Trois ans plus tard, en 2005, pour fêter ses quarante ans de carrière, c’est aussi ce thème de la couleur qu’elle a choisi pour son spectacle, à nouveau sur la scène de l’Olympia. Elle a intitulé son livre autobiographique sorti à cette occasion La couleur des mots et interprété une chanson inédite, Côté soleil (La couleur des mots).
On ne sait pas encore quelles seront les « couleurs » de l’Olympia du 11 janvier 2015, première étape du Paris de Michèle Torr pour fêter ses cinquante ans de carrière, que ce soit au niveau des tenues et de la scénographie ou de la tonalité de l’ensemble du spectacle ; alors, pour patienter, est née l’envie de se promener encore une fois sur sa palette, d’explorer les couleurs du répertoire de la chanteuse.
Cela a commencé avec la couleur rouge.
« Soudain j’ai compris
Que mon cœur était pris
Et j’ai rougi »,
Déjà, le feu de l’amour sur les joues, en 1964 : C’est arrivé comme ça.
« Mais il pourrait se moquer
De mes ongles rouge foncé »,
Mais non, il n’osera pas ; sinon, c’est que c’est un goujat ! Je me demande, 1964. Encore et déjà le rouge passion.
« A minuit quand les flammes rougissent
Les Indiens font au ciel sacrifice »
Jambalaya, 1976.
« Tout habillé de rouge
Et sans faire de bruit
Il donne toujours
Ce qu’il a promis »
Mais qui est-il donc ? Le Père Noël bien sûr. Il viendra, 1976.
Sur l’album J’aime, en 1977, la femme fatale que le chagrin d’amour afflige pleure :
« La robe rouge que tu aimais
Quelquefois je la remets… »
Je n’oublierai jamais.
Heureusement, il y a la télévision pour se distraire de sa peine :
« La couleur après le noir et blanc… », et
« Des feux rouges sans aucun colorant »
Nos arrière grands-parents.
Ou, plus tard, les belles voitures :
« Sixtees
C’était une MG rouge italien… »,
Sixtees, 1987.
Après les lèvres rouges de la pochette d’ I remember You,
« Et sous le ciel gris je me couvre un peu…
Je t’avais rapporté
Des bouquets d’orchidées
Du plus rouge éclaté »,
Je t’avais rapporté, 1988.
Chanson préambule à un album de chansons aux couleurs de la passion…
« Pense à la rose écarlate » mais aussi « pense aux bleuets qui bleuissent…»,
Petit si petit, 1972.
Car le rouge a beau être aussi une des couleurs les plus frappantes de la Provence, c’est le bleu que l‘artiste a le plus chanté, bleu du ciel et du bonheur, yeux bleus attributs de l’homme idéal, mais bleu parfois teinté de gris…
« Depuis qu’un jour sur son visage
J’ai vu l’éclat de ses yeux bleus…
Depuis que ton cœur m’encourage
C’est ton amour que je veux… »
Nous sommes faits l’un pour l’autre, 1965.
« Je t’aime tant…
Que mon ciel bleu
Rôde en tes yeux
Comme vacances… »
Je t’aime tant, 1966.
« Ne vivre que pour toi
Ne suivre que tes pas
Poursuivre malgré moi
Ce rêve
Qui habille de bleu
Mes chansons et mes yeux…
Rebroder chaque jour
Les draps bleus
de l’amour
Pour que tourne toujours
La ronde des serments éternels…
Cacher un jour trop gris
Changer un ciel de pluie
Pour en faire un joli
Dimanche… »
Ce que veut dire aimer, 1968 ; une très jolie définition...
« Bleu bleu
l’amour est bleu
Berce mon cœur mon cœur amoureux…
Gris gris l’amour
est gris
Pleure mon cœur lorsque tu t’en vas…
Bleu bleu l’amour
est bleu
L’amour est bleu
quand je suis à toi… »
L’amour est bleu, 1968.
Quelquefois, on atteint le ciel bleu par des voies illégales :
« Fleur de pavot te voilà cigarette
C’est un ciel gris
qui devient soleil »,
Fleur de pavot, 1968.
Bleu, c’est aussi la couleur d’un passeport pour
l’optimisme :
« Tu aimerais fuir Paris
Cette ville pleine de bruit
Et partir à l’aventure
Vers un ciel beaucoup plus bleu
Où tu serais plus heureux
Que de vivre à toute allure…
Et voilà tu me souris
Tu oublies ce ciel trop gris… »,
Tout les oiseaux reviennent, 1970.
« Pour voir tous nos enfants heureux
Revoir le jour sous un ciel bleu…
Alors on marche »,
Alors on marche, 1971. L’engagement, une marche pour un avenir
meilleur…
« Il n’y a plus
de rêve en bleu
Quelques amours sans lendemain »,
Les amoureux, 1973.
« Je revois dans tes yeux
Mes souvenirs d’enfant
Cendrillon l’Oiseau Bleu
Et le prince
charmant »,
Un enfant c’est comme ça, 1973.
Une vague bleue (1974), c’est une cascade de comparaisons,
c’est comme un amour, un soleil, une histoire, le vent, un secret, une fleur,
un espoir, un bateau, « rien que toi » et « moi »….C’est
l’amour !
« Toi je sais qu’un
jour
Tu reviendras près de moi et pour toujours
J’imagine déjà ce jour-là
Ce sera un jour en bleu
Heureux »,
Never never live
without you,
1975.
« Bleu comme le ciel…Comme la nuit…Comme
la mer…Comme l’espoir…Comme une fleur…Comme la peur…Comme la chambre…Comme
l’amour…Comme la fumée d’une cigarette…Comme une brume un peu secrète…Comme la
lumière…
Comme la vie… »,
Bleu, une autre cascade de comparaisons, un camaïeu, en 1975.
