Las Vegas, en 2015…mais ce ne sera pas la première fois,
bien sûr, que Michèle Torr chantera à l’étranger.
Si ses chansons en langues étrangères ne sont pas très
nombreuses, il existe de ses disques de très nombreux pressages hors de nos
frontières. Parfois les pochettes sont très différentes de celles que nous
connaissons. Il y a aussi des pressages
promo, ainsi que des disques uniquement sortis à l’étranger, avec parfois des
chansons inédites en France. Faire une liste complète est impossible mais voici
les éléments les plus marquants…
Il paraît que dès 1964, le deuxième 45 tours avec Dans mes
bras oublie ta peine a été adapté en Espagnol et est sorti jusqu'au Mexique…
Les chansons sont en fait ... en français!
En 1965 est sorti en Italie un 45 tours en Italien, avec
deux chansons, Sempre e solo no, adaptation de Non à tous les garçons, signée
Serge Gainsbourg, traduite par A. Testa, et en face B Quella cazone (La grande
chanson, signée B. Liferman et J. Plait, adaptée aussi par A. Testa).
En 1966, Michèle Torr représente le Luxembourg à
l’Eurovision, avec la chanson Ce soir je t’attendais, qui donnera lieu à 4
adaptations :
-
en Allemand Er kommt heute abend, en face B J’ai brûlé
ta lettre devient Ich habe genug ;
-
en Anglais Only tears are left for me et I love that
man (on trouve la première en bonus sur un CD sorti uniquement en Belgique dans
les années 90, intitulé Sixtees oldies);
-
en Espagnol, Michèle Torr canta en español :
Esta noche te esperaba et Queme tu carta (c’est un Ep 4 titres qui sort mais
les deux autres chansons restent en Français : As-tu quelquefois pensé? et
Tout doucement, alors que les titres sur la pochette sont en espagnol);
-
en Italien, Stasera ti aspettavo et Bruchero le tue
parole.
La chanson se classe dixième mais
à l’époque, l’Eurovision assurait une immense diffusion.
En 1971, Michèle Torr participe
au Festival de Rio avec la chanson Rire ou pleurer (signée Charles Dumont) sortie
en France en 1970 en face B de Les papillons…Le public était immense. 100 000
personnes, non ? Dans le stade Maracaña, le « Roi Pelé » est
venu la féliciter pour sa prestation.
En 1971 est sorti un 45 tours au
Japon avec les versions japonaises de J’ai pleuré de joie et d’Enfants
d’aujourd’hui, homme de demain, cette chanson étant restée inédite en France,
alors qu’elle existe aussi en version en public, sur un 33 tours
japonais : World popular Song Festival in Tokyo 1971, c’est la première
chanson de la face B, et « Michèle Torr a cueilli des lauriers à
Tokyo » sera même le titre du supplément n°1283 du magazine Nous Deux, qui
lui consacre à cette occasion la couverture.
En 1972, début juin, Michèle Torr
participe au festival Orphée d’or, en Bulgarie : la chanson J’ai arrêté le
temps, signée paraît-il Jean Vidal pour les paroles (B. Eliezer est le
seul signataire mentionné sur le disque)
sort là-bas sur un 33 tours : Golden Orpheus stars, version simple pour la
promo mais double pour le commerce.
En 1975, Cette fille c’était moi
devient Wie das Leben so spielt et Bleu, Die Farben dieser Welt.
En 1976, sur l’album de reprises
qui porte son nom comme titre, Michèle Torr chante Perfidia en Espagnol et
Stormy weather en Anglais.
En 1977, Michèle Torr participe à
nouveau à l’Eurovision et Une petite Française paraît en quatre versions
étrangères :
-
en Allemagne Die schönsten Blumen blühen auf dem Land,
Le mal de mai en français en face B ; dans le même temps, Une petite
Française sort en Français mais avec une pochette différente (photo en noir et
blanc, même série que la pochette de la version allemande) ;
-
en
Angleterre (I’m just) A simple country girl from France , Une petite Française en
face B;
- en Italie La mia canzone et Cosa farai di me (Vous qui passez sans me voir, moitié en Français et moitié en italien, en face B)
-
en Espagne Una francesita, Le mal de mai en face B.
