Rendez-vous du lundi 16 au vendredi 20 novembre à 7 heures
10 puis à 9 heures 10 environ (après les infos), sur
pour un feuilleton radio en 5 épisodes sur les 50 ans de
chansons de Michèle Torr. Chaque jour, une décennie.
Et rendez-vous le samedi 21 novembre de 10 heures à 12
heures pour une émission spéciale avec la chanteuse qui se produira à Bergerac
le dimanche 13 décembre et dans de nombreuses autres villes dans le cadre de sa
tournée des églises : Chanter c’est
prier.
50 ans qu’elle ne chante que l’Amour, l’amour des siens, l’amour
des autres. Toujours avec cette voix
puissante qui, au temps des « yéyés », des voix flûtées de Gall, Hardy, Vartan,
surprenait tout le monde et même Claude François qui l’adorait …
De Michèle Torr, on sait qu'elle fut une "idole"
dans les années 60 puis une immense vedette dans les années 70 et 80, dont
datent une série de tubes qui restent dans les mémoires, de Je m'appelle Michèle à A mon père, en passant par J'en appelle à la tendresse ou
l'incontournable Emmène-moi danser ce
soir.
Ce que l'on sait moins, c'est qu'après une bonne décennie
passée à chercher à explorer de nouvelles voies musicales, elle a pris son envol et est devenue en 1996,
après une période difficile sur le plan personnel, sa propre productrice.
Depuis, elle a enchaîné les rentrées parisiennes et les
longues tournées, en France mais aussi à l'étranger, comme au Québec en 2013,
et a continué d'offrir à son public des albums tel Seule en 1997, Donner en
2002 ou Michèle Torr chante Piaf, c'est
l'amour en 2003.
Mais depuis 2008, alors qu'elle a continué de se produire
partout en France tant en solo qu'avec la troupe d'Age Tendre et tête de bois dont elle a été la première à adhérer
au projet, et où le rituel de chanter à capella et sans micro lui a valu chaque
fois une ovation dans tous les zéniths de France, elle a aspiré à renouveler
encore son répertoire en lui donnant une dimension spirituelle puisque, après
une chanson hommage à Sœur Emmanuelle, Son
paradis c'est les autres en 2008 et
sa version du Notre Père en 2011,
elle a enregistré en 2012 Chanter c'est
prier, un album florilège de reprises et d'adaptations de chansons d'amour
et de fraternité, pas forcément pieuses mais en relation avec la foi. Depuis
longtemps également, elle envisage de proposer des spectacles plus intimistes,
en piano-voix et, après la sortie de son album Diva en 2015 et Le Paris de
Michèle Torr, composé de deux spectacles parisiens différents, celui de
l’Olympia, Amour toujours, le 9
janvier, et celui du Trianon, le 18 octobre, intitulé Intimiste, elle repart sur les routes de
France pour une tournée des églises qui a pour titre Chanter c'est prier et
passera par bon nombre de villes, pour y proposer un spectacle à la fois
intimiste, avec une formation musicale légère, et spirituel, puisqu'elle y
interprétera non seulement des titres qui faisaient déjà partie de son
répertoire, mais aussi des chants de Noël et de nouvelles reprises ou chansons
inédites, tout en restant fidèle à ce qu’elle est, une chanteuse populaire, et
à son public. Sur la scène, endroit que l’artiste arpente depuis plus de
cinquante ans et où elle communie chaque soir avec lui, donnant tout pour mieux
recevoir, se dévoilant davantage avec les années qui passent dans sa quête du
bonheur de chanter.
1964-1974
Le blé en herbe.
Le blé en herbe.
Michelle Odette Kléberte Tort est née le lundi (de Pâques) 7
avril 1947 à Pertuis dans le Vaucluse. Comme « elle est née
chanteuse », conformément à ce qu’a dit d’elle Maurice Chevalier, on
pourrait faire de sa date de naissance le début de la carrière de cette
oiselle-là. Ou bien le jour où ses parents furent convoqués à l’école où,
encore toute petite, elle avait chanté Domino.
Ou bien encore celui de la kermesse où, un peu plus grande, elle
interpréta Bonbons, esquimaux, chocolats,
d’Annie Cordy.
Ou encore, et plus sérieusement, celui où elle remporta le
concours de chant On chante dans mon
quartier, en 1963, en chantant Exodus,
d’Edith Piaf, ce qui lui permit de se produire en première partie d’un
spectacle de Jacques Brel à Avignon, sur la scène du Palais des Papes. Cela lui
valut aussi un prix et la possibilité de monter à Paris et de faire des essais pour
une maison de disques : Philips. Elle enregistra Exodus. C’est cette chanson qui lui permit de signer son premier contrat,
à la faveur d’une erreur d’étiquetage. Agnès Fontaine, le nom d’une jeune
chanteuse qui avait déjà obtenu un certain succès, fut apposé sur l’enregistrement,
et peut-être que sans cela, personne n’aurait eu la curiosité d’écouter le
disque souple d’une inconnue. Grâce à cela donc, et surtout grâce à la voix de
la jeune fille venue s’installer à Paris, rue Bergère, avec sa mère Clémente et
sa petite sœur Brigitte, la jeune Michelle signa son premier contrat le 13
octobre 1963, le jour des obsèques d’Edith Piaf.
Mais c’est le 14
janvier 1964 qu’est sorti son premier disque et c’est donc ce jour-là qu’il est
légitime de considérer comme le début de sa carrière.
C’était un « EP » (« extended play », quarante cinq
tours quatre titres), un disque de reprises de chansons anglo-saxonnes,
adaptées à la chaîne comme cela se faisait en pleine vague yéyé, et, pendant les années qui suivirent, c’est encore cette
recette qui fut utilisée pour concocter bon nombre de disques de la jeune fille
à la voix grave à qui l’on demandait de chanter dans une tonalité qui n’était
pas la sienne pour se conformer à ce qu’on considérait comme le goût de
l’époque. Mais c’est son deuxième disque, sorti trois mois plus tard, comportant
la chanson Dans mes bras oublie ta peine qui
fut proclamée chouchou de l’émission Salut les copains, qui lui permit de se faire plus largement
connaître après le « demi-succès », comme elle le chanta plus tard
dans Ma première chanson, de son
premier disque dont le titre phare était C’est
dur d’avoir seize ans.
Par la suite, elle dut donc reprendre de nombreux titres
anglais ou américains, comme Viens me le
dire à l’oreille, Et je l’aime (And I
love her, des Beatles), Tout doucement
(To know him is to love him de Phil
Spector), Dandy (des Kinks), ou
encore Only you d’Elvis Presley…
Mais il ne faut
pas croire que la jeune chanteuse était dénuée de personnalité. C’était même une « forte-tête » qui allait se
transformer en une jeune femme forte.
Ce qu’elle aime,
c’est la scène, et elle va commencer à brûler les planches avec de longues
tournées: celle du golf Drouot (dès l’été 1964), avant l’Olympia (en décembre
1964) puis une nouvelle tournée-marathon avec Claude François, tout au long de
l’année 1965, au cours de laquelle elle apprendra la mort de sa mère à la suite
d’un accident de voiture au volant de la 4L que sa fille venait de lui offrir
avec ses premiers cachets. Son « plus grand chagrin » chantera-t-elle
en 2008. La mère était allée accompagner
le père à la gare alors que la fille venait de partir pour Marseille pour un
gala après que la famille s’était trouvée brièvement réunie. C’est elle qui, à
la suite de cette tragédie, prendra en main l’éducation de sa petite sœur, de
neuf ans sa cadette. Une autre tournée eut lieu en 1966, avec Hervé Vilard et Christophe.
Une grande passion la lie à ce dernier
et elle donne, en juin 1967, naissance à son fils Romain que Christophe, avec
qui la rupture est consommée, ne reconnaîtra pas. La jeune femme, revenue à
Courthézon où est né son fils, devient une figure de l’émancipation des femmes
soutenue par la philosophe Louise de Vilmorin, mais elle ressent vivement la
réprobation des gens du village où elle a passé son enfance (ainsi que celle de
son père selon certains journaux de l'époque) et elle finira par montrer sa volonté de rentrer dans le rang et de
faire oublier ses écarts.
