mardi 28 avril 2015

Michèle Torr nous emmène en voyage.



Le lundi 18 mai 2015, dans le cadre du Paris de Michèle Torr, la chanteuse devait chanter à l’Hôtel Circus Circus de Las Vegas dans le cadre d’un voyage organisé de  dix jours aux Etats-Unis. C’est de là qu’est venue l’idée de cette chronique. Si le concert de Las Vegas est officiellement reporté pour  une raison de parité entre l’euro et le dollar qui aurait nécessité une augmentation du prix du voyage, nous avons tout de même voulu garder l’idée de cette chronique.
D’abord parce que, le dimanche 12 avril 2015, Michèle Torr a chanté à Lloret de Mar, en Espagne: SAPA Voyages y a proposé un séjour du 11 au 14 Avril 2015 « à l'occasion d'un concert d'exception de Michèle Torr » qui a rassemblé environ 1200 personnes.
Ensuite parce que, une croisière en Méditerranée est prévue entre le 7 et le 13 novembre 2015.
Aussi parce que, dans le cadre des croisières Age Tendre, les admirateurs qu’elle et les autres artistes ont  emmenés en voyage plusieurs années consécutivement avec eux ont été nombreux.
Et pour l’instant, l’espoir d’une concrétisation de ce rêve d’un concert aux Etats-Unis n’est pas définitivement abandonné.
Et puis les chansons de Michèle Torr ne sont-elles pas aussi un moyen de nous faire voyager ne serait-ce que par l’imagination et la magie de la musique?
« « Mais toi qui peux partir faire de beaux voyages
Je n’ai pas le droit de te garder
Ainsi emprisonné
Alors va.» Et il ouvrit la cage »,
L’oiseau et l’enfant.
La liberté, le rêve de voler… Aspirations que les voyages nous permettent de tenter de satisfaire…
Voici un autre voyage dans le répertoire de Michèle Torr.


Certains voyages  sont simplement effectués à l’occasion des vacances :
« Elle allait en vacances
Près de Saint-Paul-de-Vence
Elle partait avec lui
Au soleil du Midi »,
Cette fille c’était moi.
« Ce matin n’est pas comme les autres
On a préparé l’auto
Un tee-shirt un jean et puis je saute
Vers des horizons nouveaux…
C’est vrai petit où je t’emmène
C’est vrai là-bas il fait beau… »,
Soleil.
L’été, pour partir ou revenir de vacances à la plage, plusieurs moyens de locomotion :
« Tous les trains peuvent s’en aller
Puisque je suis dans tes bras… »,
Dom dom.
« Alors prends l’avion ou prends le train
Tu seras vite dans le bain
Car… »,
Toute la plage danse.
Moyens de partir variés qui permettent d’aller de plus en plus loin :
« Tous les bateaux sont rentrés…
Tous les trains sont arrivés… »
Quand un homme a du charme.
« C’est comme un bateau
Voguant sur les flots »,
Une vague bleue.
 « De Paris jusqu’au Etats-Unis
Il n’y a que quatre heures et demie
J’oubliais quelqu’un sur la lune
Il y a bien longtemps
Qu’auraient dit nos arrière-grands-parents ? »
Nos arrière-grands-parents.
Et tant pis si la fin du voyage n’est pas toujours heureuse :
« Un bateau sur la Méditerranée
Un train vers la gare de Lyon
Peut-être un avion…
Une image à la fin d’un beau voyage
Des souvenirs qui font mal »,
Juste après l’été.
Parfois on en vient à penser qu’il vaut mieux s’abstenir.
« …Oublie qu’il existe pour la ville
Un chemin des autos et des grands trains »,
Paul.
On peut partir juste pour un week-end :
 « On allait tous les vendredis
Dans la maison de ta famille
On y entraînait les amis… »
Papiers à fleur.
Ou une simple promenade. A pied :
« Nous avions tant marché
En nous tenant la main
Que l’on s’est arrêtés
Au boulevard Saint Germain »,
Le mal de Mai.
Ou en voiture :
 « Avec ta voiture tout à l’heure
On s’en ira crois-moi
Où tu voudras… 
Quand le soleil se couchera
On rentrera heureux …
Il y a des jours comme ça
Quelquefois…»,
Pendant l’été.


On peut parcourir la Douce France,
« Cher pays de mon enfance » 
En passant par la Sologne:
« Tous les deux au bord des étangs
On se promenait romantiques…
Et puis tu m’abandonnes… »,
Dans un coin de Sologne.
Ou bien la Normandie :
« Sur une plage de Normandie…
On aurait pu se croire en Italie
Dans ce décor de Fellini
Bateaux brisés nuages gris »,
Mélancolie femme.