« Mes yeux bleus
Quand tu penses à moi
Je sais qu’inconsciemment
Tu penses à mes yeux bleus…
Mes yeux bleus
Sont un océan
Et tu devras le traverser un jour
Si tu me veux…
Mes yeux bleus
C’est ma tour d’ivoire… »
Mes yeux bleus, 1976.
« Oh ! mon
pays
J’ai retrouvé l’accent
Le ciel d’azur… »
Aspiration à un
retour en Provence : Paris laisse-moi vivre ma vie.
« Fais de la musique
Belle comme l’amour et le ciel bleu »,
Mets un tube dans ton piano.
« Un soleil au milieu d’un ciel tout bleu
Du sable et des cheveux blonds… »
Juste après l’été, 1979.
« Mais avec toi mon cœur est bleu »,
Je t’aime tendrement, 1980.
« L’amour est un long chemin
Long comme le désert
Bleu comme la
mer »,
Mon fils, 1980.
« Tu as les yeux trop bleus
Pour avoir eu le temps
D’avoir des souvenirs… »
A faire pleurer les femmes, 1982.
« Entrer sur la scène
Et vous dire je t’aime
Comme si on prenait le même bateau
Bateau musicien bateau baladin
Sur un océan couleur
de bravos…
On ferme les yeux
A cet instant bleu
Où la peur ressemble à un numéro… »,
Entrée des artistes, 1982. Le trac, une peur bleue…
« Midnight Blue
Dans l’église à genoux
Je pense aux années bleues
Où nous étions heureux…
C’est comme un oiseau bleu
Qui vole entre nous deux… »
Midnight Blue en Irlande, 1983 : quelques clichés sur de
la grande musique : la Sonate au clair de lune de Beethoven, revue
et corrigée quelques mois plus tôt par Louise Tucker ; résultat : un
énorme tube, dont la version française, mieux encore que la version originale
selon certains journalistes musicaux, avec Roland Romanelli aux claviers, en
deviendra également un. Une belle chanson d’atmosphère…
« Change la vie
Fais souffler un peu de folie
Fais du bleu avec
du gris
Mélange les couleurs »,
Change la vie, 1983.
L’homme à la moto, emprunté au répertoire de Piaf, a été
enregistré par Michèle Torr en 1980, mais il n’est sorti à ce moment-là qu’en
Belgique, en face B d’un 45 tours dont la face A était Les roses blanches. En
France, il faudra attendre 1983 et l’album Midnight Blue en Irlande pour
découvrir cette reprise sur un tempo disco.
« Les ongles pleins de cambouis mais sur le biceps il
avait
Un tatouage avec un cœur bleu sur la peau blême
Et juste à l’intérieur on lisait Maman je t’aime. »
Car on a beau être un dur, on n’en aime pas moins sa maman,
et on peut être un peu fleur bleue.
« Et si c’était à refaire
Tu sais je recommencerais
A jouer avec tous les feux
Pour me retrouver dans tes yeux
Si bleus »,
Et si c’était à refaire, 1984.
« Ciel bleu
d’Amsterdam
Mon cœur te réclame »,
Amsterdam, 1986, reprise d’un des plus gros tubes du printemps,
venu des Pays Bas, au tout début de l’été…
« Le ciel bleu sur
nous peut s’effondrer…
Nous aurons pour nous l’éternité
Dans le bleu de
toute l’immensité… »,
Hymne à l’amour, 1987 (Olympia inédit), 1996(Le
meilleur de Michèle Torr en public), 2003 (Chante Piaf, C’est l’amour…).
« Boussole cassée mais ciel d’azur »,
Partir un jour, 1988.
« Argentina
Ta lumière indigo
illuminait la piste »,
Argentina, 1989.
Mais parfois elle
lasse – c’est la couleur, bien sûr, qui lasse la chanteuse, et non la
chanteuse qui nous lasse, à tant chanter le bleu!- :
« Only you
Tout ce ciel bleu
m’ennuie…
Loin de vous
Je veux que tout
Ait la couleur de
mes pensées »
Only you, 1967.
Et le bleu vire au
gris :
« Seule dans le jour qui s’enfuit
Seule entre quatre murs gris
Je rêve d’une plage… »
Moi je rêve d’une plage, 1965.
« Le ciel d’hiver est noir
Mais au printemps le ciel redevient gris
Gris rose le soir
Et puis gris bleu
en été à midi
En l’an 2000
Le ciel des villes
N’aura plus de couleur » :
une vision crépusculaire de l’avenir, pessimiste, en tout cas
inquiétante par certains aspects, inspirée par les craintes du changement de
millénaire, c’est L’an 2000, version 1975. On a l’impression de voir défiler les
images d’un film d’anticipation. L’imagination des paroliers s’enivre
d’elle-même, et cela donne un élan très particulier à cette chanson.
« La rue est grise
ce matin
J’ai mal de toi »,
Où que tu sois je t’aime, 1978.
« Et toute seule dans le matin gris je pensais à toi »,
Ma première chanson, 1979.
« Dans ce décor de Fellini
Bateaux brisés nuages gris
On jouait La Strada pour
moi aussi …
Le ciel était couleur
de nostalgie»,
Mélancolie femme, 1981.
Davantage ancrée dans la réalité sociale, la chanson Ceux
du parking, en 1982, générique de la série Joëlle Mazart, qui brosse un portrait amer de la jeunesse des
banlieues :
« Ils sont gris
les murs des prisons
Elles sont grises
les villes nouvelles en béton ».
« Tout devient lointain
Au gris du
matin »,
Le ciel s’en va, 1986, quand l’amour s’achève.
“Mais il y a bien longtemps déjà
Que mes petits matins sont gris »,
I remember You , 1987.
Le bleu et le gris qui
font partie de beaucoup de clichés, on sait que la chanteuse leur préfère, avec
le rouge, le blanc et le noir, en particulier pour ses tenues de scène.