Ce qu’elle aime
aussi, ce sont les chansons dans la tradition de la grande chanson française de
variété, et, alors que sa maison de disques lui a permis d’enregistrer quelques
chansons originales dont l’une des plus marquantes est Non à tous les garçons, offerte par Serge Gainsbourg, elle va assez
vite pouvoir chanter des titres plus conformes à ses goûts : On se quitte, La grande chanson… C’est
aussi le moment où elle va amorcer un début de carrière internationale en participant
aux sélections pour l’Eurovision, pour la France d’abord avec Un enfant viendra en 1965, puis Notre amour n’est pas mort, Je t’aime tant et J’ai brûlé ta lettre en 1966. C’est Ce soir je t’attendais qui sera finalement retenu, pour le Luxembourg,
à la suite de France Gall, qui avait remporté la victoire l’année précédente. Michèle
Torr se contenta de la dixième place. Peu importe. A l’époque, le concours
bénéficiait d’un prestige immense, et y participer donnait l’assurance d’une
audience internationale et la chanson, adaptée en quatre langues (espagnol,
anglais, allemand et italien) sera diffusée dans le monde entier. Puis Michèle
Torr chantera Il doit faire beau là-bas, Mon
Ange, signé Bruno Coquatrix, L’amour
est bleu, les quarante cinq tours de 1968 et 1969 : En regardant les amoureux, Un homme dans ma
vie, avant l’album de 1970, Tous les
oiseaux reviennent. Ce 33 tours qui précède un Olympia, toujours en 1970, avec Enrico Macias, contient J’ai pleuré de joie, que ce dernier a
signé pour elle, parmi de nombreux autres titres somptueusement orchestrés par
Jean Claudric.
Pascal Sevran a écrit aussi pour elle Est-ce mon cœur ou le printemps ? et On s’aimera un peu, beaucoup mais cette chanson ne sera pas
sélectionnée pour l’Eurovision 1970, et les deux chansons demeureront inédites;
par contre Michèle Torr va participer à plusieurs festivals
internationaux prestigieux:
- Athènes avec une chanson inédite : Rien qu’une larme…
- Rio avec Rire ou
pleurer (signé Charles Dumont),
- Orphée d’Or à Slantchev Briag, en Bulgarie, avec J’ai arrêté le temps,
- Tokyo avec Enfants
d’aujourd’hui, homme de demain où elle va remporter un vif succès avec une
chanson signée Paul Mauriat.
Au cours de ces
années, l’apparence physique et la coiffure de Michèle Torr ont beaucoup
évolué: la petite Française aux longues tresses brunes va se muer en starlette rousse
puis à nouveau brune, avant que ses cheveux raccourcissent encore pour adopter
les boucles blondes de Marylin. Puis la chanteuse va laisser pousser ses
cheveux qui, mi-longs, lui vaudront de la part des Japonais une comparaison,
qu’elle juge justement flatteuse, avec Catherine Deneuve. Cela peut paraître
anecdotique mais laisse entrevoir la tentation de se tourner vers la comédie et
le cinéma qu’a éprouvée Michèle Torr.
Ainsi elle aurait joué dans une comédie musicale: Le chat botté en 1965, adaptation du
conte de Perrault, avant de tourner en Espagne pour le cinéma, le long de la
côte d’Alicante, sous la direction de José Maria Elorietta, dans une
coproduction entre l’Espagne, le Canada et la Tunisie, un film sorti en 1969,
mais seulement en Espagne et au Canada. Au Canada sous le titre Le
Diable aime les bijoux, et en Espagne, en 1969 également, puis à
nouveau en 1982, sous deux titres différents : Las joyas del Diablo,
puis El
secreto del Toison de Oro. C’est un film dans lequel se mêlent action,
aventure, enquête policière, espionnage et satanisme.
Une série de vols mystérieux, de bijoux et de pierres
précieuses, se produit dans de nombreux pays européens. Ces joyaux ont tous
appartenu à la collection d’une organisation secrète, l’ancien Ordre de l’Aigle
d’Or. Une exposition est organisée à Tolède. Interpol monte la garde mais,
malgré les précautions, un autre vol se produit. L’enquête mène à un mystérieux
personnage, le Duc, qui, au XX° siècle, veut faire revivre cet ordre ancien.
Mais que fait dans l’histoire le personnage de Dorothea,
interprété par Michèle Torr ? D’abord, en duo avec Donald Lautrec, elle
chante. Si tu pars, signée par Mick
Michel qui apparaît aussi dans la distribution, est la chanson du générique. Dorothéa est la maîtresse d’un homme
impliqué (à quel titre ?) dans le vol des bijoux, qui essaie de la préserver,
mais, curieuse, elle va se trouver entrainée dans l’action. Elle va solliciter
auprès du Duc, le responsable présumé du vol des joyaux, un emploi qui lui
permettra de s’infiltrer dans son organisation. On tremble pour elle, mais
comme, sur les images que l’on peut voir sur le Net, elle semble avoir la
langue bien pendue, on ne se fait guère de souci.
3 719 889 entrées en Espagne (tout de même!), 150 000 au Canada.
Peu de gens en France ont vu ce film qui semble être un
nanar culte utilisant les ficelles des films d’espionnage à la James Bond, et
qui a été jugé comme une « petite chose» par la presse espagnole l’une des
dernières fois où il a été diffusé à la télévision ! Lors d’une émission
de télévision de Jean-Pierre Foucault qui lui était consacrée, Sacrée soirée, elle a déclaré qu’elle était ravie que le film
ne soit pas sorti en France, car « ce n’était pas terrible », et,
comme le réalisateur semblait avoir des problèmes de consommation peu modérée
d’alcool, elle avait eu le sentiment que l’équipe n’était pas dirigée.
Michèle Torr a
aussi été l’héroïne d’un roman-photo diffusé
dans 25 numéros consécutifs du magazine Nous Deux, en 1971: Cendrillon
à la voix d’or.
Ce feuilleton raconte l’histoire d’une jeune fille,
Cendrine, qui rêve de faire carrière dans la chanson et va se retrouver
prisonnière d’un impresario peu scrupuleux qui va tenter de lui « voler »
sa voix en la séquestrant et en lui faisant enregistrer des chansons qui
sortiront sous le nom de son épouse, une grande vedette qui a perdu sa voix et
ne peut plus chanter. Mais un journaliste musical qui a repéré Cendrine veille
sur son destin : après lui avoir prodigué des conseils pour l’aider à
progresser un soir où, désespérée, elle s’apprêtait à se jeter dans la Seine,
il va la sortir des griffes de l’impresario et lui donner, en même temps que
son amour, les clés pour devenir à son tour une grande vedette.
Ce roman-photos
de Floriane Prévot paru dans les numéros 1235 à 1260 du magazine Nous Deux serait purement anecdotique
s’il ne comportait quelques ressemblances avec la vie de la jeune chanteuse
dont la carrière ne décolle pas vraiment mais qui, en 1968, a fait une
rencontre qui va se révéler décisive : elle a rencontré en janvier un
certain Jean Vidal. Celui-ci va
l’épouser en janvier 1969 à Avignon. Il va aussi donner son nom à son fils
Romain avant de songer à abandonner l’usine de carénage qu’il dirige à
Cherbourg pour se consacrer à la carrière de sa jeune épouse.
Il commence par lui écrire les paroles de quelques chansons : J’ai
arrêté le temps pour le festival Orphée d’Or, Les papillons, Alors on marche…Ensuite, Michèle Torr va se laisser
influencer par la vague hippie et
enregistrer des chansons comme Ça pourrait être vrai ou Petit si petit, mais aussi C’était un petit homme ou Aime
celui qui t’aime (signée Serge Lama), et même faire partie d’un groupe
nommé L’Alliance et entonner, avec Serge Priset, Bélinda et
Herbert Léonard, Bye bye l’amour.
Mais, quand la maison de disques Mercury,
qui trouve ses ventes discographiques insuffisantes, rend son contrat à son épouse, cela produira
l’effet d’un électrochoc : c’est bien chanteuse qu’elle est née, et Jean
Vidal va s’occuper de créer autour d’elle une nouvelle équipe dans laquelle on
trouve Jean Albertini, plus connu sous le nom de Jean-François Maurice (28 degrés à l’ombre), Paul de Senneville
ou Olivier Toussaint, et devenir
officiellement son impresario après qu’ils auront eu ensemble une petite fille,
Emilie, qui va naître en 1973.
Ainsi, après dix
ans d’une carrière qui semble n’avoir pas tenu toutes ses promesses, Michèle
Torr va effectuer, en cette même année 1973, un retour en force qui va
préfigurer l’éclosion d’une grande vedette. Vont sortir un premier 45 tours
intitulé Les amoureux puis un
album : Un disque d’amour…avant
un deuxième 45 tours, Un enfant c’est
comme ça. Comme la Cendrine de Cendrillon
à la voix d’or, après quelques péripéties un peu hasardeuses, Michèle Torr,
cigale opiniâtre qui n’a cessé de sillonner la France de gala en gala, est
enfin sur la voix du succès. La décennie suivante sera celle de l’éclosion et
de l’épanouissement.
