Michèle Torr chante sa famille (suite).
Alors Michèle Torr a aussi chanté le mariage, pour les
humains :
« Au bord de l’eau un petit bal s’ouvre en plein vent
Comme autrefois les petits bals de nos parents
Cet air vieillot ce
vieux piano tout nous fait rire rire
Et malgré ça tout en dansant entre tes bras
Je me vois un beau dimanche
Tourner en robe blanche
Ainsi qu’un tableau du passé »,
« Ils
s’étaient rencontrés au feu de la Saint-Jean
Ils se sont
aimés tendrement
Après ces
fiançailles
Dans un
château de paille
Il ne manquait
plus qu’un détail…
Dans l’église
enchantée
Les cloches
qui sonnaient
Et les enfants
qui chantaient
Et vivent les
mariages d’amour… »,
Mariage,
1984.
Et pour les loups (mais « on est tous un peu
loup »):
« Quand la louve frissonne
A son premier printemps
Quand elle tourbillonne
De joie et d’émotion
Ce sera mariage
Avec un jeune loup
Un vrai loup de son âge
Un vrai loup de chez nous…
C’est comme nous
C’est une histoire d’amour… »,
La louve, 1973.
Je te
dis oui, 1999, et après :
« On allait tous les vendredis
Dans la maison
de ta famille… »,
Papiers
à fleurs, 1984,
le temps fait
son ouvrage…
« Aujourd’hui ça fait six ans
Que nous sommes mariés… »,
Emmène-moi danser ce soir, 1978.
Et tout ne va pas pour le mieux.
« Ce voile de mariée abîmé par la pluie… »,
La déchirance, 1979.
Et si elle a
chanté si bien l’amour, à la fin des années 60 et au début des années 70,
n’est-ce pas que, après une « idylle » avec Christophe qui s’est
terminée dans une « sorte de haine » selon les dires du chanteur, et après
sa rencontre avec un certain Jean Vidal dans un cabaret parisien, le Don
Camilo, en janvier 1968, elle-même était amoureuse et s’est mariée avec ce
dernier, à Avignon, en janvier 1969 ?
Les chansons J’ai
pleuré de joie
(Que de fois
J’ai pleuré de
joie
Face à mon
bonheur
Qui vit dans
ton cœur…),
Ça
(…ça
Qui commence
avec toi
Qui finit avec
moi
C’est
peut-être l’amour… »),
Pour
toi
(« Au
temps où je vivais
Aux portes de
mes joies
Le monde
m’inventait
Pour
toi… »),
Mon
amour…
par leur ton
ne se font-elle pas l’écho de cet amour ?
Jean Vidal en
devenant l’époux deviendra aussi le parolier et l’imprésario de son épouse. Il
écrira pour elle J’ai arrêté le temps qu’elle chantera au Festival Orphée d’Or
en Bulgarie (cependant son nom n’est pas crédité sur le disque, uniquement
sorti dans les pays de l’Est), il lui écrira Les papillons en 1970 :
« Les
papillons butinent un cœur
Et puis s’en
vont chercher ailleurs
Les papillons
prennent le temps
Prennent le
vent
Et puis s’en
vont… » (Prémonitoire ?),
Alors
on marche (1971)
et Le jardin d’Angleterre en
1976 :
« Oui
c’est toi
Mon univers et
puis mon roi c’est toi
Oui c’est
toi… » .
Et, pour boucler la boucle, ceux qui auraient eu l’idée
de La louve, ce sont Michèle Torr et
Jean Vidal.
