C’était il y a 22 ans ces jours-ci. Un disque de Michèle
Torr paraissait. Un disque malheureux, malgré son titre. A nos beaux jours. Malheureux car il allait être mal aimé. Mal aimé
de ceux qui l’avaient conçus, mal aimé de ceux qui l’avaient réalisé, mal aimé de la chanteuse elle-même et enfin mal
aimé du public.
Mal aimé du public car ce sera, quelques mois après sa
sortie, celui de la chanteuse qui se sera le moins bien vendu. Mal aimé de l’artiste
car, moins d’un an après sa sortie, elle allait déclarer, au moment de monter
sur la scène de l’Olympia pour son retour à Paris après neuf ans d’absence, en
1996, qu’elle ne l’aimait pas, ce disque, et qu’elle n’en chanterait aucun des
titres. Et mal aimé, donc, de ceux qui l’ont conçu et réalisé… Mal aimé en particulier
de l’auteur de l’ensemble des paroles des chansons de l’album, un certain…
Laurent Chalumeau.
C’est donc vingt ans après cette expérience, douloureuse
pour tous ceux qui y ont participé semble-t-il,
que le parolier d’A nos beaux
jours s’est confié sur la façon dont il a vécu l’aventure.
Au moment de sa sortie pourtant, tout semblait se passer
pour le mieux. De beaux jours en effet puisque, presque en même temps, Michèle
Torr apparaissait, radieuse, à la une des journaux, au bras de celui qu’elle
venait d’épouser à la mairie de Mérindol, dans le Vaucluse, Monsieur
Jean-Pierre Murzilli. Pour son second passage devant monsieur le Maire, elle
était vêtue d’une robe blanche inspirée de la tradition provençale la plus pure
et semblait bien loin d’éprouver les sentiments évoqués dans la chanson phare
de son nouvel album.
Car les paroles d’A
nos beaux jours sont infiniment tristes… Supplique d’une femme qui, au
moment de la rupture, demande à l’homme qui la quitte - à moins que ce ne soit
elle qui s’en va ?- de lui faire l’amour, une dernière fois.
« Ne sois pas triste
Je sais c’est fini
Mais c’est la vie
Et la Terre n’en tournera pas moins
Soyons heureux d’avoir eu ce temps
A passer ensemble
Nul besoin de redire ces choses
Que nous savons trop bien
Pose ta joue là sur l’oreiller
Glisse ton chaud et tendre corps
Sur le mien
Et entends couler doucement
La pluie dehors contre le carreau
Une dernière fois fais-moi l’amour
Comme au cours
De nos beaux jours ».
En 1993, Francis Dordor, journaliste puis rédacteur en chef du
magazine Best pendant une vingtaine
d’années, parle au téléphone avec le PDG de Musidisc, où Michèle Torr est à
nouveau sous contrat, avec la sortie de son album A mi-vie sous le label AZ. Alors qu’un album de reprises de musique
country vient de sortir en France
« « Quatre millions aux Etats-Unis. Ici quatre exemplaires »)
l’analyse de Francis Dordor est la suivante :
« Le public « country » chez nous, c’est
celui de Sardou, Nicole Croisille, Daniel Guichard, Michèle Torr… ».
Il n’y a donc « qu’à faire chanter de la country à
Michèle Torr […pour que ça vende ici] » !
Le concept n’était pas révolutionnaire. Combien de chansons
anglaises ou américaines Michèle Torr elle-même avait-elle déjà reprises ?
Ses premiers disques n’étaient constitués, comme bon nombre de ceux de ses
consœurs et confrères
« yéyé », que de cela. Et l’un
de ses plus gros tubes, Je m’appelle
Michèle, était aussi la reprise de Rhinestone
Cowboy de Glen Campbell.
Mais le PDG de Musidisc est convaincu de ce qu’il s’agit là
de « la meilleure idée depuis longtemps à propos de Michèle », alors
il propose à Francis Dordor, devenu entre temps directeur artistique chez
Musidisc, de partir pour Nashville, avec Michèle Torr, pour qu’elle y
enregistre un album de reprises country.
Francis Dordor, pas disponible à ce moment pour un tel projet, propose à un de
ses amis, journaliste à Rock et Folk,
de prendre le relais et de s’en occuper.
Cet ami, c’est Laurent Chalumeau.
A l’époque, c’est lui qui écrit chaque soir le sketch qui
constitue, pour Antoine de Caune avec ou
sans José Garcia, la conclusion de Nulle
part ailleurs. Il a donc travaillé pendant dix ans pour Rock et Folk, dont sept aux Etats-Unis,
et publié en France un premier roman, Fuck.
