Les chansons n’existeraient pas sans la voix de la
chanteuse, bien sûr, mais elles ont également besoin des musiciens. Faire la
liste des musiciens avec qui Michèle Torr a chanté serait impossible. On
retiendra qu’elle a été accompagnée musicalement par Herbert Léonard ou Alain
Manoukian, par exemple.
On pourrait faire la liste des musiciens mentionnés sur les
disques depuis les années 90, sur les programmes de spectacles, la liste serait
longue et forcément incomplète. On retrouvera le visage de certains d’entre eux
sur les photos qui illustrent la chronique :
de Caroline Bonnet
et Jean-Philippe Canaple à Annick Fège
ou Emilie Vidal, etc.
Pour revenir à Céline Aucante, avec un clin d’œil appuyé à
son adresse, car, si elle n’est pas à l’Olympia le 11 janvier 2015, c’est
simplement par « précaution », nous a-t-elle confié, car elle attend
une petite fille pour l’année 2015.
avec Céline, nous sommes sûrs que le cliché sera charmant.
Bien sûr les musiciens sont dirigés, et c’est là le travail
des chefs d’orchestre et des arrangeurs à qui par cette chronique, nous
souhaitons aussi rendre hommage.
Quand on parle des disques de Michèle Torr dans les années
70 et 80, on ne peut manquer de citer Jean
Albertini, crédité comme le « réalisateur » de tous ses albums,
de Un
disque d’amour à Argentina.
S'il écrit naturellement pour son instrument, il compose et
orchestre essentiellement de la musique destinée aux domaines de l'image, la
communication, la chanson, dans des univers sonores très souvent à l'opposé de
ce que l'on attendrait à priori d'un accordéoniste. Nous aurons bientôt
l’occasion de reparler de lui…
« Je crois qu'il est essentiel de garder toujours à
l'esprit qu'un arrangement doit être au service de la chanson et de celui ou
celle qui l'interprète. A un moment donné il faut pouvoir oublier que cet
arrangement existe ! » a-t-il déclaré.
Carolin aime à répéter que composer, c’est “trouver les
notes magiques”.
(Extrait d’une interview de Michèle Torr).
Guy Mattéoni, à
Limoges, le 12/12/2014.
pour qui il a aussi
écrit et composé nombre de chansons dès les années 80, dont certaines coécrites
avec elle : Mon fils, Adieu Lennon,
Le ghetto, Change la vie, Le vagabond du soleil, Mes amis musiciens, Romantique
féminine, La couleur des larmes, Mon fils (seconde chanson portant ce
titre), Chanson d’adieu, Une mère
d’autrefois, Un amour qui m’appelle, Amour de ma jeunesse, Je n’ai pas les mots
(Les mots pour te dire), I Remember You, Carnaval à gogo, Sixtees, Je t’avais
rapporté, Je suis love, Passion fatidique, Puisque c’est un adieu, Je pense à
vous, Rentrer sur scène, Vivre dans l’instant, et dernièrement, sur l’album
Diva
dont il a assuré les arrangements, Je ne
veux chanter que l’amour (paroles et musique), Tout l’amour du monde et Ils
s’aiment, et alors ?
Le premier titre enregistré par Michèle Torr en hommage à un
musicien n’est pas vraiment une chanson. Nous en avons déjà parlé à propos du
cinéma : Michèle Torr ne chante pas, comme si l’interprète se taisait pour
que les regards se concentrent sur l’histoire d’un musicien, elle ne chante
pas, elle conte… A propos des couleurs aussi, car le personnage dont parle la
chanson est noir. C’est un musicien noir. L’homme à la guitare d’or.
La conteuse rencontre dans un bar un homme qui, en échange
d’un verre de whisky, lui raconte l’histoire de la guitare d’or qui se trouve
accrochée au mur. Elle a appartenu à un de ses amis, qui, après être devenu
aveugle pendant la seconde guerre mondiale, s’est vu offrir une guitare. Devenu
un guitariste d’exception, il a orné, avec ses cachets, son instrument d’or et
de diamants mais, suite à un accident, alors que c’est son ami qui conduisait,
il a perdu une main et, de désespoir, s’est laissé mourir dans la nuit même.