On peut aussi partir à l’étranger. 
Pour un dépaysement absolu :
 « Tu rêves tout éveillé
A des îles ensoleillées
Tu vois la mer qui scintille
A l’odeur des paprikas
Dans un bateau tu te vois
En partance pour Manille »,
Tous les oiseaux reviennent.

 Mais l’Italie reste une destination privilégiée :
«  J’aimerais vivre une autre vie
Dans le pays de Fellini
Chanson napolitaine
J’aime te guitares j’aime tes refrains… »
Chanson napolitaine.
 « Tu ferais mieux de m’inviter à Venise ou à Rome »,
Si on se voyait ce soir.
« A quinze ans on rêvait de partir
A Venise ou ailleurs souviens-toi »,
J’aime.
 « Nous n’irons plus en Italie
Venise est noyée aujourd’hui
Florence a perdu ses trésors… »,
L’Italie.
« Il était une fois
Mayerling ou Venise
Ce n’était pas nous non
On n’était pas là »,
De l’amour.

 On peut aller aussi plus vers le Nord :
« Midnight et il pleut
Au ciel d’Irlande
Je me demande
Qui peut être heureux ?»
Midnight blue en Irlande.
Ou à Amsterdam il y a des moulins qui ont rendu l’âme, du ciel bleu parfois, et des printemps sous des parapluies. Mais à Amterdam,il y a aussi « des marins qui chantent les rêves qui les hantent au large d’Amsterdam, des marins qui dorment, des marins qui meurent, des marins qui naissent, des marins qui mangent… des marins qui vivent et qui pissent comme Brel pleure sur les femmes infidèles.
Ou bien encore vers le Sud :
« Trouvez-moi l’homme en or…
Qui m’emmène l’hiver à Corfou »,
L’homme en or.
La prière sévillane nous transporte à Séville sur la « Plaza  [de toros] » à l’heure de la « faena » pour écouter la prière de Maria, la mère du torero César Rincon, qui prie pour que son fils, face au toro, ait la vie sauve…

On peut changer de continent et partir pour l’Amérique du Sud :
Argentina nous fait découvrir les mystères du pays du tango où chantent les femmes et où les hommes ont le sang chaud, pays du bandonéon et du galop des chevaux, du soleil et de la lumière indigo…
La vie tango nous ramène
« autour de Buenos Aires »
« en bas de l’Amérique »
écouter « sous les jacarandas » le «corazon de l’Argentina qui bat ».
On peut aller au Brésil,
« dans le cœur de Rio », où
« même le Corcovado
Nous regarde d’en haut 
C’est beau »,
Grâce au Carnaval à gogo.


En Amérique de Nord,
« Je me souviens d’un petit bar
De la Nouvelle Orléans
Où … »,
on découvre l’histoire de L’homme à la guitare d’or. 
On peut se contenter de clichés :
« Dans le ghetto y a New York
Sur des cartes postales jaunies »,
Le ghetto.
Mais on découvre aussi d’autres cultures :
« Et soudain sur les eaux où tout danse
On voit filer les piroguiers qui s’élancent
Les Indiens aujourd’hui sont en fête… »
Jambalaya.
 « A Kingston
Il y a des tonnes
De rythmique… »,
De la musique, l’océan, le soleil et d’autres substances encore, plutôt illicites,
Rue de la Jamaïque.
Et pour changer d’air, quoi de mieux qu’une île ?
« Un prospectus pour les Seychelles
Tombé d’un arbre de Noël »,
Le sac.
 « Qui voudra partir avec moi sur une île ?...»,
Qui.
« Faut protéger l’île au trésor »,
Encore.
« Je redeviens la petite fille fragile
Qui rêvait de ton île »,
Sentiments.
« Ile tu es née de la pluie
De ma folie
Assaillie par les vagues…
Ile je t’appelle à la vie…
Oh ! Ile où dansent mes enfants
Petits et grands en sortant de ma tête
Oh île un jour je partirai
M’endormirai
Pour mon dernier voyage
Sur l’île fille de l’infini…»
Ile.
Exotisme garanti à Tahiti :
« J’avais mis mon paréo
Je dansais les pieds dans l’eau
Sous des lunettes de soleil
La vie n’est jamais pareille
Tous les amours cocotiers
Avaient un cœur de palmier
Colliers de fleurs colorées
Je ne peux pas vous oublier…
[Bateaux, eau, pécheurs, histoires, folklore…]
En refaisant le voyage
Je me souviens d’une plage
Où le vent des alizés
M’avait souvent décoiffée »,
Juillet août à Tahiti.
 Mais peu importe la destination, l’important, c’est le dépaysement.
« Change la vie
Envole-toi pour Miami
Ou le jardin des Tuileries
N’importe où n’aie pas peur »,
Change la vie.


