C’était il y a …36 ans.
Un reportage pour l’émission
30 millions d’amis, dans laquelle nous était présentée la petite
ménagerie de la chanteuse, juste avant son triomphe Paris, à l’Olympia, un mois
plus tard…
Et il y a quelques jours, une autre émission de télévision,
à laquelle Michèle n’a pas, hélas ! été invitée, a été programmée pour fêter les 170 ans de la
Société Protectrice des Animaux.
Alors non, il ne s’agit pas ici d’une chronique sur le fan
club Les Amis de Michèle Torr que
créa Roger Troncy il y a tout juste 35 ans, en janvier 1981, mais, on a osé,
pour s’amuser un peu, une chronique qu’on pourrait aussi ainsi titrer : Michèle
Torr chante les animaux ! Ou bien…
L’arche de Noé de Michèle Torr.
(1)
A l’occasion de ce reportage au cours duquel elle présenta
Toundra (Toutoune), et Vad, les deux bergers allemands, Chorus l’épagneul, Kiki
le cocker et Chat le… chat! ainsi que ses pigeons et Hippolyte et Casimir, les
deux poneys du Connemara, cadeau du Père Noël à son fils Romain, deux ans plus
tôt, à propos de nos compagnons à quatre (ou à deux, ou à plus !) pattes,
elle déclara :
« Comme je n’en ai jamais eu étant enfant, je crois que
c’est très important, ça, alors j’avais peur des chiens, j’avais peur des
chats…
(Elle a pourtant dit plus tard (dans son livre
autobiographique La couleur des mots, 2005) qu’elle appelait les agneaux dont
ses parents devaient s’occuper dans la ferme du château d’Ansouis où ils
travaillaient ses « christians » !)
Ce sont mes enfants qui m’ont appris à mieux connaître les
animaux, c’est certain, parce que tous les enfants aiment les animaux et quand
on a la possibilité et la place, surtout, d’en avoir, il faut leur offrir ça,
c’est sûrement très important pour eux de grandir avec les animaux et de s’en
occuper, de leur apprendre très tôt… ».
Elle a souvent posé en compagnie d’animaux, chats, chiens,
chevaux… On lui a connu, en plus de ceux nommés dans le reportage, plusieurs
chiens : les labradors Réglisse et Vanille, le caniche Coca, Doudou… Mais
de quels animaux a-t-elle parlé dans les titres qu’elle a enregistrés?
« J’aime les oiseaux et les fleurs… »,
Je m’appelle Michèle, 1976.
Et c’est vrai quelle a souvent évoqué les oiseaux dans ses
chansons.
« Regarde l’oiseau dans le vent
Regarde…avec les yeux de l’amour »,
Regarde, 1967.
« Ecoute tous les oiseaux reviennent…
Avec eux s’en revient l’amour »,
Tous les oiseaux reviennent, 1970.
« Et le matin les oiseaux
Qui chantent pour nous réveiller… »,
Et piano va l’amour, 1973.
« Ma lettre mettra six jours pour ta maison
A pied tes enfants te l’apporteront
En suivant l’oiseau dans le ciel… »,
Paul, 1973.
« Moi j’écoutais
les oiseaux
Des enfants jouaient dans l’eau
On n’avait pas la radio… »
Juillet Août à Tahiti, 1980.
« Voyez ses oiseaux blancs
Et ses maisons rouillées »,
La mer, 1986.
Elle a chanté l’oiseau symbole d’une liberté enviée.
Liberté qu’un petit Pedro « qui n’avait rien dans la
vie que ses rêves et un oiseau », sur une musique latino, aurait rendue à
son oiseau, prisonnier de sa cage :
« - Je n’ai
pas le droit de te garder
Ainsi
emprisonné
Et il ouvrit la cage
L’oiseau s’envola là-bas…
Dans la ville endormie un enfant a le cœur gros…
-
Le soir en rêve je volerai aussi
Et dans la
nuit tous deux ainsi
Nous pourrons fuir très loin d’ici… »
L’enfant et l’oiseau, 1970.