1974-1984
L'éclosion d'une vedette
Dans cette deuxième décennie de carrière,
Michèle Torr va s’épanouir dans la variété française et conquérir un nouveau et
de plus en plus vaste public, avec beaucoup de titres sur une thématique
sentimentale. Produite par Jean Αlbertini, sous le label AZ, elle va
interpréter de nombreuses chansons écrites et composées par lui et quelques
autres, qui vont constituer une très longue série de tubes : Un
enfant c’est comme ça, Une
vague bleue, puis, en 1975, Cette fille c’était moi, avant Je
m’appelle Michèle et
l’album simplement intitulé Michèle
Torr sorti en 1976. Ce sont
les premiers tubes et les premiers disques d’or. Toujours en 1976, sort un
second 33 tours intitulé aussi Michèle
Torr, avec cette fois la
reprise de douze chansons françaises qu’elle a toujours aimées, parmi
lesquelles Jezebel, de Charles Aznavour, mais aussi Exodus qui a eu une grande importance
à ses débuts, ainsi que, notamment Stormy Weather. Nouveau disque d’or.
Après une chanson de Noël à la fin de
l’année 76, Il viendra, qui
évoque … le Père Noël, Michèle Torr va
participer une seconde fois au Grand concours Eurovision de la chanson. C’est
avec Une
petite Française qu’elle
représentera ce coup-ci les couleurs de la Principauté de Monaco. Quatrième
place, derrière notamment Marie Myriam et L’oiseau
et l’enfant, mais une prestation remarquée qui permettra à la chanson de
devenir un nouveau tube et de bénéficier de quatre adaptations, en espagnol, en
italien, en allemand et en anglais à nouveau, de même que Ce soir je t’attendais en 1966. C’est aux Allemands qu’elle plaira
le plus, où deux 45 tours sortiront simultanément, avec les versions française
et allemande. Dès le mois de mai J’aime, à l’origine un orchestral du
groupe Abba, duo entre la chanteuse et Jean-François Maurice dont le nom n’est
pas mentionné sur la pochette, apparaît dans les hits-parades avant même que Une petite Française n’en soit sorti. Ce
titre comporte la signature d’un petit nouveau qui deviendra bientôt
célèbre : Didier Barbelivien, dont tous les chanteurs vont bientôt
convoiter les talents. Ce sera son coup d’essai et un coup de maître qui lui
vaudra son premier disque d’or. Et un de plus pour Michèle Torr.
Au printemps 1978 paraît Emmène-moi
danser ce soir : son
plus gros tube (3 millions de
disques vendus), une chanson ayant pour thème l'amertume au sein d'un couple
que les habitudes ont peu à peu dessoudé. Chanson écrite par François Valéry et
Jean Albertini, initialement pour Marie
Laforêt qui l’a refusée. Gérard Daguerre, avec Yvon Riolland, a contribué
à l’album Emmène-moi danser ce
soir sorti en juillet. Suivra
un titre à l’audience plus confidentielle, La
séparation, traitant du divorce, à l’automne.
Michèle Torr chante
aussi des chansons assez nostalgiques du « temps des copains », comme Discomotion
en 1979, écrite par son ami C. Jérôme, où elle évoque ses premiers
succès en compagnie de Johnny Hallyday et Sylvie Vartan. Un tube de plus, en
pleine vague disco alors que la
tonalité sixtees est nettement
marquée. Avant Quand un homme a du charme
à l’automne suivant.
Pendant toutes ces années, Michèle Torr
n’a cessé de chanter partout en province, dans des galas où elle se produit
parfois seule, mais aussi, fréquemment, dans ceux où se succèdent sur scène
toutes les stars du moment, mais elle ne s’est encore jamais produite à Paris
en solo. Après le succès croissant obtenu en province, son équipe craint un
échec et décline toutes les propositions. Jean-Louis Boris, directeur
artistique de l’Olympia, finit par s’adresser directement à la chanteuse, qui
accepte. En février 1980, elle réalise donc
son premier Olympia en vedette. Celui de la consécration, du 19 février
au 3 mars, à guichets fermés ; le spectacle, au cours duquel elle reprend Les
Roses blanches de Berthe Silva,
alors que la rose qui porte son nom vient d’être créée, est capté dès les
premiers jours et sort un 33 tours certifié très rapidement double disque d’or.
Ce spectacle vient consacrer celle que certains considèrent comme une
« fée » de la chanson. Pendant l’été suivant (alors qu’une
chanson intitulée ainsi vient de sortir avec en face B Le pont de Courthézon devenu depuis un des titres-fétiches de
la chanteuse) Michèle Torr, avec le
spectacle de l’Olympia 80, va sillonner
triomphalement les routes de France.
Cette ascension s’est faite sans l’appui
des médias qui ont peu relaté son accession au vedettariat. Au point qu’elle va
en concevoir une certaine amertume, d’autant que, dans les années 60, elle
était très médiatisée. On la voit aussi assez peu à la télévision : seuls
Michel Drucker aux Rendez-vous du
dimanche et Danièle Gilbert à Midi
Première l’invitent régulièrement. Guy Lux et Jacques Martin ne vont pas
tarder à faire de même si bien que, pendant les années 1980, on la verra très fréquemment
à la télévision, dans les émissions de
variétés de Michel Drucker, comme Stars où elle crée Lui, nouveau tube,
nouveau disque d’or et grand succès dans les hits-parades, puis Champs-Élysées, et dans toutes les
autres. Seuls Maritie et Gilbert Carpentier dont l’émission Numéro Un disparaît en 1981 ne l’auront
jamais invitée. Une autre émission marquante de cette période, c’est le
reportage que lui consacre l’émission 30
millions d’amis qui réalise un record d’audience.
Un peu plus tard, en 1981,
elle interprétera un de ses plus gros succès, une chanson qui sera très
appréciée par Sœur Emmanuelle, intitulée J'en appelle à la tendresse. Une
chanson écrite par Jean Albertini et Didier Barbelivien au lendemain de
l’attentat antisémite de la rue Copernic, qui a provoqué une ovation longue et
appuyée le 11 janvier 2015 à l’Olympia, alors qu’un autre attentat venait
d’être perpétré contre Charlie Hebdo le 7 janvier, et que se déroulait
simultanément une manifestation de grande envergure dans les rues de Paris,
entre République et Nation. Le disque est sorti avec pour visuel une photo de
la chanteuse bébé dans les bras de sa mère disparue en 1965 dans un accident de
voiture pour le 45 tours, et, pour le 33 tours, la photo d’une chanteuse de
blanc vêtue, prise en Camargue dans la douceur d’une lumière vespérale,
en compagnie de chevaux blancs… Comme Edith Piaf a eu son hymne à l’amour,
Michèle Torr aura eu son hymne à la tendresse. Un hymne à la tolérance, par une
chanteuse qui n’a pas chanté « que des chansons rose bonbon » comme
elle le reconnaît dans Lettre ouverte.
Ensuite elle interprète Ceux du parking, en 1982, pour
la série télévisée Joëlle
Mazart. Evocation des jeunes des banlieues difficiles sur un rythme à la
fois lent et syncopé, pour clore chaque épisode de la suite du feuilleton à
succès Pause Café dont l’héroïne,
assistante sociale, a les traits de Véronique Jeannot.
1982 : l’Olympia encore, pour un mois
entier, du 30 novembre au 27 décembre, soit quatre semaines dont bon nombre de
dates à guichets fermés à nouveau, après les nouveaux tubes Lui, J’en
appelle à la tendresse, et le beau succès d’A faire pleurer les femmes
sorti en août 82. Au cours du spectacle, Michèle reprend Stormy weather, enregistré en 1976, crée Entrée des artistes, La
Pologne et Chanter; le 33 tours intitulé pour des raisons commerciales Olympia 83 sort dès la première
quinzaine de décembre 1982 et sera certifié disque de platine.
C'est en 1983, après sa
superbe reprise de Midnight Blue de
Louise Tucker, adaptation de la Sonate au clair de lune de Beethoven, devenue Midnight Blue en Irlande,
avec Roland Romanelli aux claviers, que
Michèle Torr, sur son album intitulé Adieu, enregistre la chanson A mon
père. Écrite pour les paroles par Jean Albertini et pour la musique par
Didier Barbelivien. Elle en donne une magnifique interprétation. Si bien que
c’est finalement la face B du 45 tours qui devient un tube. Chanson hommage à
son père Charles Tort, décédé en 2002.
