2014.
L’année de tous les rendez-vous.
Car c’est le 12 janvier 1964 qu’a effectivement commencé la carrière de Michèle Torr, avec la sortie de son premier 45 tours quatre titres…
Et nous en arrivons donc à 50 années de carrière révolues. Et il s’agit donc de fêter cela, du mieux qu’il sera possible de le faire. Si l’année commence en douceur avec une participation à la fin de celle qui devait être la dernière tournée Age tendre, c’est là aussi, sous l’œil attentif de Michel Algay qui en est le concepteur et le producteur depuis près de dix ans, que se prépare en coulisses la succession d’événements qui, dans l’esprit de celui-ci, viendront couronner cette longévité de plus en plus rare dans le monde éphémère du spectacle et surtout du « show bizz ». C’est pourquoi, afin de constituer le plus bel album possible, demande est faite aux auteurs compositeurs qui participent à la tournée ainsi qu’à ceux qui participent à une nouvelle croisière Age Tendre, du 27 février au 4 mars 2014, de proposer à Michèle Torr de nouvelles chansons… Et comme en parallèle avec la « dernière » tournée a vu le jour une autre tournée, le « petit Age Tendre », la liste des signatures potentielles ne cesse de s’allonger. Même Michèle Torr a fait partie de cette tournée, un soir d’avril 2014, à Périgueux… Elle en a partagé l’affiche avec Alice Dona, Georges Chelon, Charles Dumont qui seront sollicités, de même que François Valéry, Jean-Jacques Debout, Alain Turban, Jean-Jacques Lafon, Danyel Gérard et d’autres encore… Certains n’ont pas donné suite, d’autres n’ont pas vu leur proposition retenue, mais ils seront plusieurs à répondre favorablement et à jouer le jeu.
Avant la sortie de l’album annoncée pour l’automne, Michèle Torr va continuer à chercher pour elle-même d’autres chansons, et même en écrire, pour embellir encore ce séduisant projet, mais aussi à se produire de ci de là : notamment à Vaison-la-Romaine dans le cadre du festival Georges Brassens.
« L’espace culturel a fait salle comble ce dimanche, pour le dernier concert du festival Brassens. C’est un Georges Boulard ému qui a accueilli « l’enfant du pays » en la personne de Michèle Torr.
[…] De sa voix chaude et puissante Michèle Torr a, dès la première chanson, conquis le public. De La prière sévillane à Emmène-moi danser ce soir, avec L’envie d’aimer et aussi De Courthézon à Vaison (NB: Le pont de Courthézon) qu’elle a interprété en duo avec sa petite fille, c’est sous un tonnerre d’applaudissements que l’artiste a clôturé en beauté le Festival Brassens 2014 ». La Gazette locale.
A l’Olympia de Paris avec Le Condor en invitée d’honneur de Jean-François Gérold, le jeudi 8 mai pour interpréter avec un grand orchestre la Coupo Santo.
(On a eu droit aussi en mai à une belle émission de télévision, La parenthèse inattendue, de Frédéric Lopès. Avec aussi Dominique Besnéhard et Jérôme Ferrari).
Aux Flâneries d’art contemporain d’Aix-en-Provence, organisées par Andréa Ferréol, le samedi 14 juin 2014, avec une séance de dédicaces et la lecture de lettres (échanges épistolaires entre mères et filles), occasion aussi de montrer encore une envie, une tentation de toucher le métier d’actrice en se faisant conteuse.
A Bandol, le dimanche 26 octobre, pour un concert avec Olivier Leroy et le Chœur Régional Gospel du Var au profit de l’association SEP Pays d’Aix.
Avant cela, pour octobre, a été donné un autre rendez-vous, avec le coup d’envoi et les premières dates de « Rendez-vous avec les stars » dont elle fera aussi partie.
Qu’est-ce qu’ils disent (en exclusivité), La quête de Jacques Brel (elle a débuté avec lui à 14 ans) a capella, Et toute la ville en parle, Emmène-moi danser ce soir, Discomotion et Une vague bleue seront les chansons interprétées par Michèle Torr dans ce nouveau spectacle dont plusieurs dates ont dû être reportées et dont le nom est vite devenu « Age Tendre - Rendez-vous avec les stars ».