« O île avec tes
vols d’oiseaux
Tes chants d’oiseaux
Et moi qui suis encage »,
Ile, 1983.
« Partir un jour
Avec la fièvre et la nostalgie
De ces oiseaux dans le ciel… »
Partir un jour, 1988.
« Quand l’oiseau du vent viendra me dire son nom
Je serai seule à entendre… »
Un amour qui m’appelle, 1985.
Une liberté dont l’amour nous prive parfois.
« Le vagabond du
soleil
Libre comme un oiseau
Regardait les bateaux
Mais ne voyait que toi »,
Le vagabond du soleil, 1982.
L’oiseau peut aussi être en amour le signe de l’inconstance
de l’amant volage :
« Le passé ressemble aux nuages
C’est l’oiseau de passage
Aujourd’hui il faut que je l’oublie
Ce qui est fini est bien fini »,
Je t’ai donné ma vie, 1969.
Qui peut parfois revenir au nid conjugal !
« J’attendrai car l’oiseau qui s’enfuit
Vient chercher l’oubli
Dans son nid… »
J’attendrai, 1986.
Après avoir abandonné l’amoureuse au désespoir :
« Je ne supplierai pas
Comme un oiseau blessé »,
La cible, 1968.
Elle a chanté le mythique Oiseau Bleu qu’on trouve dans
les contes de Madame d’Aulnoy ou dans la pièce de Maurice Maeterlinck:
« Je revois dans tes yeux
Mes souvenirs d’enfant
Cendrillon, l’Oiseau Bleu
Et le prince charmant… »,
Un enfant c’est comme ça, 1973.
« Midnight Blue
C’est juste un rendez-vous
C’est comme un oiseau bleu
Qui vole entre nous deux »,
Midnight Blue en Irlande, 1983.
« Quand un oiseau bleu sur la branche
Me dit que c’est dimanche… »
Je suis love, 1988.
Elle a chanté l’oiseau de la paix :
« Dans un même filet colombe et épervier
Furent faits prisonniers
Ils apprirent à s’aimer
C’est un rêve de fou
Je le sais je m’en fous
Après tout ça pourrait… »,
Ça pourrait être vrai, 1970.
« Pour toute la haine qui nous tue
Combien d’images on ne voit plus…
Le chant d’un oiseau pour la paix »,
Encore, 2008.
Oiseau fragile comme les souvenirs d’enfance :
« N’oublie
jamais que le dernier cygne
Vit sur le lac fragile
Tu le verras au milieu des
eaux
Comme un oiseau d’argile
Dans le parc… »
Au nord de la ville, 1978.
Fragile comme un
moment de bonheur que l’on voudrait conserver.
« Doucement la nuit qui part pour s’endormir
Comme un oiseau qui retient mes souvenirs
Doucement l’ombre de tes yeux sur mon cœur
Va retrouver là la clarté du bonheur »,
Doucement, 1981.
Ou messager de l’au-delà.
« Grâce
Où s’en vont tous ces oiseaux
Peut-être vers toi là-haut
O Grâce »,
Grâce, 1986.
Elle a chanté de drôles d’oiseaux :
« Il portait des culottes des bottes de moto
Un blouson de cuir noir avec un aigle sur le dos… »
L’homme à la moto, 1980/1983.
« Dans le ciel
passait une musique
Un oiseau qu’on appelait Spoutnik
Quelle année… »,
Cette année-là, 2008.
Mais elle s’est aussi inquiétée pour les oiseaux du fait de
ce que les humains leur font subir :
« Il était un petit homme qui s’appelait Guilleri
Carabi
Il s’en fut à la chasse à la chasse aux perdrix… »,
C’était un petit homme, 1971.
« Mais tous les
oiseaux auront perdu leurs ailes… »,
L’an 2000, 1974.
« Touchez pas à ma ville
Les oiseaux vous regardent
Le Ciel peut-être aussi
Alors prenez-y garde
Je vous l’aurai bien dit …
Touchez pas à ma ville
Les oiseaux sont blessés…»,
Touchez pas à ma ville, 1988.
