Dimanche 11 janvier 2015. Une atmosphère étrange a envahi Paris. Nous sommes dans une ville blessée qu’un attentat vient de meurtrir, à l’Olympia où Amour, toujours, le premier spectacle du Paris de Michèle Torr, va commencer, Boulevard des Capucines, alors qu’une marée humaine se déplace entre la place de la République et celle de la Nation. La salle s’est tout de même bien remplie. La première partie a été assurée par Zize du Panier, dans un esprit « cabaret », « Music Hall», tel que l’aime Michèle Torr qui a à cœur de donner leur chance à des artistes moins connus. Nous voilà plongés par cette « blonde » qui ne s’appelle pas Michèle dans une ambiance provençale et amusante, sans prétention. La salle se laisse gagner par le rire…
En deuxième partie, Michèle Torr. D’abord vêtue de son habit noir puis en veste crème sur chemisier et pantalon de cuir noirs…
Après la première chanson, nouvel appel à la tendresse,
35 ans après l’attentat de la rue Copernic :
« Merci d’être venus en ce jour si particulier… », pour introduire Je ne veux chanter que l’amour…
« Devant les synagogues, les mosquées, les cathédrales », elle en appelle à la tendresse et elle chante, Je ne veux chanter que l’amour, Tout l’amour du monde, Ils s’aiment, et alors, Je ne veux que toi…
Dès le début du spectacle c’est l’émotion qui prévaut. Les applaudissements sont nourris après la plupart des titres, souvent les spectateurs se lèvent et frappent longtemps dans leurs mains, après les tubes de même qu’après les nouvelles chansons. Ovation plus marquée encore après La quête, a cappella. C’est une ambiance d’amour et de fraternité, d’ouverture et de tolérance qui a empli la salle : Michèle Torr a parlé d’amour, toujours bien sûr, de toutes les formes d’amour, y compris des amours homosexuelles, elle a parlé de foi, elle a évoqué ses « héros »: Piaf, Brel, son père… Ses chansons les plus connues étaient là, régulièrement réparties, de même que six (sur onze) du très beau nouvel album de la Diva que le public a portée « à bout de bras » (dommage cependant que la chanson n’ait pas été chantée en entier à la fin). Emotion prenante qui a fait parfois couler des larmes sur ses joues. Emotion vibrante en particulier au moment de J’en appelle à la tendresse, évidemment. On est repartis après un spectacle un peu plus court que de coutume avec le sourire aux lèvres, les notes de Laisse-les dire dans la tête et du baume au cœur…
Après, le 13 avril 2015, la sortie dans les bacs de Diva , distribué par Sony, permettant enfin au CD, jusque là uniquement disponible sur le site de la chanteuse, d’être à portée de main pour tous, le 21 juin 2015, jour de la fête de la musique, Michel Drucker consacre enfin un Vivement Dimanche ! à Michèle Torr.
Avec des invités de choix : Pierre Croux, un écrivain provençal qui a raconté le mariage des grands-parents de la chanteuse, Jean François Gérold (Le Condor), avec qui elle a chanté l’hymne de la Provence, le chef Edouard Loubet, restaurateur à Bonnieux, le professeur Pelletier pour évoquer la recherche concernant la sclérose en plaque, Vianney, Gilles Dreu, Mathilde Seigner, Dominique Besnehard, admirateurs de longue date, David Lelait Hélo, Didier Barbelivien qui ont écrit pour elle, et surtout Charles Aznavour.
Elle y a chanté J’en appelle à la tendresse ainsi que Je ne veux chanter que l’amour (et donc Coupo Santo, avec Le Condor).
On a pu aussi voir plusieurs extraits de l’Olympia
2015 : Diva, Chanter c’est prier et Je
ne veux que toi.
Michèle Torr a également rendu hommage à Mistinguett, avec un medley, pour Charles Aznavour, que l’on a pu réentendre au Trianon.
Une jolie émission et un joli succès :
toutelatele.com : « Vivement dimanche : Michèle Torr plus performante que Julien Doré *».
1,28 million de spectateurs l’après-midi, et 2,11 millions le soir.