« Et comme chaque soir
Dans ma robe noire
J’ai le trac je le dis
Mais après tout j’ai choisi
Chanter c’est ma vie »,
La gloire ou bien l’amour, 1977.
« Sous les sunlights de minuit
Je viens vers vous en robe blanche »,
Chanteuse, 1978.
Mais aussi pour les tenues de tous les jours.
« Je peux mettre un bon manteau
Mon pull blanc,
des talons hauts… »
Je me demande, 1964.
En matière de décoration :
« Sur une nappe blanche
Quelques roses se penchent
Sur un couvert dressé pour deux… »
Ce soir je t’attendais, 1966.
La demoiselle parfois moqueuse :
« Tu seras vieux et tes cheveux
Seront devenus tout blancs
Ah ! Ah ! »
Dandy, 1966,
sait faire montre de plus d’empathie quand la couleur, c’est
celle de la peau :
« Je me souviens d’un petit bar
De la Nouvelle Orléans
Où l’on pouvait compter le soir
Plus de Noirs que
de Blancs »
L’homme à la guitare d’or, 1967.
« Depuis le jour où je vous aime
Mon cœur est sans
espoir
Tout est triste et noir
Pourtant un jour dans un baiser
Vous m’aviez promis de m’aimer »
Il ne faut pas briser un rêve. 1976.
« Flirtons ensemble enlacés dans le noir… »,
Emmène-moi danser ce soir, 1978.
« C’est la belle nuit de Noël
La neige étend son manteau blanc… »
Petit Papa Noël, 1977.
« Y avait des Chats sauvages et des Chaussettes Noires » sur le Boulevard
du rock dans les années soixante, mais en 1978, « Y a plus de
blousons noirs »…, hélas !
En 1980, au moment où elle s’apprête à monter pour la
première fois en vedette sur la scène de l’Olympia, Michèle Torr accepte de
donner son nom à une rose blanche qui vient d’être créée et qu’on trouve encore
chez les pépiniéristes et aux jardins de Bagatelle. Est-ce la rose qui lui a
donné l’envie de reprendre la chanson de Berthe Silva, l’une des préférées de
sa mère, qui la lui chantait pour que sa fille accepte de manger, ou bien la
chanson qui l’a convaincue d’accepter que soit ainsi nommée la rose ?
Toujours est-il que sur beaucoup de photos, on voit la chanteuse tenir entre
deux doigts une rose blanche…
« Elle aimait les fleurs les roses surtout
Et le cher bambin le dimanche
Lui apportait des roses blanches
Au lieu d’acheter des joujoux…
C’est aujourd’hui dimanche
Et j’allais voir maman
J’ai pris ces roses blanches
Elle les aime tant
Sur son petit lit blanc
Là-bas elle m’attend
J’ai pris ces roses blanches
Pour ma jolie maman… »
Les roses blanches, 1980.
Belle reprise, que l’on retrouve en deux versions live sur les enregistrements des Olympia
80 et Olympia 2011, mais aussi en version studio sur un 45 tours
belge sorti en 1980 (mais pas en France), sur un album multi-interprètes intitulé
Bonne
fête Maman, paru chez AZ et dans le coffret Une voix, un cœur paru
dans la sélection du Reader Digest en 1999.
« Ses yeux noirs
te rappellent
Qu’il n’a été pour toi
Qu’un vagabond du soleil
Couché dans ton sommeil
Les nuits où tu ne dors pas… »
Le vagabond du soleil, 1982.
« Mon ami de Varsovie…
Elle est noire
comme la nuit
Ton étoile du berger »
La Pologne, 1982.
« Moitié tendresse
Moitié tourment
Ni chevalier
Ni cheval blanc »,
La princesse aux pieds nus, 1983.
« J’y parlerai
d’amour avec mes cheveux blancs »,
La Province, 1984.
«… leurs
châteaux de paille sont pour des lapins blancs »,
Merci pour les mamans, 1986.
Douce France :
« Il me revient en mémoire
Des souvenirs familiers
Je revois ma blouse noire
Lorsque j’étais écolière… », 1987.
Du blanc, du noir…
« Mais surtout, pas de vert » (Couleurs, 1977) car, dans les métiers du spectacle,
cela porte malheur…En fin, un peu quand même…
Quand le rire fait briller les yeux et les mots d’une jeune
fille qui sait se montrer
fantaisiste :
« Quand tu
repeins en vert les plafonds,
j’aime »,
J’aime, 1966.
Ou quand la nature se fait complice de l’amour« Sur le
chemin du retour l’herbe verte nous
fait un lit »,
Et piano va l’amour, 1973.
Pour Noël, au cœur de l’hiver.
« Mon beau sapin
Roi des forêts
Que j’aime ta verdure…
Mon beau sapin
Tes verts sommets
Et leur fidèle ombrage
De la voix qui ne ment jamais
De la constance et de la paix…
M’offrent la douce image »
Mon beau sapin, 1977.
« A la Noël
Maman était très belle
Comme la poupée au pied du sapin vert »,
Fleur de mai, 1987.
Et puis il y a des
chansons avec d’autres couleurs, qui restent indéfinies ou qui s’additionnent,
des chansons arc-en-ciel, des chansons multicolores.
Quand les amours d’adolescents ne durent guère :
« Mais au fond de mon cœur
Le ciel n’a plus la même couleur »
Rien ne sera plus comme avant, 1966.
Ou par le chemin de l’amour retrouvé :
« Après tant de pluie tant de pleurs
Je revois la vie en couleurs
Et c’est le miracle
A ce grand spectacle
J’entends battre battre mon cœur …
La nuit le ciel gris
c’est fini »,
Aime, 1969.
« Dis Pierrot d’où viens-tu ?
Qu’as-tu fait de ton habit d’argent…
Le Pierrot tout blanc »,
Dis Pierrot, 1969.