Enfin a été annoncé un ambitieux projet de plusieurs scènes parisiennes, en 2015, appelé « Le Paris de Michèle Torr »… Olympia le 11 janvier, Casino de Paris (finalement annulé) le 14 juin, Trianon le 18 octobre…
Quand on découvre en décembre l’album Diva, on y trouve donc les chansons recueillies dans les coulisses d’Age Tendre. Elles ont pour titre Haute fidélité, signée Patrick Loiseau, le compagnon de Dave, avec Philippe Delépine et Philomène Kouadio, Route 66, signée Alain Turban, avec Mario Santangeli, Il se peut que je t’aime encore, signée Charles Dumont et Sophie Makhno, et Diva, signée Georges Chelon pour les paroles et Alice Dona pour la musique.
C’est Guy Mattéoni, le chef d’orchestre d’ Age Tendre, qui a déjà signé les arrangements des albums studio de Michèle Torr, de 1980 avec Lui, à 1988 avec Je t’avais rapporté, ainsi que de Argentina en 1989, de Victime de l’amour en 1990 et de quelques titres de l’album Vague à l’homme en 1991, Guy Mattéoni donc, qui signe les arrangements de l’album mais aussi la musique de Tout l’amour du monde et de Ils s’aiment et alors. C’est aussi lui qui a entièrement signé le titre phare, Je ne veux chanter que l’amour. Les paroles de Tout l’amour du monde sont de Michèle Torr, de même que celles de Qu’est-ce qu’ils disent (musique de Daniel Mecca), tandis que celles de Ils s’aiment et alors sont de David Lelait Helo, très présent sur Chanter c’est prier et à qui Michèle a tenu à faire une petite place. La dernière signature, la plus prestigieuse, n’est autre que celle de Charles Aznavour, qui a offert à Michèle Torr l’hymne à l’amour qu’elle espérait de lui depuis si longtemps, Je ne veux que toi. On en découvre aussi la version anglaise, All I want is you (Texte en anglais adapté par Dee Shipman). Et il lui offre enfin une version féminine et torride de sa propre chanson Quand tu m’aimes.
Dans Haute Fidélité aux accents de Stephan Eicher quant aux arrangements pop, la métaphore de l’amour comme musique file tout au long des paroles : l’amour, c’est la quête de « l’accord parfait » en « haute fidélité », quand bien même « l’harmonie paraît fragile au milieu du chaos et du bruit », c’est « un pari impossible… qui se joue des dissonances, des sorties de scène, des parasites et autres coups de larsen » ainsi que des « désaccords ».
«Enchaînée de plein gré à ma liberté…
Telle est ma liberté
Aimer
En haute fidélité
A tout jamais ».
Haute fidélité.
Dans Route 66, California dreamin’ à la française, il est aussi question de musique :
« Un coucher de soleil
Sur la route 66
C’est ta voix qui m’appelle
Comme une chanson d’Elvis
Un coucher de soleil
C’est la Californie
Je chanterai pour elle
Je chanterai pour lui
Un coucher de soleil
Sur la route 66
C’est partager encore
L’amour et mi amor »,
du rêve américain que nourrissent beaucoup de chanteurs et qui restera hélas un rêve…
On y trouve aussi un clin d’œil des auteurs et compositeurs à leur propre tube passé :
« Ce soir j’ai plus sommeil j’irai jusqu’à chez toi
Retrouver le soleil à Santa Monica »,
ainsi qu’une jolie réflexion sur le temps qui passe :
« Un coucher de soleil sur les années qui passent
Des monts et des merveilles et le temps qui s’efface
Des matins de printemps et des soirées d’automne
Les yeux de mes parents des lumières qui rayonnent
Des chemins de traverse
Et des sens interdits
Autant de maladresses
Et l'amour qui s’enfuit…
Un coucher de soleil sur un chemin de vie
C’est comme une étincelle dans mes états unis
Et sans semer de doutes
Ce soir dans nos esprits
Je sais combien ça coûte
De trop aimer la vie ».
Une chanteuse en paix avec elle-même.
Plus classiques, plus « grande chanson française » sont Il se peut que je t’aime encore que Charles Dumont offre à Michèle Torr après l’avoir lui-même « essayée » et Diva, sur une belle mélodie d’Alice Dona, les paroles sur mesure de Georges Chelon, aux accents de Barbara,
«C’est une histoire d’amour
Toi et moi
Un roman de toujours »,
où il est question d’une autre plus belle histoire d’amour… qui dure depuis 50 ans.