* Invité la semaine précédente.
A partir du 13 juillet 2015, à Berre l’Etang, tournée d’été 50 ans de chanson :
et nous voici, au cœur de l’été, quelque part sur la place d’un petit village de Provence, entre Berre l’Etang et Sénas, pour fêter avec la chanteuse, accompagnée de l’orchestre de Richard Gardet, pas très loin de là où elle a appris à chanter, sous la musique de son professeur de chant, ses 50 ans de chansons. On y a bu, dans l’air brûlant du Sud, à la coupe sainte, voyagé de Courthézon jusqu’à Séville, et jusqu’au bout du monde. En cet été 2015, en Provence, elle s’est donc muée en dame de charité pour quelques dates éparses, du côté de Pertuis ou de Salon-de-Provence, pour la Sep Pays d’Aix ou pour le Blé de l’espérance, au profit des enfants malades de l’hôpital…
Le 18 octobre 2015, c’est au Trianon, Boulevard de Rochechouart, dans le 18ème arrondissement, que s’est prolongé… et terminé le Paris de Michèle Torr. Nous nous sommes retrouvés dans un théâtre idéal, d’or et de velours, un café-concert imaginaire, pour un spectacle intimiste où se sont succédé les gosses et les femmes de Paris, réincarnés par une chanteuse inspirée qui a été tour à tour une femme séparée de son homme par la guerre, ou bien trahie, abandonnée par lui, ou encore une star du music-hall, une diva, un ange rouge et noir, affublé de plumes multicolores, de strass et de paillettes, qui a chanté pour nous faire pleurer autant que pour nous faire rire.
Ce ne fut pas un spectacle intimiste tel que le laissait préfigurer son titre, avec un piano-voix-violon du début à la fin, mais assurément un spectacle personnel, imaginatif et riche. Et un vrai "cœur à cœur" a bien eu lieu.
Vêtue de mousseline rouge et de dentelle noire puis de satin noir tout brodé de strass elle a chanté un certain nombre de ses tubes : Midnight Blue en Irlande, Discomotion, J’en appelle à la tendresse, J’aime (extrait), Emmène-moi danser ce soir et Je m’appelle Michèle, alors que ses musiciens et choristes ont entonné, entre les deux parties du spectacle, un « medley » au cours duquel on a pu entendre, presque dans l’ordre chronologique, C’est dur d’avoir seize ans, Dans mes bras oublie ta peine, Ce soir je t’attendais, Cette fille c’était moi, Une vague bleue, Lui et Une petite Française. Peut-être y manquait-il Un enfant c’est comme ça, mais entendre ces extraits aura été bien agréable.
Alors que de Chanter c’est prier il n’est resté que Coupo Santo, de son dernier album Diva, Michèle Torr a chanté cinq chansons, Je ne veux chanter que l’amour, Tout l’amour du monde, Il se peut que je t’aime encore, Diva et Qu’est-ce qu’ils disent ?
Pour la partie « intimiste », on a pu écouter A mon père ainsi que, pour débuter la seconde partie, Chanson inédite (intimiste sur le plan des paroles, mais pas des arrangements !), le très théâtral Et toute la ville en parle et surtout, Diva...
Mais Michèle Torr aime le rire et le music-hall, c’est pourquoi elle a aussi choisi de proposer, affublée d’un grand « truc en plumes », un « medley » de chansons de Mistinguett tout empreint de gouaille bien parisienne, avant le primesautier Ils s’aiment et alors ? (sur les amours homosexuelles, qui rappelle par son thème le Comme ils disent d’Aznavour). Et puis elle a chanté Diva, qui a pris là toute sa dimension, à la fois intimiste, avec le ton de la confidence et des accents de Barbara pour s’adresser au public, mais aussi humoristique, avec l’insertion par Georges Chelon dans la mélodie d’Alice Dona, de l’extrait de L’Air des Bijoux de Charles Gounod, cher à La Castafiore, tout en restant dans l’ambiance café-concert qui teintait l’ensemble du spectacle.