Guy Mattéoni, chef d'orchestre sur la
tournée Age tendre et tête de
bois, sera pendant de longues années l’arrangeur et le directeur
d'orchestre de l’artiste pour qui il a arrangé les albums Lui, J’en appelle à la tendresse,
Midnight Blue en Irlande (en
partie), ainsi que l’album Adieu…On
le retrouvera encore maintes fois cité sur les albums ultérieurs de la
chanteuse, dans la suite des années 80, les années 90 et 2010…
Et
chaque année, Michèle continuera de faire de longues tournées dont les dates
déborderont largement celles de l’été, au point qu’elle atteindra les cent
cinquante dates par an.
C’est donc avec un répertoire constellé de
tubes qu’elle aborde l’année 1984, celle de ses vingt ans de carrière, mais
elle va un peu tricher et tarder à les fêter puisqu’elle ne reviendra pour cela
sur la scène de l’Olympia qu’en janvier 1987 après un 33 tours intitulé 20 ans d’amour…. Sa troisième
décennie de carrière sera donc largement entamée…
1984-1995
La quête du renouveau
Après avoir enchainé tube sur tube durant les années 70 et
le début des années 80, Michèle Torr va
à présent chercher à renouveler son répertoire, pour tenter d’échapper à l’étiquette de chanteuse
seulement sentimentale à laquelle on la réduit trop souvent. Par ses musiques
et ses orchestrations, elle va chercher à s’inscrire dans l’air du temps avec
des sons très actuels tandis que son entourage professionnel et sa maison de
disques vont tenter de faire d’elle une « Sardou » au féminin, véhiculant
l’image d’une femme respectueuse des traditions, conformiste, marquée
politiquement à droite, avec parfois des textes nettement engagés dans ce sens.
L’image de la bonne mère de famille que les médias lui ont façonnée va aussi
contribuer à cela.
Mais d’abord, au début
de l’année 84, elle s’engage auprès de Sœur Emmanuelle et, le 14 janvier a eu
lieu, au Cirque Massila, Porte de Champeret, un gala de charité au profit des
chiffonniers du Caire à qui la recette est entièrement reversée. Sœur
Emmanuelle vient chanter sur scène J’en
appelle à la tendresse avec Michèle Torr, qui assure à elle seule le
spectacle. C’est le début d’une longue collaboration au profit des plus faibles
et d’une belle amitié.
Quelques temps plus tard, en févier, paraît un 45 tours dont
le titre-phare, Pas bien dans sa vie, est
écrit par un inconnu, Michel Munz. Le texte évoque le traumatisme subi par un
enfant dont les parents ne s’entendent plus. Cette chanson restera l’une des
favorites du public de la chanteuse et elle la reprendra à l’Olympia en 2011.
Fin 1984 sort
l’album Donne-moi la main, donne-moi l’amour, où on retrouve Pas bien dans sa vie. Deux chansons
chères au cœur du public s’y trouvent aussi : La couleur des larmes, signée
Pierre Delanoé, et Le château des grisailles. Le temps, fruit de sa rencontre avec
le journaliste de France Soir
Rodolphe Hassold, est aussi une chanson remarquable dans laquelle, feignant de
s’adresser à son fils, elle se livre comme elle ne l’a jamais fait auparavant. Elle
y évoque notamment son désir de retourner vivre en Provence. Sur le plan
purement musical, c’est la mélodie du titre-phare, de Mike Oldfield, qui
retient l’attention. Ce bel album sera récompensé par un nouveau disque d’or.
1985, pour fêter
vingt ans de carrière, l’album 20 ans d’amour, Je t’aime encore, Aventurier…voit le jour. Aux radios et au public
de choisir la chanson qu’ils préfèrent et sortira quelques semaines plus tard
en 45 tours. Ce sera Aventurier, musique et orchestration
actuelles avec des machines savamment utilisées par Guy Mattéoni, arrangeur
mais aussi auteur et compositeur de plusieurs titres de ce nouvel opus, qui
comporte des chansons qui conviennent à merveille à une chanteuse « à
voix » qui tient à remercier son public pour ses 20 ans de chansons, et un
nouveau titre du journaliste Rodolphe Hassold au ton politiquement très conservateur:
Une
mère d’autrefois, parmi des
musiques aux rythmes variés venant d’Italie ou de Provence.
Cette même fin d’année, Michèle enregistre également une
très belle chanson d’Alice Dona avec ses collègues chanteuses : La
chanson de la vie, dont les bénéfices seront reversés aux femmes du
Tiers Monde.
Au printemps 1986
sort un 45 tours un peu déroutant pour le public avec France ton romantisme fout l’camp qui prône un retour aux valeurs traditionnelles,
ainsi que Grâce, signée Pierre Delanoé, en
hommage à Grâce de Monaco. Fin 86, nouvel
album pour Michèle. C’est l’album Qui sur lequel on retrouve de très
beaux textes : Un mot de toi, Le ciel s’en va…
Mais les 20 ans
d’amour de la chanteuse et de son public, il va bien falloir les fêter sur une
scène parisienne. « A l’Olympia, ce n’est même plus du trac que j’éprouve mais
de la peur. Il y a quelque chose en plus
dans cette salle qui paralyse un peu. J’y ai le grand frisson ». L’Olympia, du
21 janvier au 3 février, fera de Michèle Torr la record-woman de la chanteuse
ayant chanté le plus souvent sur une
scène parisienne pendant les années 80. Celle que la presse a surnommée la Piaf blonde reprend, pour le final, Hymne
à l’amour, d’Edith Piaf. Il aura
fallu attendre ce moment pour entendre à nouveau un texte entièrement signé
Michèle Torr, après deux tentatives dans les années 60. En effet, le 21
janvier, elle crée Je n’ai pas les mots, en hommage à sa mère. La musique est
signée Guy Mattéoni. On retrouvera cette chanson (Les mots pour te dire) en
version studio sur l’album I remember you sorti la même année. Clémente Tort, sa maman, qui n’est plus de ce
monde depuis décembre 1964, n’a pu partager avec sa fille cette carrière
qu’elle aurait tant admirée. Cette chanson évoque le bonheur de chanter, la
grande maison de pierre dont elle rêvait, qui domine la vallée de la Durance,
près de Cadenet, le village où elle est née, depuis quelques temps acquise par
sa fille … Un portrait en forme de paysage de la terre natale : lumière,
mistral, ruisseau…Les mots sont maladroits, « les mots sont inutiles, on
ne raconte pas la lumière… » Ce sont les chœurs, les murmures, qui
expriment la peine, la culpabilité peut-être, et surtout l’amour d’une enfant
pour sa mère.
« Les spectateurs ne
retiennent que le charme de la chanteuse, qui semble ne pas subir le temps et
son charme vocal qui semble se renforcer avec le métier » lira-t-on dans la
presse.
Mais ces
tentatives de se renouveler ne semblent pas être parvenues à changer l’image de
Michèle Torr, alors, après un album de reprises de standards français en septembre, Chansons de Toujours, c’est
dans une nouvelle maison de disques que paraît en octobre 1987 I
remember You, l’album de la
quarantaine radieuse et souriante, avec un portrait en noir et blanc sur lequel
les lèvres sont peintes en rouge. Pourquoi ? Car plusieurs titres de
l’album, la reprise de C’est dur d’avoir seize ans, Et toute la
ville en parle, Toi émoi, Tu ne vaux pas une larme… sont visiblement humoristiques tout en fonctionnant très
bien au premier degré.
Mais en 1988 sort
le 45 tours Et toute la ville en parle,
qui va transformer les fausses
larmes de la chanteuse en vraies car, Michèle Torr l’a dit plus tard, elle voit
dans sa chanson le reflet de sa vie et n’a plus le cœur à en rire ni à la
chanter. Alors qu’elle aurait dû devenir l’un des plus gros tubes de Michèle, la
chanson est reléguée à l’oubli …pour quelques mois, avant qu’elle ne soit
reprise par Margaux. Ou pour quelques années, avant que Michèle ne reprenne
elle-même « sa » chanson, à l’Olympia, en 1996. Car rien ne va plus entre elle
et son mari et impresario, Jean Vidal. Mais pour l’instant, cela reste secret.
