude François, qui
fut le témoin de son « plus grand chagrin » (On aurait pu s’aimer d’amour, 2008, Intégrale, disque 19, chanson n°8)…
« Dans ce maudit soir de décembre
Je suis restée seule avec mes rêves
Mon Dieu que j’avais besoin de vous
Je me disais sans bien comprendre
C’est mon enfance qui s’achève
Mon Dieu il ne me reste plus que vous »,
La première chanson, 2019.
Intégrale disque 22,
chanson n°1.
Quand on sait cela, on comprend mieux le poids de ces
mots-là :
« A la Noël
Maman était très belle
Comme la poupée au pied du sapin vert
Dis-moi pourquoi
Je n’aime plus les Noëls
Ni les fêtes ni les anniversaires…
Dis-moi pourquoi
Je n’aime plus les Noëls
La vie passe et rien n’est plus pareil… »,
Fleur de mai, 1987.
Intégrale, disque 12,
chanson n°2.
« Un prospectus pour les Seychelles
Tombé d’un arbre de Noël »,
Intégrale, disque 15,
chanson n°17.
se trouve dans Le
sac d’une femme déçue par son homme « toujours plein de
promesses » (Histoire d’aujourd’hui,
1983, Intégrale, disque 9, chanson n°12. ), en 1997.
« Si quelqu’un t’interroge toi tu lui parleras
De la robe dans ma loge du café moitié froid
Si quelqu’un te demande si j’ai peur ou j’ai froid
Dis-leur que ces guirlandes sont mes Noëls à moi»,
Avant d’être chanteuse, 2011.
Intégrale, disque 19,
chanson n°20.
…Ainsi sont les Noëls d’une artiste, dont les contraintes
l’obligent parfois à sacrifier sa propre vie pour apporter certains soirs un
peu du bonheur aux autres…L’envers du décor.
« J’ai vu pleurer un soir de Noël
Un inconnu qui cherchait le Ciel… »,
Dans ma vie, 1986.
Intégrale, disque 11,
chanson n°3.
Car Noël, fête païenne, fête des enfants, est d’abord une
fête religieuse…
Michèle Torr a aussi
chanté Noël lors de sa Tournée des
Eglises, en 2015 et en 2016.
« Douce nuit,
sainte nuit
Dans les cieux l'astre luit.
Le mystère annoncé s'accomplit
Cet enfant sur la paille endormi,
C'est l'amour infini
C'est l'amour infini
Saint enfant, doux agneau
Qu'il est grand ! Qu'il est beau !
Entendez résonner les pipeaux
Des bergers conduisant leurs troupeaux
Vers son humble berceau
Vers son humble berceau
C'est vers nous qu'il accourt,
En un don sans retour
De ce monde ignorant de l'amour,
Où commence aujourd'hui son séjour,
Qu'il soit Roi pour toujours !
Qu'il soit Roi pour toujours !
Quel accueil pour un Roi !
Point d'abri, point de toit !
Dans sa crèche il grelotte de froid
O pécheur, sans attendre la croix,
Jésus souffre pour toi
x2
Jésus souffre pour toi
Paix à tous ! Gloire au ciel !
Gloire au sein maternel,
Qui pour nous, en ce jour de Noël,
Enfanta le Sauveur éternel,
Qu'attendait Israël !
Qu'attendait Israël ! » x2
Douce nuit, sainte nuit.
Intégrale, disque 21,
chanson n°16.
…et surtout le très beau Noël de la rue d’Edith
Piaf, entre La petite fille aux allumettes, de Hans Christian Andersen et Les effarés, d’Arthur Rimbaud.
« Petit bonhomme où t'en vas-tu
Courant ainsi sur tes pieds nus
- Je cours après le Paradis
Car c'est Noël à ce qu'on dit...
Le Noël de la rue
C'est la neige et le vent
Et le vent de la rue
Fait pleurer les enfants
La lumière et la joie
Sont derrière les vitrines
Ni pour toi, ni pour moi
C'est pour notre voisine
Mon petit, amuse-toi bien
En regardant, en regardant
Mais surtout, ne touche à rien
En regardant de loin...
Le Noël de la rue
C'est le froid de l'hiver
Dans les yeux grands ouverts
Des enfants de la rue
Collant aux vitres leurs museaux
Tous les petits font le gros dos
Ils sont blottis comme des Jésus
Que Sainte Marie aurait perdus...
Le Noël de la rue
C'est la neige et le vent
Et le vent de la rue
Fait pleurer les enfants
Ils s'en vont reniflant,
Ils s'en vont les mains vides
Nez en l'air et cherchant
Une étoile splendide
Mon petit, si tu la vois
Tout en marchant bien droit
Le Noël de la rue
C'est au ciel de leur vie
Une étoile endormie
Qui n'est pas descendue... »
Le Noël De La Rue.
Intégrale, disque 21,
chanson n°17.
La petite fille aux
allumettes de Hans Christian Andersen se termine quand l’enfant aperçoit dans
le ciel une étoile filante, sans savoir que, cette fois, c’est elle-même dont
l’âme monte vers Dieu.
Mais s’il faut que, pour venir jusqu’à nous, bien vivantes, des
étoiles descendent un peu, nous en sommes un peu tristes bien sûr, mais tellement
heureux….
L’admirateur vous souhaite un joyeux Noël 2022, en attendant
2023… où on pourra réécouter certaines de ces chansons, inédites en CD, sur
l'Intégrale Studio qui sortira le 20 janvier...