Une histoire racontée avec beaucoup d’émotion et d’empathie.
Il est aussi question de musique en 1967 dans Toute
la plage danse.
« Rappelle-toi cet air vieillot
Que l’on jouait ensemble sur ton piano
Il est sorti de l’anonymat
C’est un succès je n’entends que ça »,
Naissance fictive d’un tube, mais la jeune fille se trouve
séparée de son comparse et lui demande de revenir près d’elle où…
« toute la plage danse
Des soirées entières
Toute la plage danse
Sur [leur] air ».
Une chanson plus joyeuse sur un rythme musical qui rappelle
les « années folles ».
Quelle est la Menue monnaie dont parle la chanson
de 1969 ? C’est celle que récolte un de ces chanteurs des rues,
s’accompagnant souvent d’une guitare, qui viennent donner de la voix à la
terrasse des cafés pour essayer de gagner un peu d’argent pour survivre. Pour
l’encourager, la chanteuse lui prédit la fortune avec la gloire…Plus de menue monnaie
mais de très gros billets…
« Au bord de l’eau un petit bal s’ouvre en plein vent
Comme autrefois les petits bals de nos parents
Cet air vieillot
Ce vieux piano
Tout nous fait rire rire
Et malgré ça tout en dansant entre tes bras
Je me vois un beau dimanche
Tourner en robe blanche
Ainsi qu’un tableau du passé… »
Est-ce mon cœur ou le printemps ? (Chanson inédite, 1970) ,
« Un vieux piano mécanique garde au cœur de son rouleau
La rengaine nostalgique que chantaient Juliette et Roméo…
J’aime écouter la musique du vieux piano d’autrefois
Quand il devient diabolique pour chanter Samson et Dalila…»,
On s’aimera un peu, beaucoup, (Chanson inédite, 1970), toutes
deux seraient signées Pascal Sevran.
« Et piano va l’amour
Passe le temps
Et piano va l’amour
Toujours plus fort
On s’aime et l’on s’embrasse encore
Un peu plus fort
Nous sommes à tout jamais liés au même sort
Et piano va l’amour
Au long des jours
On s’aime et piano va l’amour »,
Et piano va l’amour, 1973.
L’émouvant clown de La ritournelle
« …joue encore avec amour la ritournelle
Sur un violon, petit violon mal accordé…
La ritournelle de son violon magique
Résonne encore comme s’il jouait pour moi »,
sur Un disque d’amour, une
« musique un peu triste
que [l’on] connaît par cœur ».
Mister Mélody, en 1976, nous parle d’un autre musicien menant
une vie de bohème (« Il dormait à la belle étoile »), celui-ci
s’accompagnant non pas d’une guitare mais d’un piano mécanique, boîte à musique
contenant « mille chansons », « une chanson triste pour tous les
malheureux (la la la la…), une jolie mélodie pour tous les amoureux (la la
la la)», des « ritournelles nostalgiques », chansons aux « mots
magiques » et aux musiques « originales, pleines de vie »… Mais
ce Roméo qui « venait au milieu de la nuit » jouer à sa Juliette de son instrument
« au milieu de la nuit » n’a peut-être pas, comme celui de Menue
Monnaie, fait fortune ; on n’en saura pas plus puisqu’ « un
jour il est parti
Paraît-il que c’est en Amérique
Faire sa vie… », et ces musiciens semblent souvent
avoir le cœur vagabond…
Quand ils ne font pas de peine à une belle, les musiciens
sont là pour nous faire taper dans nos mains, nous faire danser jusqu’au matin,
nous amuser et faire oublier tous les soucis. Ils peuvent jouer un ou deux
slows pour nous permettre de flirter un peu, puis du rock, et ainsi déchaîner
toute une cohorte d’animaux sauvages (lion, puma, léopard, zèbre)… Tout est bon
pour que l’on puisse rêver jusqu’au matin. Point de politique :
« Mets la droite à gauche
La gauche dans ta poche
Et ton mouchoir par-dessus »,
foin de la chanson engagée :
« désengage-toi,
Déconcerne-toi
Ce n’est pas pour ça qu’on est venus ».
Si, musicien, tu
« mets un tube dans ton piano », c’est pour qu’on
s’amuse !