Souvent, la musique et les chansons suffisent à faire de beaux voyages :
« Mets un zèbre dans ta voix
Une jungle dans tes doigts
Fais-nous rêver jusqu’au matin »,
Mets un tube dans ton piano.
En particulier la musique américaine.
« On avait dans les yeux quelque chose de Californie
Les garçons ne rêvaient que des Etats-Unis »,
Boulevard du rock.
« La musique de là-bas
Ça me fait voyager
De Santa Barbara
Jusqu’aux grands lacs salés
La musique de là-bas
Ca me fait voyager
Jusqu’en Oklahoma
Dans un bateau rouillé…
Je l’imaginais sur un railway
Au volant d’un blazer
Les Etats-Unis défilaient
Sur un film en couleurs »,
La musique de là-bas.
« Je me souviens de Bill Haley
Roulant dans les rues de Broadway…
Tu te souviens de Marylin
Se déplaçant pour voir le King
C’était à Las Vegas »,
La musique de mes idoles.

Si les chansons nous font voyager, elles voyagent aussi, à leur manière :
«Elles traversent la rue
Et partent au bout du monde
 Charmer un inconnu ou surfer sur les ondes…
Du pavé des trottoirs aux balcons de Vérone … »,
Toutes les chansons ont une histoire.
 « Où sont parties mes chansons et dans quel pays
Ont chanté ces amies qui me reviennent aujourd'hui ? »
Sha la la (hier est près de moi).



Mais pourquoi partir ?
« Partir en oubliant la clé
De la maison où je suis née
Descendre en courant l’escalier
Comme une prisonnière m’évader
Un sac marin et un blouson
Partir plus loin que l’horizon
Partir un jour
Changer de rêve changer de vie…
Sentir le vent dans mes cheveux
Prendre un bateau comme un aveu
Rêver en regardant la mer
Capitaine Cook bateau corsaire
Sourire encore à l’aventure
Boussole cassée mais ciel d’azur… »,
Partir un jour.
 « Et je vais sur les chemins
Et je vais sans penser à demain…
S’en aller
Partir et chercher
Un bonheur essentiel…
S’en aller
Partir et trouver
Un bien-être réel…
Et je pars à l’aventure
Et je pars découvrir la nature… »,
S’en aller.
Pour quitter un lieu où l’on n’est pas heureux :
« J'ai repris mon bâton, mes deuils, mes peines et mes guenilles
Et je bats la semelle dans des pays de malheureux »,
Le petit bonheur.
Que l’on soit un adulte :
 «Je voudrais changer de ville changer de nom
Et changer de pays
Quand je vois la ville et le béton
S’étendre à l’infini… »,
L’an 2000.
Ou encore un enfant, pour d’autres raisons :
« C’est un enfant qui ne dit jamais rien
Qui cherche quelque chose ou quelqu’un
A qui raconter tous les voyages
Qu’il a faits dans ses livres d’images
Juste devant chez lui il y a un chemin de fer
Alors il se colle tout contre la barrière
Et s’imagine passager solitaire
D’un train qui ferait le tour de l’univers…
Un jour il est parti rejoindre ses rêves
A sauté dans le train qu’il admirait tant
On l’a retrouvé dans la gare de Genève
Ses parents avaient cru à un enlèvement…
C’est un enfant perdu dans la vie
Qui rêve de connaître un pays
Où ses parents seraient réunis
Où leur amour bercerait ses nuits »,
Pas bien dans sa vie.
Partir peut donc être aussi une fuite.
« Changer d’espace m’empêche de garder
Des histoires tenues dans les murs du passé…
Je ne sais pas
Ce qui arrivera
Le jour où je m’arrêterai de partir
Pour ne pas me souvenir… »,
Voir Venise et repartir.