« Michèle Torr ? Alors, de Michèle Torr, je vais
vous dire, c’est très simple: de Michèle Torr jusque là, j’ignorais tout. Je
n’en sais aujourd’hui guère plus. Mais là, il y a bientôt [vingt-cinq] ans, je
m’en faisais juste l’idée d’une chanteuse « France profonde », sur la
foi de « Emmène-moi danser ce soir », entendu quelques fois à
l’arrière d’un taxi. En effet, suprême instantané de misère sexuelle lumpen
pavillonnaire, le texte de François Valéry et Jean Albertini propose comme un
pendant féminin au « Tu te laisses aller » d’Aznavour. Un « Tu
me laisses rouiller » dans lequel une ménagère de moins de cinquante ans
constate : « Ca fait six ans que nous sommes mariés. Tu m’as
donné de beaux enfants tu sais. Et depuis ce p’tit bal où l’on s’est rencontré,
je n’ai pas cessé de t’aimer ». Jusque là, se dit-on, un gentil petit
couple où tout semble rouler. Sauf que oui, mais voilà : « Ce soir
j’ai envie de déposer mon tablier ». Déposer, hein, pas rendre. T’énerve pas, Régis. C’est juste
pour une soirée. L’occasion, te dit-elle, « de ma faire belle pour toi
comme par le passé ». Bonne volonté, en plus. Epilée, maquillée, sa belle
robe et ses plus hauts talons. Mords-moi cette soumission aux canons du désir
masculin. Pardon ? C’est « normal dès l’instant que c’est une femme,
qu’elle se donne un peu d’elle-même la peine d’être féminine ». Oui, non,
Régis, c’est sûr : c’est comme ça qu’elle doit être, fringuée sexy et
tout, tous les soirs de la semaine, une fois les mômes au lit, des fois que tu
serais d’humeur. Mais bon, là, juste, ce qu’elle essaye de demander, c’est,
exceptionnellement, et sans trop te déranger, « ton fauteuil, ton journal,
tes cigarettes et la télé/ce soir laisse-les de côté ». Et à la place,
suggère-t-elle dans le refrain : « Emmène-moi danser ce soir. Joue
contre joue et serrés dans le noir. Fais-moi la cour comme aux premiers
instants. Comme cette nuit où tu as pris mes 17 ans ». 17 + 6 ans de
mariage = 23. Mais on voit en même temps que ça vaut pour tous les âges. Comme
dit Sardou, les cheveux blonds, les cheveux gris - les cheveux bleus même -
peuvent reprendre tous en chœur : « Emmène-moi danser ce soir.
Flirtons ensemble enlacés dans le noir. Timidement dis-moi « Michèle, je
t’aime ». Amoureusement je suis restée la même ».
Demandé comme ça, comment ne pas dire oui ? Mais Régis,
je m’excuse, il a son caractère, tu le retournes pas comme ça. Notre épouse en
jachère revient donc à la charge : « il n’y a plus que tes amis et le
football qui comptent pour toi ». Ajoutés aux fauteuils, cigarettes et
télé du couplet précédent, ça nous donne une idée des folles soirées du couple.
Et puis ça les situe. Si, désolé, du coup, on est en France camping. Les basses
classes puent la sueur, salauds de pauvres, dans Jean-Pierre Pernaudland.
« Et j’ai l’impression que tu ne vois plus en moi que la mère de tes
enfants ». Se reporter ici au « je suis restée la même » du
refrain, un poil présomptueux si je peux me permettre. Plusieurs enfants (ah,
c’est que le gars Régis, les premiers temps…) en tout juste six années, les
grossesses, l’allaitement, le corps a dû s’affliger, quand même. Peut-être ça
aussi qui lui tempère l’ardeur, à régis, désormais. Hé oui ! Les couples,
c’est jamais blanc ou noir. « Je ne te demande pas de m’offrir des fleurs
tous les jours. Mais de faire de temps en temps un geste d’amour ». Allez
Régis, quoi ! Un petit geste d’amour. « Et ce soir je voudrais encore
une fois te retrouver. Rentrer au petit jour et puis t’embrasser ». Sur
ce, elle redemande et au moins elle aura essayé : « Emmène-moi danser
ce soir. » Etc.
Enfin, danser, danser, pas nous prendre pour des truffes non
plus. Elle a bon dos, la danse. La danse, ici, comme synecdoque faux-nez au don
de corps fripon et à l’échange de fluides. Mais c’est cool. Pile dans la
tradition blues, soul et rythm & blues, donc rock, où on dit dance à la place de coup de bite. Ca
passe sur RTL, le dimanche, quand Régis en survêt passe la voiture au jet, et
on comprend : maman mendie sa dose.
Et donc, tout ça pour dire, puisque c’est ça le grand air de Michèle Torr, après
tout, pourquoi pas ? Non, c’est vrai « Oh please tonight take me (out
dancing) », c’est bien un truc que Tammy Wynette aurait pu chanter à
George Jones. Et du coup ouais, comme l’a diagnostiqué Dordor, son public
affiche un cousinage certain avec celui des grandes génisses sacrées de la
Palefrenier Music. Et le patron de Musidisc n’est peut-être pas complètement à
l’Ouest (country/à l’Ouest - you dig ?)
quand il se dit que, ouais, ça s’essaye, qu’il faut le voir porté.