Il n’empêche
que « les histoires d’amour…. finissent mal en général » et le couple
n’échappera pas à la règle. Beaucoup de choses resteront du domaine de la vie
privée mais il arrive en effet que les chansons nous racontent par avance ce
qui va arriver un peu plus tard et, en 1987, Michèle Torr chante Toi
émoi (Madame surprend Monsieur rentrant au milieu de la nuit, ils se
réconcilieront sur l’oreiller, « Same player shoots again »), Et
toute la ville en parle (Madame trompée, victime pour les uns, coupable
pour les autres, voit sa vie étalée sur la place publique), Tu ne
vaux pas une larme (Madame chasse Monsieur de la maison. Bon
débarras !). Tout cela était un peu trop outrancier pour ne pas paraître
humoristique, à prendre au second degré. Il n’empêche, ce que chante Michèle
Torr, c’est ce qui lui arrive, plus ou moins exactement, en 1988. C’est
elle-même qui le dit encore aujourd’hui. Après les problèmes de santé de la
chanteuse en 1989, la presse montrera l’image d’un couple apaisé mais il n’en
est rien et après un 45 tours-confidence où elle se déclare Victime
de l’amour :
«Des champs de
bataille
Des sentiments
passés
Je garde une
paille
Dans mon cœur
blessé…
Une passion de
paille
Est vite
oubliée
Mais ce qui me
travaille
C’est que j’ai
tout gardé…
J’ai sous mon
chandail
Du mal à
cacher
Ces petits
détails
Qui font
espérer
Faut pas que
je m’en aille
Ici je
l’attendrai
Il m’a fait
trop mal
Mais je l’ai
tant aimé… »
Michèle Torr annonce son divorce par une dépêche de l’AFP
durant l’été 1990.
Certes, il ne
faut pas confondre les chansons d’un chanteur avec son histoire et ses
véritables sentiments, mais quand en 1991
Michèle Torr chante Ceux qui laissent, Ne m’oublie pas ou
encore Vague à l’homme, on ne peut s’empêcher d’écouter ces chansons comme
on écouterait de nouvelles confidences.
« Je
l’écarte avec les yeux
Il me revient
par le cœur
J’ai voulu
tourner la page
Pour une
liberté mirage
Dans la folie
de ce naufrage
Il m’a gardée
en otage
C’est souvent
ceux qui laissent
Qui sont seuls
qui se blessent…
Ton absence
m’assassine
Je suis
devenue anonyme »,
Ceux
qui laissent.
« Et si
tout nous sépare
Et si tout
nous déchire
Je ne veux pas
que notre histoire
Comme ça
puisse finir
Il ne fallait
pas jouer
A ce jeu avec
moi
Maintenant
faut s’aimer
Ou se faire
mal c’est comme ça
C’est comme ça
mais… »
Ne
m’oublie pas.
Intimiste, à
coup sûr. La chanteuse a du Vague à l’homme.
Et « il paraît … » que c’est encore à Jean Vidal,
décédé en 2001, que pensait la chanteuse quand elle interprétait C’était
toi, en 2008.
« C’était un paysage immense juste à côté de moi
C’était plus joli qu’un silence, qu’un soleil dans ma voix
C’était une indicible danse qui n’en finissait pas
Tu vois, cet homme à qui je pense
C’était un château à l’aurore que je touchais du doigt
C’étaient des couleurs que j’adore des choses auxquelles on
croit
C’étaient les heures sans indulgence d’un bonheur qui s’en
va
Tu vois cet homme à qui je pense c’était toi
C’était toi
Ma raison, mes pensées, mes images,
C’était toi
Ma liberté ma cage
Celle que tu as laissée sans trop savoir pourquoi
Quand ton cœur s’est lassé c’était moi
C’était moi
C’était le mal et la tourmente, un répit quelquefois
C’était la colère et l’attente, un mot qui ne vient pas
C’était le vide après l’absence, un palais sans son roi
Tu vois cet homme à qui je pense c’était toi
C’était toi
Ma raison, mes pensées, mon sillage,
C’était toi
Ma vérité mon gage
Celle que tu as laissée sans trop savoir pourquoi
Quand ton cœur s’est lassé c’était moi
C’était moi
Mais c’était un paysage immense tout à côté de moi
De l’amour même dans le silence, du soleil dans ma voix,
Et dans cette indicible danse où finira ma vie
Tu vois cet homme à qui je pense …c’est lui ».
La boucle est
bouclée.
La semaine prochaine:
Michèle Torr, intimité et confidences…
©ED et GD.
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