L’amour est un voyage et le voyage une métaphore de l’amour :
« Romans d’amour j’en ai lus dans les gares
A l’heure où le train s’en va »,
Donne-moi la main, donne-moi l’amour.
« Ah ! mon Dieu qu’il était beau
Courant au fil de l’eau
Le voyage en bateau…
Ah ! mon Dieu qu’il était grand
Mon ami l’océan
Dans tes rêves d’enfant…
Quand on s’aime on peut bien faire
Tout le tour de la Terre
Sans quitter la rivière… »
Le voyage en bateau.
C’est celui que l’on fait seul dans ses rêves d’enfant ; c’est aussi celui que l’on fait à deux quand on découvre l’amour.
Et le voyage peut ainsi être la quête de l’âme-sœur :
« Les carreaux sont mes voyages
Les piques sont mes naufrages »,
Pour un roi de cœur.
 « L’amour comme un voilier
Vogue toujours là où la mer berce les îles…
Ce serait pour nous l’Amérique…
Ce serait sur le Pacifique …
Si l’amour était comme un voilier »,
Comme un voilier.
« Et l’aventure c’était nous
La nuit le jour n’importe où »,
Quand un homme a du charme.
Cette quête peut permettre à Monsieur de découvrir :
« …un continent resté à ce jour inexploré »: sa femme !
(Même ta femme a) Des états d’âme.
Elle n’attend que sa visite :
« J’attendais que tu m’y emmènes
Pour un jour moi aussi aller … »,
Là où fond la banquise :
« Aux septièmes cieux où tu m’élèves »
c’est-à-dire « au Paradis ».
 La coquine !
Et la voilà aux anges :
 « Je ferais le tour du monde
Ça ne tournerait pas plus que ça
La terre n'est pas assez ronde
Pour m'étourdir autant que toi... 
On pourrait changer de planète
Tant que j'ai mon cœur près du tien…»,
Mon manège à moi.
Et si ce n’est pas encore fait, il ne faut pas hésiter :
Emmène-la :
« Je n’attends qu’un mot
Tombé de tes lèvres
Pour fuir sans regret
Où tu le voudras»,
Je ne veux que toi.


Mais il est vrai que quelquefois, on n’a pas envie des mêmes paysages et les chemins se séparent.
« Tu parlais de cargos
Aux prénoms norvégiens
Moi de pays chauds
Où chantent les matins
Nous rêvions d’Amérique
D’îles au trésor
Que c’est beau la Baltique
Qui épouse la mer du Nord »,
Tant je t’aime.
Et l’amour n’est plus que:
« Sous latitude nord
Un continent perdu… »,
Vague à l’homme.
  

Madame, au sédentaire, préfère souvent l’amant voyageur, qui la fait davantage rêver :
« Dis j’aimerais avoir un rendez-vous
Pour savoir si tu as changé
Et si tu as toujours le goût
Des voyages à l’étranger. »
I remember You (1987).
 « Ils arrivent ici de toutes parts…
…Des princes, des ducs même
Parfois quelque beau matelot »,
Le bistrot.
« Tu as les yeux d’un homme
Que tous les océans
N’ont pas su retenir…
Tu dis que l’Amérique
Tu la tiens dans tes bras
Qu’elle ne te fait pas peur…
Venise ou Amsterdam
Peu importe où tu veux »,
A faire pleurer les femmes.
« Il arrivait d’un nouveau continent…
Le vagabond du soleil
Libre comme un oiseau
Venait dormir chez toi
Le vagabond du soleil
Regardait les bateaux…
Il dessinait les montagnes du Brésil…
Il t’a promis l’océan et les roses… »
Le vagabond du soleil.
« T’as laissé le béton pour l’enfer vert
Sur ta pirogue le long de l’Amazone
Il y a la dernière cassette des Rolling Stones »,
Aventurier.
« Sur ton bateau tu es venu
Dans un soleil d’île lointaine
Sur le quai triste à temps perdu
Pour toi rôdaient tant de sirènes… »,
C’est joli la mer.

Et l’amant devient lui-même un paysage :
« Le jardin d’Angleterre
Bordant les rivières
C’est toi mon amour c’est toi…
Les déserts d’Arabie
La mer en folie
Toujours toi
Une tour de Babel
Au soleil
Oui c’est toi
Mon univers et puis mon roi c’est toi… »,
Le jardin d’Angleterre.
Que l’on regrette quand on ne peut plus le contempler : C’était toi.


Si l’amant est parfois voyageur, la femme peut l’être aussi,
« J’irais jusqu’au bout du monde… 
Si tu me le demandais »,
Hymne à l’amour,
dans une quête qui peut se révéler désespérée et rendre Kathy cruelle :
« Je partais en rêvant tout au bout de la Terre…
Je vais où va le vent…
Depuis pour tous mes amours je suis la fille du vent
Qui souffle au cœur et passe… ».