Mets un tube dans ton piano, 1976.
« Je ne suis rien
je ne suis qu’une voix
Une musique
Je viens te voir pour te faire rêver
Et c’est magique »,
Je chante, 1976. Jolie chanson, signée François Bernheim pour
la musique, qui parle du métier de « troubadour », qui, sans jamais
être triste, chante pour les gens heureux (ou plutôt pour les rendre
heureux : « Alors ta vie est belle… »). Mais à quel prix ?
« Tous mes amis je les trouve en chemin
Tous mes amis
Un jour ici ailleurs le lendemain
Et je suis bien ».
La musique, c’est aussi une pointe d’exotisme qui nous fait
voyager par le monde entier quand :
«Les Indiens aujourd’hui sont en fête
Dans la nuit tous les tams-tams le répètent… »,
Et c’est … « tout à coup un rythme fou qui
s’envole… »,
Jambalaya, 1976.
« Et pendant une heure
Avec tout mon cœur
Je me donne à la musique… »,
(La gloire ou bien l’amour ).
La musique sans qui la chanteuse s’ennuierait, resterait
sans voix…
Sans qui la vie serait quatre saisons où il fait froid, « le
feu serait sans joie »…
Un monde sans oiseaux, sans réseaux, sans la danse des
feuilles d’automne et sans l’écoulement de l’eau des ruisseaux ; un monde
sans amour et sans joie, un monde sans foi…
Sans chanteuse ! (« Et moi je ne serais pas
là… ») .
Tel serait le monde… « si la musique n’existait
pas » ;
Si la musique.
Mais heureusement elle est là pour accompagner celle qui
« ne sait pas pourquoi »,
mais qui chante, à la manière des oiseaux, quand le ciel est bleu, quand elle
est heureuse ou amoureuse, « quand vient le printemps,
Quand les blés poussent dans les champs
Quand les cigognes sont de retour…
Sous un ciel d’été »,
quand elle voit « la mer
Et que le sable est encore chaud
Quand les arbres sont encore verts… » ,
Je ne sais pas pourquoi.
Celle qui, quand vient l’été, aime chanter le soir dans une
ville de province…
Quatre saisons.
« Une photo sur le piano
Me rappelle un amour qui me fait tant pleurer »,
Je n’oublierai jamais, 1977.
Il est aussi question sur ce
disque, l’album J’aime, d’un vieil appareil qui servait jadis ou naguère selon
les points de vue pour la musique, et qui n’existe plus aujourd’hui :
« Un juke-box joue de temps
en temps
Et voilà notre temps
Qu’auraient dit nos arrières
grands-parents ? »
Nos arrières grands-parents, 1977.
Et pour finir, l’amour
« Ce serait comme une musique
Avec toi j’aimerais bien l’écouter »,
Comme un voilier.
C’est aussi sur l’album J’aime que Michèle Torr va s’essayer
pour la première fois à la musique
classique en chantant Dis-moi mon Dieu, sur une mélodie de
Schubert ; elle chantera l’Ave Maria de Charles Gounod sur Emmène-moi
danser ce soir en 1978 et Midnight Blue en Irlande sur la Sonate au clair de lune de Beethoven en
1983. Les grands compositeurs classiques sont aussi évoqués dans Mélancolie
femme en 1981, adaptation de Mélancholy Man des Moody Blues, où il est question de
Pachelbel, d’Albinoni, de Wagner et de Vivaldi…
« Il m’a quittée c’est fini
Je n’ai que vous et la musique…
Chanteuse ne pleure pas
Ne pleure pas et chante
Il y a des guitares pour oublier tout ça »,
Chanteuse, 1978.
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Boulevard du rock...chez Sébastien |
Tristesse encore avec « les sanglots longs des violons
de l’automne », dans l’album Emmène-moi danser ce soir :
« Je me sens comme une mélodie d’automne
Que les violons font pleurer…
Comme une mélodie d’automne
Que la pluie va emporter… »,
Comme une mélodie d’automne, 1978.
