« [Michèle Torr] prépare un album pour l’automne
prochain avec trois chansons dont elle a, elle-même, écrit les paroles durant
sa convalescence » (Geneviève Coste, Télé
7 jours, mai 1991).
« C’est aussi la première fois que je signe autant de
textes. Et pendant ma convalescence, ce qui n’est pas un hasard. Je me suis, je
l’avoue, plus investie sur ces nouveaux titres que pour les anciens
albums », explique-t-elle à Alain Val, de Télé Magazine.
Vague à l’homme sort en décembre 1991. Entre temps, beaucoup de
choses se sont passées. Ce sera le seul disque qui paraîtra chez Vogue. Il
contient deux chansons assurément signées Michèle Torr et Guy Mattéoni: ce sont
Rentrer
sur scène et Vivre dans l’instant.
Toujours en 1991, Paule Picard écrit : « [Michèle
Torr] n’ouvre son cœur qu’au public pour lequel elle a écrit une superbe
chanson : Rentrer sur scène ».
Rentrer sur scène est en effet la chanson de l’expression de la
reconnaissance de la chanteuse, adressée à son public. On voit souvent dans ce
genre de titre quelque chose de démagogique. Peut-être. De l’impudeur,
dit-elle. Mais on sent bien qu’il y a de la sincérité dans l’évocation du
désespoir crié, dépassé dans le halo du projecteur, malgré la peur, malgré les
doutes, grâce à la scène et au public, retrouvé régulièrement au cours de la
période difficile qui vient de s’écouler, car l’artiste a continué de se
produire en concert, sans interruption. Pour trouver auprès de lui dans une
étrange communion –un cœur-à-cœur- la chaleur, le réconfort. L’espoir.
« Même si la peur et le doute m’accompagnent
Je serai là ce soir
Pour te crier mon désespoir
Dans le halo du projecteur
Je serai seule à avoir peur
Rentrer sur scène
Crier « Je t’aime »
Se dévoiler et se donner
Sans pudeur
Cœur à cœur…
Si je t’appelle en un seul cri
Qui sort de moi qui nous unit
Au premier rang ton seul regard
Chauffe mon sang me rend l’espoir
Dans le halo du projecteur
Je serai seule à avoir peur
Rentrer sur scène
Crier « Je t’aime »
Se dévoiler et se donner
Sans pudeur
Cœur à cœur…
Et tu me portes
et mes doutes s’envolent
je ne veux rien d’autre
que ce que tu me donnes
Dans le halo du projecteur
Je vous entends je vous respire
Et peu à peu je vous rejoins
Rentrer sur scène
Crier « Je t’aime »
Se dévoiler et se donner
Sans pudeur
Cœur à cœur…»
Rentrer sur scène, 1991… 2019.
L’espoir, un peu de jaune soufre pour la moitié des lettres
du nom de la chanteuse, pour celles de son prénom et du titre de l’album sur la
pochette, comme un rayon de lumière, et une chanson, résolument optimiste
celle-là : Vivre dans l’instant. Hymne au présent, au détriment du passé
imparfait, du futur incertain…L’artiste ranime le feu qui brûle en elle, repart
en bataille défendre une vie nouvelle…
« Vivre dans l’instant
Sans passé imparfait
Sans futur être sûre
Penser tout fort au présent
Vivre tout simplement
Pour casser mes certitudes
Je mettrai un point final
Aux regrets aux habitudes
Aux histoires bien trop banales
Je ferai un feu de paille
Des toujours des éternels
Je partirai en bataille
Défendre une vie nouvelle
Vivre dans l’instant
Sans passé imparfait
Sans futur être sûre
Penser tout fort au présent
Vivre tout simplement
Si demain je pleure un peu
Sur mes beaux jouets cassés
Je ranimerai le feu
Qui en moi brûle à jamais
Je ne serai plus déçue
Ce sera ma différence
De ce que je n’aime plus
Je partirai en silence
Vivre dans l’instant
Sans passé imparfait
Sans futur être sûre
Penser tout fort au présent
Vivre tout simplement… »,
Vivre dans l’instant, 1991.
On en saura un peu plus avec l’album A mi-vie en 1993, dont
l’écriture des paroles sera confiée à Pierre Grosz. On retrouvera ces deux
dernières chansons (Rentrer sur scène et Vivre dans l’instant) sur Le
meilleur de Michèle Torr en public en 1996 et Portrait de scène en 1999
(ce sont les mêmes versions). Puis, en 2019…
Ceux qui laissent est signée, non par Michèle Torr et Guy Mattéoni comme c’est
mentionné sur le CD, mais par Stéphan
Chapel et Philippe Bambuck, comme c’est indiqué dans le livret.
Cette chanson est tout
de même le reflet de ce que vit et éprouve la chanteuse. Elle lui va donc comme
un gant, de même que Ne m’oublie pas et Vague
à l’homme. Dans ce disque triste comme un crépuscule, avec pour visuel
une photo en noir et blanc sur fond violet qui ressemble à un faire-part de
deuil (et il s’agit bien du deuil d’un amour et d’une aventure artistique), il
s’agit surtout de se défaire du poids d’un divorce et d’exorciser la déception
engendrée par la défection d’une équipe. L’album de la renaissance, ce sera le
suivant.
Un mot de plus quand même sur Ceux qui laissent, qui
n’est donc pas signée Michèle Torr :
il y a bien là l’expression du désarroi
d’une femme prise en otage par ses sentiments, prise au filet d’une histoire,
d’un regard beau comme un diamant noir, qui vient de se séparer de celui
qu’elle aimait et, même si c’est elle qui laisse, elle souffre, et regrette, et
revit en rêve les instants passés, précieux, perdus…On ne saura pas quelle est
la part de vécu là-dedans, mais elle n’est certainement pas des moindres. La
liberté comme un mirage, la rupture comme un naufrage. Michèle Torr aurait pu
l’écrire, et c’est sans doute bien elle qui l’a inspirée, de même que Ne
m’oublie pas.
A suivre.
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