Les voyages peuvent être la cause ou l’effet d’une séparation:
parfois brève et sans grande conséquence :
« Tu t’en vas ce matin
Et le long de ton chemin
La clairière la rivière t’ont dit… »
A bientôt nous deux.
Ou plus problématique :
  « Embarquement immédiat
Je suis bloquée à Roissy
Loin de tout ici
Je pense à toi »,
Tes silences.
 « Tu es reparti chez toi
Sans moi
New York City USA
L’autre côté de la Terre
L’envers… »,
Never never live without you.
« Mais toi sur ce trois-mâts lourd de bois des Antilles
Et de camphre et de poivre où tu rejoins tes rêves
As-tu perdu de vue naviguant d’île en fille
Nos soirs de grands secrets et le goût de mes lèvres ? »
Fanny sur le port.
Voire définitive.
« Mais je sais qu’un jour il est parti
Paraît-il que c’est en Amérique
Faire sa vie … »,
Mister Mélody.
Et c’est le désespoir :
« Depuis j’ai fait des safaris-appartement
Séismes affectifs côté sentiments »,
Et si c’était à refaire.
Alors on peut partir pour essayer de retrouver l’amour perdu :
« Je ferai le tour de la Terre
J’irai jusqu’au fond des Enfers
En criant jour et nuit
Sans répit… »,
Jezebel.
Ou bien se faire une raison et partir pour essayer de trouver l’amour ailleurs.
« Une valise sur un trottoir…
Un taxi qui est en retard…
On est dimanche et c’est l’été
Drôle de saison pour se quitter…
Ça soûle un peu la liberté…
Rouler jusqu’au bout de la nuit
Partir n’importe où loin d’ici
Pour pouvoir oublier qui je suis »,
Les clés de ma nouvelle vie.
 «Le bateau s’est perdu en mer
C’est grand la Méditerranée…
Les rues le monde et puis les trains
Ça donne envie de voyager »,
D’autres soleils.
 « Bye bye l’amour
Il ne faut pas pleurer pour autant
Mais sourire comme avant
Car c’est pour de nouveaux voyages
Qu’il nous faut boucler nos bagages…
Bye bye l’amour
Accroche une rose à ton cœur
Quand revient le bonheur
Car c’est pour de nouveaux voyages
Qu’il nous faut boucler nos bagages… »,
Bye bye l’amour.


Le voyage est une quête de l’amour :
 « C’était écrit qu’on marchait l’un vers l’autre »,
Passion fatidique.
 « J’attendrai les trains les bateaux les avions…
J’attendrai quelqu’un qui portera ton prénom…
Quelqu’un qui sera sûrement personne…
Dans un jardin ou dans un port… »,
Le temps qu’il faudra.
Pour Monsieur, tel un preux chevalier, une épreuve à surmonter, celle de la prime indifférence :
 « Mes yeux bleus
Sont un océan
Et tu devras le traverser un jour
Si tu me veux »,
Mes yeux bleus.
Un espoir de retrouvailles :
« Je reviens par le train de nuit
Sur le quai je le vois qui me sourit »,
Les mots bleus.
Parfois déçu :
 « Ce train de l’espoir
Me laisse sans armes
Dans ce hall de gare
Où tu n’es pas là »,
Je t’avais rapporté tant de choses de mon voyage :
« Des couchers de soleil
Sur fond de Méditerranée…
Des voiliers dans le vent
S’éloignant du rivage… ».
 « Je t’ai attendu le cœur serré
Entre Venise et Saint Malo sans gondolier…
Je t’ai cherché sur des voiliers
Perdus en Méditerranée
J’ai crié ton nom dans chaque rue
De Baia  jusqu’à Varsovie je t’ai perdu »,
La princesse aux pieds nus.
Mais l’espoir n’est jamais tout-à fait perdu car :
 « Au bout du monde
Tout paraît mieux qu’ici
La Terre est ronde
Tu me retrouveras
La même dans tes bras…
Le jour se lève sur cet aéroport
Embrasse-moi encore »,
Puisque c’est un adieu.
« Dans quelques années je le sais
On se reverra
Mais moi je n’oublierai jamais
Ces moments-là ».
Mais des retrouvailles ne seraient pas forcément une bonne chose :
« Dans un aéroport lointain
Si l’on se revoit
Ne viens pas vers moi
Ne dis rien
Tout est bien comme ça »,
Selon l’une (version en public) ou l’autre (en studio) des versions de Ma première chanson.
Les voyages deviennent alors l’occasion de nouvelles rencontres :
 « A ses pieds je posais mes bagages…
Il avait débarqué un soir
Un peu d’ailleurs et de nulle part… »
Ne lui reparlez plus d’amour. 
 « Quand je t'ai vu la première fois
J étais ailleurs, j' étais pas là
Je revenais de tellement loin
J' entendais plus, je voyais plus rien
Je voyageais dans d'autres sphères
Où l'amour n'a plus rien à faire
D'où vient cette énergie bizarre
D'avoir encore envie d'y croire
Je te dis oui, à tes décors et à ta vie
A tes encore et à tes nuits
A tes images plus ou moins sages
Je te dis oui, à tes voyages et à tes cris…
Je te dis oui.