En Italie et en Espagne, la photo
de la pochette est la même qu’en France, seules les polices (en Espagne) et les
couleurs des lettres (vertes en Italie) varient.
Une quatrième place certes, mais un tube.
Les albums La vague bleue (Un
disque d’amour…, avec un visuel différent), Je m’appelle Michèle et J’aime sont
sortis au Japon (mêmes chansons, mêmes photos qu’en France mais graphisme
différent et portrait en médaillon pour J’aime)…De plus certaines chansons
créées par Michèle Torr ont été reprises et adaptées, c’est ainsi qu’Un enfant
c’est comme ça est devenu In’efant, c’est çoula, par Nanesse, en wallon,
et Une petite Française Küçük Bir Kız par Ayia Aigan, en Turquie!
En janvier 1980, au moment de
l’Olympia, un 45 tours sort en Belgique, avec une version studio inédite de Les
roses blanches (qui ne sortira qu’en version Live sur le 33 tours Olympia 80
puis en version studio dans le coffret 4 CD Une voix, un cœur, Sélection du
Reader Digest en 1999), avec en face B une reprise de L’homme à la moto qui
sera présente sur le 33 tours Midnight blue en Irlande en 1983. En France c’est
Chanson inédite qu’AZ préfère sortir en 45 tours.
On réentendra Stormy weather à l’Olympia
en 1982 (version Live sur Olympia 83, donc) ; puis quelques mesures en
2005, toujours à l’Olympia, avant le Petit Journal Montparnasse, en novembre
2005…
En 1993, Sixtees Oldies, intéressant pour la
présence de Only tears are left for me, déjà évoqué, paraît en Belgique; on
y retrouve les titres des deux premiers 33 tours, le 25 cm et le premier 30cm,
ainsi que deux chansons de l’EP suivant.
Michèle Torr a aussi chanté en
Belgique, en Suisse, en Allemagne, en
Espagne, en Tunisie, au Maroc et dans toute l’Afrique, au Liban (dernier
concert en date, le spectacle Les années bonheur, à Biel, le 21 avril 2012) et
dans bien d’autres pays encore… (Pour ce qui est du Canada, on pourra se
reporter à la chronique Michèle Torr chante pour le Québec, déjà diffusée…) au
point de donner comme titre à la tournée entamée en 2012 International Tour,
car outre certains des pays plus tôt mentionnés, il était déjà fortement
question que la chanteuse, pour fêter ses cinquante ans de carrière, passerait
par…Las Vegas. Annoncé d’abord pour 2012, puis septembre 2014, le spectacle
devrait finalement avoir lieu le lundi 18 mai 2015, soit entre deux concerts à
Paris, dans le contexte du Paris de Michèle Torr, soit entre l’Olympia de
janvier et le Casino de Paris de juin. Ce spectacle est programmé dans le cadre
d’un voyage organisé dans l’Ouest américain, dont le temps fort sera le tour de
chant de la chanteuse.
Michèle Torr se produira donc
dans la ville où sont passées entre autres Line Renaud, Céline Dion, avec qui
les affinités sont bien connues.
Evidemment, ce seul concert
aurait laissé les admirateurs français de l’artiste sur leur faim, tous ne
pouvant avoir l’opportunité de se rendre aux USA à ce moment-là.
Il n’empêche, le projet est digne
d’être remarqué: ce sera un rendez-vous médiatique pour prouver que la
chanteuse peut surprendre, innover, continuer d’aller de l’avant et attirer un
nouveau public.
Et pour ceux qui pourraient se
demander ce qu’elle va faire là-bas, c’est également l’occasion de se rappeler que…
Michèle
Torr chante aussi l’Amérique.
Elle a commencé sa carrière dans
les années soixante en chantant beaucoup de reprises de chansons anglaises et
américaines, comme la plupart des yé-yés. Il serait long et fastidieux d’en
faire la liste, mais Michèle a chanté encore C’est dur d’avoir seize ans et
Dans mes bras oublie ta peine, par exemple à l’Olympia en 2008.