Et c’est avec humour aussi qu’elle s’est tournée enfin tournée vers le public pour dire, en réponse à la question habituellement posée par les journalistes pour savoir si cela ne la gêne pas d’être une chanteuse populaire, avec un zeste d’Arletty dans le ton et dans le geste : « Pas du tout ! », annonçant ainsi sa dernière chanson, le festif Qu’est-ce qu’ils disent ? .
Elle a tenu la scène du Trianon sans filet avec vingt et une chansons devant un public de fidèles admirateurs venus moins nombreux qu'au premier rendez-vous à l’Olympia, mais plus large que celui d’ « Amour toujours ». En effet, le choix de cette salle, au pied de la butte Montmartre, a attiré un public sensiblement différent, composé de personnes de toutes tranches d'âge qui venaient découvrir pour certaines pour la première fois, sur scène, la chanteuse populaire.
Du Paris de Michèle Torr, il nous reste heureusement le double DVD De l’Olympia au Trianon que l’on peut se procurer sur le site www.micheletorr.com .
Décembre 2015 enfin : nous voilà sous les voûtes d’une cathédrale ou d’une église, où la chanteuse prie comme elle chante, à tire d’aile et en plein ciel, des chansons de Noël et des prières, pas forcément pieuses, pour faire sa profession de foi et d’amour, d’amour des enfants, tel celui qui demeure vif en chacun de nous, d’amour des autres, d’amour fraternel, d’amour universel, quand on n’a plus que ça…
Chanter c’est prier, à Aix-en-Provence, puis à Bergerac, c'était Noël avant Noël.
Pendant l’avant-spectacle, parmi les airs de musique classique interprétés par Mathieu Chocat, Sébastien Trognon (Pierre Schmidt est venu les rejoindre après à la guitare), on aura reconnu l’air de Schubert qui a donné naissance à Dis-moi mon Dieu, la chanson que Michèle Torr a enregistrée en 1977 sur l’album J’aime.
Ensuite, après la prestation de la chorale locale (Les Petits Chanteurs d’Aix à Aix et Chœur en B, dirigé par Eric Picot, à Bergerac), c’est Michel Monaco en Provence et Thomas Hernandez en Périgord qu’on a écoutés pour quelques chansons.
Puis Madame Michèle Torr, vêtue d’une belle et sobre robe noire sous un manteau de neige dont elle s’est défaite assez vite, dont le répertoire a été revisité et réorchestré par Mathieu Chocat, et c’est un superbe bouquet de chansons qui a formé ce nouveau tour de chant aux couleurs spirituelles.
Une promesse tenue donc,
« Ce n’est pas une messe
Rien de plus que ma promesse… »,
Chanter c’est prier.
Pour les « classiques » Michèle Torr a choisi de garder Midnight Blue en Irlande pour son atmosphère, J’en appelle à la tendresse, A mon père et Un enfant c’est comme ça, particulièrement prenant. Mais aussi, inévitablement, Emmène-moi danser ce soir…
Pour les reprises, elle a choisi Douce nuit, Le Noël
de la rue (d’Edith Piaf), La prière (de Georges Brassens) et l’Allelujah
(adapté de Léonard Cohen) en plus de l’Ave
Maria de Gounod, de Mon ange de Bruno Coquatrix, de Quand
vint la grâce (adapté de Amazing grace) et de Quand on n’a
que l’amour.
Elle a aussi rendu hommage à Sœur Emmanuelle avec Son
paradis c’est les autres, s’est adressée avec la voix de Claude Barzotti à
Notre Père et a entonné l’hymne provençal, Coupo Santo.
De son dernier album elle a gardé Je ne veux chanter que l’amour
et Tout
l’amour du monde, dans un spectacle qui nous a emportés de la parfois
triste, parfois belle réalité à la magie céleste, en passant par l’univers
poétique des Effarés d’Arthur Rimbaud.
Avec une voix grave et incandescente, telle une braise enfouie, que l’on peut retrouver en se procurant Tout l’amour du monde…, le CD du spectacle. www.micheletorr.com .
Quelle belle façon de fêter cinquante ans de carrière ce fut que de nous offrir en un an à peine ces quatre spectacles différents!
A suivre.
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