Au moment où Michèle Torr prépare son spectacle Intimiste pour le Trianon le dimanche 18
octobre 2015, et alors qu’elle a clamé :
« J’ai chanté ma famille »,
Je ne veux chanter que l’amour, 2014,
l’idée est venue de nous immiscer encore une fois dans son
répertoire pour y entendre ce que, tout au long de sa carrière, elle nous a
fait comme confidences sur sa famille, et tout ce qu’elle nous a dit à ce
sujet.
Elle, qui a
prôné dans les années 80 la famille comme valeur suprême, dont on sait que le
manque peut amener à des naufrages :
« Regarde-les
Ces chiens sans laisse
Ces sans
domicile sans famille… »,
Regarde-les,
1997,
elle nous a en
effet parlé de la sienne au fil de ses chansons: de ses parents, de ses maris,
de ses enfants, de ses petits-enfants, bien plus encore que de la famille en
général. Parlant de cela, elle a parlé en même temps de l’enfance, des hommes,
des femmes, de l’amour… De ses amours.
Nous laissant ainsi entrer dans son intimité.
Aujourd’hui
elle déclare :
« Ils disent connaître ma vie mes pensées mon
enfance »,
Qu’est-ce qu’ils disent ? 2014.
Comme si, dans ses chansons, elle avait pu ne rien révéler
d’elle-même. Mais c’est impossible. Sinon, elle n’aurait fait que tricher.
En effet, nous ne connaissons pas sa vie.
Alors, nous ne partirons pas dans des délires, mais, sans
être dupe -la chanteuse est parfois une actrice qui crée un personnage
qu’elle fait parler par sa voix, et Michèle Torr, c’est plus l’artiste que la
femme qui se cache derrière- nous nous contenterons d’encore écouter ses
chansons. Et l’on se rendra compte que, tout en parlant d’elle, elle nous offre un répertoire plus riche
qu’on ne le croit parfois. Intimiste.
Michèle Torr chante son père
En 1971, elle chante :
« …C’était un petit homme
Tout habillé de fleurs
Il a quitté ce monde
Sans bruit un soir d’hiver
Son nom qui s’en souvient ?
Moi je l’appelais Père… »,
C’était un petit homme, 1971.
Hommage à un homme ordinaire, hommage à un père parmi tant
d’autres que la vie a laissé sombrer dans la médiocrité, ce qui n’enlève rien à
son humanité, et qui vient de décéder. Mais ce n’est pas vraiment de son père
qu’elle parle là. Le sien décèdera bien plus tard, en 2002.
En 1997, elle chante :
« Je suis … »,
La
fille du soleil. Mais ce n’est pas de son père qu’elle parle ici non
plus !
Et en
2011 :
Notre
Père.
Puis :
« Juste une
prière avant d'obéir
A l'ordre des choses et de nos pères
Avant de partir…
Conduis nos enfants pour la fin des temps »,
La mémoire d’Abraham, 2012.
En 1993, se mettant à la place de Fanny, l’héroïne de
Pagnol, c’est de son beau-père César qu’elle parle, le père de son fiancé
Marius:
« Ton
père va et vient il est comme d’habitude
Il bougonne à
son bar il me trouve bien pâle
Ton prénom est
présent dans nos deux solitudes
Et chacun de
nous deux sent bien que l’autre a mal »,
Fanny
sur le port, 1993.
C’est en 1983
qu’elle évoque sans le nommer Charles Tort, son père, dans une chanson qui
deviendra un tube alors qu’elle n’était que la face B du 45 tours Adieu sorti en octobre. Mais la
chanteuse s’est rapidement lassée de cette chanson, et a choisi de chanter les
deux titres dans un Cadence 3 que Guy
Lux lui consacrait « Cet homme du midi de la France. Le public a fait son
choix en plébiscitant …A mon père. Depuis, à part dans les
quelques concerts consacrés exclusivement à Piaf au printemps 2004, il ne doit
pas y en avoir beaucoup au cours desquels elle n’ait pas interprété cette
chanson. « La chanteuse au père » a dit un jour Jacques Martin pour
parler d’elle sans la nommer au sujet de la Sonate
au clair de lune de Beethoven…
« Ce
baladin de la Provence
Ce facteur du
courrier du cœur
Qui a toujours
fait mon bonheur
Il chante avec
la même voix
Des souvenirs
qui sont en moi
Mon père, oh
oh oh mon père
Mon père, oh
oh oh mon père
Papa je
t'appelle Papa
Mon père quand
je pense à toi
Il m'a récité
les paroles
De tous les
héros de Pagnol
Il se lève
avant le soleil
Il croit en
Dieu il croit au Ciel
Il est
toujours auprès de moi
Des jonquilles
au dernier lilas
Mon père…
Tu m'avais dit
ne t'en va pas
Mais je suis
partie loin de toi
Et de musique
en music-hall
Je t'ai gardé
le premier rôle
Mon père…
Pour lui je
reste son enfant
La mère de ses
petits-enfants
Il m'appelle
Méditerranée
Depuis le jour
où je suis née
Il a toujours
été le même
C'est si peu
dire combien je l'aime
Mon
père… »,
A mon
père, 1983.
A la semaine prochaine...
©ED & GD