Mention spéciale cependant à
L’Homme à la guitare d’or ; Michèle y parle, fait vivre de sa belle voix
de conteuse l’histoire tragique d’un musicien américain.
En 1968, elle a chanté Lady
Winchester dans une première (et plutôt rare) chanson humoristique ; en
1975, Never never live without you, sur le thème des amours contrariées par la
mixité des nationalités au sein d’un couple; en 1976, elle a chanté Mister
Mélody et repris Jambalaya qui parle des Indiens, ainsi que le classique du
jazz Stormy weather. Il y a eu ensuite Boulevard du rock et la belle chanson
d’atmosphère La musique de là-bas en 1978, Océan et Histoire de la musique populaire
en 1979, Le ghetto en 1981. Elle a plusieurs fois rendu hommage aux musiciens
dans des chansons comme La musique de mes idoles ou Mes amis musiciens.
Mais ce qu’on aime aussi, c’est
quand…
Michèle
chante le blues,
ce qui nous
a donné Dans la maison du blues en 1993, Dans le blues de l’amour et Le sac en
1997, la reprise de T’es l’homme qu’il
me faut de Piaf en 2003. Mais aussi et surtout la magnifique Un chant de
sirènes, seule chanson originale, signée Laurent Chalumeau pour les paroles et
Eric Clermontet pour la musique, sur le très bel album de reprises de
1995 : A nos beaux jours, avec Mes yeux bleus sont gris, La vie la nuit,
Je te portais dans mon cœur -encore inclus dans le dernier tour de chant-,
Divorce… Un album de reprises de musique country
conçu par Francis Dordor et Laurent Chalumeau, écrivain et journaliste (au
magazine rock
Best en particulier), au livret très soigné. Les arrangements d’Eric
Clermontet en sont somptueux (avec de multiples instruments et de très belles
cordes arrangées quant à elles par Shiro Sagisu), les chœurs sont assurés par
la chorale des Chérubins de Sarcelles et la palette vocale de la chanteuse y
est particulièrement variée, le chant précis et très finement nuancé. Même si
on peut le trouver un peu impersonnel (il a été entièrement conçu avant d’être
proposé à Michèle Torr, -mais qui mieux qu’elle pouvait chanter ces
titres ?-), c’est, musicalement, un de ses tout meilleurs albums. Un
disque sur les femmes, trompées ou trompeuses, trahies ou traitresses, mal aimées
mais aimantes ; des chansons écrites par un homme certes, mais qui parlent
de toutes les femmes, et magnifiquement chantées par…une femme.
« Il s’agit de l’adaptation
de dix standards américains, comme Always in my mind, créé par Willie Nelson et
immortalisé par Elvis Presley. Un registre dans lequel on ne m’attend
probablement pas, mais qui m’a procuré énormément de plaisir. Depuis longtemps
je voulais modifier mon répertoire, en lui donnant une nouvelle coloration.
J’espère simplement que le public va y adhérer » (à Gérald Levrault, Télé
Star).
« Prenez une chanteuse bien
française, un producteur plutôt branché et deux journalistes très rock’n’roll,
mélangez le tout et vous obtenez un cocktail savoureux et vraiment inattendu,
le nouvel album de Michèle Torr, « A nos beaux jours ». (Christine
Descateaux, Télé 7 jours).
On se souvient aussi de la
deuxième partie de l’Olympia 2002 entamée avec Apprivoise-moi, et une
atmosphère nettement jazzy.
Et pour finir Quand vint la grâce,
sur Chanter c’est prier en 2012, est l’adaptation d’un chant traditionnel repris par les esclaves Noirs, en Amérique : Amazing grace…
Michèle choisira-t-elle certaines
de ces chansons pour les chanter à Las Vegas ? En préfèrera-t-elle
d’autres ?
Finalement on aimerait vraiment y
être pour le savoir et surtout les entendre. Alors, vous êtes sûr(e) que ce
n’est pas possible ? Allez, et si on partait en voyage ?
© G.D. & E.D.