« On est venus de loin
Toi et moi
Qu’il fut long le chemin
Pour en arriver là
Vous m’avez pris la main
Bien des fois
On a dû faire des choix
Vous et moi
Vous avez cru en moi
Je vous dois
Pour noyer mes chagrins
Vos larmes de joie
Et si ce soir devant vous
Je suis là
Cela ne tient qu’à vous
Qui avez fait de moi
Diva
Votre diva
Avec mon habit noir entre fille et garçon
Un peu rock et guitare au milieu des violons
Pour vous livrer ma vie au fil de mes chansons
Diva
Votre diva
Grisée par vos bravos
Portée à bout de bras
Je suis votre flambeau votre cri votre voix
Vous m’avez fait grandir
Et jusqu’à devenir
Diva… ».
Georges Chelon, c’est le chantre de toutes les plus belles émotions de la vie, qui manie aussi avec brio l’humour et la dérision, et c’est cela que l’on retrouve dans cette chanson intimiste
(« Mais si demain par erreur je vous blessais
Mais si demain par erreur vous me quittiez
Je ne serais plus
Qu’un ange déchu »)
dans laquelle vient s’insérer un peu de Charles Gounod avec son Air des bijoux cher à la Castafiore.
« Diva
Votre diva
Je suis votre opéra
Vous êtes à mes genoux
Je ne m’appartiens pas
Vous m’acclamez debout
Je chante à pleine voix
Le grand air des bijoux
Ah ! je ris la la la la la
Ah ! je ris la la la la la ».
L’album Diva c’est celui des retrouvailles en studio entre Michèle Torr et Guy Mattéoni, également auteur-compositeur, qui signe avec Je ne veux chanter que l’amour une sorte de bilan avec la liste des thèmes chers à la chanteuse :
« J’ai chanté l’amitié
J’ai chanté la colère
J’ai parlé de la paix
Mais aussi de la guerre…
J’ai chanté les saisons
J’ai chanté la tendresse
J’ai parlé de la trahison
Mais aussi des faiblesses…
J’ai chanté ma famille
J’ai chanté ma Provence
J’ai parlé de moi jeune fille
Et de mes espérances… »,
Et oui, car cela fait donc cinquante ans que Michèle Torr chante… et qu’elle chante surtout l’amour :
« Je ne veux chanter que l’amour
Sans artifices et sans détours
L’amour volage déjà oublié
L’amour trop sage pour pouvoir durer
Je ne veux chanter que l’amour
Le cœur léger ou le cœur lourd
L’amour chamaille qui nous fait pleurer
L’amour canaille qui nous fait rêver…
Je ne veux chanter que l’amour
Sans artifices et sans détours
L’amour rebelle qui veut nous blesser
L’amour fidèle souvent désespéré
Je ne veux chanter que l’amour
Le cœur léger ou le cœur lourd
L’amour des autres le plus grand je crois
Celui qui donne celui qui reçoit
Je ne veux chanter que l’amour
Sans artifices et sans détours
L’amour mystère qui nous fait sourire
L’amour sincère qui nous fait plaisir
Je ne veux chanter que l’amour
Le cœur léger ou le cœur lourd
L’amour des autres le plus grand je crois
Celui qui donne… ».
Elle chante et aimerait encore chanter L’amour est éternel, l’amour universel…
« Dans les plus grandes salles
Même dans les cathédrales
Du bout du monde »,
comme elle l’a déjà fait du Canada au Japon, du Brésil au Liban… Et qu’elle va bientôt le faire dans les chapelles, les églises et les cathédrales.
Car :
« Tout l’amour du monde est dans cet instant
Le sourire d’un enfant aux bras d’une maman
Tout l’amour du monde dans un seul instant
Le regard d’un vieillard
Il n’est jamais trop tard
Tout l’amour du monde est dans cet instant
Le chagrin d’un inconnu qu’on rencontre au hasard
Tout l’amour du monde dans un seul instant
Donnons sans hésiter
Sans arrière-pensée
Donnons tout pour l’amour du monde
Il est là tout près tout près à portée de chacun
Donnons tout pour l’amour du monde
Il suffit de se regarder de se prendre par la main
Tout l’amour du monde est dans cet instant
Comme une communion une envie de partage
Tout l’amour du monde dans un seul instant
Comme un signe divin un cadeau un message
Donnons tout pour l’amour du monde
Il est là tout près tout près à portée de chacun
Donnons tout pour l’amour du monde
Il suffit de se regarder de se prendre par la main
Il est là tout près tout près à portée de chacun
Donnons tout pour l’amour du monde
Il suffit de se regarder de se prendre par la main »,
Tout l’amour du monde
(Michèle Torr/Guy Mattéoni).