Les voyages peuvent être aussi professionnels, que l’on soit le Père Noël :
 Il viendra ;
 « Petit Papa Noël
Quand tu descendras du ciel…
Mais avant de partir
Il faudra bien te couvrir
Et tu vas pouvoir commencer…
La distribution de surprises
Et quand tu seras sur ton beau nuage
Viens d’abord sur notre maison… »,
 Petit Papa Noël.
Ou plus simplement artiste :
« Demain matin quand le soleil va se lever
Ils seront loin et nous croirons avoir rêvé
Mais pour l’instant ils traversent dans la nuit
D’autres villages endormis »,
Les comédiens.
Car être artiste, c’est être un peu bohémien, un peu nomade, un peu saltimbanque, même si ce n’et pas forcément la vie de bohème.
« Après je repars dans la nuit
Je chante à tire d’aile…
Je viens te voir pour te faire rêver
Et c’est magique…
Tous mes amis je les trouve en chemin
Tous mes amis
Un jour ici ailleurs le lendemain
Et je suis bien
Je ne suis rien qu’un troubadour… »,
Je chante.
 De façon plus intime et personnelle, la chanteuse a aussi choisi ses chansons pour nous confier :
« Une petite française née en Provence
Quand elle avait quinze ans vint  à Paris… »
Une petite française,
 « Par le train de nuit »,
Ma première chanson.


« Je vois le soleil
Les arbres qui défilent
J’ai un peu sommeil
En arrivant dans la ville…
Quand le rideau s’ouvre commence le voyage…
Sur les routes
Je suis toujours sur les routes
Quand je viens chanter pour vous
C’est vraiment la vie que j’aime… 
Des grandes villes aux tout petits villages
Je garde en mon cœur vos sourires vos visages
Et quand je pars
Dans le petit matin blême
Si j’ai le cafard
Je me sens bien quand même »,
Sur les routes.
Le ton est parfois plus amer :
« De Courthézon à l’Olympia
Il n’y a qu’un pas
Mais qu’il est long ce chemin-là »,
Le cours de chant.
« Minuit heure locale
Sur la route nationale
Entre deux villes je suis fragile…
Je ne sais plus où vont mes nuits
Je ne sais plus où l’on me conduit… »,
Minuit heure locale.
 « J’ai trop souvent fait mes valises…
Etrange mélange
Cette envie de ne pas vous quitter
Et toujours ce besoin de partir…
Même si je dois brûler mes nuits
J’irai chanter jusqu’au bout de ma vie »,
Comme ces pianos.
Je ne suis qu’une femme
« Une femme qui s’en va… ».
Ou plus nuancé.
 « On est venus de loin
Toi et moi
Qu’il fut long le chemin
Pour en arriver là…
Nous allons nous quitter
Vous et moi
Chacun de son côté
Va retrouver son toit…
Mais laissez-moi souffler
Et retrouver ma voix
Avant de repartir au combat
Pour redevenir
Votre diva »,
 Diva.


Il en est de même pour les autres artistes, musiciens, chanteurs etc.
« Ils arrivent de New York
De Paris de Toulouse…
Mes amis musiciens
Me suivront jusqu’au bout
Par la route par le train
Tout le monde a rendez-vous… »
Mes amis musiciens.
Ainsi Barbara, aussi chantée par Michèle Torr en 1998:
« Sur la longue route qui menait vers vous
Sur la longue route j’avais le cœur fou…
Elle fut longue la route
Mais je l’ai faite la route
Celle-là qui menait jusqu’à vous…
Pour vous je l’eusse faite à genoux…
Ce fut un soir en septembre…
J’avais fini mon voyage
Et j’ai posé mes bagages
Vous étiez venus au rendez-vous… »,
Ma plus belle histoire  d’amour c’est vous.
Ces artistes qui par leur art, par la magie d’un spectacle, nous emmènent en voyage, qu’ils soient chanteurs ou comédiens, comme Gérard Philippe.
 « Il nous emportait dans son empire
Nous attendrissait avec un sourire
Combien je l'aimais, combien je rêvais
Et puis vers ma ville je m'en retournais… »,
Un prince en Avignon.