Mais si elle a autant chanté les oiseaux, n’est-ce pas parce
qu’un lien très fort les unit ?
« Je chante quand vient le printemps…
Quand les cigognes sont de retour… »,
Je ne sais pas pourquoi, 1977.
« Si la musique
n’existait pas
Les oiseaux ne seraient pas là »,
Si la musique, 1977.
Ce lien, c’est le chant.
« Je chante à
tire d’aile »,
Je chante, 1976.
« Je rêve m’envole à tire d’aile »,
Chanter c’est prier, 2012.
« Je penserai à nos amours
A en rendre les colombes jalouses
Comme je l’ai fait avant toi… »
Dans la maison du blues, 1993.
Car comme les colombes et les tourterelles, Michèle Torr
roucoule ; ce n’est pas qu’elle roule les « r », non, car rouler
les « r », c’est faire vibrer le bout de la langue contre les dents;
quand elle chante, ce qui vibre, c’est sa luette ! On dit qu’elle
grasseye ! Vibrante uvulaire produite par la vibration de la luette contre
le dos de la langue, nous dit la phonétique. Et cela ressemble beaucoup en
effet au chant des colombes et des tourterelles.
L’arche de Noé de Michèle Torr.
(2)
Le bestiaire amoureux
« Trouvez-moi l’homme fatal
Mi-intello mi-animal »,
L’homme en or, 1993.
Michèle Torr a chanté beaucoup de chansons
« sentimentales » et les animaux dans ses textes ont souvent
contribué, de même que les oiseaux, à l’expression de l’amour.
Les chevaux…
Monsieur Superman, en
1966, est un « chevalier sans peur », mais son cheval est « un
bolide qui roule à deux cents à l’heure ».
« Il y avait des chevaux de
bois
Je riais comme une petite
fille… »,
Dans un coin de Sologne, 1979.
« Je t’ai perdu
Moitié tendresse
Moitié tourment
Mi chevalier
Mi cheval blanc »,
La Princesse aux pieds nus,
1983.
L’amour est comme un chat, joueur, il aime la chaleur…
tandis que parfois l’homme se fait loup devant la jeune fille qui résiste et se
fait biche aux abois…
« T’as qu’à te
taire
Qu’à sourire
A miauler de plaisir
Et comme un chat
Ça n’a plus froid
Ça a chaud
Et ça veut aussitôt n’importe quoi…
Ça joue avec un ballon
Un caillou un chiffon
Et tout à coup
Ça veut aller dans les bois
Et ça tremble de joie
De voir le loup
Ça c’est la biche aux abois
Qui se cache et se bat
En attendant le jour…
Ça c’est peut-être l’amour »,
Ça, 1970.
Mais parfois, l’homme volage se fait papillon…
« Les papillons
butinent un cœur
Et puis s’en vont chercher ailleurs
Les papillons prennent le temps
Prennent le vent et puis s’en vont…
Dans mon jardin sur une fleur
Près de ma main deux ailes meurent… »
Les papillons, 1970.
Et parfois la femme aussi se fait louve :
« Quand la louve frissonne
A son premier printemps
Quand elle tourbillonne
De joie et d’émotion
Ce sera mariage
Avec un jeune loup
Un vrai loup de son âge
Un vrai loup de chez nous…
Quand la louve s’inquiète
Qu’elle est bien fatiguée
Vois le loup qui sans trêve
La soutient pour marcher…
Quand le loup ferme les yeux
D’avoir trop travaillé
La vieille louve pleure
Celui qui va manquer…
On est tous un peu loup
On est tous un peu loup »,
La louve, 1974.
« Nous étions de jeunes loups
Et l’aventure c’était nous
La nuit le jour n’importe où »,
Quand un homme a du charme, 1979.
« Tu as le cœur d’un homme
Et le sourire d’un loup »,
A faire pleurer les femmes, 1982.
« Une allure de cobra
En lunettes noires
T’as débarqué comme ça
Dans mon histoire… »
Aventurier, 1985.
Animaux sauvages.