Mais avant cela la chanteuse était allée refaire un tour du
côté du Boulevard du rock, pour y retrouver les années 60 et cette
musique qui y a connu un fulgurant essor avec les « Bee Bop a Lulla » d’Elvis Presley, tandis qu’en France nous
avions les Pirates, les Fantômes, les Chats Sauvages et les Chaussettes Noires,
mais aussi Danny Logan, Lucky Blondo et puis Johnny…
« Les garçons ne rêvaient que des Etats-Unis » et
de…
La musique de là-bas, des chansons de Bob Dylan, en particulier
Hurricane, qui nous font voyager de
Santa Barbara (Californie) ou Denver (Colorado) jusqu’en Oklahoma ou aux grands
lacs salés …
Mais déjà, quelques années plus tôt, « dans un petit
village de Provence » « la musique était naturelle » dans La
maison de mon enfance,
et pendant Le cours de chant, une très jeune
fille qui rêvait de devenir chanteuse apprenait à chanter, « sur la
musique de son professeur de chant », accompagnée par « le piano du
professeur » qui « remplaçait à lui-seul ses jouets d’enfant ».
Ce professeur s’appelait Mme Viaud, et c’est lui (ou elle
plutôt) qui a cosigné cette dernière chanson.
Discomotion, c’est le « mouvement » (la danse), ou
l’émotion (mouvement des sentiments) provoqués par les disques, c’est-à-dire la
musique. Ce sont les chansons du temps passé qui réveillent la nostalgie. Des
années soixante, bien sûr…
Occasion de se rappeler SLC, les Shadows, les idoles,
Johnny, Sylvie, mais aussi les juke-box, le rock, le twist…presque vingt ans
après… pas grand-chose à voir avec le disco ! On est pourtant en 1979.
(« …ou bien un disco
Ce sera le souvenir que j’aurai
D’un amour inachevé
Juste après l’été » (Juste après l’été).
Avant d’entrer dans Le bistrot pour y retrouver une
ambiance plus intimiste quand la chanteuse du lieu…
« [s’]assied sur le piano,
Il y vient des princes des ducs même
Parfois quelque beau matelot… »
au son de l’accordéon.
La Chanson inédite « ne se joue
pas au piano…, elle n’est même pas… dans la caisse d’une guitare », et
« ce n’est pas un rock ou un slow » mais c’est quand même une très
belle chanson évoquant le passage de la scène à la vie quotidienne qui, dans un
sens ou dans l’autre, est comme une petite mort, ou une renaissance…
Elle précède sur l’album une Histoire de la musique populaire
qui, commençant « par une petite note en l’air », grâce au rock, au
jazz, au swing, « dans les bals de province, dans les dancings »,
partout, « fait chanter toute la Terre. « Et vivent les
musiciens ! »
« On se promenait romantiques
En écoutant cette musique »
mais « « tu as emporté les paroles
de la mélodie du bonheur… »
…Dans un coin de Sologne.
|
Olympia 1980
|
Lui… «il dit
Qu’il n’y a pas de rock’n’roll sans King »,
tandis qu’elle, elle
nous parle aussi du rock, dans La musique de mes idoles :
« Je me souviens de BB King…
Tu te souviens de Moody Blues… »,
de Bill Haley, encore du King, de Dylan mais aussi des
« soirs de blues » et, s’il y a du slow dans son rock, il y a aussi
du cinéma : James Dean, Natalie Wood, Marilyn…
Elle, qui a chanté l’adaptation de And I
love her, devenue Et je l’aime, elle rend aussi
hommage à Lennon, assassiné quelques mois avant, en 1981, avec Adieu
Lennon. Les Beatles, « quatre garçons dans le vent », pour, Yesterday,
une « révolution » musicale qui a les yeux de la jeunesse, avec pour seules
armes des guitares et des pianos électriques… Michelle « salue ton époque toi qui nous quittes,
adieu Lennon… »
Elle, elle a aussi Le blues de Paris alors qu’elle a
prétendu vivre ses années folles toujours loin de cette ville, et dans Le
ghetto, on entend du flamenco,
du blues et le piano de Léo, avant d’écouter un peu de Pachelbel, de Vivaldi,
de Wagner ou d’Albinoni qui revivent dans les notes des Moody Blues « sur une plage de Normandie » « dans
[un] décor de Fellini
Bateau brisé nuages gris. »
Homme ou femme, on a tous en nous une dose de « mélancolie »…
Un an plus tard la chanteuse prendra un « bateau
musicien », à l’Entrée des artistes, première
chanson du spectacle de l’Olympia de décembre 82, pour vivre avec le public
parisien une histoire d’ « amour musicien » qui nous fait
chercher « des yeux le cœur d’un piano ».