Fatalement, comme Du Bellay clamant « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage », la chanteuse exprime parfois le désir d’un retour au pays natal, où « vivre entre ses parents le reste de son âge » :
 « Dans tous mes voyages
J’ai vu des paysages
Mais rien ne vaut l’image
De tes beaux cheveux blancs »,
Maman la plus belle du monde.
Pour Michèle Torr, c’est la Provence, sillonnée par les bohémiens et lieu de prédilection des Gitans :
 « J’aime ses fleurs sauvages
Et les gens du voyage
Qui ont gardé l’accent de mon enfance 
C’est une histoire d’amour
Je reviendrai toujours
Dans ce jardin où j’ai laissé mon cœur »,
Le pont de Courthézon.
« Les oiseaux du voyage
De loin vers tes rivages
Retournent et moi je suis comme eux »,
Mon sud.
 « Je reviendrai à Courthézon »,
disait-elle en 1984 dans Le temps.
Pour retrouver « Le chemin de bohème de l’école à chez nous… ».
 « L’odeur du bois de pin envahit la campagne
Et l’herbe se fait rare sous les roues de métal…
Le train surgit enfin du tunnel qui s’arrête… »,
L’Amour de ma jeunesse où revient la chanteuse qui dit aussi Je reviendrai dans mon pays ressemble beaucoup à Marseille, ou une autre ville de la côte d’Azur.
« Je reviendrai dans ce pays où j’ai grandi
… Et j’ai tout abandonné un matin
Pour aller vivre ma vie suivre mon chemin »,
Je reviendrai dans mon pays.
C’est ce qu’elle fera au milieu des années 80 en s’installant à Mérindol, à Saint-Rémy puis à Aix-en-Provence.
Un retour aux sources qui préfigure parfois le dernier voyage :
  « C’est une maison de lierre qui nous attend un jour… »,
En Provence ou en Bretagne, c’est selon,
« Avec un cimetière au point de non-retour… »,
La Province.


Mais tous ces voyages nous obligent parfois à découvrir un monde dans lequel tout n’est pas rose et ce sont des ailleurs effrayants qui se révèlent, même dans les chansons :
 « J’ai pris tous les avions du monde
Et je ne sais toujours pas
Si de l’autre côté la Terre est ronde
Où est l’envers où est l’endroit »,
Seule.
« Ce bateau naufragé
Prisonnier sur la mer »,
La déchirance,
est toujours d’actualité quand il est question des migrants qui trouvent des conditions de vie voire une mort horrible avant la fin de leur périple.
Ce fut longtemps avant cela le cas des Juifs qui durent quitter leur terre :
« Juste une prière avant d'obéir
A l'ordre des choses et de nos pères
Avant de partir…
Que sera demain nos destins plus loin ?...
Conduis nos enfants pour la fin des temps »,
La mémoire d’Abraham.
 « Ils sont partis dans un soleil d’hiver
Ils sont partis courir la mer
Pour effacer la peur
Pour écraser la peur
Que la vie leur a clouée au fond du cœur
Ils sont partis  en croyant aux moissons
Du vieux pays de leurs chansons… 
Le cœur chantant d’espoir
Le cœur hurlant d’espoir
Ils ont repris le chemin de leur mémoire…
Leurs frères les ont tirés vers la lumière…
Ils sont là-bas dans un pays nouveau…
Ils ont retrouvé la terre de l’amour »,
Exodus.
Ce sont aussi d’autres terres bien plus austères sur lesquelles on les a forcés à aller…
Dans les années 80, La Pologne présentait encore au monde un visage peu réjouissant.
« Dans les camps de Mazovie
Qu’est-ce qu’ils ont fait de ta vie ?...
Comment te tendre la main ?
Que de murs ils ont bâtis
Entre nous depuis Berlin ?...
Je sais bien qu’à Varsovie
On fusille ma liberté ».
Plus tard ce furent l’Amérique du Sud ou l’Afrique, et même notre pays qui montrèrent des aspects peu réjouissants auxquels la jeunesse se révèle très sensible:
« Tous ceux de Buenos Aires ou d’Adis Abeba
De Saint-Jean d’Angély ou de Romans
Sont vos cousins très chers vos sœurs vos petits frères »,
J’apprends de vous.
Mais aussi des gens au grand cœur, comme l’Abbé Pierre, Coluche (Regarde-les)ou Sœur Emmanuelle :
 « Sœur des paumés des bidonvilles
Loin des touristes qui défilent
À l'ombre des palmiers du cœur
Vous savez, tout près des poubelles
Voir la misère qui s'amoncelle
Loin de l'action humanitaire »,
Son paradis c’est les autres.
Triste aussi le sort du soldat mobilisé pour la guerre :
 « Au nom de quelle folie
Au nom de quel pouvoir
On les envoie cueillir
Les lauriers de la gloire ?»,
J’en appelle à la tendresse.