Elle a parfois évoqué d’autres animaux sauvages…
« Quand tu caresses un lion qui a faim… »
J’aime, 1967.
Pour parler de musique…
« Mets un tube dans ton piano
Un tigre dans la sono…
Mets un lion dans ta guitare
Un puma un léopard…
Mets un zèbre dans ta voix
Une jungle dans tes doigts… »
Mets un tube dans ton piano, 1976.
« Y avait des Chats sauvages et des Chaussettes
Noires… »
Boulevard du rock, 1978.
Animaux et humains.
Les animaux ont aussi permis à la chanteuse d’aborder
d’autres thèmes aussi, ainsi que dans les fables, telles celles d’un certain La
Fontaine…
Si dans la vie animaux et humains ne vivent pas toujours en
parfaite harmonie…- il faut bien se nourrir !-
« Dans le port d’Amsterdam
Y’a des marins qui mangent
Sur des nappes trop blanches
Des poissons ruisselants…
Et ça sent la morue
Jusque dans le cœur des frites
Que leurs grosses mains invitent
A revenir en plus… »,
Amsterdam, 1998.
Il n’empêche, il faut songer à préserver la nature et à les
protéger.
Il est question, dans Harmonie, en1997, des «espèces
Qui disparaissent ».
Et c’est avec cette chanson inédite en France que Michèle
Torr aura « cueilli des lauriers à Tokyo » lors d’un festival de la
chanson, en 1971:
« Si la mer
devient cimetière
Pour les algues et pour les poissons
Dites-moi que sera le jour à venir
Et comment pourrez-vous grandir
Enfants d’aujourd’hui destinés à vivre
A vivre ou mourir en hommes de demain »,
Enfants d’aujourd’hui, homme de demain, 1971.
Pour les adolescents autant que pour les enfants ou de
nombreux adultes, la souffrance animale n’est pas acceptable.
« Vous n’aimez pas qu’on choque des babouins
Dans des expériences de laboratoire
La souffrance des autres ça vous serre les poings
Même si elle va dans le sens de l’Histoire… »
J’apprends de vous, 1993.
Et les animaux nous apprennent aussi des choses de la vie.
D’abord à être humble.
« Toi qui es
petit si petit
A peine plus grand qu’une fourmi
Tu pourrais au moins de temps en temps
Avoir l’air content…
Pense aux milliers de mille-pattes et chante avec
moi… »,
Petit si petit, 1972.
Qu’il ne faut pas se fier aux apparences : les gens
n’ont pas toujours l’air d’être ce qu’ils sont.
« Dans ma vie j’ai vu l’amour se mettre à genoux
Et des agneaux qui mordaient des loups »,
Dans ma vie, 1986.
Et, comme dans les fables, les humains se comportent parfois
comme des animaux (ou bien c’est que certains humains ne sont pas mieux lotis
que des animaux).
Qu’ils soient SDF…
« Regarde-les
Ces chiens sans laisse
Ces sans domicile sans famille
Ces presque rien et leur détresse
Ces décousus du bout de la nuit… »,
Regarde-les.1997.
Ou petits chiffonniers du Caire.
« Nos oiseaux
sans ailes
Ces petits mendiants de l’amour »,
Son paradis c’est les autres, 2008.
Animaux de compagnie.
« Pour ne pas vivre seul
On vit avec un chien… »
Pour ne pas vivre seul, 2008.
C’est un chien qui accompagne le
vieux clown de La ritournelle, en 1974.
« Et puis son chien regarde avec
tendresse
Celui qu’il aime et qui a bien
changé
L’artiste est là mais ce n’est
plus le même
Le geste lourd il ne sait plus
danser ».
« Quand on n’a que l’amour
Pour habiller mâtins
Pauvres et malandrins
De manteaux de velours…
Alors sans avoir rien
Que la force d’aimer
Nous aurons dans nos mains
Amis, le monde entier »,
Quand on n’a que l’amour, 1993.
Car ce sont les chiens qui accompagnent souvent les pauvres
et les mendiants.