C’était un petit homme est une chanson colorée dans laquelle les
couleurs symbolisent les étapes de la
vie : le blanc pour l’enfance, le temps de l’innocence, le bleu pour
l’adolescence et la découverte de l’amour, le gris pour l’âge adulte et les
désillusions, le noir pour la vieillesse et le cheminement vers la mort :
une vision assez triste de la condition humaine…
« C’était un petit homme
Tout habillé de blanc…de
bleu…de gris…de noir….
Il s’est décoloré
Ses cheveux ont blanchi
Son cœur a grisonné »
C’était un petit homme, 1972.
Mais il y a couleur (bleu, rouge, vert…) et couleur (trèfle,
carreau, pique et… cœur), il ne faut pas confondre !
« Il me manque la plus belle couleur
Le cœur
Et pour un roi de cœur
Je donnerais toutes les couleurs »,
Pour un roi de cœur, 1972.
Comme le vin, l’amour, ne rend pas toujours gai :
« Je reverrai toujours
Ces lumières de couleurs
Cette musique un peu triste
Que je connais par cœur »
Un disque d’amour.
« Il a mis son costume de lumière
Son front est blanc
et ses cheveux sont bleus…
Tous les enfants regardent en silence
Un gros nez rouge
et un chapeau pointu »,
La ritournelle, 1974, un magnifique portrait d’artiste.
Couleurs pour un autoportrait :
« J’ai toujours les cheveux blonds
Et les yeux bleu
horizon »
Les plus beaux yeux de la côte d’Azur !
Je m’appelle Michèle, créée en 1976, et maintes et maintes fois
réentendue depuis.
« Moi j’étais la princesse aux cheveux d’or » dans La maison de mon enfance, 1978.
La blondeur, c’est l’apanage de l’enfance : « Il a
(aussi)les cheveux blond clair… »,
l’enfant de La séparation, 1978.
Mais c’est aussi
celui de la mère, à qui s’adresse ce message:
« Mais rien ne vaut l’image de tes beaux cheveux blonds »
Maman la plus belle du monde, 1981,
Et la mère du petit
voleur de fleurs des Roses blanches est une « blonde ouvrière».
« Ce baiser que tu oses
Voler sur sa joue rose
Tu dis : « c’est peu de chose »
Qui sait qui sait qui sait ? »
Qui sait qui sait qui sait ? 1976.
Couleurs de Noël :
« Il garde toujours
Ses cheveux d’argent…
Et son traîneau d’or
Nous étonne encore… »
Il viendra. 1976.
« Le ciel noir
fumée d’usine
Le bleu pétrole
de la mer
Sont les couleurs qui dominent
Aujourd’hui sur notre Terre »
Contre la pollution croissante sur la planète : Pour
vivre heureux. 1976.
C’est dans Couleurs, face B de J’aime,
en 1977, qu’on découvre le drapeau du royaume imaginaire de la chanteuse :
bleu, blond, rose…
« « Le bleu
vit dans mes yeux (et dans le ciel)
Le blond dans mes
cheveux (et dans le soleil)
Le rose vit dans
mon cœur (et dans les fleurs)
Et ce sont là mes trois couleurs… »
…au mépris du blanc,
du vert, du rouge et du noir chers à
Stendhal, du gris… Un drapeau
printanier, un peu kitch, il faut bien le dire…
« Je n’aime chanter que si le ciel est bleu…
Quand les arbres sont encore verts », nous chante la cigale, dans Je ne sais pas pourquoi, en
1977.
Au cinéma :
« Les Etats-Unis défilaient sur un film en couleurs », dans La musique de là-bas, 1978.
Profession artiste, 1978.
« Dans cette rue humide et blanche
Le vent léger me donne froid…
Profession artiste
Les yeux de toutes
les couleurs
Née je ne sais plus le jour ni l’heure
Signe particulier sensible…
La nuit me laisse dans le noir… »
Cette chanson, Michèle Torr l’a beaucoup chantée en concert,
et le plus souvent à un moment privilégié puisqu’elle a constitué le final de
plusieurs spectacles : elle y évoque le sentiment de solitude de l’artiste
se retrouvant face à elle-même après
l’effervescence du spectacle. On la retrouve sur Le meilleur de Michèle Torr en
public, en 1996 mais aussi en deuxième place sur Acoustique, mes plus belles
chansons, sorti à l’occasion de la tournée de 2001. Elle faisait
également partie du tour de chant de l’Olympia 1998. Et le public a beaucoup
aimé cette chanson en forme de confidence, quand la chanteuse ressemble à une
funambule sur le point de chuter alors que la musique résonne encore avant que
ne s’éteignent les lumières.
« Colliers de fleurs colorées
Je ne peux pas vous oublier »,
Juillet août à Tahiti, 1980.
« Je n’ai jamais chanté que des chansons rose bonbon
Il y a un temps pour tout
Et c’est très bien »,
Lettre ouverte, 1981, où s’exprime le désir de chanter « autre
chose »…en face B de J’en appelle à la tendresse.
Malgré cela elle chante aussi, sur le même album :
« Lentement sur nous le jour va se lever
Gravant sur nos corps son empreinte dorée »,
Doucement, 1981.
Ainsi que:
« Dans le ghetto y’a New York
Sur des cartes postales jaunies… »
Le ghetto, 1981, ou à l’Olympia (Olympia 83). De
même :
« Chanter
Sur un océan de
toutes les couleurs
Chanter
Innocemment ouvrir son cœur
Et chanter… »
Chanter, 1982.
« Il cherchait dans le regard de ses parents
Le bleu qui colorait
ses rêves d’enfant,
Il aurait voulu y trouver un ailleurs
Un pays aussi grand que l’amour dans son cœur »,
Pas bien dans sa vie, 1984.