Mais attention, d’emblée, je dis à Dordor, surtout, surtout,
quoi qu’on se retrouve à faire de son idée baroque, de ne pas se fourvoyer à le
faire à Nashville. Deux francaouis, rock critiques renégats, et la blonde qui
roule les R, laisse tomber […] Dans mon idée, de « country », les
chansons ne vont rien garder. A Roissy, dès la douane, on va les dépouiller de
leurs oripeaux folkloriques. Les relooker continental,
un registre variété internationale de bon aloi. Sobre, classieux,
passe-partout, comme une petite robe noire. Réserver les paroles, comme on dit
en cuisine, isoler la mélodie et reconstruire autour. Qu’au bout du compte, que
le public français n’ait aucun moyen de les raccorder au tchakapoum twang twang
cow-boy originel. Du coup, pour ça, on sera aussi bien à Paris ».
« Le meilleur moment, ce fut le choix des
chansons : le répertoire country est un hypermarché ouvert rien que pour
moi. Je déambule dans les allées en poussant mon chariot […] «Don’t Make My Eyes Blue ». Méga
succès pour Crystal Gayle jeune sœur de Loretta Lynn, en 1978.
Pas vraiment country.
Plutôt easy listening. Mais jolies
petites afféteries au piano et phrasé magistral, en syllables étirées et fin de
vers feulés[…] “Please Help Me I’m
Falling (in Love With You)”. Succès pour Hank Locking, 1960, repris ensuite
par des palanquées de gens. Paroles bêtes comme choux : la tentation
adultérine, 5 à 7 sacripants ou carrément désertion du domicile conjugal
[…] « J’appartiens à un autre dont les bras sont devenus froids […]
Quand je suis avec toi je perds ma volonté d’être fidèle » […] Tout ça
pleurniché sur une petite mélodie de rien, simpliste et entêtante comme une
comptine, pour figurer la régression en faiblesse enfantine de celle que la
tentation taraude. […] Tant que j’y suis, dans le genre petite chanson concise
irréfutable, je rafle pour le même prix « She’s
Got You », du Patsy Cline composé en 1962 par Hank Cochran […] »
Ces chansons deviendront successivement Mes yeux bleus sont gris, Au
secours et C’est elle qui t’a.
« Je poursuis
mes achats avec « D.I.V.O.R.C.E »
de Tammy Wynette. […] Là c’est un couple qui va mal. Régis a annoncé qu’il
se barre avec la secrétaire - que, elle, elle accepte la sodo et sort pas son
chapelet chaque fois qu’il lui propose une ‘tite pluralité. Donc là, le jour où
leur divorce est prononcé, ils sont en train de discuter. Mais pour ménager le
môme (ça, Régis est d’accord : protéger le gamin. D’ailleurs, cesse de
chialer devant lui. Tu veux en faire une fiotte ?), ils épellent certains
mots qu’ils ne veulent pas que le petit comprenne […] c’est les sanglots longs,
morve et larmes confondues, que ravale Tammy avant d’attaquer le refrain […] Au
rayon outlaws plus ou moins repentis,
je me rue sur « For the Good Times”
avec Bobby McGee et « Help Me Make It Through The
Night », l’autre classique éternel de Kristofferson.
La première conservera le même titre, la deuxième deviendra A nos beaux jours, mais la troisième
ne sera finalement pas retenue.
« Toujours chez les outlaws,
je rafle « Nightlife », une
vieillerie de Willie Nelson, composée bien avant de virer « hors la
loi » […] Tant que j’y suis, dans la section Willie, je cueille aussi « Always in my mind ». Tout le
monde connaît sa version, celle d’Elvis ou celle des Pet Shop Boys, versions
masculines (ou assimilées), même si ce mea
culpa marital fut créé au féminin en 1972 par Brenda Lee et fonctionne
depuis dans les deux sens (Régis pourrait le chanter à sa petite femme avant de
l’emmener danser ce soir) : « Peut-être que je ne t’ai pas traité(e)
aussi bien que j’aurais pu. Peut-être que je ne t’ai pas aimé(e) aussi souvent
que j’aurais dû ». Mais bon, pendant toutes ces « migraines »,
toutes ces nuits à l’Ibis du cul-tourné, obligé de te branler dans le noir, je
veux que tu saches, pour la belle jambe que ça peut te faire maintenant,
« je t’avais toujours à l’esprit ».
[…] 0ui mais alors, j’entends d’ici, ça fait beaucoup de
chansons conjugales. Ça, de fait, en country,
c’est souvent. Le genre veut un peu ça. Mais je suis ouvert aux remarques, et
c’est pour ça, pour alterner lent et rapide, dans l’allée Country Rock, que j’attrape « Even
Cowgirls Get The Blues ». [L’auteur, Roney Crowell,] est un garçon qui
a des références : un temps gendre de Johnny Cash, quand il compose la
chanson en 1978, il est l’une des pointures qui jouent derrière Emmylou Harris
et c’est sans doute plus qu’un peu en pensant à elle qu’il trousse cette ode à
la bougeotte et aux filles qui en sont saisies. Chouette chanson pousse-au-cul,
à la fois propulsive et mélancolique. Une merveille en bagnole ».