Si parfois ils ont été les
complices contraintes des pires atrocités que l’homme ait commises:
« Mon ami de Varsovie
Avec leurs chiens leurs fusils
Qu’est-ce qu’ils ont fait de ta
vie ? »
La Pologne, 1982, ils ont
pu aussi contribuer à nous faire sourire:
« Quand tu dévores la pâtée
du chien… »,
J’aime. 1967.
« Même ton chien est content
Que tu quittes la maison… »,
Tu ne vaux pas une larme,
1987.
Parmi les animaux de compagnie,
on compte aussi les lapins pour les enfants:
« Parce que toutes leurs batailles
s’arrêtent à Marignan
Que leurs châteaux de paille
Sont pour des lapins
blancs »,
Merci pour les mamans,
1986.
Et les chats :
« Un dessin que j’ai fait du
chat »,
Se trouve dans Le sac, 1997.
Mais aussi au foyer de la
diva !
« Nous allons nous quitter
vous et moi
Chacun de son côté va retrouver
son toit
Les cigales m’attendent et mon
chat
Comme à chaque fois se languit de
moi
On se retrouvera croyez-moi
Mais laissez-moi souffler
Et retrouver ma voix
Avant de repartir au combat
Pour redevenir
Votre diva… » ,
Diva, 2014.
L'arche de Noé de Michèle Torr
Le bestiaire provençal.
La Provence et la Camargue dont Michèle Torr adore l’atmosphère gitane sont aussi peuplées d’animaux qui en sont devenu parfois les emblèmes: cigales, abeilles, moutons sur la mer, chevaux, taureaux sur la terre viennent tenir compagnie aux oiseaux.
« Je n’oublierai jamais quand chantaient les cigales
Tout au long de l’été »,
Je n’oublierai jamais, 1977.
« On écoutait les cigales
Chanter au mois d’août »,
Juste après l’été, 1979.
« Il y a dans ma maison
Le parfum des melons
La chanson des cigales
Et le mistral »,
Le pont de Courthézon, 1980.
« Je l’aime à le chanter aux cigales »,
Je l’aime, 1983.
« Pour vous j’ai chanté au beau pays des cigales
Sous un ciel parsemé d’étoiles… »,
Ma star à moi, 1999.
« Bien des petites joies
Sont devenues pour moi
Comme autant de merveilles
D’après-midis d’abeille »,
A mi-vie, 1993.
« Alors comme une abeille
Cachée en toi qui veille
Moi je te dis « Essaye
De ne pas oublier de toujours avancer… »
Du coté du soleil, 1993.
« Le galop des chevaux faisait trembler la terre… » de la Camargue, autant que celle de l’Argentina, 1989.
« Mon sud a de grands espaces
Où se noie le regard
Il a des chevaux qui passent…
( dans La mer Méditerranée, 1986.
« La mer au ciel d’été confond ses blancs moutons
Avec les anges si purs
La mer bergère d’azur »)
…Et de grands chapeaux noirs
Les oiseaux du voyage
De loin vers tes rivages
Reviennent et moi je suis comme eux…
Mon sud est fait de silences
De taureaux lourds et lents
Il est d’ocre et de violence
De mistral qui vous prend… »
Mon sud, 1993.
Et on y trouve donc les taureaux qui sont aussi évoqués dans une chanson qui a pu prêter le flanc à la polémique. Cette chanson que l’on trouve sur l’album très lumineux, très provençal, A mi-vie, a fait partie du tour de chant de l’Olympia en 1996 et provoqué une manifestation de personnes hostiles à la corrida, au nom de la défense des animaux, qui souhaitaient que le spectacle soit annulé, ou du moins que la chanson en soit retirée.
« Laissez passer Maria
Tout pour elle s’arrête là
Quand son fils son seul credo
Marchera vers le taureau
Olé olé olé olé olé…
Et quand il sera tout près de toi
Quand sa corne enroulera ta muleta
Olé olé olé olé olé…
Mon amour si ta vie s’en allait
Je n’aurais plus qu’à te rejoindre au ciel…
Si tu mourais »,
La prière sévillane, 1993.