« Le film de ma vie défile
Sur les pages jaunies
de mon livre
Seize ans déjà que tu es né
A Courthézon un jour d’été »,
Le temps, 1984.
« En voir de toutes les couleurs », ce n’est pas
forcément être heureux.
« Depuis j’en vois de toutes les couleurs
On n’était pas très loin du bonheur »
Papiers à fleurs, 1984.
« A peine le temps d’un café noir…
Les yeux dans le bleu
de ton ciel
Je rêve d’un amour éternel…»
Chanson napolitaine, 1985.
« Quand le lilas blanc
couvrira ma maison…
J’aurai pour lui des cheveux blonds, un cœur tzigane…
Quand la lumière dans ma chambre sera couleur de miel
Je serai seule à entendre… »
Un amour qui m’appelle, 1985.
«Femme de toutes les
couleurs…(Barbara)
Tu chantes seule avec tes petits
Sans haine tu chantes la chanson de la vie… (Michèle
Torr) »
La chanson de la vie, 1985.
« Une allure de cobra en lunettes noires…
T’as laissé le béton pour l’enfer vert»
Aventurier, 1985.
« Et je suis là tremblante
Dans un écrin d’azur
Me moquant des pays
Où pousse l’herbe verte
Eclaboussant de blanc
même l’ombre des murs…
Et les tables de bar couleur
de grenadine
Se couvrent de glaçons, d’anis et de passion »
Amour de ma jeunesse, 1985, déclaration d’amour adressée au
pays natal, vivement coloré.
« Petit Jean souviens-toi de notre école
Moi je portais toujours un tablier bleu…
Petit Jean souviens-toi de nos dimanches
Tu mes trouvais très belle dans ma robe blanche… »
Petit Jean, 1985.
« Toi princesse de légende
Ton nom en lettres d’or
S’inscrit comme une offrande
Sur l’envers du décor »,
Grâce, 1986.
« Ils aiment toutes les couleurs
Comme celles de leurs crayons »
Si tous les enfants du monde, 1986, en hommage aux enfants, qui
ignorent le racisme…
« Elle voulait… un mariage en blanc
Et du riz dans les yeux …
Une fille de feu sur
les bandes dessinées
D’avenir et de bleu,
d’amour et de soleil… »,
Cendrillon Rock, 1986.
Des couleurs aussi dans l’album de reprises de septembre
1987.
La mer :
« La mer… a des reflets d’argent,
La mer, des reflets changeants
Sous la pluie.
La mer au ciel d’été
Confond ses blancs
moutons
Avec les anges si purs,
La mer bergère d’azur
Infinie…
Voyez ses oiseaux blancs
Et ses maisons rouillées… »,
La vie en rose :
« Quand il me prend dans ses bras
Qu’il me parle tout bas
Je vois la vie en rose »,
C’est joli la mer :
« Dans tes yeux si clairs…
Cheveux blonds, blonds… ».
« Si les maisons
de Yellow Break Road
Qui t’ont connu enfant
Te revoyaient quand tu rôdes
Perdu dans ton smoking blanc
Au petit jour »,
Où est ton étoile, 1988. En hommage à Elton John.
« J’attendrai …
un arc-en-ciel…
Les matins d’été les soirs lilas
Je ne connais de saisons
Que dans l’amour passion…
J’attendrai…la couleur
d’un télégramme …»,
Le temps qu’il faudra, 1989.
Et comme il y a des
chansons inédites, il y a aussi des couleurs inédites.
« Il y aura un homme dans ma vie…
Et ma voix aura la couleur
de son nom »
Un homme dans ma vie, 1969.
« Il y a eu des
soirs des soirs couleur d’espoir »,
Bye bye l’amour, 1972.
« J’aime un souvenir couleur de larmes »
Je l’aime, 1983.
Chaque chanteur a ses tubes que le public attend, mais il a
aussi des chansons que le public le plus fidèle affectionne particulièrement,
sans qu’elles aient été mises en avant, sans fréquents passages à la radio ou à
la télévision, simplement parce qu’elles ont plu lors des concerts ou plus que
d’autres retenu l’attention. Dans l’album Donne-moi la main, donne-moi l’amour sorti
en 1984, deux chansons consécutives ont frappé les admirateurs de la chanteuse,
qui aiment les retrouver, de temps en temps, dans ses spectacles , en
particulier pour celui de l’Olympia de 1987, et qui ont encore figuré, pour
notre plus grand plaisir, au tour de chant de l’Olympia 2011. On en avait déjà eu une version en public dans
Portrait
de scène. Ces deux chansons sont
La couleur des larmes et Le château des grisailles.
La première, signée Pierre Delanoé pour les paroles, se
révèle des plus efficaces grâce à une mélodie enlevée comme un galop qui,
malgré des paroles plutôt tristes et mélancoliques, bien qu’il soit aussi
question de larmes de joie, réchauffe très vite l’atmosphère d’une salle de
spectacle, en particulier en début de deuxième partie :
« Dites-moi quelle est la couleur
De la pluie qui tombe du cœur
Quelquefois quand je la regarde
Je crois voir le fond de mon âme
Dites-moi quel est le talent
Qui saura peindre ces torrents
Désespoir d’une vie de femme
Quelle est la couleur de mes larmes ? »
Une couleur intense, saturée, qui met le feu aux mains, à
chaque fois.
Mais au fait, c’est de quelle couleur, une larme? Bleu, gris, transparent, couleur de l’air
et du temps… pâle et brillant comme un éclat de diamant…Difficile à
définir, presque impossible à décrire.
Celle du Château des grisailles est plus
mystérieuse encore. On y découvre, dans une chanson en forme de film, un monde
à l’envers de la cour du Roi Soleil, un monde de l’ombre et de l’illicite où
nous introduit pour nous faire simplement rêver la chanteuse comédienne qui
ouvre le bal, se métamorphose en bohémienne rappelant la romantique Esméralda.