Ces trois chansons deviendront La vie la nuit, Je te portais
dans mon cœur et (Même ta femme a) Des états d’âme.
« […] j’en vois qui daubent sur le millésime des
sélections. 78, au mieux, t’as rien de plus récent ?[…] et là, pour leur
fermer leur gueule, je sors, larrr !, « Pulling
back the reins », chanson de K.D. Lang sur l’album Absolute Torch & Twang, […]
suffisamment initiée pour savoir, non seulement pasticher le genre avec des
clins d’œil faciles aux folles du premier rang, mais le célébrer, l’explorer,
et au passage, pleinement s’y exprimer.[…]
Et pour parer à d’éventuels procès en sectarisme, dans mon
shopping « country » pour
le « disque-country-pas-country »
de Michèle Torr, il ne va pas y avoir que de la country. Ha ! Il y aura aussi « In all the right places », composée par John Barry
(James Bond, Amicalement vôtre) et
Lisa Stanfield pour le film Proposition
indécente, pur exemple de ce qu’on appelle la kitchen sink soul. Soul d’évier, pour ménagère «moins de
cinquante » et femme au foyer désespérée. L’évier, c’est top pour écouter
des chansons tristes. Tu pleures dedans, pas obligée de passer la serpillère
après. Donc kitchen sink soul, ça se
mariera très bien avec la kitchen sink
country déjà mise dans le chariot. Un peu de liquide vaisselle et tu vas
voir la mousse ».
Ces deux chansons se métamorphoseront en Un
chant de sirènes et Là où fond la banquise.
« Dix titres, on est paré. Il n’y a plus qu’à ».
« Pas tout de les avoir choisies. Encore faut-il les adapter en français. Au début, j’essaye de coller au plus près des originaux, dans des trades aussi littérales que possible, négociées au cent près avec l’immanquable inflation syllabique du français. Parfois les pieds (lol !) rentrent dans la chaussure : « For the good times » devient « A nos beaux jours ». « Please Help I’m Falling (in Love With You) », « Au secours car je tombe (amoureuse de toi )». « Dee . Aille. Vee. O. aRe. Cee. Eee” se retrouve “Dé-I-Vé-O-AiR-Cé-Eu”. Je me démerde aussi à peu près de « Nightlife ».
Ce sera plus difficile avec Don’t it make my brown eyes blue de Crystal Gayle : la logique aurait voulu que, plutôt que les bleuir, il aurait fallu les rendre rouge, comme ceux d’un lapin russe, mais «Michèle Torr avec les yeux rouges ? Ts. Le monde n’est pas prêt”.
Va donc pour “Quand ils pleurent mes yeux bleus sont gris”. Puis « Even Cowgirls Get The Blues » donne « Même ta femme a des états d’âme », « un « Emmène-moi danser ce soir » monté en préavis de grève du sexe à la Loretta Lynn ».
Plus difficile encore l’adaptation de la chanson de K. D. Lang :
« …je m’applique à respecter, non pas la métaphore équestre ([« Pullin' back the reins »] tirer sur les reines, bien droite dans la selle), mais la sonorité des rimes originales, produisant ainsi un aboli bibelot d’inanité sonore onirico-fumeux poéteux à compte d’auteur » et
“Pullin' back the reins
Trying to remain
Tall in a saddle
When all that we had well
Ran away” de devenir:
“Un chant de sirènes
Toujours me ramène
Aux délectables
Souvenirs de sable
J’ignorais
J’ignorais
J’ignorais
Qu’un jour j’aimerais jaune ».
Bon. Les sonorités sont respectées. Les images sont parlantes : la mémoire (le chant de sirènes) qui nous ramène sur les lieux des souvenirs heureux quand après la rupture ou le désamour on rit jaune… Alors parler d’ « aboli bibelot d’inanité sonore onirico-fumeux poéteux à compte d’auteur» n’est-ce pas un peu trop se battre la coulpe, Monsieur Chalumeau ? Et lui de continuer :
« Mais c’est « All the right places » qui dérouille le plus cher et vire au fruit de mer coincé dans l’œsophage de Nicole Croisille : « Là où fond la banquise » Paroles eau de vaisselle pour de la soul d’évier, fermez le ban ».
C’est lui qui le dit !
« Un beau jour, peu après avoir commencé le vandalisme de ces pauvres chansons (c’est encore lui qui le dit), je me retrouve rue Saint-Lazare, face à l’Artiste, dans un petit studio riquiqui. But du jeu, enregistrer quelques titres, « pour voir ».
Premiers échanges avec l’Artiste, courtois, mais prudents de part et d’autre. Je suis censé, sinon diriger, du moins stimuler la séance. Or, c’est une dame, c’est mon aînée et je ne la connais guère. Je ne me vois donc pas commencer à lui donner des ordres. Surtout, elle tangente les trente ans de carrière. Moi, ça fait certes trente ans que j’écoute des disques (pas les siens, ni les mêmes qu’elle). Mais à sa différence, je n’en ai jamais enregistrés. Aussi ne sais-je que faire de la circonspection où ce que j’entends me plonge vite.