« Métier musicien
Métier baladin
Mais dites-moi donc un métier plus beau ».
En 1982, on espère que c’est pour bientôt le jour où, dans
un pays pas si lointain appelé La Pologne, …
«… les rues de Varsovie
Rêvent et puis valsent avec Chopin ».
Et c’est aussi pour contribuer à cela qu’il faut…
« …chanter
Avec une radio des
cassettes…
Chanter
Ecrire la musique les paroles
Et chanter… »,
Chanter.
Quelques semaines avant, on aura fait connaissance avec un
drôle de musicien qui « dit que la musique, [il l’a] au bout des doigts,
[il la connaît] par cœur ». Il a « des yeux A faire pleurer les femmes » mais ce
musicien, c’est Un vagabond du soleil qui
« n’avait que son cœur et sa guitare » et qui s’en est allé,
« comme l’été qui s’en va », ne laissant que les yeux pour pleurer à
une Petite fille du soleil qui n’a
pas compris grand-chose à ces promesses d’océans et de roses.
« J’écoute l’orgue d’un fou
Qui joue un peu pour nous »,
Midnight Blue en Irlande.
|
Olympia 2005. |
Nouvelles chansons en hommage aux musiciens en 1984, dans
l’album Adieu – A mon père.
Mes amis musiciens :
« Mes amis musiciens
Ont au bout des doigts
L’adresse du magicien
Qui leur a appris ça
Ils arrivent de New-York
De Paris de Toulouse
Ils boivent tous un vieux rock
Ou un verre de blues.
Ils ont une clé de sol à la place du cœur
On ne va pas à l’école
Pour cette légion d’honneur… »
Parmi eux il y a eu Mozart, Beethoven, Wagner mais aussi Jagger,
et tous ceux, anonymes, avec qui la chanteuse a rendez-vous quand elle se
produit en concert :
« Mes amis musiciens
Me suivront jusqu’au bout
Par la route par le train
Tout le monde a rendez-vous… ».
C’est aussi Rue de la Jamaïque à Kingston que
l’on écoute de la musique : reggae, New wave, Bob Marley, cantiques
et Gainsbarre, sans discrimination…
Et c’est sans à priori non plus que l’on passe du reggae à
la musique classique :
« Le romantisme au féminin
C’était un baiser sur la main
Quand George Sand aimait Chopin…
Et moi je suis comme ces pianos qui pleurent de
nostalgie… »
Romantique Féminine.
« Lorsque j’ouvrais le bal
Tous les soirs comme à Versailles
Un musicien jouait des balades
Au château de grisailles…
Et la musique s’envolait… »,
Le château des grisailles, 1984.
« Dans la nuit étoilée
L’orchestre qui jouait
Et les enfants qui chantaient… »,
Mariage, 1984.
« Chanson napolitaine,
J’aime tes guitares j’aime tes refrains »,
Chanson napolitaine, 1985.
« Quand tous les violons
Parleront en silence…
Je serai seule à entendre
Un amour qui m’appelle »,
Un amour qui m’appelle, 1985.
« La guitare que tu m’as laissée
Qui m’a toujours accompagnée
Aimerait bien me faire chanter
Je t’aime encore »,
Je t’aime encore, 1985.
« Sur ta pirogue le long de l’Amazone,
Il y a la dernière cassette des Rolling Stones »,
Aventurier, 1985.
« Sur la place du village
Les musiciens jouaient des flonflons
Ce samedi soir il faisait doux
On a dansé sous les lampions »,
Je reviendrai dans mon pays, 1985.
« C’est une chanteuse de rock
Qu’on voit dans les revues »,
Cendrillon rock, 1986.