Au début de l’été, et alors qu’elle vient de s’installer à
Mérindol, en Provence, dans la maison dont sa mère rêvait, elle publie un livre
de recettes de cuisine provençale : La cuisine de ma mère.
Et à l’automne 1988, encore un nouvel album : Je
t’avais rapporté ;
Michèle en smoking crème sur la pochette fait son cinéma : simulation d’une
pellicule. Au verso, une photo dans une loge, robe noire séance coiffure: « Je
t’avais rapporté des bouquets d’orchidées du plus rouge éclaté », « … des
musiques nouvelles ». Je suis love, Sentiments , Passion Puisque
c’est un adieu, Je pense à vous (deuxième
extrait en 45 tours au printemps 89) sont des chansons qui continuent
d’explorer la voie de l’humour tout en fonctionnant très bien au premier degré.
En apparence,
tout va bien lorsque Michèle Torr annonce un nouvel Olympia en janvier 1990 et
que sort le 45 tours Argentina, signé Pierre Delanoé et
Michèle Agsen. Mais, suite aux problèmes de santé auxquels la chanteuse est
confrontée (on suspecte un cancer, la presse diffuse largement l’information,
mais quand, quelques semaines plus tard, Michèle dément en annonçant dans Télé 7 jours que la biopsie est
négative, les médias s’en font bien moins l’écho et beaucoup croient encore
qu’elle a vaincu un cancer) on découvre que le couple se déchire. L’Olympia est
annulé car Michèle a subi une lourde intervention. Elle fera une apparition à
l’émission Sacrée soirée, en
décembre, pour rassurer son public. Puis tout semble rentrer dans l’ordre
jusqu’à l’été suivant où, après un titre musicalement très actuel dans lequel
elle se livre à son public : Victime de l’amour, dernier 45 tours de Michèle chez Zone
music/ Charles Talar, elle annonce officiellement son divorce. Et toute la ville en a parlé, comme
dans la chanson.
Pendant ces
années chaotiques, Michèle Torr n’a cessé de chanter sur scène et c’est aussi
dans ces années-là qu’elle a participé plusieurs fois aux émissions de Patrick
Sébastien (Sébastien c’est fou, Carnaval,
Farandole) et qu’on l’a vue, diversement grimée, chanter Etienne, de Guesh Patti, Eddy sois bon, en rockeuse toute de cuir
noir vêtue, Paroles, paroles de
Dalida et Alain Delon, mais aussi parodier Anne Sinclair, ou encore déguisée en
facteur, en candidate à la présidence de la République, et même en David Bowie…Et
pour ceux qui ne le savent pas, Michèle a souvent dessiné ses tenues de
scène. En 1990, elle va plus loin et
crée une ligne de vêtements pour le catalogue de vente par correspondance Quelle.
Mais en se séparant de Jean Vidal, Michèle Torr s’est aussi séparée
de son impresario et de toute son équipe car une très grande amitié était née
entre Vidal et Jean Albertini. Même si elle bénéficie d’une grande notoriété, Michèle
doit donc repartir à zéro.
Début 1991 :
nouveau disque d’or avec le 1er Best Of de Michèle intitulé La compil de mes succès.
En parallèle à cette compil, Michèle prépare un nouvel album
intitulé Vague à l’homme qui sort en décembre 1991. Premier
extrait : le 45 tours Ophélia, au printemps 1991.Ce sera
le seul disque qui paraîtra chez Vogue. Un album intimiste dans lequel la
chanteuse lève le voile sur ses déchirures sentimentales qui figure parmi ceux
que ses plus fidèles admirateurs préfèrent. Il contient deux chansons
assurément signées Michèle Torr et Guy Mattéoni : ce sont Rentrer sur scène et Vivre
dans l’instant. Ce bel album contient également une très belle chanson en piano-voix, le
touchant Ne m'oublie pas. On y
découvre aussi une magnifique chanson taillée pour la scène: Les
femmes dansent.
1992 : Michèle poursuit la promotion de son album Vague à l’homme. Emissions télé, radios, nombreux
concerts… elle est sur tous les fronts.
1993 : Gérard
Daguerre, qui a accompagné Barbara dans plusieurs spectacles et tournées, et
Pierre Grosz lui offrent, au terme d’une longue collaboration, un nouvel album,
A
mi-vie qui sort chez AZ. Sur mesure. On y découvre, entre autres, Mon sud et une superbe
chanson hommage à Pagnol Fanny sur le port mais surtout le nouveau tube de Michèle La
prière sévillane, hommage d’une mère à son fils matador, César Rincon.
A propos cette chanson, Michèle Torr déclarera : «C’est une chanson espagnole
que je connais depuis très longtemps. C’est Pierre Grosz qui en a signé le
texte français mais l’idée est de moi. J’aurais dû la cosigner ». Hubert Giraud
et Francis Lai, entre autres, ont aussi contribué à cet album lumineux.
1994 : elle poursuit la promo de son album A mi
vie …Une année riche, une fois encore, pour Michèle qui retrouve notamment le Canada où elle se rend
du 3 au 25 janvier pour assurer la promotion du disque, réaliser quelques
émissions télé et surtout offrir 3 concerts au public québécois dans des salles
prestigieuses avant de revenir en France pour une longue tournée. C’est également l’année des 30 ans de
chansons !
En février 1995,
juste avant qu’elle ne se marie avec Jean-Pierre Murzilli, sort le dernier
album de Michèle Torr chez AZ : A nos beaux jours.
C’est un album de reprises de chansons country conçu par Francis Dordor et Eric Clermontet, qui s’ouvre
sur Mes
yeux bleus sont gris. On y trouve des reprises de chansons américaines,
qui ont été adaptées par Laurent Chalumeau, qui signe tous les textes. Elles
ont toutes en commun d’évoquer les états d’âme de la femme de classe moyenne,
demeurée au foyer et se préoccupant surtout de ses sentiments. Et donc d’amour.
Bovarysme à toutes les pistes. Y compris à la première, qui nous laisse voir
couler les larmes de la dame aux yeux bleus, devenus gris suite à la trahison
de Monsieur. Ce sera, avec A nos beaux
jours, le seul single tiré d’un album qui, pourtant très soigné, n’a pas
trouvé son public.
« J’ignorais
Qu’un jour j’aimerais jaune ».
C’est ainsi que se termine le refrain d’Un chant de sirènes, la
seule chanson inédite, signée Laurent Chalumeau et Eric Clermontet. Un blues
magistralement interprété sur le thème de l’amour qui s’achève, avec en point d’orgue ce beau jeu de mots qui
en fait apparaître toute la tristesse. Cela aurait pu constituer le deuxième
single, et surprendre, et -pourquoi pas ?- faire un tube… En France aussi il y
a des chanteuses blanches qui chantent le blues à merveille. Mais Michèle Torr
a déclaré plus tard qu’elle n’aimait guère cet album…
Ainsi se termine une décennie qui montre la liberté qu’a
prise Michèle Torr d’explorer différents univers musicaux avant d’entrer dans
un nouvelle période qui lui fera prendre un nouveau virage puisque, en 1996,
elle va devenir sa propre productrice.
1996 -2005 : la renaissance
La quatrième décennie de sa carrière, on pourrait
l’appeler « la renaissance » car Michèle Torr, après une période de recherche
constante de nouvelles musiques et de nouvelles voies artistiques, décide enfin
de reconquérir la liberté, de prendre son envol en devenant sa propre
productrice : pour cela, elle fonde MT Production. Elle produira elle-même
les 5 spectacles parisiens des dix années suivantes: les Olympia de 1996, 1998,
2002 (et 2003) ainsi que celui de 2005, et le Casino de Paris de 1999. C’est la
scène qui lui permettra de continuer à briller dans l’univers de la chanson
française. Sortiront aussi 2 albums de chansons inédites : Seule en 1997et
Donner
en 2002, un album de reprises d’Edith Piaf C'est l'amour, en 2003, plusieurs CD enregistrés en
public : Le meilleur de Michèle Torr en public en 1996, Portrait
de scène, en 1999, Olympia 2002 et 2005 ainsi qu’un album Acoustique, en 2001. Michèle
Torr reste ainsi une figure de la chanson, respectée et suivie par un public
fidèle. En quarante ans de carrière, cette maturité artistique l’a rendue
encore plus forte et chacun de ses retours gagnant sur le devant de la scène le
montre. Michèle Torr prouve encore qu’aussi bien physiquement qu’artistiquement,
elle n’a pas pris une ride et qu’il faut compter avec elle, même si les cicatrices
sont toujours là. Elle brûle les planches, offrant au public des spectacles
débordant d’énergie.