En effet, c’est la première fois que je prends la peine d’écouter sa voix et, ma foi, de la voix, elle en a. […Elle] fait étalage naturel d’une belle voix à l’ancienne. Une voix dont on disait jadis qu’elle aurait pu « chanter le bottin ».
Selon M. Chalumeau, « sur les pauvres bandes orchestres qu’un gars a bricolées avec une boîte à rythme et un Bontempi » cela manque de « ressenti », d’expressivité.
« …mais qu’y connais-je aussi ? Peut-être est-ce normal. Je me dis donc, là, c’est juste qu’elle découvre les chansons. Et puis il va y avoir un producteur. Ce sera à lui de la faire recommencer. Lui il saura. C’est son boulot. »
Malgré cela, … « les maquettes convainquent. Ça se fête au Lutetia, servis dans un petit salon à l’étage. Il y a l’Artiste, le patron de la maison de disque. L’attachée de presse, aussi, histoire que la chanteuse ne se retrouve pas être la seule fille. Et puis, donc, Jah Dordor et yours truly, en train de déjeuner avec Michèle Torr. Far fucking out, nan ? Des trois fois où j’aurai croisé l’Artiste, celle-là aura duré le plus longtemps. Le temps d’un déjeuner d’affaires. Deux heures douche comprise. Pour autant, l’insolite du plan de table excepté, je ne garde aucun souvenir de la circonstance. De quoi déduire que ce ne fut pas la grosse éclate, mais pas une douleur anale non plus. Tout a donc dû, sinon bien, du moins benoîtement, se passer. Dès lors, puisque pas de souci, étape suivante ».
« Dans un premier temps, l’idée est d’enrôler un gars avec qui l’Artiste a déjà travaillé et qui la rassurerait : un certain Bernard Estardi, légende de l’industrie musicale française […] qui [à Michèle Torr, Dordor et Chalumeau] dit gentiment : « Non ».
Mais à Dordor et Chalumeau seuls, tout le mal qu’il pense du projet.
Finalement, ils vont donc s’adresser à un « type dont [Laurent Chalumeau a] oublié le nom […] mais dont Francis [Dordor lui ] dit qu’il a bossé avec Bashung sur l’enregistrement de « Osez Joséphine ». Son nom, c’est Eric Clermontet, et lui, « conquis par le projet », alors qu’il ne connaît pas les originaux mais trouve les chansons « extras », il va accepter de devenir le producteur du disque.
Laurent Chalumeau lui fait son « numéro sur les orchestrations surtout pas country, plutôt lounge pop sobre et de bon goût façon Stardust, voyez ? Stardust ? Non, il ne voit pas…». Mais, tout de même, malgré quelques inquiétudes, après avoir reprécisé “Nicht country. Nibe banjo. Nada pedal steel ”“[o]n tope. Ça va être super. Le gars a bossé avec Bashung”.
Passons à l’enregistrement: “Chanteuse et producteur sont entrés en studio. Je n’y passe qu’une fois. Déjà ne pas donner l’impression de fliquer. Et surtout, on se fait rarement chier comme en studio quand on n’a rien à y foutre. […] ils sont en train de caler un « re-re » de percu […]La chanteuse attend son tour, patiemment, habituée. C’est la troisième et dernière fois que je l’entraperçois. Ça va? Tout se passe bien? Bon ben super alors. Bon courage, bon travail et bonne continuation”.
Nouvelle déconvenue : K.D. Lang refuse que l’on adapte « Pullin' back the reins » : elle veut bien que sa chanson soit reprise, mais pas adaptée. Clermontet propose alors à Chalumeau d’écrire lui-même une mélodie pour « des belles paroles comme ça », et Chalumeau accepte, « curieux. Curieux et impatient. Qu’ils aient fini l’album. Qu[‘il] entende ce que ça donne. Et surtout [“sa”] chanson. »
Mais quand Laurent Chalumeau entend l’album, il a “envie de pleurer” car « Elle, elle chante à l’aveugle, malheureuse. Loin de chez elle. Comme un enfant tchadien emmené danser ce soir de force par l’Arche de Zoé » et car «au lieu » de la variété internationale bécébégé demandée » il y a « du Tex-Mex, du Cajun, du Delta Blues, de la Blue Eyed Soul, du Zydeco, […] du Folk-Rock, du Gospel». Il trouve cela « lourdaud », mais le pire, c’est lorsqu’il découvre qu’en fait de mélodie originale pour les paroles inspirées par « Pullin' back the reins », Eric Clermontet s’est contenté de changer les douze premières mesures de l’original. Chalumeau pense que c’est illégal mais Clermontet se montre sûr de son fait.
Laurent Chalumeau se montre donc très critique quant à ce disque. Un « disque, écrit-il, pour lequel il n’existe aucun public…Un disque orphelin, comme certaines maladies. Intouchable mais pas « maudit » non plus. Juste un disque “pour quoi faire?”. Un disque pour rien. Un disque “mais qu’est-ce qui leur a pris?” ».
Résultat? Il ne se vend pas.