On y découvre la magie, la sorcellerie, l’alchimie, et des plaisirs interdits
tel… le tabac à priser ! Chanson charmante, envoûtante, qui serait un peu
à Michèle Torr ce que Marienbad est à Barbara.
« Nous dessinerons dans le soir
La vie aux couleurs
de l’espoir »,
Un mot de toi, 1986, où il est question de l’amour qui permet
de s’ouvrir au monde…
On réduit souvent la
carrière de Michèle Torr aux années 60, 70 et au début des années 80, mais,
depuis 25 ans, elle a continué de proposer de beaux albums, aux belles
couleurs, et ce sont eux que ses plus fidèles admirateurs préfèrent.
Sombres sont les couleurs de l’album Vague à l’homme, en 1991,
album de la peine et de la désillusion amoureuse, après une séparation
douloureuse :
« Il fait si noir
au fond de l’eau
Lac argenté
Je m’abandonne à tes baisers »,
murmure la blonde Ophélia, avant de se noyer par amour
dans les eaux du lac, en 1991.
La chanteuse se dit :
« Prise au filet de ton regard
Beau comme un diamant noir »,
dans Ceux qui laissent.
« Mais il est des couleurs
Des parfums des sourires
Qui se planquent au fond du cœur
Pour n’en plus ressortir »,
Se plaint-elle dans Ne m’oublie pas.
« Jamais je n’ai vu le ciel
Aussi bleu qu’au réveil
Quand je renais dans tes bras »,
se console-t-elle dans Ma vie avec toi, qui annonce les
couleurs plus joyeuses de l’album suivant : le lumineux A mi-vie, en 1993.
« Mon sud a des robes rouges
Et le goût de chanter…
…de grands chapeaux noirs …
Il est d’ocre et de violence
De mistral qui vous prend… »,
Mon sud.
« D’un café rouge
et vert dans le quartier du port »,
Fanny écrit à Marius…
Fanny sur le port.
Les Belles du temps présent quant à
elles ont « des yeux bleus de
charme, un parfum de violette de
Parme » et sont très bien dans leur « temps dans les lilas bleus du printemps » tandis que L’homme
en or ne séduit que s’il se révèle parfois « un peu fleur bleue un peu loubard ». Et Si je
t’aime évoque une lettre d’amour écrite avec des « larmes de
bonheur » sur un « papier couleur
de neige comme [le] cœur » de l’homme aimé.
« Quand ils pleurent
Mes yeux bleus
sont gris …
Quand ils pleurent
Tous les yeux sont gris».
En 1995, l’album de reprises de chansons country conçu par Francis Dordor et Eric
Clermontet intitulé A nos beaux jours, s’ouvre sur Mes yeux bleus sont gris. Ce
sont donc des reprises de chansons américaines, pour la plupart écrites et chantées par des hommes, qui ont été adaptées pour une femme par un homme
(Laurent Chalumeau, qui signe tous les textes). Elles ont toutes en commun
d’évoquer les états d’âme de la femme de classe moyenne, demeurée au foyer et
se préoccupant surtout des ses sentiments. Et donc d’amour. Bovarysme à toutes
les pistes. Y compris à la première, qui nous laisse voir couler les larmes de
la dame aux yeux bleus, devenus gris suite à la trahison de Monsieur. Ce sera,
avec A
nos beaux jours, le seul single tiré de l’album, pourtant très réussi.
« J’ignorais
Qu’un jour j’aimerais jaune ».
C’est ainsi que se termine le refrain d’Un chant de sirènes, la
seule chanson inédite de A nos beaux jours, signée Laurent
Chalumeau et Eric Clermontet. Et peut-être la meilleure. Un blues magistralement interprété sur le
thème de l’amour qui s’achève, avec en
point d’orgue ce beau jeu de mots qui en fait apparaître toute la tristesse.
Cela aurait pu constituer le deuxième single, et surprendre, et -pourquoi
pas ?- faire un tube… En France aussi il y a des chanteuses blanches qui
chantent le blues à merveille.
Pourquoi ne pas le montrer aux Américains ?
Quand, en 1996, il s’agit de Sortir ensemble :
« Alors là dans le noir
Ma main dans tes cheveux
Parlera beaucoup mieux
Qu’un poème ». (En single et sur Le meilleur de Michèle Torr en public)
« Pour quel prince pour quel roi
N’ai-je pas été blonde ? »
Seule, 1997, Michèle Torr produit pour la première fois un
nouvel album de chansons inédites. Parfois très personnelles. Elle signe les
paroles de cinq chansons.
« Un mouchoir
Je trouve plus mes lunettes noires…
Je me souviens de nos étés
Une bastide, un jardin
Quelques roses trop blanches
Qu’on appelait Michèle… »
Tes silences.
« Une histoire d’amour pour repeindre en bleu
Le gris, l’ennui,
ma vie…
Pour changer l’humeur
Couleur du temps
qui peut aussi sauver l’envie »,
Une histoire d’amour.
«Du noir et du bleu pour les yeux…
Un bâton de rouge
carmin » se trouvent dans Le sac de la chanteuse qui
déplore :
« …les taches rouges
de sang
Qui salissent la terre,
…le blanc du
sable
Et les vents du désert,
…la couleur de
nos corps
Qui nous fait prisonniers » dans Harmonie ; mais elle
se console avec
« La vie tango
La façon de vivre d’un pays
Couleur d’une
musique
Ardente et dramatique…
C’est une autre vie
Couleur de la
nostalgie… »,
La vie tango.
Et si cela ne suffit pas, en cas de chagrin d’amour, on peut
« Passer à l’orange
Dans un monde étrange
Où l’amour se change
En argent » et rencontrer La fille du soleil
capable de « peindre un arc-en-ciel
Sur tes murs bien trop gris ».