C’est donc en productrice de son nouveau
CD, Le
meilleur de Michèle Torr en public, et de son spectacle que Michèle
revient à l’Olympia du 9 au 14 janvier 1996. Elle y chante essentiellement ses
succès, ainsi des chansons plus confidentielles telles que Ne m’oublie pas, La prière
sévillane et son nouveau single, Sortir
ensemble, signé Hervé Vilard et Didier Barbelivien. Tu ne
vaux pas une larme est devenu Dans le blues de l’amour. Un nouveau triomphe après ceux de
1980, 82 et 87, avant de partir pour près de deux ans d’une longue et très
belle tournée à la fin de laquelle elle rôde des titres de son prochain album, Seule.
Michèle Torr y
ose reprendre la plume et s’investit plus encore dans l’écriture de ses
chansons, dont elle cosigne six titres sur douze. Et c’est le premier album de
chansons originales qu’elle autoproduit, seule, comme une grande… Seule est une très belle chanson sur la
place des femmes dans le monde, poupées de chiffon blessées, voilées,
prisonnières de la folie des hommes, et sur celle de l’une d’entre elles en
particulier : la place de la chanteuse, chanteuse d’un soir qui trouve
auprès du public un refuge, une forme d’amitié, mais au prix de son
intimité, car il lui vole son histoire, entre mensonge et vérité. Une chanson
qui pose des questions plus qu’elle ne donne de réponses. Qui parle aussi de
l’amour, de mariages, des deuils qui la déchirent, de la solitude… « Je me
suis enfin laissée aller à dire ce que je ressentais, ce que j’avais sur le
cœur, mes émotions, mes états d’âme aussi, souvent des choses que je vis, ou
que j’ai vécues… » confie-t-elle au journal Platine. Pour Seule, elle
retrouve Christian Accardi qui avait cosigné avec Claude Perraudin le très beau
Ne m’oublie pas en 1991. Elle
chantera aussi quatre autres chansons qu’elle a écrites sur la scène de
l’Olympia, où elle revient dès janvier 1998 : Tes silences, Regarde-les, La fille du soleil, Tant je t’aime. En 1997
également, elle est nommée Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres par
le ministre de la Culture, avant d’être élevée au grade d’Officier en 2002.
Ensuite, deux chansons inédites ont été enregistrées
en public en 1999, et sont sorties sur le double CD Portrait de scène. Toutes
deux sont signées Michèle Torr et Daniel Mecca. La première c’est Sur
les routes. Sur la vie d’artiste. La seconde, c’est Charlotte
qui sera aussi présente sur le single Je
te dis oui qui sortira en septembre 99. Michèle Torr s’adresse à sa
petite-fille Charlotte, la première de ses petits-enfants. Elle est tout à la
fois petite, douce, fragile, ange, soleil, île, paradis, chanson, poème
et source, « un peu de moi que je retrouve en toi… », la
« petite Charlotte que j’aime » C’est une jeune grand-mère qui
s’émeut et s’émerveille d’un « bout de vie qui babille » comme elle
le prévoyait dans Je serai ton amie
en 1993, et c’est finalement son fils, Romain Vidal, qui lui aura le premier
donné cette joie. Charlotte (la
chanson) sera présente sur scène au Casino de Paris prévu du 9 au 14 septembre
1999. Chaque soir est annoncé un invité surprise : C’est Carol Fredericks le 9
(pour un duo sur Et toute la ville en
parle), la troupe de Roger Louret le 13 (pour un medley)…Mais C. Jérôme,
malade, ne viendra pas. Michèle y chante son nouveau single, Je te
dis oui, crée Ne lui reparlez plus d’amour et Je ne
suis qu’une femme, ainsi que Ma star à moi (signée Jean-Jacques
Debout) et L’an 2000 qui restent à ce jour toutes deux
inédites. Sa fille Emilie Vidal vient la rejoindre sur scène pour danser.
Elle reprend La quête de Jacques Brel, qu’elle chante à cappella. Un
spectacle très riche. Mais Michèle a le sentiment d’avoir été moins à son aise
dans cette salle qu’elle ne l’est à l’Olympia.
Après une
tournée Acoustique en 2001, Donner sort en avril 2002. C’est l’album
« coup de cœur » de la grande majorité des admirateurs de l’artiste.
Des chansons imprégnées de tristesse, pour chanter l’amour, avec des
auteurs-compositeurs avec lesquels elle n’avait jamais travaillé auparavant.
Elle souhaite ainsi renouveler son répertoire. Il comporte trois nouvelles chansons
cosignées par Michèle Torr. D’abord Comme ces pianos, avec Santo
Barracato, le frère de Frédéric François. Ensuite Tu veux chanter, en duo
avec David Lazaro. Au sujet de la transmission de la passion de la chanson, du
partage du goût de chanter. Le chant, conçu comme une sorte de thérapie.
L’essentiel, lui dit-elle, est de ne pas mentir au public, la sincérité avant
tout… La chanson est reprise en duo avec Eric Payan, pianiste et arrangeur, sur
la scène de l’Olympia en novembre et janvier 2003, et sort aussi sur le double
CD du spectacle en avril 2003. Un moment fort de la deuxième partie de ce
spectacle. Un beau duo-duel de voix à l’accent du sud qui a fait vibrer le
music-hall du boulevard des Capucines. Michèle Torr signe aussi Emmène-la, sur la dépression après une rupture.
L’Olympia 2002, qui suit la sortie de l’album Donner, est d’abord annoncé du 12 au 17
novembre, puis raccourci à 4 jours, du 14 au 17. Très vite complet, il faudra
ajouter deux dates, à guichets fermés aussi : ce sera début 2003, les 11 et 12
janvier. Accompagnée du quatuor à cordes d’Alexandra Cravéro, Michèle crée C’est
ma première, cosignée
avec Eric Payan. C’est ma première
est une variation sur le thème de Rentrer
sur scène, avec l’évocation du trac avant l’entrée en piste, mélange de
peur et de plaisir, et un hommage appuyé à ses parents, par la
citation de A mon père :
« ce facteur du courrier du cœur qui a toujours fait mon bonheur »
et cette petite phrase : « au moment où tapent les trois coups,
je caresse une alliance à mon cou », alliance dont on sait bien qu’elle
appartenait à sa mère. « C’est le théâtre de ma vie, mes parents me
sourient… » tout deux réunis très haut dans le ciel, jusqu’où les notes
sont montées. La chanteuse n’est apparue sur scène qu’au milieu de la chanson.
Par ailleurs, sur le piano d’Eric Payan, on verra un peu plus tard l’ours
en peluche que lui a offert sa mère à l’occasion de son premier Olympia. Là, elle
chante les titres de Donner, elle
reprend La Quête de Brel a capella, Aimer
est plus fort que d’être aimée (de Balavoine, sorti en bonus sur un Best
of fin octobre) et surtout Le
mots bleus du chanteur Christophe, pour un moment de très forte émotion…Le
spectacle de 2003 sera le même, à ceci près que le final ne sera pas Chanson inédite, mais C’est l’amour, d’Edith Piaf, et Michèle
Torr annonce son intention de reprendre Piaf et de revenir très vite à
Paris, à l’Olympia, pour y fêter ses quarante ans de carrière.
Le spectacle Michèle Torr chante Piaf (C’est
l’amour) est annoncé dès le 13 octobre 2003, jour de la sortie du Cd
ainsi intitulé, jour du quarantième anniversaire des obsèques de
Piaf et de la signature de son premier contrat par Michèle Torr, pour les 11,
12 et 13 mars 2005. La sortie de ce nouvel album prouve
une fois de plus qu'elle est une véritable interprète, au sens noble du terme
et crée, avec un plaisir évident, un univers fait de nuances et de
subtilités. On y entend la voix, magnifique, brute, ample et
incandescente, en alternance sur des orchestrations sobres où le piano domine (C’est
l’amour – ambiance très « soul
music » par moments-, Mon Dieu, La belle histoire d’amour, Les
amants d’un jour, Non, je ne regrette rien, Les mots d’amour) et
d’autres qui nous emmènent ailleurs: au cœur d’une fête foraine (Mon
manège à moi), en Orient (Jezebel), tandis que La
vie en rose prend des teintes exotiques, gitanes pour La
foule, et que Padam…Padam…(qui évoque la passion de chanter, jusqu’aux confins de la folie)
, L’accordéoniste,
Hymne à l’amour prennent des couleurs de rues populaires parisiennes ou
de bars de la Nouvelle-Orléans. Michèle Torr chante aussi le blues avec T’es
l’homme qu’il me faut, reprend encore –sur un rythme très lent cette
fois, avec de lumineuses guitares- Exodus, et ajoute un oppressant Je
sais comment, avant de confier au seul Jean-Michel Bernard
l’interprétation uniquement instrumentale de Milord.