Si Guy Mattéoni est là, il y a aussi sur le disque une place pour David Lelait-Helo et la défense de la cause des homosexuels, avec Ils s’aiment et alors ? car ces amours-là comme elle dit :
« Pour moi c’est de l’amour j’en suis sûre
Ce qui ne tue pas rend plus fort
Regardez comme ils s’aiment, et alors ? »,
Et une place pour Daniel Mecca avec qui Michèle Torr signe Qu’est-ce
qu’ils disent ?
Coup de gueule contre les journalistes et surtout contre tous ceux qui ont critiqué une chanteuse jugée trop populaire, mot péjoratif devenu depuis élogieux dans les cours de récréation.
« Vous qui m’avez choisie vous savez ce que je suis
On sait que populaire ne s’apprend pas c’est mystère
Que tous nos rendez-vous sont la seule vérité
Merci pour tant d’amour je voulais juste chanter
Et dans le fond de mon cœur
Je ne garde que le meilleur
Laisse-les dire
Laisse-les dire
Et laissez-nous chanter ».
Et enfin, enfin ! Charles Aznavour.
Qui lui prête une version féminine de sa chanson Quand tu m’aimes. Version charnelle, très sensuelle, et même brûlante, côté femme.
« C’est le vent turbulent soulevant mes dessous
C’est la pluie de printemps qui vient lécher mes joues
Quand tu m’aimes
C’est le soleil brûlant qui caresse ma peau
Et l’air léger du temps au souffle doux et chaud
Quand tu m’aimes
C’est en plus de tout ça mille choses encore
Qui sont à toi et moi et perturbent mon corps
D’une infinie faiblesse
Quand tu m’aimes
C’est ta voix qui se perd dans un râle amoureux
Qui fait vibrer ma chair et qui mouille mes yeux
De larmes de tendresse
Quand tu m’aimes
C’est le Diable et l’Enfer mêlés à tous nos jeux
C’est le Ciel qui est offert à nous par tous les dieux
Quand tu m’aimes
C’est l’éclipse et l’éclair qui allume mes joies
C’est l’écume des mers qui se meurt sur tes doigts
Quand tu m’aimes
C’est pétrie par tes mains tous mes sens éveillés
C’est mon corps sur le tien nos souffles saccadés
Et nos gestes intimes
Quand tu m’aimes
Ce sont ces tendres cris et ces plaintes d’amour
Qui déchirent nos nuits et meurent au petit jour
Dans le plaisir ultime
Quand tu m’aimes
Quand tu m’aimes
Quand tu m’aimes
Mon amour ».
(Charles Aznavour)
Et rien que pour elle il a écrit Je ne veux que toi :
« Je ne veux que toi
Et pas autre chose
Pour semer l’espoir
Dans mon cœur meurtri
Pour que dans tes bras
Mes rêves se posent
Se métamorphosent
Au creux de ta vie
Je ne veux que toi
Et nul autre au monde
Dussé-je en mourir
Dussé-je en crever
Pour couvrir la voix
Etrange et profonde
Qui hurle et qui gronde
Dans mon cœur blessé
Je ne demande pas la lune
Je veux ensoleiller ma vie
Mais ça ni gloire ni fortune
Ne peuvent en payer le prix
Je ne veux que toi
Pour que tu enlèves
Le doute et la peur
Qui hantent mes jours
Et qu’enfin pour moi
Dans tes bras se lève
Une aube de rêve
Dans un cri d’amour
De concession en sacrifice
Je suis prête à n’importe quoi
Pour qu’enfin mon âme guérisse
Du mal de vivre loin de toi
Je n’attends qu’un mot
Tombé de tes lèvres
Pour fuir sans regret
Où tu le voudras
Par monts et par vaux
Que tu sois l’orfèvre
De mes nuits de fièvre
Blanchies dans tes bras
Sur mon âme en feu
Je jure crois-moi
Seule et devant Dieu
Je ne veux que toi ».
(Charles Aznavour)
Superbe texte adapté par Dee Shipman : All I want is you.
Un ton très grande chanson américaine, bande originale de film ou extrait de comédie musicale, qui nous met cinquante étoiles dans les oreilles…
Un bien bel album, que l’on aurait aimé un peu plus long, d’autant que l’on sait que certaines chansons ont été mises de côté. Et même enregistrées pour certaines.
A suivre.