Les voyages peuvent être intérieurs ou symboliques, comme celui de l’émancipation des femmes déjà évoqué dans Seule :
 « Lancées sur une drôle d’autoroute
Elles n’ont qu’une réponse à leurs doutes
Une immense envie d’indépendance… »,
Les femmes dansent.
Et ils peuvent ainsi mener sur les chemins de la Foi que Michèle Torr a chantés dans l’album Chanter c’est prier.
« Je marchai libre vers nous…
Tant de larmes de pièges
De jours de cris
Tant d’errance de silence et de nuits »,
Quand vint la grâce.
« Je suis ma route je vis ma chance
J’ai la foi et je me lance… »,
Chante.
« Montre-moi le chemin.
Dis-moi seulement lève-toi
Et j'irai où tu me diras
Les pieds nus dans la neige »,
Fais-moi un signe.
Chemin de la Foi et chemin de l’Amour, « l’amour des autres le plus grand je crois » (Je ne veux chanter que l’amour) se confondent souvent :
 « Quand on n’a que l’amour
A offrir en partage
Au jour du grand voyage
Qu’est notre grand amour…
Alors sans avoir rien
Que la force d’aimer
Nous aurons dans nos mains
Amis, le monde entier »,
Quand on n’a que l’amour.
« Ce sera nous, dès demain
Ce sera nous, le chemin
Pour que l'amour
Qu'on saura se donner
Nous donne… »,
 L'envie d'aimer.
 « Je te rends grâce la vie
Toi qui m’as tant donné…
As mis dans mes pas
Tout l’amour tant de bras
Sur mes chemins de la paix »,
Toi qui m’as tant donné.
  

« J’ai chanté…
Dans les plus grandes salles
Même dans les cathédrales
Du bout du monde »,
Je ne veux chanter que l’amour.
Pour tout un chacun comme pour un chanteur, l’Amérique, c’est Eldorado, un pays mythique plus que réel, dont Michèle Torr, qui a chanté sur tous les continents, à l’occasion d’un festival (au Japon, à Rio, en Bulgarie, en Grèce…) ou d’une tournée (en Afrique, au Canada…), avait déjà rêvé en 1979 :
« Océan océan
Atlantique Pacifique
C’est trop loin
C’est trop grand
Océan océan
Romantique électrique
L’Amérique maintenant
C’est la fin des géants
J’ai voyagé sans retrouver une fois
50 étoiles sur un drapeau USA…
Je veux chanter j’irai danser une fois
Pour une statue de liberté USA »,
Océan.
Ce rêve aurait pu se réaliser le 18 mai 2015 à Las Vegas. Ce ne sera pas le cas, ce jour-là du moins. Est-ce si grave ?
Non, car grâce à lui, Alain Turban a écrit Route 66 pour Michèle Torr, et cette route, c’est un plaisir chaque fois renouvelé de la sillonner, à chaque écoute.
« Des chemins de traverse
Et des sens interdits
Autant de maladresses
Et l‘amour qui s’enfuit
Un coucher de soleil
Sur la route 66
C’est ta voix qui m’appelle
Comme une chanson d’Elvis
Un coucher de soleil
C’est la Californie
Je chanterai pour elle
Je chanterai pour lui
Un coucher de soleil
Sur la route 66
C’est partager encore
L’amour et mi amor
Un coucher de soleil sur un chemin de vie
C’est comme une étincelle dans mes états unis
Ce soir j’ai plus sommeil j’irai jusqu’à chez toi
Retrouver le soleil à Santa Monica »
Route 66.
Une chanson crépusculaire qui en dit beaucoup sur l’état d’esprit de la chanteuse quand on lit entre les lignes. Mais tout cela, on l’a déjà dit: chanson en forme de bilan sur les années qui passent, le temps qui s’efface… Où la route 66 est une métaphore d’un chemin de vie, qui peut sembler linéaire mais n’a pas exclu les chemins de traverse et les sens interdits. Avec encore l’envie de retrouver les lumières qui rayonnent, ou juste une étincelle dans des « états unis »… D’être enfin entièrement soi-même et de réaliser un dernier rêve : chanter, pour elle, pour lui, pour soi, au bout de la route, au bout du monde, l’amour encore, qui parfois s’est enfui, jusqu’à la mort.
Un voyage intérieur plus qu’une série de clichés.
Un voyage au pays des rêves de Michèle…

 ©E.D. &G.D.

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