Finalement, après une
longue tournée au cours de laquelle il a beaucoup évolué, le spectacle de 2005 n’aura ni le titre, ni le
contenu initialement prévus; certes, la chanteuse reprend quatre titres de Piaf
mais, outre ses propres tubes, elle chante son nouveau single, C’est
un message, ainsi que On a
toujours besoin (offerte par Henri Salvador), Un prince en Avignon
(hommage à Gérard Philipe, créée par Esther Ofarim en 1969) et un inédit, Côté
soleil (La couleur des mots),
un titre pour faire la fête et couronner 40 ans largement révolus d’une
carrière diversement rythmée, mais lumineuse et colorée. Signée Michèle Torr et
Daniel Mecca. On la retrouvera, autrement orchestrée, sur un rythme hispanisant
sur l’album La louve en 2006…
Ces 40 ans de chansons sont complétés par
un livre autobiographique en 2005 aux éditions Jacques-Marie Laffont, La
Couleur des mots, coécrit par
Laurent Fialaix, où elle raconte sa vie, son parcours d'artiste, ses succès et
ses échecs. « J'avais commencé à l'écrire en imaginant que je parlais à
mon père, qui est mort il y a deux ans en janvier 2002, et
puis je suis allée jusqu'au bout. Quand les parents sont partis, je pense qu'on
a plus de liberté pour dire des choses. Pour moi, c'est un premier regard en
arrière ». Elle confie que petite elle donnait des couleurs aux mots, d’où
le titre de son livre. Elle nous parle dans ce livre de ses envies d’élargir
son champ artistique, de faire du théâtre, de jouer la comédie, de participer à
une série télé. Elle se confie avec pudeur sur ses relations professionnelles
et personnelles avec Jean Vidal, son mari, son producteur, son mentor, décédé
le 23 juillet 2001, sur son deuxième mariage avec Jean Pierre Murzilli en 1995,
sur leur séparation deux ans plus tard lorsqu’ils divorcent d'un commun accord
mais continuent de vivre ensemble, sur la disparition de ses amis comme C. Jérôme
décédé le 14 mars 2000, ou de Jean Albertini, décédé le 06 novembre 1996...
La sortie du double CD et du DVD Olympia
2005 sera le prétexte à deux dates exceptionnelles au Petit Journal
Montparnasse, les 11 et 12 novembre 2005, occasion de reprendre aussi deux
chansons de Pierre Bachelet : Ecris-moi
et Sans amour, ainsi que Pour ne pas vivre seul de Dalida et Stormy weather.
Michèle Torr est une artiste qui a su
évoluer avec son temps. Elle reste encore incontournable dans les années
2000, après quarante ans de carrière. Elle est certes apparue moins souvent à
la télévision, conséquence de la baisse progressive d’émissions vouées à la
chanson française, hormis des émissions de variété nostalgiques, telles que Succès fous ou encore Les
années tubes. Elle est restée
cependant très fidèle à Pascal Sevran et à son émission La chance aux chansons où elle a fait régulièrement
des apparitions. Elle a enchaîné une quinzaine de compilations de ses anciens
succès, qui sont sorties, parfois à son insu, dans différentes maisons de
disques. Aidée par son mari Jean-Pierre Murzilli et son fils Romain Vidal qui
l’a produite sur scène, elle est devenue une femme d’affaires, ce qui lui
permet de continuer à exercer à sa guise son métier d’« artisan de la
chanson française ». Et elle a continué d’habiter toutes les scènes, de
France et parfois d’ailleurs, avec bonheur.
2006-2014
La mue
Pendant la période 2006-2015,
Michèle Torr a pu sembler immuable. Cependant, entre stabilité et prise de
risque, entre conformisme et indépendance artistique, on redécouvre une Michèle
qui timidement serait restée la même mais une Torr qui serait parfois plus
visiblement différente.
La désormais
célèbre tournée Age Tendre et tête de
bois, animée au début par François Deguelt et Hubert Wayaffe, débute en
mars 2006. Les artistes de cette première saison sont Richard Anthony en invité
d’honneur, Jean-Jacques Debout, Michel Orso, Demis Roussos et quelques autres
dont, bien entendu, Michèle Torr qui a dit oui la première au producteur Michel
Algay. Elle restera fidèle durant 10 années à ce spectacle bien rôdé, alternant
spectacles et tournées en solo avec participation à certaines saisons d’Age Tendre. Elle sera des saisons 1, 2,
5, de la « Dernière tournée »
et de « Age tendre, rendez-vous avec
les stars ». Là, elle apparaît telle qu’on se la rappelle et elle
vient essentiellement rechanter ses tubes mais aussi, y compris dans les plus
grandes salles, interpréter une chanson « a capella » qui lui vaut
immanquablement une ovation. Sa « spécialité ». Elle y interprètera
aussi, chaque fois ou presque, une nouvelle chanson.
En mai 2006, elle
sort une compilation plus personnelle, disponible uniquement chez les marchands
de journaux, intitulée La louve. On y
trouve la chanson La Louve de 1974 enregistrée pour la deuxième fois en studio,
mais aussi Monsieur Cézanne chanté avec les Petits Chanteurs
d'Aix-en-Provence, dirigés par Gérard Mouton, créé à l’occasion du centième
anniversaire de la mort du peintre, ainsi que de la plupart des chansons dont
elle a signé les paroles. Certains titres ont été réenregistrés pour
l’occasion.
Le 25 février
2007, Michèle est la marraine de l’élection de Super Mamie France 2007, et ce à quelques mois à peine de la
naissance de la petite Nina. Après Charlotte et Samuel Vidal, celle-ci fait de
Michèle une grand-mère pour la troisième fois. Raphaëlle sera sa quatrième
petite-fille.
En 2007, Michèle
Torr est redevenue Michelle Torr avec deux « l »: et c'est avec son
prénom écrit tel qu’à l’état civil qu’elle prépare son nouvel album. Après
avoir songé à un disque de reprises de chansons réalistes, c’est finalement
dans le prolongement du succès croissant de la tournée Age tendre et tête de bois que la chanteuse, surfant sur la vague
de la nostalgie, choisit comme titre de l’album Ces années-là. 7 reprises (Claude François, Dalida,
Gibert Bécaud, Pétula Clark, Elvis Presley…) et 7 inédits. Le spectacle du même
nom affichera « Complet » du 10 au 13 avril 2008 à l’Olympia :
quelques jours après le trentième anniversaire de la mort de Claude François,
elle reprend Hier est près de toi et Cette année-là, lui dédie On
aurait pu s’aimer d’amour ; elle chante ses deux premiers succès : C’est dur d’avoir seize ans et Dans mes bras oublie ta peine ; dans une
deuxième partie plus grave, elle reprend à nouveau Pour ne pas vivre seul,
crée C’était
toi, On se reverra et Toutes
ces nuits ainsi que Son
paradis c’est les autres, en
hommage à Sœur Emmanuelle … Ce sont les prémices d’un changement.
Pendant l’été
2008, Michelle, élue artiste de l'année 2008 par La Poste qui a créé un timbre
à son effigie, a participé au dixième anniversaire de la tournée d’été d’Ici Paris organisée et présentée par le
regretté Dominique Dalbret. Ce sont des spectacles gratuits par lesquels elle
revendique son statut de chanteuse populaire.
Le double CD et le DVD du spectacle Ces années-là sortent en novembre, sur Internet seulement et, en
décembre, Mme le Maire Maryse Joissains Masini, remet à Michelle la médaille
d’honneur de la ville d’Aix-en-Provence.
Victime d'un
accident cardio-vasculaire en février 2009,
sa première réapparition après son malaise se fait chez Patrick
Sébastien dans Les années bonheur le
30 mai 2009. Elle semble à nouveau en pleine forme.
Toujours égale à elle-même, elle sort le 21 mars 2011 une
triple compilation de ses titres,
Michelle Torr Best Of 3 Cd, avec 60 chansons dont 3 inédits (Avant
d'être Chanteuse, Vous m'avez tout donné, Notre père avec la
participation de Claude Barzotti). Ce Best
Of s'est classé neuvième des ventes en France dès la première semaine et
s’est écoulé à plus de 50 000 exemplaires.