Pourtant, même s’il y est question d’un toréador, le sujet en est la crainte d’une mère pour la vie de son fils qui, disons, exerce un métier particulièrement dangereux. Le texte de la chanson n’incite pas les gens à aller assister à des corridas. Et une mère, son fils serait-il un « minus », un « pantin », une « danseuse ridicule », exercerait-il un métier par lequel il serait amené à être confronté à la mort d’animaux, n’a-t-elle pas le droit de prier, si elle croit en Dieu, pour son fils ? Salve Rociera, dont La prière sévillane est une adaptation, est un Ave Maria andalou dans lequel Olé est seulement l’expression de la vénération et de la ferveur des croyants pour la Vierge Marie.
« Je te salue Marie,
Le peuple te vénère
Et répète à l'envi
Que nul ne t'égale
Olé, olé, olé, olé, olé…
Je veux revenir à Rocío,
Prier la Vierge avec ferveur
avec Olé ... ».
Alors, bien sûr, La prière sévillane aurait eu toute sa place dans Chanter c’est prier mais, si elle l’a incluse dans son tour de chant des 50 ans de chansons cet été, en Provence, et à Lloret del Mar au printemps, ainsi que lors du spectacle donné pendant la croisière en Méditerranée
de novembre 2015, dans des lieux où cela ne risquait pas de susciter de réaction, la chanteuse s’est abstenue de le faire pour celui de sa tournée des églises et des cathédrales, par crainte sans doute de provoquer à nouveau des polémiques. Certains points de vue semblent tragiquement condamnés à demeurer inconciliables et la corrida est une tragédie.
La crèche de Michèle Torr.
« Bientôt tu déposeras un agneau
Au fond de la crèche à Noël »,
Paul, 1973.
Dans Chanter c’est prier, sa tournée des églises et des cathédrales, Michèle Torr parle encore d’animaux :
«Saint enfant
Doux agneau
Qu’il est grand !
Qu’il est beau ! »
Douce nuit, 2015.
Mais aussi dans sa chanson hommage à Sœur Emmanuelle dont il a déjà été question.
« Il faut un cœur déraisonnable
Pour s’inviter à votre table
Avec le regard de l’amour
Comme le cœur d’Emmanuelle
La sœur de nos oiseaux sans ailes
Ces petits mendiants de l’amour »,
Son paradis c’est les autres, 2008.
Et, alors que les enfants du Noël de la rue ont des « museaux » comme dans le poème Les effarés de Rimbaud, on retrouve des animaux surtout dans sa reprise de la chanson de Georges Brassens, sur un texte de Francis Jammes :
« Et par l’oiseau blessé qui ne sait pas comment
Son aile tout à coup s’ensanglante et descend…
Je vous salue Marie
Par le cheval tombé sous le chariot qu’il traîne
Par l’oiseau rappelant l’oiseau tombé du nid
Par l’âne et par le bœuf par l’ombre de la paille
Par les nativités qui n’auront sur leur tombe
Que les bouquets de givre aux ailes de colombes »,
La prière, 2015.
Où la souffrance animale est mise sur un pied d’égalité avec celle des humains.
Dialogue de bêtes.
- Et les blaireaux, elle les a chantés ?
- Les blaireaux ? Non, je ne crois pas…
- Elle a dû en voir défiler, pourtant, dans sa vie…
- C’est sûr !
- Et… et toi, tu te sens blaireau ?
- Bof !
Et en 2019, sur l’album Je
vais bien, elle chante les oiseaux… et en particulier les vautours !
Qui ne sont pas de la même sorte…
« J’étais comme un oiseau
Qui découvrait le monde et l’insouciance
Tu étais mon cadeau
Je n’ai pas tout compris c’était trop tôt »,
On aurait pu on aurait dû.
« A l’aube d’un nouveau jour
J’oublie tous les tourments
Et le compte à rebours
De la vie qui m’attend
Je repense aux vautours
Qui guettaient vaillamment
Le moindre désamour
Le découragement »,
Je vais bien.
©ED & GD
Et quelques photos de plus...