« Bien longtemps mon refrain
T’a suivi sur le chemin
Sa musique nostalgique disait
A bientôt nous deux »,
A bientôt nous deux, 1987.
|
Olympia 1987 |
Un cocktail mi-alcool mi-musique sur l’album
I
Remember You :
« Un doigt de calypso
Un zeste de mambo
Dans un shaker en stéréo
Un peu de charango
Un filet de bongo
Bien secoué dans le tempo…
La voix de Gilberto… »,
Carnaval à gogo, 1987, à consommer sans modération.
Mais aussi un peu de musique classique :
« Toi émoi
C’est Vivaldi
La comedia
Une symphonie… »,
Toi émoi, 1987.
« Jouer sur un piano
Un adagio d’Albinoni…
Les choses de la vie
Sont une symphonie… »
Les choses de la vie, 1987.
Avant des musiques plus contemporaines :
« Ca joue dans ma tête en mi majeur
Un rock qui s’arrête là en plein cœur
Ca joue dans mes souvenirs
Sixtees
C’était une MG rouge italien
Un slow qui sonnait américain… »
Sixtees, 1987.
« Je t’avais rapporté
Des musiques nouvelles… » (1988) :
« Et tous les Mozart de la Terre
Entière
Jouent un concerto solidaire
Super
Sur notre histoire d’amour vécue sans heurts
Comme au premier quart d’heure …
«Et tous les violons de la Terre
Entière
Jouent un adagio solidaire
Super
Sur notre histoire d’amour vécue sans faille
Sans violence ni bataille».
Sentiments.
« Vous c’est un violon qui joue en souvenir… »,
Je pense à vous.
Où est ton étoile est un magnifique hommage à Elton John :
« … qui [chante] les Fleurs du mal en symphonie, … qui
[est] au piano, … qui [sait] les mots…
Sur quelles mélodies
Rêves-tu la nuit ?
Quelle musique ! Merci.
Sur quelle harmonie
Vois-tu la vie,
Quel accord choisi ?
…Au cœur des studios
Le ciel est si beau
Tout est en harmonie quand tu te réveilles… »
Il vit ainsi « des nuits de musique » sur Le
chemin de bohème qu’a arpenté aussi une apprentie-chanteuse.
« Argentina
Danse-moi le tango
Et que chantent les femmes…
Argentina
Sur ton bandonéon
Chante-moi tes mystères… »,
Argentina, 1989.
« Et les femmes dansent
Dans la folie
Dans le silence
Dans la fureur
Et l’insolence
Sur tous les orchestres du temps
Comme le cœur avec le sang »,
Les femmes dansent, 1991.
Il y a une chambre dans la maison du blues où la
chanteuse aime descendre quand ses amours se décousent ; quand elle a mal,
au lieu de pleurer elle chante, elle amadoue son chagrin, et quand elle se
réveille son âme est neuve et innocente. Dans cette chambre, les musiques
tristes la caressent comme de la soie. Elle se ressource et elle roucoule à
rendre les colombes jalouses…Et on adore ça !
« Ecoute le piano
Ecoute ce que la musique dit… »
La vie la nuit, 1995.
« J’ai toujours les disques que nous écoutions
Les chansons sont les mêmes
Qu’au temps de nos « je t’aime »
La seule différence avec autrefois
J’ai toujours les disques
Mais c’est elle qui t’a »,
C’est elle qui t’a, 1995.
« Tes lèvres se font précises
J’entends la musique
Alors là où fond la banquise
Tu me fais pleurer… »
… d’extase, apparemment ! Là où fond la banquise, 1995.
« Regarde-les avec leurs airs
De troubadours sans limonaire »,
les SDF, Regarde-les, 1997.
« Il y a comme une harmonie
Qui m’envahit
Quand tu souris… »,
Harmonie, 1997.
Retour sur les terres argentines :
« Pourtant là-bas
Autour de Buenos Aires
Il y a partout
Un air de tango dans l’air…
La vie tango
La façon de vivre d’un pays
Couleur d’une musique
Ardente et romantique…
Autre tempo
C’est pas toujours gai mais c’est beau
J’entends des sons bandonéon
Et la voix d’un peuple qui répond…
Couleur d’une musique
Mélo-mélancolique
En bas de l’Amérique… »,
La vie tango, 1997.
Et Tu ne vaux pas une larme (« A
la bourse de l’amour… ») devient Dans le blues de l’amour.