«Une justice et une injustice, quand t’y penses. Pauvre Michèle Torr qui n’emmerdait personne, peinarde dans son coin, avec son public. On vient lui prendre la tête avec de la country, deux ex-pigistes « rock » et voilà le résultat : pire vente de sa carrière. Elle, la pauvre, on ne peut rien lui reprocher. Dans l’affaire, c’est elle la victime».
« Quelques mois plus tard, à l’occasion de son passage à l’Olympia, je lis dans Le Parisien une interview de Michèle Torr. En substance elle déclare : « Je n’aime pas ce disque. Je n’en chanterai aucun extrait ce soir sur scène ». L’air de dire […] ce disque n’existe pas».
Et lui, que lui en reste-t-il?
« Non, le seul bon souvenir, quoi qu’on puisse dire du résultat, c’est le travail sur les textes : là, après des années planqué derrière l’effet, la vanne, la dérision, le temps de dix chansons, je me serai essayé au premier degré nu [et…] j’ai kiffé : ne serait-ce qu’envisager la possibilité de [la] puissance [d’]émouvoir ».
« Cette leçon valait bien un fromage, sans doute. Donc merci Michèle Torr. Merci Francis Dordor …»
Voilà.
(Nous avons recueilli ce témoignage de Laurent Chalumeau dans la revue Schnock, n°3, La Tengo Editions, été 2012. Michèle Torr dans le texte, par Laurent Chalumeau, pp.126 à 141).
*
« Il s’agit de l’adaptation de dix standards américains, comme Always in my mind, créé par Willie Nelson et immortalisé par Elvis Presley. Un registre dans lequel on ne m’attend probablement pas, mais qui m’a procuré énormément de plaisir. Depuis longtemps je voulais modifier mon répertoire, en lui donnant une nouvelle coloration. J’espère simplement que le public va y adhérer » dira - promo oblige - Michèle Torr (à Gérald Levrault, Télé Star).
« Prenez une chanteuse bien française, un producteur plutôt branché et deux journalistes très rock’n’roll, mélangez le tout et vous obtenez un cocktail savoureux et vraiment inattendu, le nouvel album de Michèle Torr, « A nos beaux jours », écrira Christine Descateaux, dans Télé 7 jours.
Mais Michèle n’ira jamais à Taratata, comme l’avait suggéré Télé Poche. On ne la verra guère que dans la quotidienne de Michel Drucker puis toute une semaine chez Pascal Sevran.
Et Michèle, après avoir chanté quelquefois A nos beaux jours ou Mes yeux bleus sont gris (toutes deux sorties sur un single) sur scène, lors de la tournée qui a suivi la sortie de l’album, va, après les avoir retirées de son tour de chant, claquer la porte de chez Musidisc, choisir de se passer désormais du label AZ et franchir le pas. Désormais « seule », (c’est d’ailleurs là qu’elle aurait pu avoir l’idée de remettre ses deux « L » à son prénom) elle va devenir sa propre productrice, enregistrer Le meilleur de Michèle Torr en public à Meaux fin 95 et se produire à l’Olympia en janvier 1996, avant une longue et brillante tournée de deux ans environ et la sortie de Seule, en décembre 1997.
Cependant, quelque chose de ce disque va continuer d’exister puisque Je te portais dans mon cœur sera repris en 2008 sur l’album Ces années-là ! avec pour titre Toujours dans mon cœur puis fera partie des tours de chant Avant d’être chanteuse (Olympia 2011) puis En concert avec vous après la sortie du CD Chanter c’est prier en 2012.
Et nous, son public, qu’avons-nous pensé de ce disque ?
On pourrait dire qu’avec le recul, il y a deux courants : celui, majoritaire, de ceux qui n’ont pas accroché et qui l’ont oublié ; et celui, beaucoup plus discret, ce ceux qui l’ont beaucoup aimé. Car en effet grâce à lui le répertoire de Michèle Torr a, pour un temps, pris les couleurs diverses et variées de toutes ces musiques d’au-delà de l’Océan…Atlantique…en même temps que les mots de Laurent Chalumeau venaient renouveler le propos.
Ces chansons américaines, pour la plupart écrites en chantées par des hommes, ont été adaptées pour une femme par un homme. Elles ont toutes en commun d’évoquer les états d’âme de la femme de classe moyenne, demeurée au foyer et se préoccupant surtout des ses sentiments. Et donc d’amour. Bovarysme à toutes les pistes. Y compris à la première, qui nous laisse voir couler les larmes de la dame aux yeux bleus, devenus gris suite à la trahison de Monsieur. Ecrites par un homme, certes, mais non dépourvues de féminisme parfois. Car on aura bien compris que ce qui déplaisait à Laurent Chalumeau dans le répertoire (qu’il connaissait mal) de Michèle Torr, et dans Emmène-moi danser ce soir en particulier, c’était cette image d’une femme soumise à l’homme et à ses désirs, hésitant à exprimer ses sentiments et ses aspirations, n’osant pas imposer son droit à s’épanouir. Les rêves et les amours de Madame Bovary étaient peut-être risibles parfois, mais ils avaient le mérite d’exister et l’on pouvait trouver désolant que, quelques cent ans plus tard, les femmes en soient encore à devoir quémander, pour un soir, le plaisir d’une danse dans un bal de province après seulement six ans de mariage et un quotidien des plus ternes.