En 1998, à l’occasion de la série Hommages des éditions Atlas,
on peut aller voir Les comédiens qui se déplacent et vivent dans « une
roulotte peinte en vert », et
si La
maladie d’amour persiste, on peut écouter chanter « la rivière
insolente
Qui unit dans son lit
Les cheveux blonds,
les cheveux gris ».
Mais c’est l’amour du public que recherchera toute sa vie
l’adolescente de quinze ans « cœur tout blanc
Et griffes aux genoux » voulant devenir chanteuse, de Ma
plus belle histoire d’amour, c’est vous, celle qui a
« …tourné bien des pages
Sans les lire, blanches
et puis rien dessus ».
Et, comme Barbara, Michèle Torr voit son public
« assis dans le noir
Vous êtes là fidèles » au fil de ses périples Sur
les routes. (Portrait de scène, mars 1999)
« Mais quand ton regard bleu se pose sur moi,
C’est toute ma vie qui change » déclare une toute jeune
grand-mère à sa première petite-fille : Charlotte, en 1999. (Portrait
de scène et single Je te
dis oui, septembre 1999)
Je te dis oui :
« Je traversais des nuits trop noires
Où y a pas de place pour la mémoire ».
« Et j’ai connu des jours
Un peu de toutes les couleurs
Mais votre confiance à vous
A toujours enflammé mon cœur »,
Ma star à moi, 1999.
Nuancé et délicat, l’album Donner en 2002 n’est pas
très coloré. On y retrouve cependant l’amant aux « grands yeux verts » cachés « derrière ses
lunettes noires » dans Ne
lui reparlez plus d’amour. Chanson créée pour le Casino de Paris dès
99.
« Dans mes cauchemars noirs comme la houille
Je serre les dents, je sors les griffes
Les bords de mon cœur n’ont plus de rouille
Ils sont sauvages, ils sont à vif »
Apprivoise-moi.
« Les lumières du ciel
Caressent mes yeux
Juste une aquarelle
Sur un fond bleu…
Rien d’artificiel
Rien que du bleu »,
S’en aller. (Aussi sur 2CD et DVD Olympia 2002).
C’est donc à l’Olympia en novembre 2002 et janvier 2003 que
l’on retrouve ces trois chansons et que Michèle Torr emprunte à Christophe Les
mots bleus… avant d’annoncer son intention de chanter Piaf.
« Et je me rappelle
Qu'ils ont regardé
D'un air attendri
La chambre d'hôtel
Au papier jauni »,
Les amants d’un jour.
« Je sais comment revoir les fleurs
Sous un ciel bleu…
Tu ne dis rien, mon ami,
Mais tu as au fond des yeux
Plus de rêves que d'envie
Pour voir ce coin de ciel bleu ».
Je sais comment.( Michèle Torr chante Piaf. C’est l’amour, 2003
et 2013).
Trois titres inédits sur une compilation éponyme en janvier
2005, avec le DVD Le meilleur de Michèle Torr en public, (1996) en bonus.
« Dès l’aube je
veux voir le soleil
Aux couleurs de
l’arc-en-ciel »,
C’est un message, en 2005, « pour le temps qui
passe » dans lequel la chanteuse affirme sa volonté de chanter pour faire
du bien aux gens, en leur colorant la vie par ses chansons, pour illuminer
leurs rêves, faire disparaître leurs peines… Deux chansons composées par Henri
Salvador ensuite :
«Eclair, tempête, orage ou ciel brumeux
Le cœur lui ne voit que du bleu…
Qu’ils aient la peau blanche
ou bien de couleur
Les hommes ont une fleur au cœur »,
On a toujours besoin, 2005.
« Et les beaux ténébreux
Ceux qui friment dans l’austère
Peuvent retourner chez eux
Débrancher leur starter
Car moi je ferme les yeux
Sur un ciel bleu
marine…
Qu’il revienne me chercher
Cet homme couleur
tendresse »,
Couleur tendresse, 2005.
C’est une couleur de fête qui teinte l’Olympia, en 2005, pour fêter quarante ans de
carrière, avec, après C’est un message et On a
toujours besoin, une chanson inédite :
« J’en ai chanté des mots
Trop souvent noirs
ou blancs
Déchiré des photos
Pour oublier le temps
Les couplets les refrains
Autour de mes chansons
N’ont jamais une seule fois
Su effacer ton nom
Je n’ai jamais douté de ta couleur tendresse
Ne reste pas tout seul sur le quai des promesses.
Côté soleil
Je connais un arc-en-ciel
Je suis la seule à le voir
Gravé dans ma mémoire
Jamais d’obscurité
Mais du bleu indigo
Ma couleur
préférée
C’est la couleur des
mots
Je t’ai apprivoisé
J’ai allumé un feu
Il y avait moins de braises
Que dans le fond de tes yeux
Je n’ai jamais douté de ta couleur tendresse
Ne reste pas tout seul sur le quai des promesses.
Côté soleil
Je connais un arc-en-ciel
Je suis la seule à le voir
Gravé dans ma mémoire
Jamais d’obscurité
Mais du bleu indigo
Ma couleur
préférée
C’est la couleur des
mots.
Côté soleil
Rien ne sera plus pareil
Quand on bat la musique
Couleur du Pacifique
Une nuit argentée
Sur le sable encore chaud
C’est là tout le secret
De la couleur des
mots
Jamais d’obscurité
Mais du bleu indigo
Ma couleur
préférée
C’est la couleur des
mots.
Jamais d’obscurité
C’est la couleur des
mots »,
Côté soleil (La couleur des mots), 2005
(2CD Olympia 2005) et dans l’album La
louve, en 2006, une version teintée de flamenco).
A l’occasion de ses
quarante ans de carrière, sort donc un livre autobiographique intitulé La
couleur des mots.