« Et ils tournent et ils dansent
Comme des soleils crachés
Dans le son déchiré
D’un accordéon rance »
les marins de l’Amsterdam de Brel.
« Ils ont donné la parade
A grand renfort de tambour…
Ils laisseront au fond du cœur de chacun
Un peu de la sérénade et du bonheur d’Arlequin »,
Les comédiens d’Aznavour.
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Olympia 2002 |
Après la tournée Acoustique en 2001, voici, en 2002, Donner avec :
comme en écho à Romantique féminine :
« Je suis comme ces pianos qui pleurent
De nostalgie qui pleurent
Sans dire un mot qui pleurent… »,
Comme ces pianos, 2002.
« On les écrit à l’encre d’un chagrin d’amour
De couplets déchirés en notes de velours…
Associées pour toujours à une mélodie…
Elles traversent la rue et partent au bout du monde
Charmer un inconnu ou surfer sur les ondes… »,
Toutes les chansons ont une histoire, 2002.
« C’est ma première
Les notes caressent les mots… »,
C’est ma première, Olympia 2002.
Michèle Torr chante Piaf, c’est l’amour… en 2003 est un voyage musical dans le répertoire de Piaf, qui parle aussi de la musique et des musiciens :
dans Mon manège à moi :
« J'entends les flonflons de la fête
Et la terre n'y est pour rien… »,
dans Padam padam :
« Cet air qui m'obsède jour et nuit
Cet air n'est pas né d'aujourd'hui
Il vient d'aussi loin que je viens
Traîné par cent mille musiciens…
Et moi je revois ceux qui restent
Mes vingt ans font battre tambour…
Faut garder du chagrin pour après
J'en ai tout un solfège sur cet air qui bat...
Qui bat comme un cœur de bois... »,
dans La foule :
« Et j'entends dans la musique les cris, les rires
Qui éclatent et rebondissent autour de moi … »,
et surtout dans L'accordéoniste :
« La fille de joie est belle…
Son homme est un artiste
C'est un drôle de petit gars
Un accordéoniste
Qui sait jouer la java
Elle écoute la java
Mais elle ne la danse pas
Elle ne regarde même pas la piste
Et ses yeux amoureux
Suivent le jeu nerveux
Et les doigts secs et longs de l'artiste
Ça lui rentre dans la peau
Par le bas, par le haut
Elle a envie de chanter
C'est physique
Tout son être est tendu
Son souffle est suspendu
C'est une vraie tordue de la musique … »
Mais : « La fille de joie est triste
Au coin de la rue là-bas
Son accordéoniste
Il est parti soldat
Quand y reviendra de la guerre
…tous les soirs pour elle
Il jouera la java
Elle écoute la java
Qu'elle fredonne tout bas
Elle revoit son accordéoniste… »
qui, hélas, ne reviendra pas, alors :
« La fille de joie est seule…
Adieu tous les beaux rêves
Sa vie, elle est foutue
Pourtant ses jambes tristes
L'emmènent au boui-boui
Où y a un autre artiste
Qui joue toute la nuit
Elle écoute la java...
... elle entend la java
... elle a fermé les yeux
... et les doigts secs et nerveux ...
Ça lui rentre dans la peau
Par le bas, par le haut
Elle a envie de gueuler
C'est physique
Alors pour oublier
Elle s'est mise à danser, à tourner
Au son de la musique... »
Musique encore en 2008 dans l’album Ces années-là, dont les trois premières chansons rendent hommage à Claude François :
Sha la la (hier est près de moi) :
« En ce temps là j'attendais que passent à la radio
Les chansons que j'aimais bien
Je reprenais les refrains j'étais si bien …
Aujourd'hui …
Il me reste mes chansons
Ces vieilles amies fidèles et jolies
Qui me reviennent aujourd'hui ».
Cette année-là :
« Cette année-là
Le rock'n'roll venait d'ouvrir ses ailes…
Déjà les Beatles étaient quatre garçons dans le vent…
Cette année-là
Dans le ciel passait une musique
Un oiseau qu'on appelait Spoutnik…
Cette année-là
Les guitares tiraient sur les violons
On croyait qu'une révolution arrivait
Cette année-là… »
« De paroles en musique
Tu as tout partagé
Avec tout ce public
Qui ne t’a pas lâché »,
On aurait pu s’aimer d’amour.