Et du 6 au 8 mai, encore et toujours à l’Olympia, Avant d’être chanteuse marque donc
ses retrouvailles avec Didier Barbelivien, qui a signé nombre de ses tubes
entre 1977 et 1988 et signe la chanson du même nom, ainsi que la musique du Notre Père et les paroles de Vous m’avez tout donné, sur l’air
traditionnel des Marches du palais.
Un spectacle très riche musicalement avec une version reggae de Non à tous les garçons en clin d’œil à
Gainsbourg qui l’a écrite pour elle en 1965, une très belle version orientale
d’A faire pleurer les femmes, une
version country de Je m’appelle Michèle
(Rhinestone cow-boy, à l’origine!), avec aussi le blues de T’es l’homme qu’il me faut, de Piaf, la
promenade sur le Boulevard du rock et
la visite du Château des grisailles,
les reprises de Je te portais dans mon cœur d’Elvis Presley (sur A nos beaux jours en 1995, puis sur Ces années-là en 2008 avec pour titre Toujours dans mon cœur), des Roses blanches (comme en 1980) et du Petit
bonheur de Félix Leclerc, à l’heure où le spectacle Le Retour de nos idoles se produit au
Québec. Très beaux arrangements signés Eric Payan, qui signe aussi Naïs, transition entre les deux parties.
Petit clin d’œil à Samuel Vidal qui la rejoindra sur scène pour l’accompagner à
la batterie sur la dernière chanson, Toutes
ces nuits.
Le CD et le DVD sont finalement sortis en février 2013 dans
le commerce.
C’est au cours de
ce spectacle à l’Olympia, en préambule à son interprétation du Notre père, que Michèle (elle perd à
nouveau un « l » mais retrouve l’accent !)Torr déclare :
« Pour moi chanter c’est donner, bien sûr c’est aimer, mais c’est aussi prier ».
C’est qu’a dû commencer à germer l’idée qu’elle va exprimer
à la fin de l’année 2011, celle d’enregistrer, non pas comme le lui demande sa
maison de disques Sony un disque de chant de Noël – elle prétendra de façon
expéditive l’avoir déjà fait -, mais un disque de chansons spirituelles, en
rapport avec la religion. Alors qu’elle a chanté Son paradis c’est les autres pour Sœur Emmanuelle décédée entre
temps, puis le Notre Père, dans les
six mois qui vont suivre, dans le sillage du succès des Prêtres, elle va
concevoir un album qu’elle enregistrera au cours du mois d’août 2012 dans un studio
du Gard, et qui sortira le 12 novembre 2012, alors qu’aura déjà débuté une
longue tournée de près de cinquante dates avec un spectacle intitulé En concert avec vous. Chanter c’est prier est l’un des
plus attachants albums que Michèle Torr ait enregistré mais il a suscité
quelques réserves, y compris dans son plus fidèle public, malgré la « vraie
spiritualité » qui s’en dégage. Elle y
reprend des chansons de variété, signées par les plus grands auteurs qui n’ont
pas eu l’idée d’écrire pour elle : l’Ave Maria d’Aznavour, L’envie d’aimer d’Obispo, Il
faudra leur dire de Cabrel, La mémoire d’Abraham de Goldman,
tandis que le journaliste et écrivain David Lelait adapte pour elle Amazing
Grace, Didn’t it rain et Gracias
a la vida. On y trouve aussi Je crois en toi de Didier Barbelivien, Il suffira d’un signe de Gérard Palaprat et l’hymne
provençal, Coupo Santo.
Puis, dans la foulée de sa tournée de plus de quarante
villes en France et en Belgique, elle s’est produite au Québec, avec Herbert
Léonard, pour une autre longue tournée, en avril et octobre 2013, après avoir
participé à la première édition du Retour
de nos idoles quelques mois plus tôt, en 2010.
Artiste au
grand cœur, Michèle Torr a, depuis quelques années, manifesté son soutien à
diverses causes, telle la lutte contre le cancer avec l’association Ressource dont elle est présidente
d’honneur et pour laquelle elle fait un gala en novembre 2008 à Aix-en-Provence
ou sa participation à Tous ensemble
contre le cancer à Villefranche-de-Rouergue en 2013. Auparavant, elle s’est
aussi investie dans divers projets comme l’Opération Orange et les Tirelires
de l’espoir ou encore les Mardis de
Michèle : chaque année, un mardi, elle a donné un concert dont les
bénéfices ont été reversés à l’association de Sœur Emmanuelle.
Mais le fils de Michèle Torr, Romain Vidal, est atteint
d’une sclérose en plaques (SEP) qui a été diagnostiquée six ans plus tôt. La
chanteuse décide de fonder avec lui une association pour récolter des fonds
pour aider les malades dans leur quotidien et faire connaître la sclérose en
plaques. SEP Pays d’Aix. Le Dimanche 21 juillet 2013 à 21 heures dans l'Enclos
de la Charité à Pertuis (84), a eu lieu le premier concert exceptionnel donné
par la chanteuse et son ami Hervé Vilard au profit de l’association et chaque
année dans la même ville elle continuera à proposer un concert pour cette noble
cause…Avec François Valéry et Claude Barzotti en 2014, Dave en 2015…L’argent
récolté sera remis au Professeur Pelletier, qui exerce au CHU La Timone à
Marseille.
Parmi les concerts exceptionnels de la chanteuse, on notera
sa participation, en tête d'affiche, au festival Georges Brassens, dix-huitième
du nom, le dimanche 4 mai 2014 à Vaison La Romaine : c’est elle qui a
clôturé ce festival où se sont produits la même année Thomas Fersen, Georges
Chelon, Romain Didier.
On l’a retrouvée ensuite à l’Olympia, en invitée d’honneur
de Jean-François Gérold, « Le Condor », le jeudi 8 mai, pour
interpréter avec un grand orchestre la Coupo Santo et ainsi participer à un
tableau visuel et sonore aussi magnifique que typiquement provençal. Une
aventure peut-être à suivre ?
Elle a participé aux Flâneries
d’Art Contemporain d’Aix-en-Provence, organisées par Andréa Ferréol, le
samedi 14 juin 2014, avec une séance de dédicaces au profit de l’association SEP Pays d’Aix et la lecture d’échanges
épistolaires entre mères et filles (Mme de Sévigné, Colette, Calamity Jane),
occasion aussi de montrer encore l’envie, la tentation de toucher au métier
d’actrice en se faisant conteuse. Et aussi de se trouver là où on ne l’attend
pas forcément, ce qui est de bon aloi pour une artiste.
Rendez-vous demain samedi 21 novembre de 10 heures à 12
heures sur
pour une émission spéciale Michèle Torr avec une interview
de la chanteuse, qui se produira à Bergerac le dimanche 13 décembre et dans de
nombreuses autres villes dans le cadre de sa tournée des églises : Chanter c’est prier.
Après l’émission du 21/11/2015 sur Bergerac 95, merci à
- Alain Boucherès, admirateur d’un village voisin,
- Patrick Brugalières, bergeracois, chef d’orchestre de Michèle Torr de 1986 à 1988,
- L’Abbé Martial, homme d’église et organisateur de spectacles sur Bergerac,
- Matthieu Chocat, chef d’orchestre de la tournée Chanter c’est prier.
Merci à Philippe Bastide, directeur de Bergerac 95 et animateur de l’émission.
Et merci à Madame Michèle Torr d’avoir répondu à l’invitation.
Dans quelques jours, nous reviendrons sur cette émission, et en particulier sur les confidences que Michèle a faites, alors qu’elle évoque rarement de tels sujets, comme ses états d’âme après le triomphe de l’Olympia 80. Ou bien la robe que, comme Cendrillon, elle a dû rendre au couturier qui la lui avait prêtée, après qu’elle eût rencontré son idole Johnny Hallyday lors d’un gala de l’Union.
Nous reviendrons bien sûr sur la tournée des églises, sur le disque qu’elle n’a pas fini d’enregistrer à cette occasion, les DVD qui devraient sortir bientôt, incluant l’Olympia et le Trianon 2015 ainsi que le spectacle Chanter c’est prier, avec des chansons de Noël et des titres qu’elle n’a jamais chantés et ne rechantera peut-être jamais sur scène, parmi d’autres, issus de son répertoire, comme Mon ange, de Bruno Coquatrix qu’elle avait enregistré en 1968.
Rendez-vous donc à partir du 5 décembre pour la première date de la tournée des églises.
©ED & GD.
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