Ecrit en collaboration avec un jeune écrivain, Laurent Fiailaix, il retrace le parcours de la
chanteuse : ses origines (elle parle de ses grands-mères, de ses parents,
de son enfance), ses débuts, le drame de la disparition de sa mère dans un
accident de voiture, sa brève idylle avec Christophe, la naissance de son fils
et sa délicate situation de fille-mère, sa rencontre avec Jean Vidal, le nouvel
essor de sa carrière après sa signature chez AZ, la consécration et la gloire,
puis un divorce douloureux, la volonté farouche de se reconstruire et de rester
sur le devant de la scène malgré le sentiment d’être un peu (beaucoup) à
l’étroit dans une image réductrice véhiculée par la profession et les médias…
Aujourd’hui, dix ans plus tard, quels chapitres y
ajouterait-elle ?
Un sur le temps qui passe, forcément, avec encore tous ces
éclats de bonheur, bien sûr, mais aussi les corps et les âmes en souffrance,
les disparitions, qui rendent parfois la vie douloureuse…
Mais encore un sur le désir de créer, de tourner, de
chanter, grâce entre autres à l’immense succès de la tournée Age tendre, mais
pas seulement, car il y a eu la tournée Ici Paris en 2008, « En concert
avec vous » en 2012 et 2013, et celle au Québec, avec Herbert Léonard, qui
ont obtenu de beaux succès, sur les scènes de France et d’ailleurs, sur le
désir d’y retrouver le public encore et encore …
Un chapitre enfin sur l’envie de s’orienter vers d’autres
formes de spectacle, avec davantage de profondeur, de sobriété, de sincérité,
de « spiritualité »…sans cependant rien renier…
« C’étaient des couleurs que j’adore, des choses
auxquelles on croit »,
C’était toi.
« Faut protéger l’île au trésor
Prendre en photo multicolore
Les moments bleus
Ceux qui rendent heureux »,
Encore. Un hymne à l’amour, à toutes les formes d’amour,
d’échange et de partage, à l’humanité …
Ces années-là, 2008.
« Je suis devant
un mur blanc
Mais je sais que tu es présent…
Devant ce mur blanc
de chaux
De tes yeux azur
indigo
Fais couler un ruisseau…
Ecris ton nom noir
sur blanc
De ce bout de charbon brûlant… »
Fais-moi un signe, 2012.
« Même si tes églises
Ont vieilli parfois
Si la poussière grise
Recouvre tes bras …
Même ceux qui sont pauvres
Même ceux qui ont froid
Dans la lumière mauve
Le chantent avec moi… »
Je crois en toi, 2012.
« Je te rends grâce la vie
Toi qui m’as tant donné
As mis dans mes yeux
Tout le blanc et
le bleu…
Je te rends grâce la vie
Toi qui m’as tant donné
Du sourire d’un enfant
Au parfum des fleurs…
Et le regard vert
De celui que j’aime …
As mis dans mes jours
L’or et le
velours
De théâtres où
Je vous donnais mes nuits…»,
Toi qui m’as tant donné, 2012.
« Puisqu’on vit dans la même lumière
Même s’il y a des couleurs
qu’ils préfèrent
Nous on voudrait leur dire
C’est comme des parfums qu’on respire
Juste un regard facile à faire
Un peu plus d’amour que d’ordinaire »,
Il faudra leur dire, 2012.
« Egarée, ivre et seule
Mon âme en noir
Moi sans rien
Et toi mon tout…
Je marchais libre
vers nous»,
Quand vint la grâce, 2012. Chanter
c’est prier, 2012
« Diva
Votre diva
Avec mon habit noir entre fille et garçon… »,
Diva, 2014.
A suivre...
Circus, c’est le
nom d’un groupe éphémère (avec Calogero et Stanislas, entre autres), un peu
comme L’Alliance en 1971, mais aussi
d’un CD et d’un spectacle racontant l’histoire d’une troupe d’artistes de
cirque qui part en tournée. Parmi les principaux objectifs de ces
saltimbanques, le premier est de retrouver une certaine Stella Monté, pour
percer le mystère de son numéro mythique. Voici les paroles de la chanson
consacrée à leur étoile.
Cristal inapprochable, inégalé
Elle a le monde et la foule à ses pieds
Qu'est-ce que tu vois dans son reflet
Qu'est-ce que tu sais de
Stella Monte
L'idole est-elle une idée
Un miroir d'eau noire
et dorée
Stella Monte
L'étoile est-elle en papier
A trop la vouloir elle va brûler
Jaloux adorateurs, elle nous fascine
Tout bas, tu la possèdes, tu l'imagines
A quoi tu rêves, si tu savais
La solitude de
Stella Monte
L'idole est-elle une idée
Un miroir d'eau noire
et dorée
Stella Monte
La belle part-elle en fumée
A trop la vouloir elle va brûler
Un miroir d'eau noire
et dorée
Stella Monte
L'étoile est-elle en papier
A trop la vouloir elle a filé.
Stella Monte. (Paroles de Marie Bataille)
La « Stella Monté » de l’Admirateur, moucheron
pris dans la toile, « dérisoire… comme un petit personnage de Sempé »
(Anne Sylvestre), sa star à lui, s’appelle Michèle Torr. Et sa quête, n’est-ce
pas, une fois qu’il l’a eu prise au mot quand elle chantait :
« Je ne jugerais pas quelqu’un à travers ses chansons
A chacun ses idées peut-être bien… » (Lettre
ouverte),
n’est-ce pas la volonté de traverser le « miroir d’eau noire et dorée » et de deviner, à travers les mots qu’elle chante, en
contemplant toutes les facettes de celle qu’ils laissent voir, le vrai visage
de l’étoile…
« Telle est ma quête
Suivre l’étoile… »
(Jacques Brel, La quête, dans L’homme de la Mancha).
© G.D. & E.D.
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