Mais le CD évoque aussi
« Les slows serrés des nuits d’été
Des petits riens qui font chanter… »,
Encore.
« Et comme des habitués
Ils écoutent la machine
Qui fait ... » (Serait-ce un juke-box, comme celui du club dont il est question dans la chanson suivante ?)
Age Tendre et tête de bois.
« Au club où l’on allait danser j’ai traîné mon ennui
Quand le barman m’a vue rentrer toute seule il a compris
Ma grande peine
Il n’a rien dit mais je sais qu’il a compris
Il a mis l’air que l’on fredonnait
Tu sais dans le temps
Quand on s’aimait oh! oui, dans le temps
Tu t’en souviens oh! oui dans le temps
Qui a passé depuis
Dans le temps… »
Dans le temps.
« Vous m’avez pardonné mes fiancés de guitare… »
Vous m’avez tout donné, 2011.
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En concert avec vous (et l’orchestre de Richard Gardet), 2012/2013.
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Et c’est avec la musique que
« vint la grâce
Sur un air si doux » (Quand vint la grâce, 2012), car si Chanter c’est prier, si la prière s’épanouit dans le chant, c’est de musique que celui-ci s’accompagne et se nourrit, et la musique a la part belle dans l’album, en particulier avec Chante, Fais moi un signe… où elle sonne sonne, sonne…
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Olympia 2015 |
Dans l’album
Diva, la chanteuse nous dit :
« Je ne sais que la gamme
Des chansons où je joue ma vie » (Il se peut que je t’aime encore),
mais aussi se définit comme:
« un peu rock et guitare au milieu des violons », et déclare même :
« Je suis votre opéra… » avant d’entonner « le grand air des bijoux » (Diva) ; mais de musique il est surtout question dans Haute Fidélité où la métaphore de l’amour comme une musique file tout au long des paroles : l’amour, c’est la quête de « l’accord parfait » en « haute fidélité », quand bien même « l’harmonie paraît fragile au milieu du chaos et du bruit », c’est « un pari impossible… qui se joue des dissonances, des sorties de scène, des parasites et autres coups de larsen » ainsi que des « désaccords ».
«Enchaînée de plein gré à ma liberté…
Telle est ma liberté
Aimer
En haute fidélité
A tout jamais ».
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Olympia 2015 |
Tout le long de cette chronique nous sommes retournés dans les univers musicaux de l’artiste. En revisitant la liste des arrangeurs et musiciens de talent qui ont collaboré avec elle, on voit bien que de grandes signatures ont marqué toutes les périodes de sa carrière. Chanteuse de scène, elle ne pourrait concevoir de chanter sur des bandes enregistrées comme le font certains. Réinventer, recréer ses chansons, y mettre d’autres couleurs musicales et communiquer ainsi avec ses admirateurs, voyager de ville en ville avec comme deuxième maison sa voiture, c’est la vie de saltimbanque qui reste essentielle pour elle. Trouver les notes magiques qui nous transporteront le temps d’un spectacle, pour que, le temps de quelques chansons, chaque accord résonne en nous et fasse vibrer tous nos sentiments enfouis…telle est la mission de notre chanteuse populaire.
Et nous ne pouvons pas ne pas reparler de son dernier album, Diva, qui nous fait traverser des univers musicaux différents, de la chanson à la variété, du blues aux musiques amplifiées, en passant par l’opéra et la musique classique. Ce disque est une balade dans les univers que l’artiste a explorés tout le long de sa carrière. Et aussi un prélude à une nouvelle aventure qui va commencer. Une aventure dont nous reparlerons bientôt, davantage tournée vers la spiritualité et l’intériorité, dans des lieux de culte dont l’acoustique devrait mettre magnifiquement sa voix en valeur, avec deux ou trois musiciens ou « artisans de l’ombre », comme les appelle Daniel Mecca, qui suffiront à nous offrir en partage un nouveau répertoire…
Pour terminer cette chronique, une pensée pour tous ces créateurs de bonheur qui ont disparu, après avoir accompagné notre artiste au cours de ses 50 ans de carrière.