Alors Laurent Chalumeau a vengé Michèle Torr.
Ou plutôt toutes les femmes qui subissent le triste sort de l’héroïne d’Emmène-moi danser ce soir. En lui offrant la possibilité d’enregistrer un disque sur les femmes, trompées ou trompeuses, trahies ou traitresses, mal aimées mais aimantes ; des chansons écrites par un homme certes, mais qui parlent de toutes les femmes. Un disque féminin en somme.
Certes, celle qui parle dans Mes yeux bleus sont gris, A nos beaux jours, D.I.V.O.R.C.E, Au secours ou C’est elle qui t’a, pourrait être « la même » que celle qui aimerait aller danser ce soir. Monsieur la fait pleurer et du coup, ses yeux bleus sont gris et, prête à tous les compromis, elle se fait plaintive:
« Une autre t’a séduit
Quand ils pleurent mes yeux bleus sont gris
Si tu pars tu le sais
Mon monde s’écroulerait
Tu me rayes de ta vie
Quand ils pleurent mes yeux bleus sont gris
Tu gardes des secrets
Dis des mensonges
Pas d’explications
Tu sais qu’elles me rongent
Dis-moi que tu m’aimes
Oui dis-le quand même
Dis ce que tu veux
Mais jamais adieu ».
A Monsieur qui s’en va, elle demande d’essayer de faire en sorte de préserver leur enfant au moment du divorce :
« Notre fils a déjà quatre ans
Un grand garçon bientôt
Dont parfois pour qu’il ne les comprenne pas
Nous épelons certains mots
[comme jeu, surprise, divorce ou enfer]
Le D.I.V.O.R.C.E est jugé aujourd’hui
Le petit S.E.R.G.E et moi partons d’ici
Je vous aime et ceci va faire
Un E.N.F.E.R de ma vie
Que faire pour que n’ait pas lieu
Ce D.I.V.O.R.C.E ? »,
Divorce.
L’injustice réside en ce que, alors que Monsieur n’a pas eu tant de scrupules à tromper Madame, elle, malgré la tentation, a bien du mal à franchir le pas quand l’opportunité se présente, éducation judéo-chrétienne oblige :
«Ne me tente pas…
Repousse-moi mon amour…
J’appartiens à un autre
Ses bras ne me serrent plus
Mais avoir dit oui m’ôte
Tout droit à l’imprévu
Jamais ne serai-je libre
Oui mais quand tu es là
La force d’être fidèle
Me manque crois-moi
Au secours car je tombe
Et c’est un péché
Passer ton seuil me tente
Retiens-moi d’entrer…
Au secours car je tombe
Amoureuse de toi »,
Au secours.
A la maison, quelles sont les armes de Madame quand elle veut se venger du comportement de Monsieur ?
La grève du sexe, bien sûr :
« Trop souvent j’ai découragé
L’amour que tu voulais faire
Et souvent je t’ai refusé
La vie qui semblait te plaire…
Toujours remettre au lendemain
Ce qui fait de moi ta femme
Tendres mots faits et gestes petits riens
J’en ai laissé passé l’heure… »
Et tant pis si après, elle regrette…
A l’heure des regrets, Madame se fait donc câline :
« Donne-moi une chance de regagner ton corps…
Oh ! oui encore…
Je te portais dans mon cœur… »,
Je te portais dans mon cœur.
Et elle lui demande, au moment de la rupture, une dernière nuit d’amour (mais là, encore, déjà ou enfin, n’est-ce pas… du plaisir charnel qu’elle ose exiger ?
« Glisse ton chaud et tendre corps
Sur le mien…
Une dernière fois fais-moi l’amour
Comme au cours
De nos beaux jours ».
Car elle l’avoue :
« L’amour passe…
C’est de l’ennui…
Ce n’est pas que je n’t’aime plus
Plutôt de l’innocence perdue… ».
« J’ignorais
Qu’un jour j’aimerais jaune ».
C’est ainsi que se termine le refrain d’Un chant de sirènes, un blues magistralement interprété sur le thème de l’amour qui s’achève, avec en point d’orgue ce beau jeu de mots qui en fait apparaître toute la tristesse.
Si on en est arrivés là, c’est que Monsieur n’a pas fait beaucoup d’efforts :
(Même ta femme a) Des états d’âme est une chanson très souriante qui, sur un rythme plaisant et enlevé, sur le même thème qu’Emmène-moi danser ce soir, vise à faire comprendre aux maris qu’ils doivent prendre soin de leur femme, car elle mérite d’être traitée « juste aussi bien que la télé ». Souriante, vraiment ? Est-ce que cela n’irait pas un peu plus loin ?
« Elle tient ta maison et tes enfants
Et le tout en souriant
Mais sans pour autant en faire un drame
Ta femme a des états d’âme
(Et oui, car une âme, elle en a une, bien qu’on ait cru longtemps qu’elle n’en avait pas. Ainsi que de l’esprit ! Si, si…)
La vaisselle ne se fait pas toute seule
Et quand le linge est rangé
Reste avant de pouvoir fermer l’œil
Le repos de son guerrier ».
Elle se sent « comme un continent resté à ce jour inexploré », et rêve de « se laisser porter là où tu ne l’as jamais emmenée… »
Où ça ?
Ouh la la ! est-ce là l’aveu que… tu ne la satisferais pas?
« Elle est solide on lui laissera ça
Ça sert pour vivre avec toi »,
Et vlan !
(Même ta femme a) Des états d’âme.
Mais, quand au arrive au bout de l’album, on finit par avoir l’assurance que c’est bien de cela qu’il s’agit: Monsieur ne se révèle pas toujours apte à emmener danser Madame… « aux septièmes cieux ».
Dans Là où fond la banquise, il est encore question de la femme quelque peu délaissée par son homme, comme dans Emmène-moi danser ce soir et dans tant d’autres chansons. Mais ici, le principal grief, ce n’est pas « ton fauteuil, ton journal, tes cigarettes et la télé », c’est… le plaisir charnel. Car à trop avoir été négligée, Madame finit par se sentir aussi froide… que la banquise.
« J’attendais que tu m’y emmènes
Pour un jour moi aussi aller
Là où fond la banquise… »
Et, dès lors que Monsieur l’emmène danser, ou sait se servir avec précision de ses lèvres, c’est en râle amoureux que se transforme le chant de Madame.
« Si nous dansons seuls tous les deux
Perdus dans la foule
Quand tes bras m’enserrent de leur mieux
Sens-tu de mon ventre la houle ? »
Et la femme frigide se métamorphose, au contact de ces lèvres expertes, en femme-fontaine. « Et je me noie
Des sensations exquises
A chaque fois
Tes lèvres se font précises
J’entends la musique… »
Après cela, elle se dit prête à tout… Mais à quoi ? Chhhhuuuut !
« Car pour l’amour l’un de l’autre
Rien ne nous effraie
Et lors des nuits comme les nôtres
Il n’est rien que je ne ferais
Là où fond la banquise… »
Tombée en pâmoison, elle se dit élevée aux septièmes cieux et nous jure tout ce qu’on veut. Et l’on se sent magicien !
C’est donc que La vie la nuit de Madame n’est pas toujours si froide !
« Alors là où fond la banquise
Tu me fais rêver
Et je jure que je t’aime…
Oui je jure que je t’aime… ».
A moins qu’hélas! cela ne soit qu’un rêve…
Car il faut bien rassurer Monsieur quant à ses compétences.
Il fallait un parolier tel Laurent Chalumeau pour oser mettre l’air de rien de tels mots dans la bouche de la somme toute très fade et gentille dame d’Emmène-moi danser ce soir.
Les arrangements de ce disque, signés Eric Clermontet, n’en déplaise à un Laurent Chalumeau déconcerté par la différence entre ce qu’il avait imaginé et ce qu’il a entendu, en sont très soignés (avec de multiples instruments et de très belles cordes arrangées quant à elles par Shiro Sagisu), les chœurs sont assurés par la chorale des Chérubins de Sarcelles et la palette vocale de la chanteuse y est particulièrement variée, le chant précis et très finement nuancé. Même si on peut le trouver un peu impersonnel (il a été entièrement conçu avant d’être proposé à Michèle Torr, -mais qui mieux qu’elle pouvait chanter ces titres ?-), cet album, livré dans un bien bel écrin, est, musicalement, un de ses tout meilleurs albums.
Il y a quelques jours à peine, Michèle Torr répondait à Philippe Lacoche, lors d’une interview pour blog-picard.fr/dessous-chics :
Vous avez travaillez, il y a plusieurs années, avec l’écrivain et l’ex-critique rock Laurent Chalumeau. Etait-ce une belle expérience ?
Oui, bien sûr ! C’était une idée à lui ; il avait envie de m’entendre chanter des chansons country. Il les avait adaptées pour moi en français. Ce fut une très belle expérience ; j’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec lui. Je fus étonnée sur le moment, mais j’étais heureuse de cette envie qu’il avait. On a passé en studio des moments formidables.
(blog-picard.fr, avril 2017).
Preuve qu’avec quelque vingt-deux ans de recul, ses sentiments concernant le CD A nos beaux jours ont bien changé.
A l’heure où elle s’apprête à enregistrer un nouveau disque avec des reprises d’anciennes chansons méconnues de son répertoire, il est donc possible que, parmi elles, Michèle Torr en choisisse une (ou davantage) parmi les dix que comporte A nos beaux jours, qui demeure l’un de ses albums les plus intéressants. C’est à la rentrée que l’enregistrement doit avoir lieu. A quand la sortie du disque ?
(A suivre, donc).
Recopiage de "Schnock" avec la même coquille : Estardy pas Estardi.
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